Scolarité à Madagascar

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Scolarité francophone

Scolarité à Madagascar

La scolarité à Madagascar suit celle des pays francophones mais avec des petites différences dans les méthodes d'apprentissages et les matières.

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L'école primaire malgache représente les 5 premières années d'enseignement. La première année est traditionnellement celle de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.

Le collège commence après la cinquième année du primaire et se termine 4 ans plus tard. Ces années sont comptée à rebours, à partir de 6. Le collège correspond donc aux années de 6e, 5e, 4e et 3e.

Il comprend les années 2 (seconde), 1 (première) et la terminale, dernière année de l'enseignement secondaire.

Les études universitaires forment trois cycles : licence, master, doctorat, qui durent respectivement 3 ans, 2 ans, et 3 ou 4 ans pour la thèse de doctorat. Une licence est souvent appelée « un bac + 3 », et un master, « un bac + 5 ».

Nota : à partir du niveau du collège et ce, jusqu'aux niveaux les plus avancés dans la chronologie classique de l'enseignement, il existe de nombreuses alternatives, en général classes professionnelles qui permettent aux élèves de se spécialiser et acquérir des compétences propres aux métiers vers lesquels ils se projettent. Des reprises de formation « adultes » permettent aussi d'améliorer ses compétences dans un domaine donné. Ces compétences spécialisées sont indépendantes du niveau scolaire classique et sont propres aux différents métiers.

Histoire de la langue malgache[modifier | modifier le wikicode]

La langue malgache prend ses racines dans la langue indonésienne, plus précisément, une ramification de la langue classée austronésienne, ou la langue malayo-polynésienne, on constate aussi la présence de bantou, du swahili qui remonte à 1613 et 1619 car les pays bordant le canal de Mozambique sont influencés par ces deux langues. Le passage du peuple de Bornéo à Madagascar a entrainé une similitude entre le malgache et le ma’anyan et samihin. L’écriture malgache est formée par les écritures latines depuis l’époque du roi Radama Ier. Auparavant la langue malgache a été transcrite en sorabe « écriture noble » alphabet d'origine arabe. Le sorabe fut utilisé pour la transcription de la langue malgache du sud est de Madagascar comme l’Antemoro. Bien avant la colonisation, la langue malgache est parlée différemment suivant les localités. Ce qui explique la présence de variétés langagières mais également, une intercompréhension dans tout Madagascar. Un arrêté en 1933 a été promulgé sur une utilisation des parlés locaux dans l’enseignement mais cela est resté au stade théorique.

Depuis la constitution de la Première République en 1959, la première langue officielle est le malgache et le français en est la seconde. Et ce fut ainsi jusqu’en 2007 où l’article 4 des Principes fondamentaux de la Constitution de la Troisième République stipulait que l’anglais était une troisième langue officielle dans le pays. En 2010, la nouvelle constitution de la Quatrième République a repris le bilinguisme : le malgache et le français comme langues officielles.

Les langues officielles à Madagascar[modifier | modifier le wikicode]

Administration et enseignement
Dans le domaine administratif

Le malgache et le français sont les langues officielles de l’administration publique et privée de Madagascar. Au niveau public, les langues officielles dans le domaine administratif se manifestent sous trois aspects. D’abord, le malgache, en tant que première langue officielle, est utilisé dans l’administration locale : les collectivités décentralisées (Communes rurales, Fokontany (quartier)…). Certaines administrations malgaches, telles que la haute cour constitutionnelle, les ministères et les assemblées nationales (chambre basse, haute) utilisent le français à l’écrit pour leurs documents de travail (projets de loi, décrets, …). Cependant, lors des assemblées plénières, le débat se fait en malgache, par moment avec les parlers respectifs des députés ou des sénateurs, voire du code switching.

Enfin, le bilinguisme français-malgache est rencontré dans les textes officiels. Il en est de même dans les services de douanes et recettes fiscales, ceci pour donner plus de latitude aux usagers. Du côté du secteur privé : entreprise, société, ONG, ... la langue française est la langue de communication écrite. À l’oral, le malgache domine mais on a également recours au français en fonction de la nationalité des employés, des dirigeants et de la clientèle de l’institution.

Dans le domaine de l'enseignement

Depuis l’indépendance, le français occupe une place importante dans l’enseignement à Madagascar. En 1975, l’État malgache a instauré la malgachisation de l’enseignement, mais a rencontré des difficultés au niveau de l’insuffisance du vocabulaire, d’où un recours à l’emprunt, ce qui fait la complémentarité des deux langues dans l’enseignement.Cependant, le système de malgachisation a rencontré des difficultés dans son application car certains établissements scolaires ont suivi la réforme et d'autres non, surtous les privés et les universités (Cf RAZANAVAO Noeline )

Les langues utilisées dans les journaux[modifier | modifier le wikicode]

La libéralisation du secteur de l’information est effective et remonte à la fin des années 1980. Les journalistes malgaches ont l’intérêt de capter les besoins du lecteur grâce à leur façon de présenter l’information. À Antananarivo, il existe 21 journaux. Il n’existe pas de censure officielle ni d’organe étatique de régulation. Une réflexion propose un cadre éthique de travail à la profession (Code de la Communication). La majorité des journaux malgaches sont indépendants au niveau budgétaire. Les journaux malgaches ont le choix sur la langue à utiliser.

Les journaux axent leurs articles sur la politique et les faits divers. Souvent aussi des ressources financières insuffisantes ne permettent pas aux journalistes de disposer de tous les moyens dont ils auraient besoin. cela laisse pour eux une demi-journée pour aller puiser à la source des informations nécessaires à un travail rigoureux, sans oublier l’insuffisance des archives ou des bibliothèques.

Les influences technologiques sur les langues à Madagascar[modifier | modifier le wikicode]

Facebook connait une diffusion massive à Madagascar. Les effets de cette diffusion se font ressentir dans les pratiques langagières des utilisateurs malgaches. Nous assistons donc à une évolution du langage en fonction de Facebook. Comment Facebook influence le langage des utilisateurs à Madagascar ? Malgré les différentes langues parlées à Madagascar (principalement le malagasy à 80%, le français à 19%, 1% représentant l’anglais, le mandarin et autres), force est de constater que les utilisateurs ont plus recours à la langue française dans le cas de Facebook. En illustration, en date du 15 février 2013 sur un intervalle de 8h à 10h du matin, nous avons relevé parmi les publications dix statuts d'utilisateurs malgaches à Madagascar, dont cinq publications en français, trois publications en malgache, une autre en anglais et une dernière en français et en malgache. À partir de ces quelques publications, nous essaierons de voir comment se manifestent les changements au niveau du langage. En général, nous avons une tendance à une transposition de l’oral et du non verbal à l’écrit marqué par des smileys et des abréviations.

Face à la présence des langues étrangères dans la technologie, en particulier le français et l'anglais dans le cas de Madagascar, l'influence technologique en termes de langage s'observe par l'appropriation des émoticônes, des smileys, des abréviations par les utilisateurs malgaches de Facebook. Néanmoins, le malgache s'est construit son langage en traduisant des termes tels que "mdr" en "tpt" qui signifie "tapa-tsinay" ou "mort de rire" en français. Si "lol" est connu comme l'abréviation de "lot of laugh", dans le contexte malgache, le sens est maintenu mais on l'a malgachisé d'où "lol" devient "laolina".

Les abréviations se manifestent en deux possibilités, essentiellement sous l'influence première des SMS : par suppression de certaines lettres asonores (Exemple : l’expression « tsy maintsy » est réduit en « ts maints »), soit par emprunt phonétique (Ex : le mot malgache « nataonareo » est transformé en « natwnareo » ou aussi "nataonarw"). Quoiqu’il en soit, dans les deux cas, on a une transposition de l’oral. Ces abréviations peuvent être interprétées comme une habitude que les utilisateurs ont transposé à partir du langage de la téléphonie mobile (sms). Ce sera le contexte, le partage des mêmes valeurs, les pratiques discursives qui favoriseront la compréhension et l’interprétation. Quant au recours au mélange entre le français et le malgache, il peut également être considéré comme l’expression des pratiques langagières des malgaches transposées de l’oral vers l’écrit. Une pratique qui n’est d’ailleurs acceptée que par la communauté virtuelle.

L’usage de l’anglais est encore très limité dans le contexte malgache. Les publications sur Facebook étant faites sont peu nombreuses en termes de mobilisation, par contre l’expression des sentiments est très courante à partir de textes lyriques anglophones. Un point qui pourrait mener aux représentations qu’ont les malgaches de la langue Anglaise. Jusque là, nous pouvons conclure que l’évolution du langage dans le cas des utilisateurs malgaches de Facebook est essentiellement relative à une facilitation de la sociabilité. En effet, dans tous les cas, le langage tend à maintenir une relation sociale avec autrui.

Langage des jeunes[modifier | modifier le wikicode]

Le parlé jeune :

traduit littéralement « tenin-jatovo », est un moyen pour les jeunes de s'exprimer entre eux, il reflète la pensée et la philosophie d'un groupe de jeunes dans un quartier ou dans une ville. À Madagascar, ce langage non conventionnel vient de différentes sources à savoir le français, l’anglais, ou même la langue nationale. Certaines expressions de ce registre sont nées de l'observation de la réalité sociale de la grande ville. Le parler jeune étant emprunté au français compte tenu de la place de la langue française dans l'enseignement et l'administration, nombreux sont les nouveaux mots de ce parler jeune.

Exemples :
  • Pour dire calme les jeunes disent "kalam".
  • Une personne compétente dans un domaine est qualifiée de "danza be" ceci vient du français "dangereux".
  • L'expression " kôzy é!", qui est un emprunt du mot "cause", est utilisée pour insister sur la valeur d'une information annoncée.
- Le parler jeune emprunté de l’anglais

Dans les textes des adeptes du rap, l'influence de l'emprunt à cette langue est remarquable:"cow boy" est devenu "kôfboay" ceci veut dire un garçon ou un jeune homme. Le mot "draft" est malgachisé en "drafitra","inona ny drafitra?" (Quel est le plan ?)

- Le parler jeune venant de l'observation de la vie sociale

Étant des membres actifs de la société, les jeunes observent tout ce qui se passe dans leur ville, dans leur pays. Ils réagissent en créant des nouveaux mots et expressions révélateurs de la réalité sociale du milieu où ils vivent. Pendant la période de crise politique à Madagascar qui a duré quatre ans (de 2009 jusqu'en 2012) des affrontements entre les militaires et les manifestants ont eu lieu dans le centre ville, les jeunes les appellent "sakoroka".
Les bus qu’ils jugent s'arrêter trop longtemps aux arrêts sont appelés "vody hazo". Cette expression veut dire que le bus reste trop longtemps sur un arrêt comme un arbre planté sur un terrain.

Les études faites sur ce langage non conventionnel qui est un moyen d'expression des jeunes et des autorités montrent que ce registre est comme le phénomène collectif de la mode, il varie selon le temps et l'espace.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  • Constitutions de la République Malgache (Ière, IIème, IIIème et IVème République) http://mjp.univ-perp.fr/constit/mg.htm
  • Collaboration de la Fonction Publique, du Travail et des Lois Sociales avec le Programme de Gouvernance PNUD, La correspondance administrative, Formation des Agents de l’État, Volet Administration Publique, 2006
  • Totolahitsara, la rédaction administrative, Ed Jurid'ika, Antananarivo, 2001, 161 pages
  • Jacques GANDOUIN, Jean-Marie ROUSSIGNOL, Rédaction Administrative Afriques, Ed Armand Colin, Paris, 2008, 223 pages.
  • Noeline RAZANAVAO, La malgachisation de l'enseignement: Génocide culturel, http://cadreeducation.over-blog.com/article-didactique-42928923.html
  • Henri Peretz ; Les méthodes en sociologie ; L’observation ;Repères ;La découverte ,Paris 2007
  • José de Broucker Emmanuelle Hirschauer, Pratique de l’information ;Les fondamentaux ;Métier journaliste 2008
  • Kristin Helmore ; A.B.C de la presse écrite, Nouveaux Horizon , Paris, 1995
  • Isabelle COMPIEGNE, La société numérique en question, Ed Sciences Humaines, Paris, 2011.
  • Gillette STAUDACHER VALLIAMEE, L’écriture et la construction des langues dans le Sud Ouest de l’Océan Indien, Ed l’Harmattan, Université de La Réunion, 2007.
  • Jean- Marie HOMBERT, Aux origines des langues et du langage, Ed Fayard, Paris, 2005.
  • Danièle MOORE, Plurilinguismes et école, Ed Didier, Paris, 2006.
  • Marcel SCHWOB et Georges GUIEYSSE , Étude sur l'argot français
  • Clément SAMBO, Langages non conventionnels à Madagascar
  • Jean-François DORTIER," tu flippes ta race batard"sur "le langage des cités", sciences humaines n°159, avril 2005