Décolonisation et émergence du tiers-monde/Avant la Première Guerre mondiale
Carte des différents empires coloniaux, en 1914 |
Contexte
[modifier | modifier le wikicode]Le colonialisme, c'est-à-dire la doctrine ou l'idéologie justifiant la colonisation, engendre ses propres facteurs de destruction par ses aspects négatifs : la frustration des élites occidentalisées, écartées des postes de responsabilité, la répression et le travail forcé, les expropriations ou encore l'acculturation et par ses facteurs positifs : la pacification intérieure, le développement des communications, la langue commune, les progrès sanitaire qui favorise le croissance démographique, l'élévation du niveau de scolarisation qui contribue à la diffusion des principes de la Déclaration des droits de l'homme ainsi que des valeurs démocratiques.
Dans les métropoles, la critique des partis anticolonialistes (nationalistes de droite, progressistes de gauche) s'amplifient à la fin du XIXe siècle ; ils accusent les lourdes charges de la présence militaire et administrative, la concurrence accrue des colonies qui augmente le chômage en métropole, les risques de guerre et dénoncent parfois l'oppression du système colonial sur les indigènes.
Les premiers mouvements concernent surtout l'Asie et le Proche-Orient.
En Asie
[modifier | modifier le wikicode]Inde
[modifier | modifier le wikicode]Chez les indigènes existait une classe dirigeante traditionnelle (les maharadjahs et une bourgeoisie prospère et cultivée) qui supporte de plus en plus mal le mépris des gouverneurs de l'administration britannique. On distinguait une Inde directement administrée par 2500 fonctionnaires du service civil et 700 états protégés. En 1909, l'India Council essaie de répondre aux premiers mouvements de contestation du Parti du Congrès, fondé en 1885, et de la Ligue musulmane fondée en 1906, qui exige un début de représentation indienne. Cependant, le mouvement est divisé : Gandhi est hostile au progrès et à la violence tandis que Jinnah défend les intérêts des musulmans et Gokhale se montre davantage progressiste.
Chine
[modifier | modifier le wikicode]L'Empire mandchou décline après le « dépeçage » de la Chine par les puissances occidentales. En 1841, la Guerre de l'opium a ouvert le commerce chinois à la Grande-Bretagne puis en 1860, la Russie obtient la région de l'Amour et les provinces maritimes de Vladivostok. En 1885, la France s'empare du Viêt Nam. De 1894 à 1895, la guerre russo-japonaise donne l'ile de Formose (Taïwan) au Japon tandis que les concessions européennes s'élargissent dans les provinces maritimes, en particulier la région de Shanghai et de Hong Kong : les Européens augmentent leurs investissements, développent les industries portuaires et les équipements. Cette pénétration étrangère est rejetée par les traditionalistes mais aussi par les novateurs nationalistes ; en juin 1900, les Boxers, mouvement xénophobe, s'empare à Pékin du quartier des ambassades et l'assiègent pendant 55 jours.
Des notables ruraux, des bourgeois modernes, des étudiants ayant fréquenté l'étranger, constituent sous la direction de Sun Yat Sen un mouvement républicain dont le programme est à la fois nationaliste et démocratique ; il déclenche la révolution en 1911 ; Sun Yat Sen devient président. La Chine plonge cependant dans la guerre civile ; des seigneurs de la guerre contrôlent l'intérieur tandis que les communistes s'opposent aux républicains et que les Japonais s'imposent en Mandchourie puis sur la côte à partir de 1937.
Empire ottoman
[modifier | modifier le wikicode]La dynastie ottomane qui règne depuis le XVe siècle connait un déclin croissant à partir de 1832. L'indépendance successive de la Grèce et de la Serbie, du Monténégro, de la Roumanie, l'autonomie de la Bulgarie ont réduit son empire dans les Balkans ; elle perd aussi sa souveraineté en Afrique du Nord au profit de la France en Algérie en 1830, en Tunisie en 1831 ; mais aussi de la Grande-Bretagne en Égypte, en 1882, puis de l'Italie en Libye, en 1911. Après la guerre de 1878, l'État turc doit emprunter aux banques françaises et britanniques qui contrôlent la monnaie et les opérations financières et prélèvent directement des impôts sur les postes, les douanes et les ports ; des concessions sont accordés aux Français, aux Britanniques et aux Allemands en particulier qui construisent la ligne Berlin-Bagdad ; cependant le sultan mène une politique répressive contre les minorités arabes de Syrie et du Liban, arménienne et macédonienne. Sa politique autoritaire entraine une réaction de libéraux issus de la bourgeoisie et de jeunes officiers ; en 1908, le mouvement des Jeunes Turcs prend le pouvoir, dépose le sultan et le remplace par son frère mais le gouvernement connait une évolution ultranationnaliste qui entraine l'aggravation des répressions contre les minorités ce qui déclenche les guerres de 1912 en Macédoine puis la répression contre les arméniens en 1915.
En Afrique
[modifier | modifier le wikicode]Dans l'Empire français, les premiers mouvements apparaissent en Afrique du Nord et à Madagascar :
- en Tunisie, le mouvement des jeunes Tunisiens est créé en 1906 et prend parfois parti pour les Turcs et les Allemands ; il envoie des représentants à la Conférence de la paix en 1920 pour défendre les aspirations de la Tunisie à l'indépendance ;
- en Algérie, des émeutes éclatent. En 1908, le mouvement des jeunes Algériens réclame des droits politiques pour les élites et l'amélioration des masses en contrepartie du service militaire obligatoire.
- à Madagascar, création d'une société secrète de jeunes intellectuels qui ont la nostalgie de l'État malgache annexé en 1896
Dans l'Empire britannique, un conflit éclate en Afrique du Sud avec le désir de plus d'autonomie de la colonie Boer, de même, une certaine agitation règne en Égypte.
Ailleurs, les divisions administratives, des rivalités ethniques, la restriction des libertés donnent lieu à une vie politique très réduite. Néanmoins, on note des révoltes canaques en Nouvelle-Calédonie en raison de l'expropriation des meilleures terres en 1878.