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Approche géostratégique des espaces maritimes d'aujourd'hui/Ressources à exploiter

Leçons de niveau 13
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Ressources à exploiter
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Chapitre no 3
Leçon : Approche géostratégique des espaces maritimes d'aujourd'hui
Chap. préc. :Routes commerciales
Chap. suiv. :Enjeux militaires
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Ressources à exploiter
Plate-forme de forage (Deepsea Delta) en mer du Nord, utilisée pour mettre en exploitation les gisements d'hydrocarbures au large du Royaume-Uni et de la Norvège.

Aujourd'hui la surface des grands fonds marins découverte à ce jour correspond à peu près à celle de Paris intra-muros La définition de frontières et de délimitations en milieu maritime a des enjeux considérables du point de vue du partage des ressources(halieutiques, énergétiques, minières) et de la gestion des droits de passage (routes commerciales). Ces ressources sous-marines sont biologiques (pêche) et minérales (un tiers de la production mondiale de pétrole). Plusieurs stratégies sont possibles. Aujourd’hui l’exploitation énergétique des océans se concentre essentiellement sur les énergies fossiles, via les techniques off-shore.


En quoi la mondialisation influe elle sur la géostratégie des espaces maritimes ? Pourquoi leur contrôle est il essentiel ? En quoi la géostratégie des espaces maritimes est elle révélatrice de la hiérarchie des puissances dans la mondialisation ? Quels sont les impacts écologiques et économiques ?


Les sept plates-formes du complexe norvégien d'Ekofisk, en mer du Nord.

Les hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) sont les principales ressources exploitées dans le sous-sol des mers et océans. Les gisements éloignés des côtes sont exploités en général grâce à des plate-formes, d'où l’expression anglaise offshore (« loin des côtes »). Ces plate-formes peuvent être posées sur le fond ou ancrées au fond de la mer[1].

Une autre source d'hydrocarbures dans les espaces maritimes est l'hydrate de méthane, mais les difficultés techniques empêchent pour l'instant son exploitation.

Localisation des gisements

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Carte montrant les 3 858 plate-formes pétrolières ou gazières du golfe du Mexique en 2006.
Quand le gisement est à grande profondeur, l'extraction se fait à partir de navires ancrés : ici celui destiné au gisement de Bonga (au large du Nigeria).

Les gisements de pétrole et de gaz se forment par la dégradation des matériaux organiques des plantes et animaux des temps du Jurassique au Crétacé. Ces déchets sont ensuite recouverts par des couches de roches. Cet empilement de couches de roches sédimentaires exerce une forte pression sur ces déchets qui, joint à l'enfouissement entrainant des températures élevées, les transforment peu à peu en hydrocarbures qui peuvent être utilisés pour produire de l'énergie dite fossile.

Le début de l'exploitation offshore date de 1947 dans le golfe du Mexique (par les Américains), puis à partir de 1971 en mer du Nord (par les Britanniques et les Norvégiens), dans le golfe Persique (par les Iraniens, les Qatari, les Saoudiens et les Émirati), dans le golfe de Guinée (au large du Nigeria, du Gabon, de la Guinée équatoriale et de l'Angola) et en mer de Chine méridionale (par les Malaisiens). Les futurs développements concernent les côtes d'Amérique du Sud (par les Brésiliens) et de l'océan Arctique (par les Russes).

L’exemple de l’Arctique illustre parfaitement cette cristallisation des enjeux politico-économiques pour les cinq États riverains - le Canada (Inuits du Nunavut), la Russie, les États-Unis (Alaska), le Danemark (Groenland) et la Norvège (Archipel du Spitzberg) - potentiellement impliqués dans l’appropriation du pôle Nord. Le sous-sol de l’Arctique présente effectivement un important potentiel énergétique et minier (présence de gisements de pétrole, gaz, plomb, zinc, tungstène, uranium, argent, or et diamant...) et, par conséquent, des perspectives d’exploration, puis d’exploitation, extrêmement stimulantes.Selon les estimations de l’Agence américaine de recherche géologique, l’Arctique recèlerait ainsi 22% des ressources énergétiques non encore découvertes mais techniquement exploitables de la planète.

Les gisements les plus connus sont ceux de pétrole de Thunder Horse (au large de la Louisiane), de Troll (au large de la Norvège), de Sakhaline I (en Russie d'Extrême-Orient), de Brent et de Forties (au large de l'Écosse), ceux de gaz du North Dome (partagé entre le Qatar et l'Iran) et de Snøhvit (au nord de la Norvège).

Énergie à exploiter

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Aujourd'hui encore on estime qu’il reste un grand nombre de ressources inexploitées. De grandes fermes éoliennes se développent en Europe du Nord (Royaume-Uni, Danemark, Norvège, Allemagne). C'est principalement l’énergie houlomotrice qui en est, elle, à ses débuts, mais apparaît comme potentiellement viable dans les zones de forte houle: car les vagues peuvent devenir une source d’énergie importante. L’énergie marémotrice, mieux connue et exploitée depuis très longtemps déjà, connaît de son côté une évolution de la technicité. Des systèmes de turbines sous-marines devraient progressivement remplacer les barrages existants pour exploiter cette ressource. Enfin l’énergie des courants océaniques représente aussi une gigantesque source d’énergie inexplorée.

Enjeux pharmaceutiques de ces ressources

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L'origine de toute l’investigation du potentiel de l’environnement marin a commencé au début des années 1950. À cette époque , on découvrait alors des composés issus d’une éponge des Caraïbes possédant des propriétés antivirales et anticancéreuses. Depuis la liste des produits marins découverts s’allonge chaque année. Ces organismes qui résistent à des pressions énormes intéressent au plus haut point l’industrie pharmaceutique, et il y a un grand enjeu dans les secteurs des cosmétiques et de l’agro-alimentaire.


Impacts écologiques

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La course à l’exploitation n’est pas prête de s’arrêter, étant donné les coûts d’extraction, de plus en plus faibles, mais elle présente un risque pour la biodiversité. Par exemple nous avons pu voir l'impact qu'a eu l’accident de Deep Water l’année dernière au large des États-Unis.


Les différentes causes de l'impact des plate-formes pétrolières sur la biosphère sont :

  • la prospection sismique ;
  • leurs constructions (transport des matériaux et du personnel) ;
  • leur fonctionnement et leur démantèlement.

Les espaces maritimes sont particulièrement sensibles aux problèmes environnementaux. De nombreuses catastrophes écologiques ont eu pour théâtre les mers et les océans, comme les marées noires liées au transport de pétrole. On peut citer le naufrage de l'Erika en Bretagne en 1999, ou encore l'explosion d'une plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique en 2010.

Zones de pêche

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Zone de pêche mondiale[2].

Les zones de pêche sont principalement côtières, car la pêche au grand large dans les eaux profondes est beaucoup plus coûteuse et dangereuse. Les zones les plus exploitées se trouvent en Amérique, en Europe, à l'ouest de l'Afrique et au nord de l'Asie. Étant donné la surpêche généralisée, les stocks de poissons sauvages se réduisent de façon inquiétante, d'où le développement de l'aquaculture.La pêche est une source de tensions car la ressource (la morue principalement) y est très convoitée. Avec la diminution des stocks et l’intervention de plusieurs états qui se partagent les eaux territoriales, elle est très convoitée. Il faut donc réguler l’accès aux ressources.

Exemples de conflit

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Les « guerres de la morue » (cod war en anglais) : en 1952, 1958, 1972 et 1975, l'Islande veut élargir ses zones de pêche exclusives (réservées aux pêcheurs islandais), d’abord à 4, puis 12, 50 et enfin 200 miles nautiques de ses côtes. Comme les eaux islandaises sont très poissonneuses, les quelques navires garde-côtes d'Islande tentèrent de chasser les chalutiers britanniques, malgré l'intervention massive des navires de guerre de la Royal Navy, d'où des éperonnages et des chaluts tranchés. L'OTAN dut intervenir pour engager une médiation.

Une autre affirmation de souveraineté d'un État sur une zone de pêche concerne la zone économique exclusive autour des îles Kerguelen et Crozet (faisant partie des TAAF), où se pêche la légine, un poisson avec une grande gueule garnie de dents mais à la chair particulièrement fine. Comme la consommation de ce poisson est très prisée au Japon (tout en étant introuvable en France) et que les autorisations de pêche sont vendues très cher, le braconnage s'est développé à partir des années 1990. La France a réagi en déployant des petits navires de guerre pour faire la chasse aux braconniers avec un patrouilleur (l'Albatros) et deux frégates « de souveraineté » (le Floréal et le Nivôse), chargées de surveiller les ZEE françaises de l'océan Indien Sud. Par exemple, en juin 2004, le palangrier Apache est pris en flagrant délit de pêche illicite, pris d'assaut et confisqué.

Les enjeux économiques sont donc la base de ces conflits. De plus, la population mondiale augmentant et les habitudes alimentaires changeant, la consommation du poisson augmente.

Augmentation de la consommation

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Cette augmentation est due à plusieurs raisons :

  • de 10 kg en moyenne par an et par personne en 1960, on passe à 17 kg par an et par personne en 2008 ;
  • évolution des techniques de pêche : à titre de comparaison, pour obtenir un million et demi de tonnes d’anchois, il fallait en 1987 336 jours de pêche. Et en 1994, il fallait 12 jours de pêche pour une quantité identique !

Cette augmentation entraîne le surexploitation des ressources. En 2009, 80 millions de tonnes de poissons ont été pêchées en milieu sauvage. De plus, au moins un poisson sur quatre est pêché illégalement. On estime que 3 % des stocks de poissons dans le monde sont épuisés, 28 % sont surexploités et 1 % est en voie de repeuplement. Ainsi de plus en plus aujourd'hui, se pose la question de l'aquaculture pour substituer à la pêche (tout comme l'élevage a remplacé la chasse).

Nodule de manganèse de 20 cm provenant du fond du Pacifique.

Tout comme pour les hydrocarbures, les mers et océans recouvrent de vastes gisements de minerais. Ils ont été jusque là non exploités étant donné les contraintes techniques, mais ils peuvent devenir rentables dans les prochaines décennies (notion d'« exploitation minière offshore ») :

À qui appartiennent ces ressources ?

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Les différentes zones de contrôle des espaces maritimes, avec un dégradé au fur-et-à-mesure qu'on s'éloigne des côtes.

Une partie des espaces maritimes sont sous le contrôle des États, qui se sont presque tous mis d'accord en 1982 lors de la conférence de Montego Bay, avec la signature à cette occasion de la Convention des Nations unies sur le Droit de la Mer. Ce texte donne aux États des droits souverains au large de leurs côtes sur les quatre espaces maritimes suivants :

  • les eaux intérieures (zone dégagée à marée basse, ainsi que les cours d'eau et lacs), où l'État côtier est souverain ;
  • la mer territoriale (jusqu'à 12 milles nautiques de la côte, soit à 22,2 km), où l'État est souverain ;
  • la zone contiguë (jusqu'à 24 milles nautiques de la côte, soit à 44,4 km), où l'État n'est plus souverain mais conserve des droits de douane et de police ;
  • la zone économique exclusive (jusqu'à 200 milles nautiques de la côte, soit à 370,4 km), où l'État conserve des droits sur l'exploitation des ressources.
Évolution de l'espace maritime islandais : eaux intérieures en blanc, puis extensions à 4 milles en 1952, à 12 milles (mer territoriale) en 1958, à 50 milles en 1972 et à 200 milles (ZEE actuelle) en 1975.

Au-delà des 200 milles nautiques de toute côte s'étend la haute mer (soit la moitié de la surface de la planète), appelée aussi « eaux internationales » car sous l'autorité d'aucun État. Une grande liberté y règne, seuls y sont réprimés la piraterie, le trafic d'esclaves et de drogues. Une trentaine d'États réclament une extension de leurs ZEE encore plus loin sur le plateau continental, jusqu'à 350 milles nautiques.

http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/72968281/0/fiche___ressourcepedagogique/

Notes et références

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