Le Paris Haussmannien/Des exemples de la géographie de prestige
Les travaux de restauration de la cathédrale débutent suite à l'émotion créée par le roman de Victor Hugo (sorti en 1831). Les Mystères de Paris (parution en feuilleton entre 1842 et 1843) d'Eugène Sue, dressent aussi un portrait horrifique des rues qui enserrent l'édifice. Il s'agit dès lors de purifier ce lieu et de donner à la nouvelle dynastie son église centrale. Le parvis est dégagé, un square est aménagé à l'arrière de l'édifice. C'est la perspective esthétique qui l'emporte dans la réalisation de ce projet.
Le nouvel opéra
[modifier | modifier le wikicode]Les travaux débutent en 1861 et ne seront achevés qu'en 1874 sous la IIIème République. C'est le bâtiment phare du mécénat impérial pour donner à Paris la prééminence mondiale par une salle lyrique à la dimension d'une ville qui vient de doubler sa surface. Pour le mettre en valeur, le bâtiment est au centre d'une place et au bout d'une avenue créée de toutes pièces. À l'intérieur, le nombre de places est volontairement limité pour préserver le caractère élitiste de la fréquentation. À titre de comparaison, la Scala de Milan, grande salle rivale, accueille 1000 places de plus dans un espace plus petit. Le choix est fait du confort et du grandiose avec le char doré d'Apollon musagète qui surplombe l'ensemble. Le public est enthousiaste et le 5 janvier 1875, jour de l'inauguration, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à entrer.
À l'extérieur, 4 groupes statuaires ponctuent l'édifice. Trois sont académiques : la Poésie de Jouffroy, la Musique de Guillaume et le Drame de Perraud. Le quatrième provoque scandale et polémique : la Danse de Carpeaux. On lui reproche son obscénité. L'opéra est mis en valeur par la place et l'avenue transversale qui y conduit en plus des larges rues qui l'entourent. L'ensemble forme une sorte d'étoile conduisant aux boulevards les plus chics (Boulevard des Italiens, boulevard Haussmann et boulevard des Capucines), lieux privilégiés du loisir à cette époque. La situation en fait le centre de l'attention urbaine.
À l'intérieur, l'opéra se veut par excellence le lieu de rassemblement de la classe dirigeante et de son faste. C'est pourquoi la façade regarde en direction du palais du Louvre. Tout le quartier nouveau traduit le symbolisme politique indirect de cet urbanisme global : le Palais-Royal, l'ancienne demeure de la famille déchue d'Orléans, se retrouve rejetée dans l'ombre des deux réalisations majeures du régime (opéra et nouveau Louvre) qui a succédé à la monarchie de Juillet et à la République.