Éducation physique française au XXe siècle/La Jeunesse ouvrière
Après la guerre la majorité des adolescents commence à 14 ans l'apprentissage de la vie active et sa santé physique et morale est objet d'inquiétudes. Dans le secteur nationalisé, les anciens cadres des chantiers de la jeunesse sont mobilisés pour encadrer les jeunes apprentis et dès la fin du mois de juin 1945 deux circulaires du gouvernement provisoire (N°459 et 460 du 30/5/45) soulignent la nécessité d'organiser les activités physiques pour les élèves des centres d'apprentissage d'entreprises, en collaboration avec le patronat et les centrales syndicales. Elles prévoient six heures d'E.P. par semaine, dont la moitié sur le temps de travail, assurées par des aides-moniteurs d'entreprises qui ont suivi une formation courte en C.R.E.P.S..
La création d'assistants départementaux destinés à l'animation de centres d'activités physiques (C.A.P.) interentreprises intervient en 1946. Ceux-ci ont en charge la formation des animateurs nécessaires et assurent la gestion de leur centre au moyen de recettes propres et de subventions. Ainsi naissait le secteur extra-scolaire de la Jeunesse ouvrière (J.O.) encadré par des maîtres d'arrondissements à partir de 1949 et élargi ensuite aux jeunes ouvriers et aux jeunes ruraux. A cet effet 1953 voit paraître des centres d'initiation sportive (C.I.S.) pour tous les jeunes de 14 à 20 ans ne disposant pas d'éducation physique scolaire. Contrairement au C.A.P. associé à un centre d'apprentissage, le C.I.S. dépend d'organismes directement contrôlés par les services départementaux de la jeunesse et des sports : foyers ruraux, maisons de jeunes, associations.
À partir de ce moment la J.O. s'oriente vers deux axes forts : l'initiation sportive d'une part, les gymnastiques de pause, de détente et l'éducation physique professionnelle (E.P.U.P.) d'autre part. A la fin de la IV° l'urbanisation galopante pose de plus en plus de problèmes au niveau de la jeunesse. Une circulaire fait de la rythmique la première activité physique féminine en 1957 et l'année suivante voit paraître des bases de plein air et l'implantation de C.I.S. dans les grands ensembles immobiliers. Partie du seul souci de prendre en charge l'E.P. des apprentis, la J.O. est devenue le fer de lance de la politique de la Jeunesse et des Sports qui tente d'y attirer l'élite de ses cadres.
Le personnel de ce secteur, plus au contact des réalités sociales que celui des établissements scolaires, montre de plus d'adaptabilité et de mobilité dans ses missions ; ce qui lui vaut souvent d'importantes promotions internes au sein du service. Lorsque l'essentiel de ses missions devient obsolète avec la réforme scolaire de la V° qui prolonge la scolarité à 16 ans et développe l'enseignement technique public, il occupe largement les nouvelles fonctions de conseillers techniques départementaux et régionaux (C.T.D. et C.T.R.) ; les meilleurs fournissent le premier contingent de directeurs techniques nationaux (D.T.N.). Ces anciens enseignants d'E.P. gardent de bons contacts avec l'école et l'inspection - composée en partie d'anciens de la J.O. - et leur opinion n'est pas étrangère à l'évolution de l'E.P.S.