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Mythe de Prométhée/Postérité et autres traditions mythologiques

Leçons de niveau 14
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Postérité et autres traditions mythologiques
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Leçon : Mythe de Prométhée
Chap. préc. :Prométhée enchaîné
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Mythe de Prométhée/Postérité et autres traditions mythologiques
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La perception du mythe de Prométhée, tant chez les philosophes que dans l'ensemble de nos sociétés, sera l'objet de ce chapitre, qui traitera ensuite des motifs les plus communs de ce mythe.

L'adjectif prométhéen, formé par antonomase, désigne originellement ce qui concerne Prométhée. Un sens moins neutre est, d'après CNRTL : Caractérisé par le désir de se surpasser, le goût de l'effort et des grandes entreprises, la foi dans la grandeur humaine. Cette définition renvoie à une conception commune qui est celle de la domination de l'être humain sur la nature ou sur les dieux. Ce n’est pas un hasard si Mary Shelley intitule son roman de 1818 Frankenstein ou le Prométhée moderne. Le fantastique, de manière générale, peut se revendiquer du Prométhéisme (Dr Jekyll et Mr Hide, par exemple), ainsi que l'archétype du Savant Fou qui défie la Nature (et les lois de la physique !). La postérité de Prométhée est ainsi autant philosophique que littéraire.

L'hubris, ou hybris, désigne cette révolte, notamment envers sa condition de mortel (vaine révolte !), elle peut cependant s'appliquer contre le pouvoir. C'est ainsi qu'un Prométhée enchaîné sculpté pourra signifier, dans le contexte du règne de Louis XIV : "ne défiez pas l'autorité ou vous serez châtiés !", ce mythe prend alors une valeur dissuasive. De fait, Prométhée incarne la révolte contre un pouvoir parfois injuste. Marx, à la fin de sa thèse (Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure) qualifie Prométhée de premier saint et martyr du calendrier philosophique.

Chez Hésiode, le mythe montre l'ambivalence du Bien et du Mal. La ruse de Prométhée (le tas d'apparence bonne est en fait mauvais, et vice-versa), la beauté de Pandore, le feu divin qui conduit aux malheurs constituent autant d'éléments qui font de Prométhée un bienfaiteur ambigu. Chez Eschyle, c'est le destin qui est plus puissant que la sagesse et la civilisation. Le poète grec Lucien, du deuxième siècle de notre ère, est auteur d'un écrit parodique. Prométhée n'y incarne plus la civilisation, mais la révolte humaine face aux dieux. C'est également la vision de Percy Shelley, mari de Mary Shelley : il écrivit ainsi Prométhée délivré.

C'est selon le néoplatonisme de la Renaissance qu'Epiméthée crée les animaux de manière équilibrée. Pour Boccace, Prométhée n'est pas coupable, mais, conformément aux idées de la Renaissance italienne, fonde la civilisation et les arts. Prométhée est ainsi redécouvert à la Renaissance (par Giordano Bruno, Pic de la Mirandole, Marcile Ficin…), comme mythe d'une humanité douée de libre-arbitre et chez qui l'existence précède l'essence.

Un autre mouvement, le Romantisme, interprète le mythe de Prométhée. Goethe, notamment, écrit au sujet de Prométhée. Ce personnage devient héros romantique, créateur révolté.

Tout en constituant un mythe de la création, ce récit oppose ainsi humanité et divinité, mettant en scène un dieu prenant de partie de l'humanité. L'existence humaine, ainsi que sa civilisation et son rapport à la nature, son opposition aux autres animaux, son rapport à l’autorité, sont autant de pistes de réflexions pour les artistes, philosophes et auteurs, ainsi que pour nous.

Le mythe de Prométhée, fondateur, n'est cependant pas unique. Après la fin du châtiment, Zeus envoie un déluge qui rappelle l’Epopée de Gilgamesh ou la Bible : seul Deucalion, fils de Prométhée, et son épouse Pyrrha, survivent. Deucalion peut ainsi être comparé à Noé. Sa filiation avec Prométhée se retrouve lorsqu'il lance des pierres qui donnent des hommes (celles lancées par Pyrrha donnent des femmes). Le mythe de Pandore, qui peut être rapproché d'Eve, peut être considéré comme misogyne, dans la mesure où la femme est créée pour séduire et tromper les hommes (ce topos sera repris dans la culture populaire : de manière anecdotique, dans les Schtroumpfs, Gargamel crée la Schtroumpfette pour semer le trouble chez les Schtroumpfs, à partir d'une statuette, en lui attribuant des défauts perçus comme féminins et une longue chevelure blonde). Le rôle du feu civilisateur est lui aussi un topos, et le feu divin et bienveillant, un élément de la mythologie indienne. Enfin, les divinités coroplastes occupent une place prépondérante dans de nombreux mythes du monde. En revanche, l'enchaînement au Caucase semble alimenté par des légendes d'Arménie et de Géorgie.

Les interprétations, parfois par les sphères du pouvoir, du mythe de Prométhée, font l'objet de l'émission suivante : Émission sur le mythe de Prométhée