Enfance, un concept au carrefour des sciences/l'enfance et l'histoire

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l'enfance et l'histoire
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Chapitre no 1
Leçon : Enfance, un concept au carrefour des sciences
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Françoise Dolto est sans doute la spécialiste la plus connue sur ce sujet. Avec de nombreux ouvrages de vulgarisation à son actif.

Introduction[modifier | modifier le wikicode]

Parler de psychologie de l'enfant ou de psychologie génétique embrasse le même sujet d'étude.

Il arrive que l’on parle indifféremment de psychologie de l'enfant (même si l'adolescence en fait partie) ou de psychologie génétique. Mais l'angle du point de vue n’est pas tout a fait le même: lorsque l’on parle de psychologie de l'enfant, on souligne son objet d'étude qui est l'enfance; en parlant de psychologie génétique, nous privilégions la genèse des fonctions chez l'enfant (intelligence, affectivité, développement psychomoteur, etc.), ce n'est nullement une référence à la génétique biologique.

Si la psychologie générale s'est progressivement détachée de la philosophie au cours du XVRle[?] siècle il ne s'agissait au début que de spéculations métaphysiques; il était encore moins question de l'enfant.

La psychologie s'est émancipée comme science au cours du x~xe[?] siècle par la méthode dite expérimentale, méthode qui consiste à observer les réactions précises d’une fonction donnée (attention, mémoire, sens de l'observation pour ne citer que quelques exemples) d’un individu précis dans une situation dite standardisée, et à[accent grave] observer les variations de la fonction de l'individu en fonction d’une variation de la situation standardisée.

Cette naissance de la psychologie scientifique se faisait avec les adultes (nous évoquerons plus loin la place particulière de la psychologie de l'enfant dans l'histoire~ 1 de la psychologie et notamment des thèses de Freud considérant que le I développement de l'enfant était dominé par la sexualité infantile). Malgré les résistances rencontrées par la psychanalyse et le scandale qu’elles provoquèrent dans une époque puritaine (début du xx~ siècle), elles firent de nombreux adeptes.

En y regardant de plus près nous nous rendons compte que le concept de «l'enfance~ n’est pas propre à la psychologie. Une multitude de sciences s'intéresse à l'enfance et à son évolution. Citons d’abord la médecine qui a apporté de nombreuses connaissances sur la croissance somatique (corporelle) et neurologique de l'enfant, sur les variations physiologiques de tel ou tel organe du corps au cours de la croissance. La psychologie de l'enfant étudie la naissance et le fonctionnement de la vie psychique de l'enfant sous son double aspect affectif et intellectuel. Nous y reviendrons tout au long de ce livre. Mais d'autres disciplines ont commencé à s'intéresser à l'enfance dès le XIXe siècle; par exemple au milieu du XIXe siècle le législateur a commencé à règlementer puis interdire le travail des enfants; l'enfant devenait un sujet de droit intéressant cette discipline. Puis des historiens ont établi que la notion de « l'enfance » n'existait pas dans l'Antiquité et s'était lentement constituée à travers les siècles depuis le Moyen Âge. La sociologie, qui étudiait la transformation de la famille avec l'arrivée de l'industrialisation et la migration des campagnes vers les villes, s'intéressait aussi à la place de l'enfant dans cette famille changeante. Il y a l'ethnologie qui étudie, entre autres, les modes d'éducation et la place de l'enfant dans d'autres sociétés que celle du modèle occidental.

Nous pouvons parfois relever une certaine cacophonie lorsque l’on parle de l'enfance et il convient de préciser de quel point de vue on la considère et avec quels outils de quelle discipline on l'étudie.

Ci-après nous donnerons quelques exemples (non exhaustifs) de "l'enfance" comme sujet d'autres disciplines.

L'enfance et l'histoire[modifier | modifier le wikicode]

Les historiens se sont intéressés au concept de l'enfance surtout depuis la publication d’un livre devenu célèbre, "L'Enfant et la Vie familiale sous l'Ancien Régime" de Philippe Ariès; on notera aussi les travaux de Michelle Perrot sur la famille et la vie privée et d'Elisabeth Badinter sur l'amour maternel.

Ariès étudie la représentation de l'enfant dans l'art à travers les siècles et il a noté qu'avant les XVIIe et XVIIIe siècles, l'enfant était représenté comme un petit adulte, c'est-à-dire reconnaissable, uniquement par sa petite taille. Ce n'est qu’à partir du XVIIe siècle que l'art (la peinture et la sculpture) accorde une morphologie propre à l'enfant représenté.

En partant de ce constat et en étudiant les modes de vie des populations (en France) à travers l'histoire, Ariès distingue deux périodes:

Première période:

La société traditionnelle se représentait mal l'enfant et encore moins l'adolescent. La durée de l'enfance était réduite à sa période la plus fragile quand l'enfant n'arrivait pas à se suffire. L'enfant à peine débrouillé physiquement était mêlé aux adultes, partageant leurs travaux et leurs jeux. De très petits enfants, il devenait un homme jeune, sans passer par les étapes de la jeunesse devenues des aspects essentiels des sociétés évoluées d'aujourd'hui. La socialisation et la transmission des valeurs et savoirs n'étaient donc pas assurées par la famille, l'enfant s'éloignait vite de ses parents. L'éducation se faisait par l'apprentissage, grâce à la coexistence des enfants et des adultes. L'enfant tirait ses connaissances en aidant les adultes. Les échanges affectifs et les communications sociales avaient lieu en dehors de la famille, dans un milieu très dense et chaleureux composé de voisins, d'amis, de maîtres et serviteurs, d'enfants et de vieillards, de femmes et d'hommes.

Deuxième période:

La 2e période commence à partir de la fin du XVIIe siècle, lorsque progressivement l'école s'est substituée à l'apprentissage comme moyen d'éducation. L'enfant a cessé d’être mélangé aux adultes et d'apprendre la vie directement à leur contact. Il a été séparé des adultes et maintenu à l'écart (la scolarisation) avant d’être lâché dans le monde. Cette séparation des enfants et des adultes était due en très grande partie à la tentative de moralisation des hommes voulue par l'Église. Les parents s'intéressèrent aux études de leurs enfants et la famille devint ainsi un lieu d'affection. Pour Ariès le sentiment de famille est né avec la scolarisation intense de la jeunesse.

D'autres historiens ont affiné cette étude de l'enfance à travers les époques. Il semble donc maintenant assuré que la place accordée à l'enfant est variable suivant les sociétés et qu'elle s'est considérablement modifiée à partir du XIXe siècle, sous l'effet du culte de la maternité. C’est à cette époque que l'enfant devient l’objet d’un attachement spécifique qui ne fera que croître avec les progrès de la médecine, puis la généralisation de la contraception dans les sociétés industrielles. Il semble aller de soi que plus le taux de mortalité diminue, plus la perte d’un enfant est douloureuse. De même, plus l'enfant est désiré consciemment, plus sa place est censée devenir importante dans l'affect parental. C’est dans ce contexte et dans la crise de la famille bourgeoise que sont nées la psychologie de l'enfant et la psychanalyse.