Fonctions mentales/Rêve

Leçons de niveau 18
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Rêve
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Chapitre no 5
Leçon : Fonctions mentales
Chap. préc. :Analytique
Chap. suiv. :Volontaire
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Rêve[modifier | modifier le wikicode]

    Quand je rêve ma fonction analytique est dominante. Dans cette synergie les autres fonctions sont en servitude, effacées, elle ne subit aucune des précédentes entraves et me montre l'étendue de ses pouvoirs, la puissance de son imaginaire. Je remarque qu'en phase de veille il m'est difficile de me souvenir d'un rêve, il me faut en quelque sorte l'extirper d'une synergie mentale à l'autre dans cette courte période d'interphase avec des résultats souvent médiocres. Alors qu'en rêve, il m'arrive de me souvenir d'autres rêves et qu'au contraire il ne m'arrive jamais de me souvenir de mon environnement réel, sauf cas très particuliers, ni des souvenirs de ma vie éveillée. Cela ne veut pas dire que ma mémoire ne conserve pas mes rêves, je pense plutôt que c'est une question purement technique, je crois qu'il existe un cloisonnement entre deux parties de la mémoire et la raison en est simple : si mes rêves se mêlaient à mes autres souvenirs ma vie mentale serait bouleversée, mes comportements altérés, les programmes de ma fonction motrice indécis, ma vie en serait menacée. Et si à l'inverse la mémoire de mon environnement réel s'imposait dans mes rêves, elle constituerait une contrainte qui ne permettrait pas à l'imaginaire du rêve de se déployer.
    Rêver ne me paraît pas inutile, bien au contraire. Son premier rôle pourrait être de consolider la mémoire. Pour rêver l'analytique puise dans ma mémoire, il charge nécessairement les éléments qu'il puise dans les images qu'il construit, mais dès qu'ils sortent de ma conscience pour rentrer à nouveau dans ma mémoire, ils vont se confondre avec ce dont ils ont été tirés et le recharger.
    En second, c'est qu'en rêvant l'analytique s'entraîne au meilleur de son niveau, c'est-à-dire l'imaginaire, en dehors de toute contrainte. Ce serait un peu sa salle de sport privée. Il peut s'entraîner non seulement pour dérouiller ses muscles et maintenir ses facultés, mais aussi pour développer des capacités, explorer de nouvelles pistes, et ceci sans mettre en danger ma vie mentale.
    On a fait des expériences avec des chats somnambules et on a vu qu'ils rêvaient le plus souvent à chasser ou à jouer avec des souris. Sans doute nos ancêtres chasseurs-cueilleurs rêvaient-ils principalement à chasser et peut-être ces rêves leur permettaient-ils d'améliorer ou de consolider leurs techniques de chasse. Notre vie est plus facile aujourd'hui, mais aussi plus compliquée et je ne rêve pas de chasser, ce qui me montre que les rêves ont évolué depuis cette époque, j'ai souvent remarqué que quand je suis tracassé par un problème, que je l'ai ressassé dans tous les sens sans que l'analytique me propose de solution convenable et puis le matin suivant, miracle, tout est devenu clair, sans même le solliciter il me balance en grand seigneur faussement modeste son truc au poil, c'est donc qu'il y a travaillé, c'est ce que dit le dicton populaire « la nuit porte conseil ».
    D'autres fois il me semble simplement vouloir me donner du plaisir, pour me déstresser. Qui n'a jamais rêvé de voler, quel plaisir, quel sentiment de plénitude, c'est toujours trop court, je voudrais que cela ne s'arrête jamais. De tous les rêves répétitifs c'est le seul que j'adore. D'autres fois encore il semble m'avertir, me mettre en garde, m'encourager, me donner des conseils, me lancer des messages.
    Il y a plusieurs types de rêves, toute une gradation, depuis les rêves un peu gris, un peu flous, un peu ternes, un peu tristes, puis les rêves ordinaires plus colorés, plus vifs, plus longs, plus énigmatiques et puis il y a tout en haut le grand-rêve, en cinémascope, technicolor, avec sa multitude de détails, extrêmement précis, où tout est à sa place, avec sa fluidité extrême, où tout va plus vite, où tout est plus fort, où tout est possible, où ma sensibilité, ma capacité à percevoir toutes ces images, toutes en même temps semblent avoir décuplé. Là, chapeau, respect, le grand seigneur a montré ce qu'il savait faire, je sais que je peux compter sur lui. Je comprends l'importance que les Indiens des plaines donnaient à leurs rêves, et peut-être aussi ce que peignaient les Néolithiques de Lascaux au fond de leur grotte. Je comprends que ces Indiens allaient jusqu'à acheter des rêves, que dans ces rêves, dans cet environnement magique, magnifié, que leur offraient ces rêves, ils ne pouvaient voir que la nature même de leur transcendant, un contact privilégié initiatique, un contact plein de messages qu'il leur fallait comprendre.
    Ces rêves magiques me fascinent, à tel point qu'ils débordent souvent de ma phase de sommeil, que je continue à rêvasser alors que je suis déjà réveillé en attendant qu'ils s'épuisent, que ma direction volontaire pourtant en général si pointilleuse continue à s'effacer, laisse faire. Je n'ai aucune difficulté à me souvenir de ces rêves comme si l'analytique par sa puissance voulait et pouvait dans ce cas me passer son message.
    Je ne trouve pas étonnant que l'imaginaire et en particulier l'imaginaire du rêve appartienne à l'analytique parce qu'il n'est que l'extension, la multiplication, l'exaltation, de son pouvoir de construire des formes, des images, à partir de sens et d'images élémentaires. Dans le rêve ces constructions sont dynamiques alors qu'à l'ordinaire, c'est-à-dire pendant ma période de veille, si elles peuvent être importantes, elles ne sont jamais que statiques, présentes mais atemporelles, c'est aussi le mode du concept.
    Le rêve me pose cependant une question, car l'analytique fonctionne par des automatismes qui répondent aux nécessités de la vie mentale et aux sollicitations de la fonction volontaire. Je vois donc mal comment il peut initier lui-même le rêve et les changements de cap fréquents au cours du rêve. Pour ce faire l'analytique pourrait disposer d'un outil aléatoire qui remplisse ce rôle, mais la fonction volontaire, quoique en servitude, pourrait aussi parfaitement le remplir, bien que je ne puisse pas en avoir véritablement conscience. Cela me montre aussi que quand la fonction volontaire est en servitude tout se passe comme si elle transférait le propre de sa fonction, y compris le sentiment du soi à la fonction dominante, ici l'analytique, et ailleurs à la fonction motrice. Or le sentiment du soi est clairement présent dans le rêve même s'il apparaît plus comme un spectateur que comme un acteur.