FRA3826- Flâneuse: Les migrations d'Isadora Duncan

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Constat et introduction

" Great artists are tragic. Genius is too large; and it may have been grandeur that proved Isadora’s undoing-- the grandeur of temporary luxury, the grandeur of permanent ideals. She is too expansive for personal salvation. She has had friends. What she needed was an entire government. She had checkbooks. Her scope called for national treasury. It is not for nothing that she is hailed by her first name only as queens have been…"[1]

Isadora Duncan était une danseuse contemporaine du début du vingtième siècle. Elle est à l'origine d'une libération des corps et du mouvement dans l'univers de la danse, contrastant avec les dictats du ballet, le seul style étant accepté. Son style en était un qu'elle qualifiait de retour aux sources, en incarnant physiquement les émotions humaines les plus distillés dans leur pureté, soit celles de la joie et la tristesse. Sa vie est un cycle incessant de joies et de tristesses qui la pousse à bouger dans ce sens.

Elle est devenue une figure importante du monde des arts, papillonnant entre plusieurs cercles artistiques: que ce soit avec des écrivains, des musiciens, des artistes visuels... personne ne reste de glace devant cette femme vivant toujours à quelques mètres du droit chemin.

Isadora est née le 26 mai en 1877 à San Francisco. Déjà sa famille était une étampe non-conventionnelle par le fait que seule sa mère était dans le portrait, son père n'était qu'un mirage qu'elle ne croisa que quelques fois. Dans ses mémoires, elle raconte les aléas de la pauvreté dans laquelle est vivait : « When I was five we had a cottage on 23rd Street. Failing to pay rent, we could not remain there but move to 17th Street, and in a short time, as funds were low, the landlord objected, so we moved to 22nd street, where we were not allowed to live peacefully but were moved to 10th Street. »[2]Cette situation économique la place à l'extérieur d'une vie conventionnelle, la poussant à se débrouiller d'elle même, gérant sa famille, la traînant là où elle l'entends pour poursuivre une approfondissement de ses idéaux.

C'est de cette misère économique qu'elle assume une posture de confrontation aux moeurs culturelles, économiques, spirituelles et éducatives de cette époque. Cette opposition se manifeste premièrement au moment où elle abandonne l'école, jugeant que cette obligation était trop contraignante pour ses idéaux intellectuels et créatifs. De plus, très jeune, en raison du divorce de ses parents, elle emprunte une route exactement féministe en déclarant qu'elle s'opposait vivement à l'idée du mariage: « I decided, then and there, that I would live to fight against marriage and for the emancipation of women to have a child pr children as it pleased her, and to uphold her right and virtue. »[3] Elle se complait, d'ailleurs, dans cette exacte distinction avec les autres femmes de cette époque en enfantant deux enfants sans être mariée. Après la mort de ceux-ci elle se dévoue à un projet visant l'adoption d'enfants orphelins grecs afin de les éduquer. Elle souhaite avoir un clan (presque culte, doit-on s'avouer) s'exprimant exactement et exclusivement selon ses idéaux. On reconnaît d'ailleurs quelques figures connues dans ce clan qui s'élargissait aussi aux moins jeunes qui voulaient apprendre la danse, notamment la fille de James Joyce, Lucia Joyce, qui se voyait devenir une porte-étendard des idées de Duncan.

Sa personnalité et son travail, par une forme de malaise qu'ils inspirent deviennent des marqueurs d'une innovation idéologique caractéristique de la genèse d'une forme de génie vivant.

Objectif

Ce présent projet cherche à faire un étayage des différentes migrations de Duncan qui suivent une évolution sur sa pensée artistique. On constate un approfondissement de sa pratique unique et de ses principes très particuliers pour cette époque. Ce qui est particulier chez Duncan c'est, justement, comment elle suit ses envies et ses philosophies, et ce, d'une manière physique. Ce qu'il est entendu dans le terme «physique» c'est les nombreux déplacements et déménagements qu'elle effectuait, oui pour son art, mais aussi pour vivre pleinement selon ses principes dans des villes où elle jugeait qu'elle pourrait être respectée et reconnue. Autrement dit, le projet proposerait des avenues du style «timeline» géographique qui attesteraient de sa pensée.

Par Wikiversité on assume que le poster est une instance d'écriture commune en raison de son ouverture aux modifications. Cette forme d'éditorialisation est caractéristique des nouveaux enjeux de l'édition numérique. Ce projet de cartographie qui étale la vie de Duncan revient, aussi, sur une idéologie de resémantisation de son parcours intellectuel, on ré-atteste et joue avec les faits de sa vie pour en faire ressortir une thématique visuellement intéressante. L'invitation à la contribution écrite des articles aide à compléter l'article avec des informations supplémentaires qui ajouteraient de la texture au contenu, si l'information est incorrecte, une conversation peut s'entamer et faire partie d'un échange intellectuel sur la vie de Duncan. C'est aussi une tentative de faire exploser l'objet du livre et sa nature unilatérale quant à la fixité de l'édition. En plus d'offrir la possibilité de contributions, on change la manière dont on lit un mémoire de vie, on demande au lecteur de s'adapter à une déconstruction de la linéarité de la vie de Duncan. En se basant sur un livre qui étale de la naissance à la mort de la danseuse les événements de sa vie, on offre une visualisation qui transforme la lisibilité de l'oeuvre. Avec l'avènement du numérique dans la pratique littéraire, il est intéressant et pertinent de s'adapter aux nouvelles approches à l'écriture. Le lecteur vit le fait littéraire d'une manière plus interactive est expéditive qui demande une constante stimulation. Il est possible alors de dire que ce projet de cartographie devient une forme de livre augmenté. Cette augmentation du medium est donc interdisciplinaire.

Outils

L'outil qui se trouve à être le plus pertinent pour ce poster, est celui du «StoryMap» de Knightlab. Une lecture approfondie de ses mémoires révèle une mythification qu'elle produit de sa propre personne pour mieux expliquer là où elle souhaite tracer sa pensée. Elle utilise un langage lyrique, sensible, quasi-spirituel et grandiose pour parler du projet qu'est sa vie et ce qu'elle entend par vivre de sa vérité unique. Cette visualisation thématique demeure exhaustive dans les limites d'une subjectivité réservé par l'autrice de cet article, par le fait que seuls les passages révélateurs et pertinents tracerons la cartographie des paroles d'Isadora Duncan. Cette interdisciplinarité du lien entre visuel, texte et livre physique se rattache au concept d'Humanités numérique, transformant le mot écrit en expérience littéraire.

On croit aussi que l'instance numérique textuelle proposée ici peut être considérée comme une entrée en matière séduisante pour les non-initiés à un personnage tel que celui d'Isadora Duncan. On réduit, par fragments juteux et expéditifs, ce qui en a été des multiples visions intellectuelles et créatives de libération des corps dans un contexte socio-politique effervescent en raison des avancées politiques de cette époque bien mouvementée.


Biblioprahie

My Life. Isadora Duncan., Liveright Publishing Corporation. New York/ London, 2010

To Danse in The Wake, Lucia Joyce. Carol Loeb Shloss. Picador Éditions for Farrar, Straus and Giroux. New York. 2003

Imaginaire de la fin du livre : figures du livre et pratiques illittéraires. Pour Fabula de la recherche Littéraire, Bertrand Gervais. 2016. Montréal [Consulté le 12 décembre 2019]

Duncan, Irma. 1970. The technique of Isadora Duncan. Dance horizons series, 28. Brooklyn, N.Y. : Dance Horizons. Frolova-Walker, Marina. 2012.

Music and Soviet power, 1917-1932. http://www. cambridge.org/core/product/7B3B184EF9E78CBD705AB0F07A098297. Preston, Carrie J. 2011. Modernism’s mythic pose : gender, genre, solo perfor- mance. Modernist literature & culture. http://hdl.handle.net/2027/heb.31422.

Références


  1. My Life. Isadora Duncan., Liveright Publishing Corporation. New York/ London, 2010 
  2. My Life. Isadora Duncan., Liveright Publishing Corporation. New York/ London, 2010 
  3. My Life. Isadora Duncan., Liveright Publishing Corporation. New York/ London, 2010