Systèmes monétaires/Systèmes monétaires de l'Antiquité

Leçons de niveau 13
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Systèmes monétaires de l'Antiquité
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Chapitre no 13
Leçon : Systèmes monétaires
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Au début, l’échange des biens s'est fait sous forme de compensation (troc de marchandises ou paiement de prestations en nature), mais assez rapidement il a été nécessaire d'utiliser de la monnaie.

Les proto-monnaies (ou Paléomonnaies)[modifier | modifier le wikicode]

Les formes premières de la monnaie sont très variées. Ce sont par exemple :

  • l'ambre, des pierres précieuses, du métal
  • du sel (le sel qui sert à payer les légionnaires romains est à l'origine du mot salaire),
  • du bétail , du grain, des graines, ...
  • des coquillages, de la verroterie, ...
Monnaie coquillage
( chine 16e s. - 8e s. av. J.C.)

Les unités de compte[modifier | modifier le wikicode]

La monnaie scripturale existe bien avant la monnaie fiduciaire (i.e. les pièces et les billets de banque) (plusieurs milliers d'années).
En Mésopotamie, des écritures comptables ont été trouvées sur des tablettes d'argile avec les premières écritures cunéiformes.
L’Égypte des Pharaons dispose d’une série d’unités de compte. Les scribes utilisent quotidiennement le Sha ( shâts ou sénious), son multiple le Deben ou le Quite (ou qité) qui vaut un dixième du Deben.


Deben =
D46D58N35
F46
ou
F46
N35
O39
ou
F48
N35
O39

L' Unité de mesure du poids, le deben (ou tabonon) signifie littéralement anneau de métal.

Pendant l' Ancien Empire égyptien (environ -2700 à -2200 av. notre ère), le deben pesait 13,6 grammes, puis au Moyen (environ -2033 à -1786 av JC) et au Nouvel Empire (environ -1500 à -1000 av. JC), sa valeur est définie entre 90 et 91 grammes.

Le deben était subdivisé en 10 qité ou en 12 sénious (ou shâts).

La monnaie métallique[modifier | modifier le wikicode]

L’utilisation de l'or et de l'argent comme moyen d'échange est attestée depuis les temps les plus lointains (4000 ans av. J.C.).

Les grecs[modifier | modifier le wikicode]

L'invention des premières pièces métalliques en Occident est l'œuvre des Grecs d'Asie Mineure au VIIe siècle av. J.C.. L'inventeur de la monnaie - au sens actuel du terme- est un roi de Lydie (Gygès) qui en 687 av. J.C. , substitue aux lingots d'or des morceaux d'électrum ( alliage naturel d'or et d'argent provenant de filons locaux ) dotés des caractéristiques suivantes : poids invariable, même forme et marqués d'un signe authentifiant leur étalonnage.

L’Asie mineure utilisera le trimétallisme avec des monnaies en or, en argent ou en électrum (alliage d'or et d'argent).

La drachme, le statère et le sicle deviennent les unités de compte de la civilisation helléniques après avoir été des unités de poids.

Douzième de statère d'électrum utilisé en Ionie vers 650 av J.C.
Douzième de statère d'électrum (1,09 gramme)
utilisé en Ionie vers 650 av J.C.
statère grec (tête de Zeus) utilisé en Mysie (vers 360-340 av. J.C.)
statère grec (tête de Zeus)
utilisé en Mysie (vers 360-340 av. J.C.)
pièce de monnaie Ban Liang de la dynastie des Han occidentaux.
Les deux faces d'une pièce de monnaie Ban Liang de la dynastie des Han occidentaux.

Les romains[modifier | modifier le wikicode]

Les as, pièces romaines.
Les as, pièces romaines.

La monnaie romaine est de toutes les monnaies antiques celle qui a connu la plus longue et la plus grande expansion géographique, jusqu'à devenir durant plusieurs siècles la monnaie commune du monde occidental et méditerranéen.

Un premier atelier monétaire est institué à Rome, au IIIe siècle av. J.C. et installé sur le Capitole, à proximité du temple de Junon Moneta. Le mot monnaie vient de ce « Moneta » qui signifie « l'avertisseuse, celle qui donne l'alerte ».

Les premières monnaies métalliques romaines (aes ou as) sont de petits lingots de bronze orné d'un bœuf. Elles sont remplacées par les sesterces. Le « denier » (denarius ou pièce de dix), frappé en argent, est la première pièce à porter une valeur inscrite à l'avers sous la forme d'un X (10 en latin) soit: 10 as. Au début le système monétaire romain est fondé sur le bimétallisme argent et bronze.

  • Le sesterce devient au cours du IIe siècle av. J.C. l'unité de compte usuelle en lieu et place de l'as libral.

La République[modifier | modifier le wikicode]

Sesterce d'argent, après 211 av. J.-C. Rome casquée avec marque IIS; revers : les Dioscures

La République romaine commence en 509 av. J.-C., (chute de la Monarchie) et se termine entre 44 av. J.-C., avec l'assassinat de Jules César, et 27 av. J.-C., au moment où Octave reçoit le titre d'Auguste.

Sous la République romaine, le sesterce représente le quart d'un denier. C'est une petite monnaie en argent qui est la plus petite du système romain, pesant théoriquement un scrupule (Scrupulum) (à peine plus d'un gramme) et qui est émise en très petite quantité.

Son nom Sesterce vient de sa valeur originale (2 as et demi) = semis-tertius ( « demi troisième » d'as ).

Équivalences entre monnaies romaines ( Ière moitié du IIe siècle av. J.-C. )
Denier Quinaire Sesterce As Métal
Denier (symbole X) 1 2 4 10 Argent
Quinaire (symbole V) 1/2 1 2 5 Argent
Sesterce (symbole IIS) 1/4 1/2 1 2,5 Argent
As (symbole I) 1/10 1/5 2/5 1 Bronze

D'une valeur de 2 1/2 as au début, le sesterce monte ensuite à 4 as vers -145 av. J.-C. .

Le système augustéen[modifier | modifier le wikicode]

Au début de l’ère chrétienne (19 av. J.C.) qui est aussi le début du Haut-Empire, Auguste réorganise le système monétaire romain sur le principe du trimétallisme (or, argent et bronze). L'aureus créé par César est maintenu, le monnayage d'or et d'argent est complété par une série de sous-multiples en métal moins noble : L' aureus pèse environ 8 g d'or, sa parité avec le denier d'argent est fixée à 1/25e, tandis que le denier lui-même équivaut à 4 sesterces de bronze.

Le système entre dans une période de stabilité qui va durer plus de deux siècles.

Système monétaire sous Auguste[1]
Denier Sesterce As   Monnaie Métal Poids sous Auguste
25 100  400
  Aureus
or 7,85 g
 12½ 50 200
  Quinaire d'or
or 3,92 g
1 4 16
  Denier
argent 3,79 g
1/ 2 2 8
  Quinaire d'argent
argent 1,9 g
1/ 4 1 4
  Sesterce
laiton 25 g
1/ 8 1/ 2 2
  Dupondius
laiton 12,5 g
1/ 16 1/ 4 1
  As
cuivre 11 g
1/ 32 1/ 8 1/ 2
  Semis
cuivre 4,6 g
1/ 64 1/ 16 1/ 4
  Quadrans
cuivre  


La crise militaire et économique du IIIe siècle et la spirale inflationniste qui l'accompagne voient l'effondrement des monnaies d'argent et de bronze.

Le monnayage sous le Bas Empire[modifier | modifier le wikicode]

Au IVe siècle, Dioclétien tente de revaloriser les monnaies d'argent et de bronze mais il ne parvient pas à contenir l'inflation. Ces parités respectives sont très vite remises en cause par l'inflation.


Les principales monnaies de Dioclétien en l'an 300.[2],[3]

Livre or Aureus Denier   Monnaie Métal Poids
1 60 60 000
  Libra aurea
or 327 g
1/60 1 1000
  Aureus
or 5,45 g
 1/1500 1/25 40
  Denarius argenteus
Argent 3,4 g
1/12000 1/200 5
  Nummus ou Follis
bronze argenté 9,7 g
1/30000 1/500 2
  neo antoninianus
Billon 2,9 g
1/60 000 '1/1 000 1
  Denarius communis
bronze 1,3 à 1,5 g

La réforme de Constantin Ier, vers 311, va créer un système monétaire dominé par le solidus en or qui remplace l'aureus. Le solidus est stabilisé à 4,5 grammes d'or fin et est sans parité fixe avec les autres monnaies qui se dévaluent.

Solidus Honorius
Solidus Honorius.
AD 393-423. (4,42 g, 7h).
(Ravenne)

Parmi les sous-multiples du solidus, il y a : le semissis (un demi-solidus), le tremissis ou triens, (un tiers de solidus).

Le solidus a ensuite connu une exceptionnelle stabilité dans l'empire d'Orient (empire byzantin) jusqu'au XIe siècle. Dans l'empire byzantin, il prit le nom de nomisma.

Histamenon nomisma en or sous Nicéphore II Phocas
Histamenon nomisma en or sous Nicéphore II Phocas

Les Francs[modifier | modifier le wikicode]

Après la chute de l'Empire romain d'Occident, le solidus continua à circuler quelque temps chez les Francs. Le nom solidus s'est transformé ensuite en « sol », puis « sou ».

Pièce à l'effigie de Théodebert Ier (534 - 548)
Pièce à l'effigie de Théodebert Ier (ou Thibert Ier) (534 - 548). British Museum.
Tiers de sou d'or de Childebert Ier
Tiers de sou d'or de Childebert Ier (511-558)
Monnaie d'argent de Clotaire Ier
Monnaie d'argent de Clotaire Ier (511-561) (frappée à l'imitation des monnaies des Ostrogoths. Bibliothèque nationale, cabinet des médailles.)
Tiers de sou de Caribert Ier frappé à Aire
Tiers de sou de Caribert Ier (561-567) frappé à Aire
Tiers de sou de Gontran
Tiers de sou de Gontran (561–592) frappé à Chalon-sur-Saône
Tiers de sou de Théodebert II
Tiers de sou de Théodebert II ou Thibert II (595–612) frappé à Clermont
Tiers de sou or Dagobert Ier
Tiers de sou d'or (trémissis) de Paris aux noms de Dagobert Ier et saint Eloi. (or: 1,35 g ; diamètre maximum : 1,4 cm). (623-639)
Solidus de 20 siliques émis par Childebert l'Adopté
Solidus de 20 siliques émis par Childebert l'Adopté (656-662) ou Childebert III
Tiers de sous d'or de Clovis II
Tiers de sous d'or de Clovis II (634-657)
Childebert IV (694-711)
Childebert IV (694-711)

La monnaie wisigothe[modifier | modifier le wikicode]

solidus visigothe
solidus visigothe (4,36 g, 12h). peut être en Gaule vers 425-430
trémissis : monnaie de l'époque de Chindaswinth
trémissis : monnaie de l'époque de Chindaswinth
(roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie de 642 à 653)

La monnaie wisigothe a constitué un système monétaire que les Wisigoths ont développé en Gaule et en Hispanie et qui s'est étendu dans la première période du Moyen Âge (du Ve siècle au début du VIIIe siècle).

Parmi les monnaies les plus utilisées, on trouve deux monnaies en or, le solidus et le tremissis. Le monnayage s'est fait dans un premier temps en Gaule au début du Ve siècle puis il a continué dans la vieille Hispanie romaine, dans la première moitié du VIe siècle.

Depuis l'année 580, on frappait des monnaies dans lesquelles on pouvait lire les noms des monarques wisigoths.

L'émission de monnaies s'arrête dans la deuxième décennie du VIIIe siècle, suite à la conquête islamique de la péninsule Ibérique qui a renversé le royaume wisigoth de Tolède en 711.


Charlemagne[modifier | modifier le wikicode]

Charlemagne a continué à utiliser l'ancien système de monnaie romaine jusqu'en 781 dans les différentes parties de son empire.

En 781, Charlemagne décide d'unifier son Empire et il abandonne le système monétaire romain. Il remplace toutes les anciennes pièces par une nouvelle monnaie. Il crée la livre de 322,22 g, valant 20 sous de 12 deniers.

L'empire de Charlemagne en 814
L'empire de Charlemagne en 814
Tremissis lombard de Charlemagne
Tremissis (0,98 g) lombard de Charlemagne.
Royaume lombard
( Milan vers 773-781 )
Royaume carolingien d' Italie (768-814)
Denier en argent de Charlemagne
Denier en argent de Charlemagne.
Royaume carolingien d' Italie
Royaume lombard (Trévise)
Denier impérial de Charlemagne vers 812-814
Denier impérial de Charlemagne.
en argent (environ 1,6 grammes)
vers 812-814

Seul le denier en argent est frappé et est en circulation. La livre et le sou ne sont que des monnaies de compte.

Ensuite, les successeurs de Charlemagne ont délégué aux grands féodaux le droit de battre monnaie.

La monnaie papier[modifier | modifier le wikicode]

La monnaie papier ne représente originellement qu'une dette payable à vue sous forme de métal ou d'autres biens.

Le billet de banque ( Jiaozi ) est utilisé en Chine dès le VIIIe siècle.

En Europe, la lettre de change, inventée par les marchands italiens, est le début de la substitution du métal par le papier.

Jiaozi de l'époque Song
Jiaozi datant de l'époque Song qui « représente l'équivalent de 77 000 wens en métal ».
Le Changeur, peinture de Marinus van Reymerswaele (vers 1540)
Le Changeur, peinture de Marinus van Reymerswaele (vers 1540)

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Depeyrot, p 33, (2006)
  2. Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, (ISBN 2020026775), p 549, (1974)
  3. Roger Remondon, La crise de l’Empire romain, PUF, collection Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes, Paris, 2e édition, p 131, (1970)
  • Philip Griersonet Mark Blackburn, Medieval European Coinage (MEC) - Tome 1, The Early Middle Ages (5th–10th Centuries), Cambridge, (ISBN 978-0-521-03177-6) (2007)