Aller au contenu

La Révolution française/20 juin 1789 : Le Serment du Jeu de Paume

Leçons de niveau 14
Une page de Wikiversité, la communauté pédagogique libre.
Début de la boite de navigation du chapitre
20 juin 1789 : Le Serment du Jeu de Paume
Icône de la faculté
Chapitre no 3
Leçon : La Révolution française
Chap. préc. :5 mai 1789 : Ouverture des États-Généraux à Versailles
Chap. suiv. :14 juillet 1789 : La Prise de La Bastille
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « La Révolution française : 20 juin 1789 : Le Serment du Jeu de Paume
La Révolution française/20 juin 1789 : Le Serment du Jeu de Paume
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.

Les 20 et 22 juin 1789 : Le Serment

[modifier | modifier le wikicode]
Le Serment du Jeu de paume par David, musée Carnavalet

Le 20 juin 1789, sous prétexte de la réparation de la salle des Menus-Plaisirs pour les prochaines séances, les gardes interdisent l'accès à la salle mais les députés n'ayant pas dit leur dernier mot se retrouvent dans la salle du jeu de Paume à Versailles. Aidés par le député Jean-Joseph Mounier, l'Abbé Emmanuel-Joseph Sieyès s'empresse de rédiger la célèbre formule du Serment du Jeu de Paume lu par Bailly à l’ensemble des députés de l'Assemblée Nationale :

« 

L’Assemblée nationale, considérant qu’appelée à fixer la constitution du royaume, opérer la régénération de l’ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu’elle continue ses délibérations dans quelque lieu qu’elle soit forcée de s’établir, et qu’enfin, partout où ses membres sont réunis, là est l’Assemblée nationale ;

Arrête que tous les membres de cette assemblée prêteront, à l’instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d’eux en particulier confirmeront, par leur signature, cette résolution inébranlable.

Lecture faite de l’arrêté, M. le Président a demandé pour lui et pour ses secrétaires à prêter le serment les premiers, ce qu’ils ont fait à l’instant ; ensuite l’assemblée a prêté le même serment entre les mains de son Président. Et aussitôt l’appel des Bailliages, Sénéchaussées, Provinces et Villes a été fait suivant l’ordre alphabétique, et chacun des membres * présents [en marge] en répondant à l’appel, s’est approché du Bureau et a signé.

[en marge] * M. le Président ayant rendu compte à l’assemblée que le Bureau de vérification avait été unanimement d’avis de l’admission provisoire de douze députés de S. Domingue, l’assemblée nationale a décidé que les dits députés seraient admis provisoirement, ce dont ils ont témoigné leur vive reconnaissance ; en conséquence ils ont prêté le serment, et ont été admis à signer le procès-verbal l’arrêté.

Après les signatures données par les Députés, quelques-uns de MM. les Députés, dont les titres ne sont pas [….] jugés, MM. les Suppléants se sont présentés, et ont demandé qu’il leur fût donc permis d’adhérer à l’arrêté pris par l’assemblée, et à apposer leur signature, ce qui leur ayant été accordé par l’assemblée, ils ont signé.

M. le Président a averti au nom de l’assemblée le comité concernant les subsistances de l’assemblée dès demain chez l’ancien des membres qui le composent. L’assemblée a arrêté que le procès-verbal de ce jour sera imprimé par l’imprimeur de l’assemblée nationale.

La séance a été continuée à lundi vingt-deux de ce mois en la salle et à l’heure ordinaires ; M. le Président et ses Secrétaires ont signé. »

Jean Sylvain BaillyHuile sur toile de Jean-Laurent Mosnier, (Musée Carnavalet, Paris). Fonctions

Le serment fut signé par l’ensemble des députés présent dans la salle sauf un, la voix de Martin-Dauch.

Le serment sera à nouveau signé par les autres membres du clergé à l'église Saint-Louis à Versailles le 22 juin.

La Journée du 23 juin 1789

[modifier | modifier le wikicode]

Le 23 juin, le Tiers montre sa volonté de tenir son serment. Prenant la parole devant l'Assemblée, le roi Louis XVI casse les rêves de l'Assemblée Nationale en interdisant toutes réunions des trois ordres. Mais il promet de faire quelques changements : égalité devant les impôts, fin des corvées, des lettres de cachets ...

Le roi parti et l’ensemble des nobles et une grande partie du clergé quitta la salle ; seul le Tiers-États et quelques membres du clergé resta. Bailly se leva et prit la place au bureau devant le trône du roi. Quelques minutes plus tard, le marquis de Dreux-Brézé arriva et dit à Bailly :

« Sous quel droit, Monsieur avez-vous prit place sur ce siège »

Bailly lui répondit:

« Mon nom est Bailly, je suis astronome et membre de l'Académie des Sciences et de l'Académie Française, ces gens m'ont élu président de l'Assemblée Constituante, et le peuple de France n'a d'ordres de recevoir de personne »

Le Marquis de Dreux-Brézé dit à l’ensemble des députés:

« Vous avez tous entendu le roi, il vous a ordonné de vous disperser sur le champ »

Mirabeau se leva de son siège et cria :

Mirabeau répondant à Dreux-Brézé, burin gravé en 1889 par Alphonse Lamotte d’après le haut-relief de Jules Dalou (Salon de 1883).

«  Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu'on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes. »

Le marquis alla voir le roi et lui expliqua la situation qui lui répondit :

« Ils veulent rester, et bien foutre qu’ils restent ! »

L’Assemblée vota trois décret :

  1. La confirmation de sa constitution en Assemblée nationale
  2. La proclamation de l'inviolabilité de ses membres
  3. La décision d'interrompre le paiement des impôts si l'Assemblée constituante venait à être dissoute.

Le 27 juin 1789, le roi ordonne à la noblesse et au Clergé de rejoindre l'Assemblée Nationale et de créer une chambre,

Le 9 juillet 1789, l’ensemble des députés officialisent en se donnant pour nom : Assemblée Nationale Constituante