Le théâtre : texte et représentation/Le baroque, une esthétique de l'inconstance
Origine du nom et naissance du courant
[modifier | modifier le wikicode]Le mot « baroque », issu du portugais barrueco, désigne d'abord au XVIe siècle, dans la langue technique des joailliers, une perle de rondeur irrégulière. Ce n'est qu'en 1718 que l'Académie évoque dans son Dictionnaire le sens figuré du mot : « irrégulier, bizarre, insolite, inutilement compliqué ». Mais le terme ne désigne pas encore un courant esthétique.
À partir de 1860 seulement, on applique rétrospectivement le terme à l'art qui s'est répandu aux XVIe et XVIIe siècles depuis l'Italie jusque dans toute l'Europe, et par analogie à la littérature qui y correspond. Ce courant a touché tous les arts, notamment la sculpture, l'architecture et la musique (mais plus tard).
Le baroque succède à la Renaissance. Sa naissance est fortement liée aux guerres de Religion du XVIe siècle. En France, il dure d'environ 1580 jusqu'aux premières années du règne personnel de Louis XIV (1660-1665). Les données historiques, et notamment les guerres de religion, expliquent les thèmes chers à l'esthétique baroque (obsession de la mort, etc.).
Jusqu'à une époque récente, les critiques n'ont vu dans le XVIIe siècle que l'épanouissement progressif du classicisme, négligeant toute la première partie du siècle. On a longtemps considéré les productions de 1580 à 1640 comme étant irrégulières, bizarres, relevants d'écrivains « indépendants » (en ce sens l'adjectif « baroque » était très nettement péjoratif car ces œuvres sont jugées à l'aune du classicisme postérieur). Depuis 1950 environ, on a mis en valeur les traits esthétiques communs qui dominent cette période : on les a regroupés sous le terme de « baroque ». Il faut donc constater qu'il n'y a jamais eu d'« école baroque » : le baroque se définit par ses formes et ses thèmes, plus que par un « manifeste », puisqu'il n'y a pas eu de « théorie du baroque » avant le XXe siècle.