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Département:Philosophie politique/Présentation du département

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Objectivement, il s'agit de la valeur des gouvernements : comment les concevoir pour qu’ils soient au service des vrais besoins de l'humanité ? La philosophie politique n'est donc pas du tout une technique de l'action politique (un genre d'école de "machiavélisme"). Elle s'est présentée dès l'Antiquité (chez Platon, par exemple , au livre VIII de la République et dans son dialogue les lois), et même chez Montesquieu, comme une science du gouvernement le meilleur : un tel gouvernement était, pour Platon, celui de l'"Aristocratie" au sens étymologique (du gr. aristos, le meilleur), comme gouvernement des meilleurs, des plus capables. Au livre VIII de la République, il place à la tête de l'État un philosophe (celui qui a à la fois la meilleure formation générale et le plus d'attachement aux valeurs universelles). Montesquieu distinguait la monarchie, l'aristocratie, la démocratie, affirmant finalement le prima de la monarchie. C’est lui qui a, pour la première fois, analysé le problème de la "constitution" la meilleure : depuis lors, le problème fondamental que tout pays démocratique doit surmonter est de concilier dans sa constitution ces deux exigences : d'une part établir un gouvernement fort et efficace, d’autre part préserver une vie publique, libre et démocratique. Ce problème, qui fut celui de Montesquieu, est devenu de nos jours un problème de technique juridique ou d'approximation constitutionnelle, non plus un problème proprement philosophique.

Quelle que soit la forme du gouvernement (monarchique, populaire...), sa qualité générale, l'exigence à laquelle il doit répondre, est d’être un gouvernement légitime. C’est au XVIIIe siècle que Rousseau a substitué à la recherche du gouvernement le meilleur celle des principes du gouvernement légitime, c'est-à-dire institué non par la violence, mais dans l’ordre et la continuité du droit. A vrai dire, toutes les philosophies politiques comportent une observation des faits, une classification des institutions politiques et une réflexion axiologique sur la valeur de ces institutions.

Subjectivement, la valeur de l'action politique pose la question suivante: faut-il s'engager dans la politique pour être un homme véritable ? ( Eric Weil, Philosophie politique, 1956). C’est la question que Calliclès débattait avec Socrate dans le dialogue le Gorgias, Calliclès déclare : "Si je vois un jeune homme s'adonner à la philosophie, je juge qu’il a de la noblesse...mais lorsqu'on est déjà sur le retour de l'âge, et qu'on philosophe encore, la chose devient alors ridicule." L'adolescent discute, l'homme agit dans un monde de rapport de forces. Socrate le réfutera.

Si la politique possède un attrait particulier du fait que l'action se situe au niveau de la totalité de la société et de tous les intérêts du pays dans son contexte international, l'homme peut s'engager et se révéler totalement lui-même dans toutes forme d'action (artistique, industrielle, agricole, pédagogique...). De ce point de vue, la politique n'est qu'une possibilité parmi d'autres où l'individu n'est absolument pas plus assuré de réaliser sa vocation que dans n’importe quelle autre activité.

Il est aussi vrai que "répugner à la politique, c’est ne plus croire en l'avenir, en l'homme, c’est mépriser l'humanité" ( Freund, L'Essence du politique).