La poésie du XIXe au XXe siècle : du romantisme au surréalisme/Annexe/Introduction à Rimbaud

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Introduction à Rimbaud
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Leçon : La poésie du XIXe au XXe siècle : du romantisme au surréalisme

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Le contexte culturel : entre Parnasse et symbolisme[modifier | modifier le wikicode]

Dans sa jeunesse, Rimbaud découvre la poésie parnassienne qui exerce dans les premiers temps sur lui une certaine influence, avant qu’il ne lui tourne le dos en 1871. Il est ensuite considéré comme l’un des pères du mouvement symboliste.

Le Parnasse[modifier | modifier le wikicode]

Mouvement qui s’est développé dans les années 1866-1880 en réaction contre le Romantisme, en particulier contre les excès du lyrisme et l’engagement politique. Le mouvement se constitue autour de Leconte de Lisle et de la revue Le Parnasse contemporain fondée en 1866. L’initiateur en a été Théophile Gautier. Groupe assez hétérogène. Dans la mythologie antique, le Parnasse est le mont où séjournent les Muses, déesses de l’inspiration, Apollon et Dionysos. C’est le lieu privilégié où musiciens et poètes venaient chercher l’inspiration. Dans les idéaux du groupe parnassien, on trouve :

  • le culte de l’art pour lui-même, du travail poétique : l’art ne doit pas avoir d’autre utilité que lui-même, il faut rechercher la perfection formelle, dans la pratique des formes poétiques (comme le sonnet), la versification, les figures de style.
  • le refus du lyrisme personnel, on les surnomme les « Impassibles », poésie qui préfère l’érudition à l’effusion
  • le goût pour des mondes différents, lointains, exotiques, disparus, notamment pour les grands mythes antiques, poésie qui tourne le dos à la réalité contemporaine

Le symbolisme[modifier | modifier le wikicode]

Le Symbolisme est un mouvement littéraire et artistique qui s’est développé dans les années 1870-1900. Poètes les plus représentatifs : Baudelaire (précurseur), Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, Laforgue. C’est Mallarmé qui devient le chef de file du mouvement.

Le Symbolisme naît et se développe en réaction contre le rationalisme scientifique, c’est-à-dire contre l’idée que tout dans le monde peut s’expliquer rationnellement et scientifiquement. C’est donc un courant qui s’oppose radicalement au Naturalisme dont il est contemporain. L’exploration toute nouvelle du monde de l’inconscient favorise son développement, notamment grâce aux travaux de Freud. C’est le « Manifeste » publié en 1886 par Jean Moréas dans le Figaro qui est considéré comme l’acte de naissance de l’école symboliste. Mais le symbolisme existe avant, sous le nom de « décadentisme ».

Pourquoi « symboliste » ? Par référence au mot « symbole » qui signifie étymologiquement « deux choses lancées ensemble ». Le mot désignait dans l’antiquité un objet coupé en deux qui servait de signe de reconnaissance. Le poète symboliste est celui qui, par les mots, les images, cherche à exprimer une réalité supérieure. Pour les Symbolistes, le monde est un mystère à déchiffrer, il n’est que le reflet d’une réalité supérieure. Le poète est une sorte de mage, celui qui cherche à faire accéder le lecteur à une réalité supérieure, à lui ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure et qu’il ne connaît que partiellement par le biais de ses sens. La poésie est donc un outil de connaissance.

Certains thèmes sont fréquents chez les Symbolistes :

  • Désir d’évasion, nostalgie des origines, se traduisant par une réécriture des mythes antiques, des textes bibliques, des légendes médiévales
  • Intérêt pour les états psychiques intermédiaires : le rêve, le somnambulisme, qui permettent d’accéder à une autre perception de la réalité.
  • Goût pour l’irrationnel : le mystère, le fantastique
  • Femme : autour de la figure de la femme se concentrent toutes les interrogations et les angoisses de l’époque, deux visions s’opposent, celle de la femme idéale, pure, celle de la femme fatale, tentatrice et cruelle.

Certains procédés d’écriture sont privilégiés :

  • importance des images : comparaisons, métaphores
  • harmonie des sonorités, du rythme
  • abandon de la versification régulière, naissance du vers libre et du poème en prose

Certains genres sont plus concernés que d’autres :

  • la poésie essentiellement
  • le théâtre (Claudel, Tête d’or et Jarry, Ubu roi)
  • la peinture (Gustave Moreau, Odilon Redon)
  • la musique (Debussy, Ravel)

Le contexte biographique[modifier | modifier le wikicode]

La formation littéraire de Rimbaud[modifier | modifier le wikicode]

Rimbaud est un enfant prodige qui a commencé par imiter ses devanciers avant de trouver son style propre.

Il a reçu un enseignement fondé sur les humanités grecques et romaines. Excellent latiniste, récompensé de nombreux prix en thème et en version, il lit et mémorise de nombreux textes poétiques. Très tôt, il pastiche avec génie les poètes latins, Hugo et les Parnassiens. Mal aimé de sa mère très autoritaire, il trouve en la personne de son professeur de lettres Georges Izambard compréhension et encouragement : ce dernier le guide dans sa découverte de Baudelaire et notamment de la poésie parnassienne (Théodore de Banville, Théophile Gautier, Leconte de Lisle). Cet homme a joué un rôle prépondérant dans l’éveil de sa vocation.

Rêvant d’être reconnu par les Parnassiens, Rimbaud les imite, leur empruntant leurs thèmes (mythologiques notamment) et des formes (comme le sonnet). En mai 1870, Rimbaud adresse à Théodore de Banville une lettre accompagnée de trois poèmes, espérant les voir publiés dans la revue parnassienne Le Parnasse contemporain. La réponse de Banville sera négative, le maître lui conseille de continuer à travailler, d’où une certaine déception et amertume de Rimbaud.

Dès 1871, Rimbaud rejette violemment ces influences littéraires et ses premiers poèmes. D’un naturel révolté, aventureux, Rimbaud n’hésite pas à aller jusqu’à envoyer à Banville une lettre sarcastique et irrévérencieuse.

Au moment où il compose « Ma bohème », Rimbaud est encore sous l’influence de la poésie parnassienne, mais il commence à s’en détacher, cherchant sa propre voie.

Une adolescence révoltée[modifier | modifier le wikicode]

Né en 1854 à Charleville dans les Ardennes. Ses parents se séparent quand il a 7 ans. Il entretient une relation difficile avec sa mère, très autoritaire, avec un sens strict de l’honneur et de la religion. Il trouve son épanouissement dans les études et la lecture. Mais bientôt il manifeste une violente révolte contre l’ordre social, le conformisme, la religion.

Après les vacances de l’été 1870, Rimbaud ne revient plus au lycée : il part. C’est le début de nombreuses escapades qui vont le mener toujours plus loin même si paradoxalement, il ne cesse de revenir.

Fugues :

  • Le 29 août 1870, il quitte pour la 1ère fois Charleville pour se rendre à Paris en passant par la Belgique (Charleroi). Il est arrêté gare du Nord, car son billet de train ne lui donne pas droit à ce trajet, et mis en prison puis libéré le 5 septembre grâce à Izambard qui l’emmène à Douai chez des tantes adoptives, les demoiselles Gindres. C’est là qu’il rencontre un poète, Paul Demeny, à qui il confiera les poèmes de ses deux premières fugues.
  • Le 6 ou 7 octobre 1870, Rimbaud repart pour Bruxelles, puis à Douai : là il recopie ses poèmes écrits en temps de fugue et les envoie à Paul Demeny. Sa mère réclame son retour à Charleville.
  • Au milieu de l’hiver, il repart pour Paris d’où il revient à pied après avoir erré dans la capitale et erré sous les ponts
  • « Ma Bohème » a probablement été écrite lors de la 2ème fugue. Elle fait partie des « cahiers de Douai », c’est-à-dire de l’ensemble des poèmes recopiés par Rimbaud à Douai et adressés à Paul Demeny, à qui il demandera l’année suivante de détruire ces cahiers, ce que ce dernier ne fera heureusement pas.