FRA6730-A-A18-Cours 10 : Littérature et réalité
Cette page doit être wikifiée, il est nécessaire de la mettre en forme et d'ajouter des liens internes vers d'autres leçons de Wikiversité. Votre aide est la bienvenue ! |
Bienvenu sur la page du Cours 10 du séminaire FRA6730-Littérature et culture numérique assuré par Marcello Vitali-Rosati. Le séminaire est offert aux étudiants du Département des littératures de langue française et aux étudiants du DESS en édition numérique à l'Université de Montréal. Le Cours 10 a eu lieu le 20 novembre 2018 et est intitulé : Littérature et réalité.
Prérequis
[modifier | modifier le wikicode]Pour préparer ce cours était à lire : AUERBACH, Erich, Mimésis : la représentation de la réalité dans la littérature occidentale, Paris, Gallimard, 1977. 1er Chapitre.
Représentation
[modifier | modifier le wikicode]Définition
[modifier | modifier le wikicode]La structure de la représentation est binaire. Représenter signifie rendre présent ce qui n’est pas présent. La représentation est un dispositif anamorphique qui n’est pas neutre, mais qui repose sur des techniques de production. L'hypothèse ici est celle d'une fusion progressive du savoir avec le monde par une dimension opérationnelle certaine : dans l’espace numérique, le littéraire et le non-littéraire coexistent et la distance entre les deux est moins lisible que dans l’espace pré-numérique.
Histoire
[modifier | modifier le wikicode]- Platon et le rejet de la mimesis - République Livre X : la réalité sensible est très loin de la vérité.
- Idées, choses, représentations : problème du tiers-homme (Parménide). Il y a les hommes et l’idée d’Homme avec un rapport d’imitation entre l’homme particulier et l’idée d’homme. L’imitation se fonde sur l’identification de caractéristiques : le tiers-homme est composé de l’ensemble des caractéristiques communes entre les hommes et l’idée d’Homme. La relation entre le particulier et les universaux est une relation mimétique :
- La réalité d’un point de vue épistémologique : les conditions concrètes permettant la connaissance du réel.
- La réalité d’un point de vue ontologique : les conditions concrètes qui font que le réel est indépendamment de ma connaissance.
- Aristote et la mimesis structurante. La Mimesis, le rapport originaire entretenu entre le monde sensible et le monde intelligible est une structure fondamentale de l’être.
- Supériorité de la poésie sur l'histoire (universalité) dans la mesure où il n’y a pas de référent du mythe : donc le mythe créé.
Considérant que la littérature parle du réel, Auerbach distingue deux modèles :
- Mimesis comme réalisme – Homère
- Mimesis comme vérité – Bible qui se revendique comme mimesis structurante
Homère | Bible |
---|---|
Vraisemblable/réaliste | Vrai |
Présent/particulier | Universel |
Imitant | structurant |
analyse | interprétation |
premier degré | second degré |
esthétique | éthique |
sensible | intelligible |
légende | Histoire |
cohérent | contradictoire |
simple | complexe |
quotidien | sublime |
Francesco Orlando reprend le rapport étroit entre réalité et littérature présenté par Auerbach en le complexifiant par le déplacement du référent qui n’est cependant pas supprimé. Les structures logiques de l’inconscient freudien se retrouve dans la Littérature.
Sa pensée présente les points suivants :
- La littérature entre en relation avec le réalité
- La littérature est indépendante de la réalité
- Les décisions comme des axiomes :
- Il existe des constantes textuelles : anhistoriques
- Il est insuffisant de les reconduire directement à des données de réalités (sinon ne serait pas des constantes)
- Il est insuffisant de les ramener à une pure tradition littéraire (résonnent dans plusieurs traditions)
- Leur distribution permet d’interpréter un tournant historique
- Elles sont interprétables en théorie comme des formations de compromis.
À partir d'une vision ambivalente du temps (qui détruit et valorise) considéré comme une constante anthropologique que la littérature est en mesure de valoriser (la théorie des objets désuets[1]), Orlando forme les compromis suivants :
- impératif rationnel[2] : cet impératif rationnel produisant un refoulé, il se voit transgressé dans le rêve ou le lapsus qui consistent en l'apparition de l'irrationnel.
- impératif fonctionnel comme manifestation de l’impératif rationnel (historicisé car incarné après la révolution industrielle)[3]
- transgression de la littérature
- négation du rapport de fonctionnalité[4]
- J’éprouve du plaisir devant quelque chose de désagréable[5]
- Le non-fonctionnel est fonctionnel[6]
- Rapport au réel inversé
- la littérature est beaucoup plus et beaucoup moins que l’histoire[7]
Le propre du fait littéraire est l'excédent de sens (non d’un point de vue post-structuraliste) parce qu'analysable logiquement (la structure est identifiable, le propos est précis), mais ne respectant pas le simple tableau référent/signifiant. Il est donc toujours question de réel dans la littérature : le fait littéraire opère toujours une négociation du rapport à la réalité.
Notes et références
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ Gli oggetti desueti nelle immagini della letteratura. Rovine, reliquie, rarità, robaccia, luoghi inabitati e tesori nascosti, Einaudi, 1993 ; 1994, 2010, Classiques Garnier, préface de Carlo Ginzburg
- ↑ Ibid, p. 22
- ↑ Ibid, p. 24
- ↑ Ibid, p. 17
- ↑ Ibid, p. 30
- ↑ Ibid, pp. 101-102
- ↑ Ibid, p. 20
Vers le Cours 11 →