Cyrano de Bergerac (Rostand)/La mise en place de l’intrigue dans l’acte 1

Une page de Wikiversité, la communauté pédagogique libre.
Début de la boite de navigation du chapitre
La mise en place de l’intrigue dans l’acte 1
Icône de la faculté
Chapitre no 1
Leçon : Cyrano de Bergerac (Rostand)
Retour auSommaire
Chap. suiv. :La tirade du nez
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Cyrano de Bergerac (Rostand) : La mise en place de l’intrigue dans l’acte 1
Cyrano de Bergerac (Rostand)/La mise en place de l’intrigue dans l’acte 1
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.

Introduction[modifier | modifier le wikicode]

Dans cette leçon, vous allez étudier plus profondément que si vous la lisiez simplement la pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac. De ce fait, dans les lignes qui suivent, vous pourrez observer une sorte de jeu questions-réponses sur cette pièce qui a connu un immense triomphe lors de sa première à la Porte Saint-Martin, ce fameux 28 décembre 1897. Cyrano de Bergerac est un drame romantique, avec une partie comique (lire la tirade du nez dans le chapitre suivant) et une partie dramatique, liée aux sentiments (lire la scène du balcon dans le chapitre 3). Voici tout d’abord les scènes 1, 2 et 3 de l’acte 1 de la pièce :

La mise en place de l’intrigue dans l’acte 1[modifier | modifier le wikicode]

Scènes I, II et III[modifier | modifier le wikicode]

Scène première

Le Public, qui arrive peu à peu. Cavaliers, Bourgeois, Laquais, Pages, Tire-laine, Le Portier, etc., puis les Marquis, CUIGY, BRISSAILLE, La Distributrice, les Violons, etc. (On entend derrière la porte un tumulte de voix, puis un cavalier entre brusquement.)

Le portier, le poursuivant. - Holà ! vos quinze sols !

Le cavalier. -J’entre gratis !

Le portier. - Pourquoi ?

Le cavalier. - Je suis chevau-léger de la maison du Roi !

Le portier, à un autre cavalier qui vient d’entrer. - Vous ?

Deuxième cavalier. - Je ne paye pas !

Le portier. - Mais…

Deuxième cavalier. - Je suis mousquetaire.

Premier cavalier, au deuxième. - On ne commence qu’à deux heures. Le parterre Est vide. Exerçons-nous au fleuret. (Ils font des armes avec des fleurets qu’ils ont apportés.)

Un laquais, entrant. - Pst… Flanquin…

Un autre, déjà arrivé. - Champagne ?…

Le premier, lui montrant des jeux qu’il sort de son pourpoint. - Cartes. Dés. (Il s’assied par terre.) Jouons.

Le deuxième, même jeu. - Oui, mon coquin.

Premier laquais, tirant de sa poche un bout de chandelle qu’il allume et colle par terre. - J’ai soustrait à mon maître un peu de luminaire.

Un garde, à une bouquetière qui s’avance. - C’est gentil de venir avant que l’on n’éclaire !… (Il lui prend la taille.)

Un des bretteurs, recevant un coup de fleuret. - Touche !

Un des joueurs. - Trèfle !

Le garde, poursuivant la fille. - Un baiser !

La bouquetière, se dégageant. - On voit !…

Le garde, l’entraînant dans les coins sombres. - Pas de danger !

Un homme, s’asseyant par terre avec d’autres porteurs de provisions de bouche. - Lorsqu’on vient en avance, on est bien pour manger.

Un bourgeois, conduisant son fils. - Plaçons-nous là, mon fils.

Un joueur. - Brelan d’as !

Un homme, tirant une bouteille de sous son manteau et s’asseyant aussi. - Un ivrogne Doit boire son bourgogne… (Il boit.) … à l’hôtel de Bourgogne !

Le bourgeois, à son fils. - Ne se croirait-on pas en quelque mauvais lieu ? (Il montre l’ivrogne du bout de sa canne.)

- Buveurs…

(En rompant, un des cavaliers le bouscule.)

- Bretteurs !

(Il tombe au milieu des joueurs.)

- Joueurs !

Le garde, derrière lui, lutinant toujours la femme. - Un baiser !

Le bourgeois, éloignant vivement son fils. - Jour de Dieu ! Et penser que c’est dans une salle pareille Qu’on joua du Rotrou, mon fils !

Le jeune homme. - Et du Corneille !

Une bande de pages, se tenant par la main, entre en farandole et chante. - Tra la la la la la la la la la la lère…

Le portier, sévèrement aux pages. - Les pages, pas de farce !…

Premier page, avec une dignité blessée. - Oh ! Monsieur ! ce soupçon !… (Vivement, au deuxième, dès que le portier a tourné le dos.) As-tu de la ficelle ?

Le deuxième. - Avec un hameçon.

Premier page. - On pourra de là-haut pêcher quelque perruque.

Un tire-laine, groupant autour de lui plusieurs hommes de mauvaise mine. - Or ça, jeunes escrocs, venez qu’on vous éduque : Puis donc que vous volez pour la première fois…

Deuxième page, criant à d’autres pages déjà placés aux galeries supérieures. - Hep ! Avez-vous des sarbacanes ?

Troisième page, d’en haut. - Et des pois ! (Il souffle et les crible de pois.)

Le jeune homme, à son père. - Que va-t-on nous jouer ?

Le bourgeois. - Clorise.

Le jeune homme. - De qui est-ce ?

Le bourgeois. - De monsieur Balthazar Baro. C’est une pièce !… (Il remonte au bras de son fils.)

Le tire-laine, à ses acolytes. - … La dentelle surtout des canons, coupez-la !

Un spectateur, à un autre, lui montrant une encoignure élevée. - Tenez, à la première du Cid, j’étais là !

Le tire-laine, faisant avec ses doigts le geste de subtiliser. - Les montres…

Le bourgeois, redescendant, à son fils. - Vous verrez des acteurs très illustres…

Le tire-laine, faisant le geste de tirer par petites secousses furtives. - Les mouchoirs…

Le bourgeois. - Montfleury…

Quelqu’un, criant de la galerie supérieure. - Allumez donc les lustres !

Le bourgeois. - … Bellerose, l’Epy, la Beaupré, Jodelet !

Un page, au parterre. - Ah ! voici la distributrice !…

La distributrice, paraissant derrière le buffet. - Oranges, lait, Eau de framboise, aigre de cèdre…

(Brouhaha à la porte.) Une voix de fausset. - Place, brutes !

Un laquais, s’étonnant. - Les marquis !… au parterre ?…

Un autre laquais. - Oh ! pour quelques minutes. (Entre une bande de petits marquis.)

Un marquis, voyant la salle à moitié vide. - Hé quoi ! Nous arrivons ainsi que les drapiers, Sans déranger les gens ? sans marcher sur les pieds ? Ah ! fi ! fi ! fi ! (Il se trouve devant d’autres gentilshommes entrés peu avant.) Cuigy ! Brissaille ! (Grandes embrassades.)

Cuigy. - Des fidèles !… Mais oui, nous arrivons devant que les chandelles…

Le marquis. - Ah ! ne m’en parlez pas ! Je suis dans une humeur…

Un autre. - Console-toi, marquis, car voici l’allumeur !

La salle, saluant l’entrée de l’allumeur. - Ah !…

(On se groupe autour des lustres qu’il allume. Quelques personnes ont pris place aux galeries. Lignière entre au parterre, donnant le bras à Christian de Neuvillette. Lignière, un peu débraillé, figure d’ivrogne distingué. Christian, vêtu élégamment, mais d’une façon un peu démodée, paraît préoccupé et regarde les loges.) Scène II

Scène II

Les mêmes, CHRISTIAN, LIGNIÈRE, puis RAGUENEAU et LE BRET.

Cuigy. - Lignière !

Brissaille, riant. - Pas encore gris !…

Lignière, bas à Christian. - Je vous présente ? (Signe d’assentiment de Christian.) Baron de Neuvillette. (Saluts.)

La salle, acclamant l’ascension du premier lustre allumé. - Ah !

Cuigy, à Brissaille, en regardant Christian. - La tête est charmante.

Premier marquis, qui a entendu. - Peuh !…

Lignière, présentant à Christian. - Messieurs de Cuigy, de Brissaille…

Christian, s’inclinant. - Enchanté !…

Premier marquis, au deuxième. - Il est assez joli, mais n’est pas ajusté Au dernier goût.

Lignière, à Cuigy. - Monsieur débarque de Touraine.

Christian. - Oui, je suis à Paris depuis vingt jours à peine. J’entre aux gardes demain, dans les Cadets.

Premier marquis, regardant les personnes qui entrent dans les loges. - Voilà La présidente Aubry !

La distributrice. - Oranges, lait…

Les violons, s’accordant. - La… la…

Cuigy, à Christian, lui désignant la salle qui se garnit. - Du monde !

Christian. - Eh ! oui, beaucoup.

Premier marquis. - Tout le bel air !

(Ils nomment les femmes à mesure qu’elle entrent, très parées, dans les loges. Envois de saluts, réponses de sourires.)

Deuxième marquis. - Mesdames De Guéméné…

Cuigy. - De Bois-Dauphin…

Premier marquis. - Que nous aimâmes…

Brissaille. - De Chavigny…

Deuxième marquis. - Qui de nos cœurs va se jouant !

Lignière. - Tiens, monsieur de Corneille est arrivé de Rouen.

Le jeune homme, à son père. - L’Académie est là ?

Le bourgeois. - Mais… j’en vois plus d’un membre ; Voici Boudu, Boissat, et Cureau de la Chambre ; Porchères, Colomby, Bourzeys, Bourdon, Arbaud… Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c’est beau !

Premier marquis. - Attention ! nos précieuses prennent place : Barthénoïde, Urimédonte, Cassandace, Félixérie…

Deuxième marquis, se pâmant. - Ah ! Dieu ! leurs surnoms sont exquis ! Marquis, tu les sais tous ?

Premier marquis. - Je les sais tous, marquis !

Lignière, prenant Christian à part. - Mon cher, je suis entré pour vous rendre service : La dame ne vient pas. Je retourne à mon vice !

Christian, suppliant. - Non !… Vous qui chansonnez et la ville et la cour, Restez : Vous me direz pour qui je meurs d’amour.

Le chef des violons, frappant sur son pupitre, avec son archet. - Messieurs les violons !… (Il lève son archet.)

La distributrice. - Macarons, citronnée… Les violons commencent à jouer.

Christian. - J’ai peur qu’elle ne soit coquette et raffinée, Je n’ose lui parler car je n’ai pas d’esprit. Le langage aujourd’hui qu’on parle et qu’on écrit, Me trouble. Je ne suis qu’un bon soldat timide. Elle est toujours à droite, au fond : la loge vide.

Lignière, faisant mine de sortir. - Je pars.

Christian, le retenant encore. - Oh ! non, restez !

Lignière. - Je ne peux. D’Assoucy M’attend au cabaret. On meurt de soif, ici.

La distributrice, passant devant lui avec un plateau. - Orangeade ?

Lignière. - Fi !

La distributrice. - Lait ?

Lignière. - Pouah !

La distributrice. - Rivesalte ?

Lignière. - Halte ! (À Christian.) Je reste encore un peu. – Voyons ce rivesalte ? (Il s’assied près du buffet. La distributrice lui verse du rivesalte.)

Cris, dans le public à l’entrée d’un petit homme grassouillet et réjoui. - Ah ! Ragueneau !…

Lignière, à Christian. - Le grand rôtisseur Ragueneau.

Ragueneau, costume de pâtissier endimanché, s’avançant vivement vers Lignière. - Monsieur, avez-vous vu monsieur de Cyrano ?

Lignière, présentant Ragueneau à Christian. - Le pâtissier des comédiens et des poètes !

Ragueneau, se confondant. - Trop d’honneur…

Lignière. - Taisez-vous, Mécène que vous êtes !

Ragueneau. - Oui, ces messieurs chez moi se servent…

Lignière. - À crédit. Poète de talent lui-même…

Ragueneau. - Ils me l’ont dit.

Lignière. - Fou de vers !

Ragueneau. - Il est vrai que pour une odelette…

Lignière. - Vous donnez une tarte…

Ragueneau. - Oh ! une tartelette !

Lignière. - Brave homme, il s’en excuse ! Et pour un triolet Ne donnâtes-vous pas ?…

Ragueneau. - Des petits pains !

Lignière, sévèrement. - Au lait. Et le théâtre ! Vous l’aimez ?

Ragueneau. - Je l’idolâtre.

Lignière. - Vous payez en gâteaux vos billets de théâtre ! Votre place, aujourd’hui, là, voyons, entre nous, Vous a coûté combien ?

Ragueneau. - Quatre flans. Quinze choux. (Il regarde de tous côtés.) Monsieur de Cyrano n’est pas là ? Je m’étonne.

Lignière. - Pourquoi ?

Ragueneau. - Montfleury joue !

Lignière. - En effet, cette tonne Va nous jouer ce soir le rôle de Phédon. Qu’importe à Cyrano ?

Ragueneau. - Mais vous ignorez donc ? Il fit à Montfleury, messieurs, qu’il prit en haine, Défense, pour un mois, de reparaître en scène.

Lignière, qui en est à son quatrième petit verre. - Eh bien ?

Ragueneau. - Montfleury joue !

Cuigy, qui s’est rapproché de son groupe. - Il n’y peut rien.

Ragueneau. - Oh ! oh ! Moi, je suis venu voir !

Premier marquis. - Quel est ce Cyrano ?

Cuigy. - C’est un garçon versé dans les colichemardes.

Deuxième marquis. - Noble ?

Cuigy. - Suffisamment. Il est cadet aux gardes. (Montrant un gentilhomme qui va et vient dans la salle comme s’il cherchait quelqu’un.) Mais son ami Le Bret peut vous dire… (Il appelle.) Le Bret ! (Le Bret descend vers eux.) Vous cherchez Bergerac ?

Le Bret. - Oui, je suis inquiet !…

Cuigy. - N’est-ce pas que cet homme est des moins ordinaires ?

Le Bret, avec tendresse. - Ah ! c’est le plus exquis des êtres sublunaires !

Ragueneau. - Rimeur !

Cuigy. - Bretteur !

Brissaille. - Physicien !

Le Bret. - Musicien !

Lignière. - Et quel aspect hétéroclite que le sien !

Ragueneau. - Certes, je ne crois pas que jamais nous le peigne Le solennel monsieur Philippe de Champaigne ; Mais bizarre, excessif, extravagant, falot, Il eût fourni, je pense, à feu Jacques Callot Le plus fol spadassin à mettre entre ses masques : Feutre à panache triple et pourpoint à six basques, Cape que par derrière, avec pompe, l’estoc Lève, comme une queue insolente de coq, Plus fier que tous les Artabans dont la Gascogne Fut et sera toujours l’alme Mère Gigogne, Il promène, en sa fraise à la Pulcinella, Un nez !… Ah ! messeigneurs, quel nez que ce nez-là !… On ne peut voir passer un pareil nasigère Sans s’écrier : « Oh ! non, vraiment, il exagère ! » Puis on sourit, on dit : « Il va l’enlever… » Mais Monsieur de Bergerac ne l’enlève jamais.

Le Bret, hochant la tête. - Il le porte, – et pourfend quiconque le remarque !

Ragueneau, fièrement. - Son glaive est la moitié des ciseaux de la Parque !

Premier marquis, haussant les épaules. - Il ne viendra pas !

Ragueneau. - Si !… Je parie un poulet À la Ragueneau !

Le marquis, riant. - Soit !

(Rumeurs d’admiration dans la salle. Roxane vient de paraître dans sa loge. Elle s’assied sur le devant, sa duègne prend place au fond. Christian, occupé à payer la distributrice, ne regarde pas.)

Deuxième marquis, avec des petits cris. - Ah ! messieurs ! mais elle est Épouvantablement ravissante !

Premier marquis. - Une pêche Qui sourirait avec une fraise !

Deuxième marquis. - Et si fraîche Qu’on pourrait, l’approchant, prendre un rhume de cœur !

Christian, lève la tête, aperçoit Roxane, et saisit vivement Lignière par le bras. - C’est elle !

Lignière, regardant. - Ah ! c’est elle ?…

Christian. - Oui. Dites vite. J’ai peur.

Lignière, dégustant son rivesalte à petits coups. - Magdeleine Robin, dite Roxane. – Fine. Précieuse.

Christian. - Hélas !

Lignière. - Libre. Orpheline. Cousine De Cyrano, – dont on parlait…

(À ce moment un seigneur très élégant, le cordon bleu en sautoir, entre dans la loge et, debout, cause un instant avec Roxane.)

Christian, tressaillant. - Cet homme ?…

Lignière, qui commence à être gris, clignant de l’œil. - Hé ! Hé !… Comte de Guiche. Épris d’elle. Mais marié À la nièce d’Armand de Richelieu. Désire Faire épouser Roxane à certain triste sire, Un monsieur de Valvert, vicomte… et complaisant. Elle n’y souscrit pas, mais de Guiche est puissant : Il peut persécuter une simple bourgeoise. D’ailleurs j’ai dévoilé sa manœuvre sournoise Dans une chanson qui… Ho ! il doit m’en vouloir ! La fin était méchante… Écoutez… (Il se lève en titubant, le verre haut, prêt à chanter.)

Christian.

- Non. Bonsoir.

Lignière. - Vous allez ?

Christian. - Chez monsieur de Valvert !

Lignière. - Prenez garde : C’est lui qui vous tuera ! (Lui désignant du coin de l’œil Roxane.) Restez. On vous regarde.

Christian. -,C’est vrai ! (Il reste en contemplation. Le groupe de tire-laine, à partir de ce moment, le voyant la tête en l’air et bouche bée, se rapproche de lui.)

Lignière. - C’est moi qui pars. J’ai soif ! Et l’on m’attend Dans les tavernes ! (Il sort en zigzaguant.)

Le Bret, qui a fait le tour de la salle, revenant vers Ragueneau, d’une voix rassurée. - Pas de Cyrano.

Ragueneau, incrédule. - Pourtant…

Le Bret. - Ah ! je veux espérer qu’il n’a pas vu l’affiche !

La salle. - Commencez ! Commencez !


Scène III

Les Mêmes, moins Lignière ; DE GUICHE, VALVERT, puis MONTFLEURY.

Un marquis, voyant de Guiche, qui descend de la loge de Roxane, traverse le parterre, entouré de seigneurs obséquieux, parmi lesquels le vicomte de Valvert. - Quelle cour, ce de Guiche !

Un autre. - Fi !… Encore un Gascon !

Le premier. - Le Gascon souple et froid, Celui qui réussit !… Saluons-le, crois-moi. (Ils vont vers de Guiche.)

Deuxième marquis. - Les beaux rubans ! Quelle couleur, comte de Guiche ? Baise-moi-ma-mignonne ou bien Ventre-de-biche ?

De Guiche. - C’est couleur Espagnol malade.

Premier marquis. - La couleur Ne ment pas, car bientôt, grâce à votre valeur, L’Espagnol ira mal, dans les Flandres !

De Guiche. - Je monte Sur scène. Venez-vous ? (Il se dirige, suivi de tous les marquis et gentilshommes, vers le théâtre. Il se retourne et appelle.) Viens, Valvert !

Christian, qui les écoute et les observe, tressaille en entendant ce nom. - Le vicomte ! Ah ! je vais lui jeter à la face mon… (Il met la main dans sa poche, et y rencontre celle d’un tire-laine en train de le dévaliser. Il se retourne.) Hein ?

Le tire-laine. - Ay !…

Christian, sans le lâcher. - Je cherchais un gant !

Le tire-laine, avec un sourire piteux. - Vous trouvez une main. (Changeant de ton, bas et vite.) Lâchez-moi. Je vous livre un secret.

Christian, le tenant toujours. - Quel ?

Le tire-laine. - Lignière…

Étude de texte[modifier | modifier le wikicode]

1) Quels sont les indices qui renvoient au genre théâtral ?

Les indices qui renvoient au genre théâtral sont les suivants : tout est dialogue au théâtre ; cependant, afin de jouer, il faut tenir compte des didascalies ou indications scéniques. Au théâtre, on notera également l’importance des costumes et du décor. De plus, on remarque que les acteurs emploient sur scène la double énonciation qui consiste en un procédé exposant le fait de parler à la fois à un interlocuteur sur scène et au public.

2) Qui est Montfleury ? Quel rôle joue-t-il dans la scène 1 de l’acte 1 ?

Montfleury est un acteur qui joue dans la Clorise (la pièce censée être jouée comme représentation à l’Hôtel de Bourgogne, tragédie). Il est l’ennemi de Cyrano car celui-ci le trouve médiocre et ingrat (même si nous verrons que ce n’est pas et c’est même loin d’être la seule raison).

3) Que sait-on de Roxane ?

On sait d’elle qu’elle est orpheline et précieuse (mot renvoyant à la préciosité qui est un concept littéraire fondé sur l’art de bien parler et de faire preuve d’une grande culture). C’est une bourgeoise très belle et désirée.

4) Comment est perçu Cyrano ? Quels sont les personnages en relation directe ou indirecte avec lui ?

Savinien de Cyrano de Bergerac est le héros de la pièce. Il est perçu comme quelqu’un d’assez grandiloquent au premier abord, qui captive son auditoire grâce à son caractère fort. Il possède une assurance et une prestance qui font que tous l’écoutent avec attention et le respectent.