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Campagnes françaises au Moyen Âge/Mutations des espaces ruraux

Leçons de niveau 15
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Mutations des espaces ruraux
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Chapitre no 5
Leçon : Campagnes françaises au Moyen Âge
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Haut Moyen Âge

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Moyen Âge classique

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Les grands défrichements

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Scène de défrichement. Tapisserie de Bayeux, IXe siècle
  • Causes et chronologie

La toponymie donne des signes de ces grands déboisements : « essarts » (sens général), « artigue » (Sud-Ouest de la France), « villeneuve », « sauveterre », « bordes »... Certains noms de villages se terminant par « -dorf », « -feld », « -rode » révèlent des actions de défrichement. Dans le sud de la France, les toponymes bastide, bastidons, bastidonne peuvent correspondre à des établissements fondés lors de défrichements. Pour les historiens, les sources les plus riches sont les textes (par exemple les chartes de défrichements), les apports de la paléobotanique, l'analyse des pollens et des charbons de bois.

De grands défrichements sont attestés dès les années 950 en Flandre et en Normandie mais de nouvelles études montrent que dès l'époque de Charlemagne, la forêt a reculé en Occident, tout particulièrement en Catalogne. La forêt méditerranéenne a été par ailleurs fortement entamée dès l’Antiquité ; toutefois, de nombreux établissements sont datés de la fin des XIIe siècle et XIIIe siècle.

Il faut tenir compte du fait que l'ager, les terres cultivées, peut reculer rapidement en cas d'abandon (en l'espace d'une génération). En ce cas, l'avancée de la forêt ou son recul dépendent généralement de la pression démographique.

Les déboisements semblent se ralentir dès le milieu du XIIe siècle en Normandie et dans le Haut-Poitou. Mais ce ralentissement est plus tardif dans le Bassin Parisien (1230 — 1250) et les plaines germaniques (vers 1340).

Les principales causes des défrichements sont la forte croissance démographique des XIe-XIIIe siècles et les progrès techniques (utilisation croissante du fer). Il faut aussi noter que lorsque les défrichements battent leur plein, c'est-à-dire vers l'an mil, ceux-ci s'inscrivent dans une période où les invasions sur le territoire franc ont cessé et où les conditions climatiques se sont améliorées. Ces différents facteurs donnent aux hommes une certaine confiance en l'avenir et leur permettent ainsi d'envisager de grandes entreprises de défrichement. Cette vision d'un futur plus propice peut être, dans une certaine mesure, à l'origine de la croissance démographique ou, du moins, en être un stimulateur.

  • Les types de défrichement
    • Élargissement de terroirs existants

Ce type de défrichement est le fait d'ermites, de charbonniers et de paysans qui agissent de manière spontanée et isolée. Ce phénomène est très difficile à décrire faute de sources suffisantes. Il se pratique par grignotement progressif et régulier de la forêt, à la marge des terres cultivées. On estime cependant qu’il contribue pour une part importante aux grands défrichements.

    • Création de terroirs neufs

À l'initiative des seigneurs et des villes (en Italie par exemple), de nouvelles terres agricoles sont mises en valeur : il faut alors couper et brûler la forêt qui souvent entoure le village. Le seigneur laïc ou ecclésiastique pourra ainsi prélever de nouvelles redevances sur les nouvelles terres. Parfois, un seigneur laïc s'associe avec un seigneur ecclésiastique (abbé, évêque) pour créer de nouveaux terroirs : ils signent un contrat de pariage ou de paréage ; Les moines, à la recherche de lieux en marge du monde « civilisé » ont été à l'origine de nombreux défrichements durant tout le Moyen Âge : dès le IXe siècle, en Auvergne, la fondation de l'abbaye de la Chaise-Dieu fait reculer la forêt avec la création de clairières. Les Cisterciens, en particulier, défrichent de nombreuses terres : les « granges » sont des systèmes d'exploitation agricole confiés au travail des frères convers, qui ne sont pas astreints aux obligations spirituelles des autres moines. Les défrichements ont aussi accompagné les opérations de colonisation en Europe : la colonisation germanique vers l'est du continent a été assurée en partie grâce aux hôtes : ce sont des paysans qui s'implantent dans une nouvelle région et auxquels le seigneur donne une terre à défricher. Le seigneur promet des avantage aux nouveaux venus, comme des redevances limitées et l'exemption des corvées. Lors de la Reconquista (reconquête chrétienne sur l'Espagne musulmane), de grands défrichements eurent lieu pour installer la nouvelle population.

  • Disparition totale de la forêt au Moyen Âge ?

Il serait caricatural de dire que les grands défrichements des XI-XIIIe siècles ont fait complètement disparaître la forêt. En montagne, la forêt résiste mieux qu'ailleurs ; la forêt offre un complément important dans l'alimentation médiévale : on y emmène les porcs pour la glandée, on y récolte des baies, des champignons et du miel. Dès le XIIIe siècle, les seigneurs fonciers, souvent propriétaires de la forêt (réserve) réagissent et tentent de protéger la forêt. L'organisation et la règlementation des espaces forestiers se fait dès le XIIe siècle : droits de pacage, droits d’usages (ramassage du bois, chasse par exemple) sont fixés.

  • Les défrichements s'arrêtent ... Car la forêt est indispensable à la vie quotidienne ; on s'est rendu compte que certaines terres défrichées sont médiocres et donnent de faibles rendements. Avec les crises du XIVe siècle (déclin démographique provoqué par la peste noire et la Guerre de Cent Ans), la forêt regagne du terrain, surtout en Europe orientale. Les grands défrichements du Moyen Âge central restent un des symboles de l’expansion de l’Occident (colonisation germanique, Espagne).

De nouveaux paysages

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    • L'incastellamento

Mis en évidence par Pierre Toubert, d’abord dans le Latium puis en Languedoc, il désigne l'habitat perché méditerranéen autour d'un château et d'une église. Les terres cultivées s'organisent en auréoles concentriques autour du village.

    • Genèse de l’openfield au nord-ouest de l'Europe

Elle a lieu à partir du XIe siècle, et prend la forme de champs ouverts au XIIIe siècle, disposés autour d'un village central. L'assolement triennal et un parcellaire particulier s'impose un peu partout dans cette région.

    • Le bocage

Dans des régions à sols pauvres (îles Britanniques, Massif Armoricain, Allemagne du nord) le bocage témoigne d'un certain individualisme agraire. On y pratique surtout l'élevage.

    • Nouveaux villages du Sud-Ouest français

De nombreux établissements sont datés du XIIIe siècle ; on les appelle : sauvetés, castelnaux, bastides

Fin du Moyen Âge

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