Conditions et revendications féminines dans la France du XIXème siècle (1804-1914)/Les femmes, éternelles mineures du XIXème siècle...

Leçons de niveau 9
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Les femmes, éternelles mineures du XIXème siècle...[modifier | modifier le wikicode]

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Les femmes, éternelles mineures du XIXème siècle...
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Chapitre no 1
Leçon : Conditions et revendications féminines dans la France du XIXème siècle (1804-1914)
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Un statut juridique et politique inférieur[modifier | modifier le wikicode]

Étude de documents[modifier | modifier le wikicode]

Document 1 : Extraits du Code civil de 1804 (Code Napoléon)[modifier | modifier le wikicode]

Art. 213 : Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari.

Art. 217 : La femme ne peut donner, hypothéquer, acquérir à titre gratuit ou onéreux, sans le concours du mari dans l'acte ou son consentement par écrit.

Art. 229 : Le mari pourra demander le divorce si la femme commet l'adultère.

Art. 230 : La femme pourra demander le divorce pour cause d'adultère de son mari, lorsqu'il aura tenu sa concubine dans la maison commune.

Art. 373 : Le père seul exerce l'autorité parentale durant le mariage.

Art. 1124 : Les mineurs, les femmes, les criminels et les débiles mentaux n'ont pas le droit de passer de contrat.

Art. 1421 : Le mari s'occupe seul des biens de la famille, il peut les vendre ou les donner sans l'accord de sa femme.

Document 2 : Extrait de la thèse d'Émile Morlot*, "De la capacité électorale", 1887[modifier | modifier le wikicode]

"Destinée à la maternité, faite pour la vie de famille, la dignité de la femme sera d'autant plus grande qu'elle n'ira point la compromettre dans les luttes de forum** et dans les hasards de la vie publique. Elle oublierait fatalement ses devoirs de mère et d'épouse si elle abandonnait le foyer pour courir à la tribune***. Elle n'y apporterait pas d'ailleurs la modération du langage, la netteté des conceptions qui sont indispensables dans les usages parlementaires [...]. On a donc parfaitement raison d'exclure de la vie politique les femmes et les personnes qui, par leur peu de maturité d'esprit, ne peuvent prendre une part intelligente à la conduite des affaires publiques."

*Émile Morlot a été député radical-socialiste de 1896 à 1907.

**Les combats politiques.

***La tribune de l'Assemblée.

Document 3 : Honoré Daumier, "Les Divorceuses", série de six lithographies publiées dans Le Charivari, 4 août 1848[modifier | modifier le wikicode]

Les Divorceuses (lithographie de Daumier)

Document 4 : Extraits d'une publication de Louis Marin dans La Revue, 1er juillet 1910[modifier | modifier le wikicode]

"À l'heure actuelle, au sujet du vote des femmes, tous les partis politiques semblent aussi indécis. La gauche redoute que les femmes ne soient trop conservatrices ; la droite qu'elles ne deviennent trop révolutionnaires ; le centre qu'elles ne remplacent l'ordre, l'équilibre, le bon sens, par la passion et le sentiment [...]."

Présentation des documents du corpus documentaire à l'aide d'un tableau récapitulatif[modifier | modifier le wikicode]

Document Nature / date Auteurs et points de vue Idée(s) principale(s) / description d'image
1 Compilation du droit coutumier, 1804 - sous Napoléon

- réglemente la société

Les femmes n'ont pas le droit de passer de contrat. Elles sont sous la tutelle du mari ou du père. Elles ont un statut d'éternelles mineures.
2 Thèse, 1887 - Émile Morlot

- contre l'accès des femmes à la politique

Contre l'accession des femmes à la Tribune. Les femmes sont enfermées dans un rôle de mère ou d'épouse. Exclusion à cause de leur sensibilité supposée.
3 Lithographie, 4 août 1848 - Honoré Daumier

- contre le divorce demandé par les femmes

Accentuation des gestes, des visages fatigués, comme si les femmes ne maîtrisaient pas leurs émotions, ce qui discrédite l'accès au divorce.
4 Extrait d'une publication dans La Revue, 1910 - Louis Marin, journaliste

- position neutre

Résumé des différents partis politiques qui se placent à l'encontre du droit de vote des femmes.

Trace écrite[modifier | modifier le wikicode]

Le Code civil de 1804 place les femmes dans une situation d’infériorité par rapport aux hommes ; elles doivent aussi obéissance à leur mari, malgré la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui affirme l’égalité des êtres humains. Les femmes passent ainsi de la tutelle de leur père à celle de leur mari et doivent leur demander leur accord pour travailler. Il leur est également interdit de divorcer entre 1816 et 1884.

Même si elles participent aux révolutions de 1830 et de 1848, elles restent exclues de la vie politique. Les femmes n’ont donc pas accès au Suffrage Universel qui reste masculin jusqu’en 1944. En effet, divers courants de pensée développent des arguments politiques, naturalistes, familialistes et démographiques pour discréditer l’accès des femmes à la vie politique.

Une éducation féminine conditionnée[modifier | modifier le wikicode]

Trace écrite[modifier | modifier le wikicode]

Au XIXème siècle, l'accès à l'école est rare et l'éducation n'est pas mixte. En 1850, la loi Falloux oblige les communes de plus de 800 habitants à ouvrir une école pour les jeunes filles. L'instruction les conditionne dans leur vie future d'épouse et de mère au foyer en imposant des enseignements genrés comme les travaux d'aiguilles. En 1880, l'État crée les premiers collèges et lycées publics pour filles avec la loi Camille Sée, mais l'accès à ces établissements reste payant. Ainsi, seules les jeunes filles de la bourgeoisie peuvent y avoir accès.

Étude de documents[modifier | modifier le wikicode]

Document 1a : Photographie d'une classe de filles prise à l'école primaire d'Hellemmes, dans la banlieue de Lille (Nord) à la fin du XIXème siècle[modifier | modifier le wikicode]

Photographie d'une classe de filles

Document 1b : Photographie d'une classe de garçons prise dans une école primaire à la fin du XIXème siècle[modifier | modifier le wikicode]

Photographie d'une classe de garçons

Document 2 : Extrait du discours d'inauguration du lycée de jeunes filles de la bourgeoisie de Rouen par son directeur, le 30 octobre 1910[modifier | modifier le wikicode]

"Nous ne désirons pas, pour la plupart d'entre elles, que ce rêve* devienne une réalité [...]. Ce n'est pas dans le prétoire** ou dans l'amphithéâtre*** que nous cherchons à orienter la jeune activité du plus grand nombre de nos élèves : notre but est tout autre. Il faut qu'elles restent des filles affectueuses, et qu'elles deviennent plus tard des épouses dévouées, des mères attentives. Nous voulons aussi que les grandes idées de progrès, de solidarité sociale fassent battre un jour le cœur de chacune à l'unisson de son mari."

*Celui d'avoir une carrière professionnelle.

**Référence au métier d'avocate.

***Référence au métier de professeure.

Description des deux photographies[modifier | modifier le wikicode]

Le document 1a présente la photographie d'une classe de filles dans une école primaire, à la fin du XIXème siècle. On observe sur ce document une trentaine de filles assises derrière leurs bureaux d'écolières, habillées du même uniforme noir (costume réglementaire), occupées et concentrées sur leur ouvrage de broderie. Elles portent toutes leurs cheveux attachés.

Le document 1b présente la photographie d'une classe de garçons dans une école primaire également, à la fin du XIXème siècle. On observe sur ce document une vingtaine de garçons assis derrière leurs bureaux d'écoliers, tous vêtus de blouses (costume règlementaire), appliqués à écrire. On peut remarquer sur les murs de la salle des affiches scientifiques (corps humain).

L'organisation des écoles au XIXème siècle, d'après les documents 1a et 1b[modifier | modifier le wikicode]

Les deux photographies nous apprennent que les filles et les garçons sont dans des classes séparées (il n'y a pas de classes mixtes à cette époque). Sur le document 1b, on observe (comme dit précédemment) des images sur le corps humain, sur les sciences, non présentes sur le document 1a ; on peut en déduire que les filles n'étudient pas les sciences et sont conditionnées pour les travaux de tissage (broderie...).

Le rôle formé pour les jeunes filles par l’école (documents 1 et 2)[modifier | modifier le wikicode]

L’école forme les jeunes filles à devenir des mères et des épouses, qui tiennent le rôle du foyer.