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Guerres au XXe siècle/Seconde Guerre mondiale

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Seconde Guerre mondiale
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Chapitre no 2
Leçon : Guerres au XXe siècle
Chap. préc. :Première Guerre mondiale
Chap. suiv. :Espoirs d'un ordre mondial
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Guerres au XXe siècle/Seconde Guerre mondiale
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La définition des limites chronologiques de la Seconde Guerre mondiale varie selon la nationalité du point de vue : si les limites classiquement données sont du 1er septembre 1939 (invasion de la Pologne) au 8 mai 1945 (capitulation allemande), il s'agit là d'une vision très européenne, le Japon envahissant la Chine dès 1937 et ne capitulant que le 2 septembre 1945. Même son nom varie, c’est la « Guerre anti-japonaise » pour les Chinois, la « Guerre de Quinze Ans » pour les Japonais ou la « Grande guerre patriotique » pour les Russes.

Problématique : comment se traduit la volonté d'anéantir et d'exterminer son adversaire pendant la Seconde Guerre mondiale ?

Nous verrons d’abord que plusieurs aspects du conflit ressemblent à une « guerre d'extermination », puis ensuite qu’il fut marqué par plusieurs génocides.
Pour le détail de la chronologie (hors-sujet ici), on peut consulter avec profit l’article Seconde Guerre mondiale sur Wikipédia.

Guerre d'extermination

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Tas de cadavres regroupés avant crémation (pour éviter les épidémies) après le bombardement de Dresde, février 1945.
Comparaison des pertes militaires du front de l'Ouest avec celles du front de l'Est.

Une guerre d'extermination est un conflit dans lequel les belligérants cherchent non seulement à battre militairement leurs adversaires, mais aussi à les exterminer tous, à les anéantir (on utilise plus la notion de guerre d'anéantissement, un peu moins extrême), quitte à commettre des crimes de guerre. Il s'agit d'une forme de guerre totale poussée jusqu'au bout.

Toutes les nations, unités et zones de combat concernées par la Seconde Guerre mondiale ne se trouvèrent pas dans une situation de guerre d'extermination. Par exemple on ne peut pas qualifier ainsi les combats sur le front Ouest (campagne de France en 1940, bataille de Normandie en 1944, etc.), bien que les bombardements aériens des villes en aient pris le chemin (dévastant par exemple Londres, Hambourg ou Dresde). Ce phénomène est donc limité à certaines parties du conflits et à certains belligérants. La consultation des chiffres des pertes humaines lors du conflit nous fournit les pays concernés, c'est-à-dire l'Union soviétique, la Chine, l'Allemagne et le Japon, soit seulement deux zones de combat : le front de l'Est et l’Asie-Pacifique.

Principales pertes humaines (morts et disparus)[1]
Morts militaires Morts civils Total des morts
Union soviétique 9 à 10 millions 13 millions 23 millions
République de Chine 3 à 4 millions 7 à 16 millions 10 à 20 millions
Reich allemand 5,5 millions 3,2 millions 8,7 millions
République de Pologne 240 000 5,5 millions 5,8 millions
Empire du Japon 2,1 millions un million 3,1 millions

Front de l'Est

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Les combats sur le front de l'Est, qui durent du 22 juin 1941 (date du début de l’opération Barbarossa) jusqu'au 9 mai 1945 (date de la capitulation allemande), correspondent à une lutte à mort entre le nazisme et le communisme, idéologies personnifiées par Hitler et Staline, d'autant qu’ils se sont tous les deux attribués le commandement militaire suprême. Le résultat est que 80 % des pertes en Europe concernent uniquement le front de l'Est, avec 26,2 millions de morts soviétiques (civils et militaires) et 6,1 millions de morts allemands (militaires). La population soviétique passe de 196 millions d'habitants en juin 1941 à 170 millions en 1945[2].

On peut découper chronologiquement l'étude, avec d’abord l'invasion allemande de la partie occidentale de l’Union soviétique de 1941 à 1942, puis le reflux avec la conquête de presque toute l’Europe centrale par l’Armée rouge de 1943 à 1945.

Invasion allemande

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L'invasion de l’Union soviétique par les forces armées allemandes, roumaines, hongroises et finlandaises (les Italiens s'y rajoutent un peu plus tard) a été préparée pour des raisons géopolitiques (détruire la dernière puissance continentale faisant de l'ombre à l'Allemagne et conquérir un espace-vital en Europe orientale), politique (détruire le seul État communiste) et raciste (asservir les peuples slaves). En conséquence, lors de la préparation de l'offensive, est prise la décision de ne pas appliquer les lois et coutumes de guerre (définies par la conférence de La Haye en 1907 et la convention de Genève en 1929) : le 13 mars 1941 le nettoyage des futurs arrières est confié à Himmler, le 31 mars Hitler déclare à ses généraux que « la lutte qui va s'engager est une lutte d'extermination » ; le 13 mai 1941 est signée la Kriegsgerichtsbarkeitserlass (les lois de la guerre sont invalidées), puis le 6 juin 1941 le Kommissarbefehl (ordre d'exécuter les commissaires politiques fait prisonniers).


Un des camps de prisonniers soviétiques en Ukraine pendant l’opération Fall Blau, 13 août 1942.

Le début de la campagne est une suite de succès allemands, leurs forces s'enfonçant jusqu'à 800 km de leur base de départ, encerclant les unités soviétiques dans de vastes poches (appelées Kessel en allemand, c'est-à-dire « chaudron »), notamment autour de Minsk, de Smolensk et de Kiev, faisant des centaines de milliers de prisonniers à chaque fois. Entre juin et la fin de décembre 1941, les Allemands font prisonniers 2,4 millions de soldats soviétiques, chiffre porté à 5,4 millions pour l’ensemble du confit. Parmi ceux-ci, 3,8 millions moururent en captivité, de soif, de faim, de maladie, de froid ou tout simplement exécutés. Les survivants servirent de main d'œuvre servile. Les chambres à gaz d'Auschwitz I furent d’abord testées sur des prisonniers de guerre soviétiques.


Un traitement tout aussi dur concerne les populations civiles dans les territoires occupés. Les populations civiles sont traitées comme des esclaves corvéables à merci, les pillages, viols et meurtres commis par les hommes de la Wehrmacht ne sont pas passibles du conseil de guerre mais sont encouragés : à l'automne 1941, le général Hoth, commandant de la 17e armée en Ukraine, annonce à ses troupes que « la compassion et la faiblesse à l'égard de la population sont déplacées ». Les difficultés climatiques (la boue russe, puis l'arrivée de l'hiver), les contre-attaques soviétiques et la multiplication des partisans sur les arrières du front entrainent la multiplication des exactions sur les civils, avec des villages entiers brûlés avec leurs habitants, des villes rasés, etc. Une de ces partisans (des « résistants » au yeux des Soviétiques, des « terroristes bolcheviques » selon les Allemands), Zoïa Kosmodemianskaïa, 18 ans, fut décorée à titre posthume du titre de héros de l'Union soviétique pour avoir crié aux Allemands « Vous pouvez me pendre maintenant, mais je ne suis pas seule : il y en a deux cents millions comme nous ; vous ne pouvez pas tous nous pendre ! »
Article détaillé : Crimes de guerre de la Wehrmacht.

Victoires soviétiques

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Prisonnier allemand pris à la fin de la bataille de Stalingrad, janvier 1943.
Sonderkraftfahrzeug 251 en train de détruire au lance-flammes un village russe en août 1944.

Le 3 septembre 1941, la mobilisation de tous les hommes de plus de 18 ans est décrétée en Union soviétique ; un décret de février 1942 étend la mobilisation aux femmes de 15 à 45 ans (800 000 se battront sur le front, les autres étant affectées dans l’industrie) : 34,4 millions de Soviétiques portent l'uniforme pendant la « Grande Guerre patriotique », sans compter les partisans. La reconquête de la partie occidentale de l'URSS débute en 1943, après l'anéantissement de la 6e armée allemande lors de la bataille de Stalingrad. Les villes russes, ukrainiennes et biélorusses sont une à une libérées, systématiquement en ruine et avec une partie de la population massacrée ou déportée. Les forces allemandes appliquent une politique de la terre brûlée, détruisant le maximum avant de battre en retraite. La lutte contre les partisans prend l'allure d'une extermination ethnique, les Allemands confiant ce travail notamment à des unités composées d'anciens prisonniers (de guerre ou des criminels), tels que les brigades Kaminski ou Dirlewanger. Dans le cas de Léningrad, environ un million d'habitants sont morts de faim pendant le siège qui dure de septembre 1941 à janvier 1944.

Toutes les populations ayant collaboré avec les Allemands subissent des représailles : les Allemands de la Volga ou d'Ukraine les Tatars de Crimée, les Kalmouks des bords de la Caspienne, les Tchétchènes et les Ingouches du Caucase, sont ainsi déportés en Sibérie ou au Kazakhstan entre 1941 et 1944, pour un total estimé à 2,3 millions de personnes. Dès que la ligne de front arrive en territoire allemand, la discipline maintenue par le NKVD (qui fusille ou envoie dans les bataillons disciplinaires chargés du déminage au pas de course) se relâche et les hommes de l'Armée rouge peuvent se venger des atrocités commises depuis 1941. Le pillage est pratiqué à grande échelle, les femmes sont presque systématiquement violées quel que soit leur âge[5], des colonnes de réfugiés sont écrasées par des chars etc. Ces exactions sont rapidement connues dans toutes l'Allemagne, notamment à cause du massacre de Nemmersdorf en octobre 1944, entrainant un « effet Nemmersdorf » (Lieber tot als rot : plutôt mort que rouge) marqué par un exode massif des civils vers l'Ouest. Les combats de Prusse-Orientale puis ceux de l’offensive Vistule-Oder et enfin de la bataille de Berlin voient l'engagement désespéré de la Volksturm, composée d'Allemands trop vieux ou trop jeunes (théoriquement tous ceux de 16 à 60 ans). Le 19 mars 1945, Hitler signe l’ordre de destruction de toutes les infrastructures allemandes (surnommée le Nerobefehl)[6], soit tous les moyens de transport, de communication et de production, ainsi que les stocks d'approvisionnement. Ce décret ne fut appliqué que très partiellement, avec notamment à Berlin la destruction du tunnel du S-Bahn sous le Landwehrkanal, provoquant l'inondation du métro de Berlin qui servait de refuge à des civils. Encerclé dans Berlin, Hitler se suicide le 30 avril, après avoir nommé l'amiral Dönitz comme successeur (Reichprésident) ; la capitulation allemande sans condition est effective le 8 mai. L'Allemagne cesse d'exister en tant qu'État jusqu'en 1949.


Asie-Pacifique

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La Seconde Guerre mondiale commence en Asie avec l’invasion de la Chine par le Japon, conflit qui se déroule de 1937 à 1945. S'y rajoute à partir de décembre 1941 le conflit opposant la Japon à une partie des Alliés (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Pays-Bas et Nouvelle-Zélande), l'Union soviétique n'entrant en guerre contre le Japon qu'en août 1945. Si les combats en Chine sont dès le début très durs, la campagne du Pacifique prend elle-aussi rapidement des allures de guerre d'extermination, avec son paroxysme en 1945.
Articles connexes : Expansionnisme japonais et Guerre en Asie et dans le Pacifique.

Guerre sino-japonaise

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Enfant hurlant au milieu des ruines d'une gare pendant la bataille de Shanghai, après le bombardement japonais du 28 août 1937.
Civils chinois enterrés vivant par des soldats japonais à Nankin, 1937.

Depuis 1927, la guerre civile chinoise entre les nationalistes de Tchang Kaï-Chek (le Kuomintang) et les communistes de Mao Zedong (le Parti communiste chinois) affaiblit la République de Chine, en faisant une proie tentante pour son voisin plus industrialisé, l’Empire du Japon. L'invasion japonaise de la Mandchourie (la Mandchourie est l'extrémité nord-est de la Chine) en 1931, la Guerre de Shanghai en 1932 et d'autres combats précédèrent le déclenchement de la Seconde Guerre sino-japonaise[9] en 1937 (l’incident du pont Marco Polo servant de casus belli). Cette guerre s'intègre dans la Seconde Guerre mondiale à partir de 1941 pour se terminer en 1945.

Le conflit ouvert en juillet 1937 voit l’armée chinoise, disposant d'une énorme infanterie (16 millions de conscrits sont levés durant la guerre, dont huit millions déserteront)[10] mais mal équipée et peu mobile, défaite par les forces japonaises inférieures en nombre mais bien entrainées et motorisées avec chars et avions. Au nord Pékin (Beijing) et Tientsin (Tianjin) tombent aux mains des Japonais dès août, toute la plaine du fleuve Jaune (le Huang He) est conquise en septembre, tandis qu'au sud la bataille pour Shanghai dure d'août à novembre, suivie par le prise de Nankin (Nanjing, qui était alors la capitale chinoise) en décembre. La mise à sac de Nankin durant six semaines coûta la vie à environ 300 000 civils chinois[11], s'y rajoutant le viol de plusieurs dizaines de milliers d'habitantes ; par exemple deux officiers japonais s'y livrèrent à un concours de décapitation au sabre. Après la rupture des digues du fleuve Jaune[12] en 1938 (900 000 noyés et quatre millions de réfugiés), le front se stabilise, les forces japonaises tenant toutes les plaines littorales au nord-est y compris la vallée du fleuve Bleu (le Yangzi Jiang, en aval de Wuchang) ainsi que quelques enclaves plus au sud (Xiapu, Fuzhou, Xiamen, Hong Kong[13] et Canton), tandis que le gouvernement de Tchang Kaï-Chek, qui a conclu une alliance avec les communistes, se réfugie plus à l'intérieur des terres à Wuhan (dans le Hubei), puis encore plus à l'ouest à Chongqing (dans le Sichuan, qui fut bombardée de 1938 à 1943).

La situation s'enlisant, les Japonais ont rapidement recours à l'emploi de gaz de combat (comme par exemple pendant la bataille de Wuhan en 1938), puis d'armes biologiques (développée notamment par l’Unité 731 sur des cobayes humains). À la guérilla menée par l’Armée rouge chinoise (les communistes chinois), notamment dans le Nord de la Chine[14], les troupes japonaises répliquèrent à partir de 1941 par la politique des « Trois Tout » (« Tue tout, brûle tout, pille tout ») officiellement appelée « Opération réduction en cendres ». Après l'année 1944 marquée par la conquête du Sud par les Japonais[15], 1945 l'est par des offensives chinoises à partir d'avril, aidées par l’aviation américaine et par l’invasion soviétique de la Mandchourie à partir d'août ; l'occupation japonaise se termine grâce à la capitulation japonaise.

Les pertes humaines chinoises sont estimées entre 10 et 20 millions de personnes, dont de 7 à 16 millions de civils : les Anglo-Saxons utilisent le terme d'« Holocauste asiatique ». Une partie des criminels de guerre japonais furent jugés par des tribunaux militaires, dont le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient siégeant à Tokyo de janvier 1946 à avril 1948.
Articles connexes : Relations sino-japonaises, Guerre des manuels et Conflit des Senkaku.

Conquête des îles

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Cadavres japonais après l'attaque-banzai du 30 mai 1943 mettant fin par extermination à la bataille d'Attu.
Le général Kuribayashi, qui a ordonné à ces hommes sur Iwo Jima de se battre jusqu'au dernier, mais de ne pas mourir avant d’avoir tué chacun dix Américains. Cf le film Lettres d'Iwo Jima.

Chaque conquête par les forces américaines d'une des îles du Pacifique tenues par les forces japonaises[17] est marquée par la quasi extermination de la garnison, les Japonais combattant jusqu'au dernier homme. Ce jusqu'au-boutisme s'explique d’abord par des raisons culturelles (la mort étant préférable à l'humiliation de la captivité), ensuite par la très forte discipline des troupes japonaises (les troupes d'élite se sacrifiant systématiquement, au contraire des unités de conscrits), enfin par la situation désespérée de ces garnisons (pas de proposition de reddition de la part des Américains, impossibilité d'évacuer les blessés et malades).

Face à la puissance de feu américaine (bombardements navals et aériens, chars, mitrailleuses et fusils semi-automatiques), la réponse japonaise fut de s'enterrer dans des petites casemates et des galeries souterraines, d'où l'emploi massif par les Américains des bulldozers et des lances-flammes, les premiers pour enterrer vivant les défenseurs, les seconds pour les carboniser ou les étouffer. Les nombreux cas de cadavres mutilés (de part et d'autre), de torture sur des prisonniers, de blessés japonais faisant exploser une grenade pour toucher les brancardiers, de cannibalisme et de cruauté eurent comme conséquence une tel haine de l'adversaire que les blessés et prisonniers furent régulièrement achevés.

Le refus de se rendre et le désespoir face à la défaite vont mener tous les commandants japonais et une partie de leurs officiers et soldats à se sacrifier, soit par des attaques-suicides (charges à la baïonnette face aux mitrailleuses, bombes humaines contre les chars, pilotes kamikazes se précipitant sur les navires, sacrifice du Yamato, etc.), soit en se donnant la mort individuellement ou collectivement (par seppuku c'est-à-dire éventration au sabre, par balle ou avec une grenade). Dans de nombreux cas, les civils japonais se trouvant sur ces îles se donnèrent eux-aussi la mort, en se jetant en groupe du haut des falaises (à Itoman, à la fin de la bataille d'Okinawa), avec une grenade au milieu d'un cercle (population de l'île de Tokashiki) ou en attaquant les Américains avec des lances en bambou ou des explosifs. 10 000 civils japonais périrent à Saipan, 149 000 à Okinawa (comme par exemple les infirmières de l’escadron Himeyuri), se rajoutant aux pertes militaires.

Lieutenant de l'US Navy jouant avec un crâne japonais servant de mascotte à sa vedette-torpilleur, Alexishafen, Nouvelle-Guinée, mai 1944.
Effectifs et pertes de quelques batailles dans le Pacifique
Effectifs alliés Pertes alliées Effectifs japonais Pertes japonaises
Attu
(mai 1943)
15 000 549 morts (3 %)
et 1 148 blessés
2 879 2 850 morts (99 %)
et 29 prisonniers
Tarawa
(novembre 1943)
35 000 1 009 morts (3 %)
et 2 101 blessés
4 716 4 700 morts (99 %)
et 16 prisonniers
Saipan
(juin-juillet 1944)
32 000 3 426 morts (10 %)
et 13 099 blessés
30 780 29 000 morts (94 %)
et 1 780 prisonniers
Peleliu
(sept.-novembre 1944)
32 000 2 336 morts (7 %)
et 8 450 blessés
10 897 10 695 morts (98 %)
et 202 prisonniers
Iwo Jima
(février-mars 1945)
80 000 7 315 morts (9 %)
et 19 189 blessés
22 071 21 855 morts (99 %)
et 216 prisonniers
Okinawa
(mars-juin 1945)
300 000 18 900 morts (6 %)
et 75 000 blessés
117 755 107 000 morts (91 %)
et 10 755 prisonniers


Destruction du Japon

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Bombardiers américains B-29 lâchant leurs bombes sur le Japon en 1945.

La conquête des îles du Pacifique et les pertes navales japonaises (dans les Mariannes et aux Philippines) rapprochent les forces alliées de l’archipel japonais, permettant aux Américains d'envisager de frapper le Japon. À partir d'octobre 1944, une partie des bombardiers de l'USAAF est basée sur les îles Mariannes (sur Saipan, Tinian et Guam, à 2 300 km au sud de Tokyo) avec mission de frapper les principales usines et villes du Japon. Le premier raid de bombardement eut lieu le 24 novembre 1944 par 111 B-29, larguant chacun leurs neuf tonnes de bombes explosives de l'altitude d'environ 30 000 pieds (soit 7 000 m, à l'abri de la DCA et de la chasse japonaises) sur les usines Nakajima de Musashi. Les résultats furent décevants, dus à l'altitude. En conséquence, le 19 février 1945 le général LeMay donna l’ordre de désormais lâcher des bombes incendiaires (au napalm ou au phosphore) à basse altitude (de 1 500 à 2 300 m) : le principal raid suivant eu lieu la nuit du 9-10 mars 1945 sur Tokyo avec 302 B-29, déclenchant une tempête de flammes. Plus de 100 000 civils japonais moururent carbonisés cette nuit-là, pour 14 bombardiers abattus. 67 autres villes japonaises subirent le même procédé pendant le printemps et l'été 1945 : Nagoya le 11 mars, Osaka le 14, Kobe le 16, Nagoya de nouveau le 18, etc.


L'USS Massachusetts tirant une pleine bordée de ses neuf canons de 16-inch (410 mm) sur Kamaishi, 9 août 1945.

L'US Navy se lança elle aussi dans des frappes sur le Japon, permettant ainsi de toucher le nord de l'archipel jusque-là épargné. Les bombardements furent d’abord aériens à partir des seize portes-avions de la Task Force 38 de l'amiral Halsey dès le 16 février 1945 (sur des bases aériennes et des usines autour de Tokyo). Une des principales attaques fut contre les restes de la flotte de guerre japonaise (immobiles faute de mazout) massés dans le port de Kure les 24, 25 et 28 juillet. Puis se fut au tour des cuirassées et des croiseurs d’avoir le droit de tirer au canon lourd sur le littoral japonais à partir du 14 juillet, matraquant ce jour-là la ville et les aciéries de Kamaishi. Les sous-marins américains eurent comme mission de couler tous les navires japonais faisant du cabotage (assurant ainsi le ravitaillement). À partir de la fin mars 1945, l'amiral Nimitz donna l’ordre de miner toutes les entrées de tous les ports et de tous les détroits de l'archipel, dans le but de mener un blocus naval du Japon, mission appelée l’operation Starvation (opération Famine). 670 cargos japonais furent coulés par ces mines selon la marine américaine.
Article détaillé : bombardements navals sur le Japon.

« Piège à Japonais », l'adversaire réduit par la propagande à l'état d'un rat noir portant la moustache, les lunettes et la casquette du premier ministre Tojo.

Tous ces bombardements avaient comme but de préparer l'invasion terrestre du Japon, en commençant par la partie sud de l'île de Kyushu (operation Olympic, prévue pour octobre 1945), puis en poursuivant par la plaine de Kanto autour de Tokyo (operation Coronet, prévue pour mars 1946) le tout nommé operation Downfall (opération Chute) sous le commandement du général MacArthur. En face, les Japonais comptaient résister non seulement avec l’armée impériale, soutenue par une énorme milice de civils (tous les hommes de 15 à 60 ans et les femmes non mariées de 17 à 40 ans, soit une réserve de 28 millions de personnes armées principalement de lances en bambou), aidé par des milliers d'avions kamikazes, des centaines de sous-marins de poches, de torpilles humaines et de petits bateaux-suicides ; le gouvernement japonais et l'empereur devaient s'installer dans un quartier-général souterrain. Les pertes étaient estimées à un million d'Américains (dont un quart de morts) et à au moins dix millions de Japonais. L'opération fut annulée car, après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki et l’entrée en guerre de l'URSS, l'empereur Hirohito annonça le 15 août 1945 qu’il acceptait de capituler. La capitulation du Japon est signée le 2 septembre 1945.
Articles connexes : Crimes de guerre japonais et Soldats japonais continuant le combat après 1945.

Un génocide désigne l’extermination massive d'un groupe d'humains. Le terme lui-même a été inventé (du grec γένος « génos », signifiant la lignée, la race ou le genre, et du suffixe « -cide » venant du latin caedo signifiant tuer ou tailler en pièces, d'où le sens de « meurtre de tout un peuple ») et défini en 1944[20]. L'extermination fait partie des chefs d'inculpation pour crimes contre l'humanité (avec l'assassinat, la réduction en esclavage et la déportation)[21] du procès de Nuremberg qui s'est déroulé de novembre 1945 à octobre 1946 ; le terme de génocide est repris dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, signé par les Nations unies en 1948.

La notion est ici au pluriel, car plusieurs génocides ont été commis durant la Seconde Guerre mondiale, visant notamment les populations slaves, chinoises, juives et tsiganes. Pour le génocide juif, on utilise le terme de Shoah (mot hébreu שואה, signifiant « catastrophe »), les Anglo-Saxons lui préférant le terme d'Holocauste (du grec ὁλόκαυστος, « holókaustos », signifiant un sacrifice brûlé), tandis que pour le génocide tsigane on utilise celui de Porajmos (mot rom signifiant « dévorer »). Le génocide juif fut proportionnellement le plus abouti : le total varie entre 5 100 000 et 5 900 000 personnes assassinées selon les auteurs, soit deux juifs sur trois en Europe[22].

Les génocides sont indissociables de la Seconde Guerre mondiale, ne commençant qu'avec elle, évoluant à son rythme et se terminant en 1945.

Causes idéologiques

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Illustration du Tour de la France par deux enfants (ici l'édition de 1904), utilisé dans les écoles françaises.

Le racisme est plutôt commun au début du XXe siècle, la quasi totalité des habitants croyant en l’existence d'une hiérarchie parmi les peuples (le terme de « races » est largement utilisé à l'époque), se plaçant systématiquement parmi les « peuples supérieures » en se basant sur des argumentaires culturels, morphologiques, moraux ou technologiques pour se croire au-dessus des « peuples inférieurs », les « sous-hommes » (Untermensch en allemand).


L'antisémitisme (l'hostilité aux juifs) est tout aussi commun dans toute l'Europe et autour de la Méditerranée, devenant parfois virulent pendant les périodes de crise (notion de bouc émissaire). Les différentes populations juives sont accusées d’être responsables de toutes les difficultés économiques et politiques, d’être à l'origine du communisme (notion du judéo-bolchevisme), de contrôler la finance, la franc-maçonnerie ou les journaux, voire de vouloir contrôler le monde (théorie du complot juif). Ces idées sont reprises par des hommes politiques dans à peu près tous les pays, dont en Allemagne par Hitler dans ses discours comme dans son autobiographie Mein Kampf.
Articles détaillés : Histoire du peuple juif, Antijudaïsme, Antisémitisme et Origines de l'antisémitisme nazi.

Catégories établies par les lois de Nuremberg, entre ceux de sang allemand, les sang-mêlés et les juifs, 1935.

Suite à la nomination de Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933, le nouveau gouvernement allemand prend des mesures antisémites, au début essentiellement vexatoires. Le 1er avril 1933 fut organisé par le NSDAP un boycott des magasins juifs. Le 7 avril, les fonctionnaires allemands « non-aryens » (selon les termes de la loi)[25] sont révoqués[26], la même chose pour les avocats[27].

L'ostracisme (exclusion) est mis en application par les lois de Nuremberg du 15 septembre 1935, qui retirent la citoyenneté allemande aux Juifs d'Allemagne[28] et interdisent les mariages ou les relations extraconjugales avec le reste de la population allemande[29]. Le décret d'application du 14 novembre 1935 établit des catégories raciales pour les habitants, séparant ceux de sang allemand, des sang-mêlés (quart-Juifs et demi-Juifs) et des Juifs, définissant ces derniers : « est juif celui qui est issu d'au moins trois grands-parents qui sont racialement des Juifs intégraux ».

En juillet 1937, les stations balnéaires leur sont interdites ; le 12 novembre 1938 le commerce leur est interdit[30]. Les 9 et 10 novembre 1938 a lieu un vaste pogrom (appelée la Nuit de Cristal) pendant lequel les synagogues sont incendiées, des magasins pillés et des milliers de gens déportés dans les premiers camp de concentration. Le 1er décembre 1938, le permis de conduire leur est retiré. Le 1er septembre 1939, un couvre-feu à 20 h leur est imposé.
Article détaillé : Juifs d'Allemagne sous le Troisième Reich.


Début de la guerre

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Les premiers Einsatzgruppen (groupes d'intervention) sont organisés en juillet 1939 en préparation de l'invasion de la Pologne, composés de SS et de policiers, avec la mission de sécuriser les arrières de l'armée et d'arrêter les opposants potentiels. Lors de la campagne de Pologne en septembre, ces unités et les régiments de la Totenkopfverbände (unité tête de mort) persécutèrent les Polonais juifs.

À partir de l'hiver 1939-1940, les Polonais juifs doivent porter un brassard avec l’étoile de David permettant de les identifier rapidement. Le 21 septembre 1939, Heydrich obtient que les Juifs et Tziganes de Pologne et d'Allemagne soient concentrés dans des ghettos au sein des villes polonaises : ces ghettos sont constitués pendant les années 1940 et 1941, servant de vastes zones d'internement où une partie des réfugiés vont mourir de faim et de maladies. Le 1er septembre 1941, l’étoile jaune devient obligatoire pour les Juifs de plus de six ans résidant dans les territoires allemands (y compris les territoires annexés : Autriche, Sudentenland, Prusse-Occidentale, Posnanie, Gouvernement général de Pologne, Luxembourg et Alsace-Lorraine)[31] ; les transports en commun leur sont interdit.

« Certificat de non appartenance à la race juive » établi par l'administration française, l'équivalent des certificats d'aryanité allemands, nécessaire pour être fonctionnaire.

Les mêmes mesures antisémites sont mises en application dans les territoires occupés (par des ordonnances des forces allemandes) ou sous domination (par les gouvernements des différents pays), dans le but d'exclure et de persécuter mais aussi d’identifier et de regrouper, comme par exemple en France (y compris aux colonies) :

De nombreux camps sont organisés pour interner tous les Juifs arrêtés, gardés par des gendarmes ou des gardes civils : camps de Drancy, de Compiègne (avec des résistants), de Beaune-la-Rolande, des Milles (près d'Aix-en-Provence), de Pithiviers, de Rivesaltes, etc. D'autres camps plus petits sont utilisés à partir de 1941 pour les Tsiganes, officiellement « centres de rassemblement des tziganes et nomades » : camps de MéronMontreuil-Bellay), de SaliersArles), des Alliers (près d'Angoulême), des salines d'Arc-et-Senans, de la Morellerie (à Avrillé-les-Ponceaux), de la Mauditière (à Grez-en-Bouère), de Jargeau, de Linas (sur l’autodrome de Linas-Montlhéry), de la Forge (Moisdon-la-Rivière), de la Chuvinerie (à Montsûrs), de Choisel (à Châteaubriant), de la route de Limoges (à Poitiers), de la Pierre (à Coudrecieux)[32], etc.
Article détaillé : Collaboration du gouvernement français dans le génocide.

« Solution finale »

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La situation change à partir de l'été 1941 avec le début de l'affrontement entre l'Allemagne et l'Union soviétique. Deux décisions sont prises, la première (printemps 1941) de massacrer les populations juives des territoires soviétiques au fur et à mesure de leur conquête, l'autre plus tardive (automne 1941) de déporter tous les Juifs d'Europe de l'Ouest vers l'est et de tous les exterminer (en les assassinant ou en les tuant au travail). L'application sous le contrôle de la SS de la « solution finale de la question juive »[33] est organisée notamment lors de la Conférence de la Wannsee le 20 janvier 1942.

L'invasion de l'URSS est préparée entre autres par l'organisation de plusieurs Einsatzgruppen, en plus grand nombre que pour la Pologne, avec comme consigne de procéder à des exécutions de masse des populations juives avec le soutien d'unités auxiliaires locales (composées d'Ukrainiens, de Biélorusses ou de Baltes).

À partir du 22 juin 1941, ces unités commettent des massacres derrière les lignes allemandes, essentiellement en tirant au fusil, au pistolet ou à la mitrailleuse (d'où l’expression de « Shoah par balle »). Chaque grande ville soviétique tombée aux mains des Allemands a eu presque immédiatement son massacre massif, avec par exemple celui de Poneriai pendant lequel fut exterminée la population juive de Vilnius en août 1941 et celui de Babi Yar pour les Juifs de Kiev en septembre 1941. Le camp de Maly Trostenëts près de Minsk s'occupa non seulement des habitants juifs de cette ville, mais aussi de déportés venant d'Europe centrale. À Odessa, ce fut l’armée roumaine qui se chargea du massacre en novembre 1941.

Action d'un des Einsatzgruppen en Ukraine en 1942.


Les victimes des Einsatzgruppen sont estimées au nombre de 1 300 000 personnes[35]. Cette méthode d'extermination est abandonnée à partir de 1942 : le coût en munitions est important, les charniers sont peu discrets et les exécutants subissent des problèmes psychologiques (moral bas, alcoolisme, sadisme etc.). Après expérimentation de nouveaux moyens plus économiques, la concentration est donc décidée dans des grands centres de mise à mort.
Article connexe : Procès des officiers des Einsatzgruppen à Nuremberg.


Par la faim et les maladies

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Carte des principaux camps de concentration.

Les camps de concentration allemands ont été créés pour interner les très nombreuses personnes arrêtées, les prisons classiques n'y suffisant pas. Les deux premiers camps ouverts furent ceux d'Oranienburg près de Berlin (créé par la police prussienne) et de Dachau près de Munich (par la police bavaroise) dès mars 1933. Chaque type de prisonniers avait son symbole : les premiers furent des opposants politiques (membres et sympathisants des autres partis allemands, notamment communistes : les triangles rouges), des criminels de droit commun (triangles verts), puis des Juifs (étoiles jaunes), des Tsiganes (triangles marrons), des Allemands homosexuels (triangles roses)[37], les asociaux (vagabonds, drogués, lesbiennes, etc. : triangles noirs), des témoins de Jéhovah (triangles violets), des prisonniers de guerre (essentiellement soviétiques), des résistants et des otages. Si au début les prisonniers sont tous allemands, après 1939 il viennent de toute l'Europe occupée.

Si la théorie est que ces camps étaient destinés à la rééduction des prisonniers par le travail forcé (d'où la devise sur la porte de certains camps : Arbeit macht frei, « le travail rend libre »), la réalité est qu’ils servent de réserves de main d'œuvre servile, les prisonniers étant destinés à mourir à la tâche. Tout est fait pour que la mortalité y soit élevée : sous-alimentation systématique, peu de moyen de lutter contre le froid et l'humidité, mauvais traitements (par les gardes et surtout par les kapos), travail épuisant, infirmerie proche du mouroir, peu d'hygiène d'où des épidémies régulières (dysenterie et typhus), déshumanisation (le détenu devenant un numéro), etc. Le nombre des victimes juives dans les camps de concentration allemands est estimé à 150 000 tués, auquel se rajoutent les 150 000 morts des camps roumains et croates[35].

Cette main d'œuvre était mise à disposition des entreprises allemandes ou des pays occupés, de façon massive surtout à partir de 1942 pour que l'extermination par le travail soit économiquement rentable[38]. Chaque camp de concentration eut ainsi une foule de petits camps (appelés kommando) à proximité des usines. Par exemple, les huit camps d'Auschwitz IIIMonowitz) devait fournir tous les ouvriers de la Buna Werke (usine de caoutchouc synthétique) voisine[39], propriété d'IG Farben (fusion des sociétés chimiques BASF, Bayer, Agfa, Hoechst et d'autres), tandis que le camp de Dora à Nordhausen fournissait les ouvrier de la Mittelwerk (l'usine souterraine qui produisait les V1 et V2).
Article connexe : Expérimentation médicale nazie.

« Poussés hors de leurs trous », soulèvement du ghetto de Varsovie, mai 1943, photo illustrant le rapport de Stroop à Himmler.

Les premiers ghettos ont être établis par les Allemands en Pologne sont celui de Piotrkow en octobre 1939[40] puis celui de Lodz en avril 1940, constitué par la déportation des populations juives des environs. Chaque grande ville de Pologne a eu le sien[41], avec notamment celui de Varsovie (le plus peuplé : jusqu'à 400 000 personnes), celui de Cracovie, etc. Le même principe se répète dans les territoires conquis sur l'Union soviétique, comme en Lituanie avec les ghettos de Vilnius et de Kovno (ce dernier pour la ville de Kaunas), ou dans les États alliés de l'Allemagne comme en Hongrie avec les ghettos de Budapest et de Kolozsvár (pour Cluj, en Transylvanie). Concentrés ainsi dans des quartiers surpeuplés avec très peu de ressources, la sous-nutrition et les maladies font des ravages, avec un nombre de morts estimé à 800 000 personnes[35].

À partir de l'hiver 1941-1942, les Allemands commencent à déporter les habitants des ghettos polonais vers les camps d'extermination, puis ceux d'Hongrie en 1944. La liquidation finale des ghettos polonais en 1943 a été marquée par le soulèvement du ghetto de Varsovie (de janvier à mai 1943) et par celui du ghetto de Bialystok (août 1943).
Articles détaillés : Déportations par l'Allemagne, sort des Polonais.

Débarquement à Birkenau de déportés venant de la Ruthénie subcarpathique, territoire alors hongrois (aujourd'hui en Ukraine). Ils marchent vers les crématorium.
Déportés membres d'un Sonderkommando faisant fonctionner les fours crématoires de Majdanek, 1944.
Vue aérienne du camp de Birkenau en 2009 : la majorité des baraques n'existe plus.

À l'automne 1941 est expérimenté l'exécution par le gaz dans des camions ; bien que testés sur des prisonniers de guerre soviétiques, ils sont destinés à l'extermination des Juifs polonais. En novembre, un centre de mise à mort est organisé dans un camps à Kulmhof (Chełmno en polonais) avec trois de ces camions. Le premier convoi ferroviaire de victimes arrive en provenance du ghetto de Lodz le 7 décembre 1941, dont les occupants sont rapidement gazés.

Trois autres centres d'exécution sont aménagés sur le territoire du Gouvernement général, destinés au massacre de tous les Polonais juifs (opération appelée Aktion Reinhardt) : Belzec (Bełżec) en mars 1942, Sobibór en mai et Treblinka en juillet. Dans ces trois centres, les victimes arrivent dans des convois ferroviaires (de 40 à 60 wagons de marchandise avec 80 à 100 personnes par wagons, soit de 3 à 6 000 personnes par convoi), les hommes sont séparés des femmes et des enfants, puis ils sont tous forcés de se dévêtir avant d’être tués dans des chambres à gaz (par monoxyde de carbone). Les cadavres sont enterrés dans des fosses[42] (à partir d'octobre 1942 jusqu'au printemps 1943, les cadavres sont incinérés).

Deux autres camps d'extermination, bien plus grands car conservant tous les deux une fonction de camps de travail (d'où le nom officiel de Konzentrationlager, KZ : camp de concentration) entrent en activité au début de 1942 à Birkenau (Brzezinka en polonais) près d'Auschwitz (Oświęcim) et à Majdanek près de Lublin, portant les noms de KZ Auschwitz II et de KZ Lublin. L'administration SS spécialise Auschwitz-Birkenau dans l'extermination des Juifs et des Tsiganes de toute l'Europe (les camps d'internement deviennent des camps de transit vers Birkenau dès 1942, notamment celui de Drancy[43]), tandis que Majdanek s'occupe aussi de Polonais et de Soviétiques, les deux camps se servant de Zyklon B (gaz cyanhydrique) pour tuer et de fours crématoires pour détruire les cadavres[44].

Bilan des camps d'extermination
Ouvertures Victimes juives[35] Victimes tsiganes,
polonaises, etc.
Arrêts des gazages Fermetures
Auschwitz II (Birkenau) octobre 1941 1 100 000 200 000 novembre 1944 libéré le
27 janvier 1945
Lublin (Majdanek) octobre 1941 50 000 30 000 - libéré le
22 juillet 1944
Kulmhof (Chełmno) décembre 1941 150 000 ? - incendié en
janvier 1945
Belzec (Bełżec) mars 1942 550 000 0 décembre 1942 démantelé
en juin 1943
Sobibór mai 1942 200 000 ? décembre 1942 démantelé en
octobre 1943
Treblinka II juillet 1942 750 000[45] 0 décembre 1942 démantelé en
novembre 1943


Articles connexes : Devoir de mémoire, Négation de la Shoah et "Polish death camp" controversy.

Notes et références

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  1. Cf l’article Pertes humaines pendant la Seconde Guerre mondiale pour le détail, les différentes sources d'estimations se contredisant.
  2. Evgenij Michajlovič Andreev, Leonid Evseevič Darskij et T. L. Char'kova, Население Советского Союза (Naselenie Sovetskogo Soiuza), 1922–1991, Moscou, Nauka, 1993 ; Grigoriy Fedotovich Krivosheyev, Soviet casualties and combat losses in the Twentieth Century, Greenhill Books, 1997.
  3. Adolf Hitler, trad. J. Gaudefroy-Demonbynes et A. Calmette, Mein Kampf, Mon combat, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1934, in-octavo, 688 p.
  4. Directive du 13 mars 1941, signée par le Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel, chef de l’OKW.
  5. Ingo von Münch, Frau, komm! Die Massenvergewaltigungen deutscher Frauen und Mädchen 1944/45, Graz, Ares, 2009.
  6. Befehl betreffend Zerstörungsmaßnahmen im Reichsgebiet, 19 mars 1945.
  7. Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne, Прусские ночи, 1950 ; Ostpreussische Nächte, Darmstadt, Luchterhand, 1976 ; Prussian Nights, New York, Farrar Straus and Giroux, 1977, p. 113.
  8. Jean Lopez, Berlin, Les offensives géantes de l'Armée rouge : Vistule – Oder – Elbe (12 janvier – 9 mai 1945), Paris, éditions Economica, 2010.
  9. La Première Guerre sino-japonaise se déroulant en 1894-1895.
  10. Alain Roux, La Chine au XXe siècle, Paris, Armand Colin, 2006 (4e édition), pages 75-76.
  11. (en) « Nanjing 1937 » (ArchiveWikiwixQue faire ?) sur http://www.nj1937.org/.
  12. Les digues près de Kaifeng (Henan) sont détruites par l'aviation nationaliste chinoise le 9 juin 1938.
  13. Hong Kong est occupée après la bataille du même nom en décembre 1941.
  14. La guérilla communiste chinoise toucha les provinces de Chahaer, Hebei, Shaanxi, Shanxi et Shandong.
  15. Conquête japonaise du Sud de la Chine lors de l’opération Ichi-Go : sont concernées les provinces du Hunan et du Guangxi.
  16. Cette photo a été publiée dans le Life Magazine du 10 janvier 1938, page 51.
  17. Toutes les îles occupées par les Japonais ne furent pas conquise par les Américains, préférant isoler la plupart, laissant les garnisons s'affaiblir par la famine et les maladies. En plus de plusieurs îles japonaises proprement dites (notamment celle d'Iwo Jima, de l’archipel Okinawa, des Kouriles et du sud de Sakhaline), les Japonais furent chassés des Aléoutiennes, des Philippines, de Malaisie, des Indes orientales néerlandaises (l'actuelle Indonésie), de Nouvelle-Guinée, des Salomon, des Gilbert et de leur mandat des îles du Pacifique (Marshall, Carolines, Palaos et Mariannes).
  18. Life magazine, 22 mai 1944, page 35. Cf w:en:File:LIFE May 1944 Jap Skull.jpg.
  19. (en) « General Curtis E. LeMay, (1906 - 1990) », sur http://www.pbs.org/.
  20. (en) Raphael Lemkin, Axis Rule in Occupied Europe: Laws of Occupation - Analysis of Government - Proposals for Redress, Washington, Carnegie Endowment for International Peace, 1944.
  21. Titre II, article 6 de l’Accord de Londres du 8 août 1945 donnant statut au Tribunal militaire international de Nuremberg.
  22. [pdf] André Kaspi, « Enseigner les questions difficiles », dans Quelles pratiques pour enseigner des questions sensibles dans une société en évolution ? Actes du séminaire européen, Paris, 14 et 15 décembre 2005, page 15 lire en ligne.
  23. G. Bruno, Le Tour de la France par deux enfants, Paris, éditions Belin, 1877.
  24. page 190 de la réédition de 1904.
  25. Le décret d'application du 11 avril 1933 fournit une définition : « une personne est considérée comme non aryenne si elle descend de non-aryens, particulièrement de parents ou de grands-parents juifs ».
  26. Gesetz zur Wiederherstellung des Berufsbeamtentums (loi sur la restauration de la fonction publique) du 7 avril 1933.
  27. Gesetz über die Zulassung zur Rechtsanwaltschaft (loi sur la réglementation de l'accès au barreau) du 7 avril 1933.
  28. Reichsbürgergesetz (Loi sur la citoyenneté du Reich) du 15 septembre 1935.
  29. Gesetz zum Schutze des deutschen Blutes und der deutschen Ehre (Loi sur la protection du sang allemand et de l'honneur allemand) du 15 septembre 1935.
  30. Verordnung zur Ausschaltung der Juden aus dem deutschen Wirtschaftsleben (Décret pour l’élimination des Juifs de la vie commerciale allemande) du 12 novembre 1938.
  31. décret du 1er septembre 1941 : (de) Polizeiverordnung über die Kennzeichnung der Juden (Règlement de police relatif à l'identification des Juifs).
  32. [pdf] Jacques Sigot, « Les Camps », sur http://www.memoires-tsiganes1939-1946.fr, article paru dans Études tsiganes, n° 2, 1995.
  33. Endlösung der Judenfrage (solution finale de la question juive).
  34. Rapports n° 97 du 28 septembre et n° 101 du 2 novembre 1941, cité dans Ernst Klee, Willy Dressen et Volker Riess, « Schöne Zeiten » : Judenmord aus der Sicht der Täter und Gaffer, Frankfurt am Main, S. Fischer Verlag GmbH, 1988 (Pour eux « C'était le bon temps » : La vie ordinaire des bourreaux nazis, Paris, Plon, 1990, p. 60 et 62).
  35. 35,0 35,1 35,2 et 35,3 Raul Hilberg, The Destruction of the European Jews, Chicago, Quadrangle, 1961 (La Destruction des Juifs d'Europe, Paris, Fayard, 1988).
  36. Heinrich Himmler, Rede des Reichsführer-SS bei der SS-Gruppenführertagung (Discours du Reichsführer devant les officiers-généraux de la SS), Posen (Poznan), 4 octobre 1943. La transcription du discours de 190 minutes, conservé aux Archives des États-Unis, a été publiée lors du procès de Nuremberg (vol. 29, p. 110-173).
  37. L'article 175 du Strafgesetzbuch (Code pénal allemand) rend passible de la prison « la fornication contre nature, pratiquée entre personnes masculines ou entre gens et animaux », de 1871 à 1969. Sur le thème de la concurrence des mémoires, cf Florence Tamagne, « La construction d’une mémoire historique homosexuelle », Controverses, n° 2, juin 2006.
  38. La rentabilité du système concentrationnaire allemand a été étudiée lors du procès Pohl, un des procès pour crimes de guerre organisés à Nuremberg en 1947-1948 contre les dirigeants de la WVHA.
  39. Cf liste des sous-camps d'Auschwitz, w:de:Datei:FARBEN DWORY.png (plan de l'usine Buna de Monowitz) et w:de:Datei:Bundesarchiv Bild 146-2007-0057, IG-Farbenwerke Auschwitz.jpg (photo de l'usine).
  40. « La création des ghettos en Pologne », sur http://www.enseigner-histoire-shoah.org/.
  41. Une liste de 271 ghettos du Gouvernement général se trouve sur l’article Jewish ghettos in German-occupied Poland.
  42. « L'assassinat en masse des juifs du gouvernement général », sur http://www.enseigner-histoire-shoah.org/.
  43. La liste des convois partis de France est consultable dans l’article Timeline of deportations of French Jews to death camps.
  44. Plan montrant le fonctionnement d'un crématorium de Birkenau.
  45. La liste des convois arrivant à Treblinka est consultable dans l’article Timeline of Treblinka.
  46. (en) « The Auschwitz Album », sur http://www1.yadvashem.org/.