Six histoires de Chloé/Chloé et le gemmeur
Écouter l'histoire de Chloé en vacances à Mimizan-Plage
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Répondre aux dix questions
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Réponses
[modifier | modifier le wikicode]Voici les mots manquants :
- Une cigale est un insecte. Le mâle cigale possède un organe phonatoire, les cymbales, qu’il utilise en été pour appeler une femelle.
- Une démonstration est faite pour montrer, ou démontrer, par exemple en géométrie.
- Le verbe "dégainer" s'emploie pour sortir une épée ou un poignard de sa gaine, son étui, son fourreau.
- Écorcer un arbre, c’est arracher son écorce.
- Une gouttière sert à récupérer l'eau de pluie qui coule sur les toits. Le zinc est le métal utilisé parce qu’il peut prendre une forme arrondie.
- marteler : marteau.
- Un objet est encastré quand il est enfoncé dans un espace de même taille.
- Après une blessure, la plaie se referme avec une "croute" qui protège la peau neuve qui se reforme. Il reste une trace à l'emplacement de la plaie.
- Une source tarie est une source qui n'est plus alimentée. Le préfixe "in-" indique le contraire. Au figuré, une personne "intarissable" n'arrête plus de parler.
- Les aléas et les fluctuations sont deux synonymes ; ils ont un sens concret et un sens figuré, comme dans ce texte.
J'espère que vous avez un bon score !
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[modifier | modifier le wikicode]Raconte-moi l'histoire de Chloé en forêt et de sa rencontre avec le gemmeur landais
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Jeudi matin, 10h, Chloé n'a pas oublié le rendez-vous de la cabane ; un monsieur à la stature impressionnante et au visage taillé à la serpe attend les visiteurs pour sa démonstration de gemmage. Pas impressionnée pour deux sous, Chloé lui pose à toute vitesse les questions qu'elle a sur le bout de la langue depuis plusieurs jours :
– C'est qui les musiciens de la forêt ? Pourquoi la pomme de pin colle-t-elle aux mains ? Qui c’est qui habite dans la cabane ? Où se cachent les écureuils ?
– Bonjour, Mademoiselle la curieuse. Comment t'appelles-tu ? Moi c’est lou Papé l'interrompt posément, et malicieusement, le monsieur.
Une fois les présentations terminées, Chloé émerveillée l'écoute parler des cigales, de la gemme, des cabanes de résiniers, des nids d'écureuils perchés tout en haut des pins.
– Et pourquoi tu as tous ces outils suspendus à ta ceinture ?
Lou Papé commence sa démonstration de gemmage en dégainant son hapchot, une petite hache spéciale très bien affûtée avec laquelle il pèle l'écorce d'un pin. Chloé est sidérée et réduite au silence par le mélange de violence et de délicatesse des gestes de ce drôle de bûcheron : l'homme, l'outil, le pin ; ses yeux vont de l'un à l'autre, un trio qu'elle n’est pas prêt d'oublier. Tout en travaillant, l'homme parle de sa voix posée, grave et rocailleuse. Il explique ses gestes ; il ne faut surtout pas blesser l'arbre, juste l'écorcer : la care ne doit pas être trop large, ni trop longue, ni trop profonde. Il faut respecter l'arbre pour qu’il vive longtemps et respecter aussi les gemmeurs qui nous ont transmis leur savoir-faire. Bouche-bée, Chloé boit ses paroles.
– Quand je serai grande, je serai gemmeur !
Lou Papé attrape dans sa boite à outils une petite lame de zinc recourbée.
– Ah, comme pour les gouttières ? ne peut s'empêcher de demander Chloé, et un pousse-crampon ;
– Comme pour les crampons de mes chaussures de sport ? continue Chloé toute fière de sa science.
C'est au tour du Papé de rigoler.
– Non Chloé, le crampon du gemmeur, c’est le nom que nous donnons à cette lame de zinc, incurvée, que je vais enfoncer au bas de la care avec mon maillet de bois.
Les coups de maillet résonnent dans le silence revenu, comme si chaque coup préparait une sorte de lever de rideau d'un spectacle attendu. Puis lou Papé enfonce un clou et glisse un pot entre la lame et le clou ; le pot est encastré, il ne bouge plus ; pourtant l'homme n'a pas sorti de centimètre de sa poche pour mesurer !!! Chloé, sidérée, le regarde, puis regarde le pot plaqué contre le tronc du pin.
– Je peux essayer d’en coller moi aussi ?
Lou papé se laisse attendrir, pique un second pin avec son hapchot, plante un clou et lui confie un pot vide qu'elle essaie de plaquer, sans succès, contre le tronc de l'arbre. Que lui manque-t-il ?
Le gemmeur, de son grand pas élastique conduit ses visiteurs au pied d'un autre pin : la care est faite depuis le début de l'été et il suffit de la raviver toutes les semaines. Une sorte de miel doré dégouline dans le pot plein que l'homme détache et vide d'un geste souple et rapide avec une raclette, aussi efficace que la langue d'un ours dans un pot de miel, puis il le coince à nouveau contre le pin, entre clou et crampon, et recommence, une fois, deux fois. Au pied de chaque pin, il s'arrête et parle ; entre deux pins, il marche et parle ; intarissable, il parle de cette gemme qui porte si bien un nom de pierre précieuse ; il sort de sa poche un morceau de colophane dorée qui fait rêver Chloé. Mais il parle aussi du dur métier de résinier-gemmeur, des aléas du marché, des fluctuations des débouchés. Chloé n'écoute plus ; fascinée, elle regarde un pot plein de gemme qui miroite au soleil. Ah, si elle pouvait seulement y tremper un bout d'index !
Lou Papé a compris : il attrape un pot vide dans sa caisse en bois, récupère un pot plein de gemme qu’il remplace lestement par le pot vide, et le confie à Chloé, avec une tonne de recommandations. Et Chloé repart, pas peu fière, emportant son trésor et le couvant des yeux.