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Proche et Moyen-Orient/Annexe/Le Hezbollah

Leçons de niveau 13
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Le Hezbollah
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Annexe 5
Leçon : Proche et Moyen-Orient

Annexe de niveau 13.

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Fichier:Hezbollah, Baalbek, Lebanon (5073929381).jpg
Drapeau et emblème du Hezbollah dans la ville de Baalbek.

Dans l'optique de mieux comprendre les rapports de force intervenant au Proche-Orient, il est intéressant d’aborder le rôle du Hezbollah (« Parti de Dieu ») libanais. D'abord une simple milice chiite djihadiste créée en 1982 lors de la guerre du Liban désirant instaurer une république islamique, ce mouvement à grandement évolué, devenant une puissante organisation paramilitaire et un parti politique plus modéré, menés par un leader charismatique : Hassan Nasrallah. Il est intéressant de comprendre le rôle de cette milice, capable de menacer Israël et d'imposer l'influence syrienne et iranienne par la force militaire et politique au Liban ainsi que par la lutte contre les groupes rebelles islamistes sunnites ou non combattant le régime syrien, se plaçant autour des intérêts des pays du Golfe[1].

Une organisation paramilitaire...

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Selon Anthony Cordesman, du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), basé à Washington « La relation entre le Hezbollah et l'Iran est comparable à celle qui lie étroitement Israël et les États-Unis », c’est donc d’abord un groupe paramilitaire islamique chiite grandement financé, équipé et entraîné par l'Iran et la Syrie[2], bien qu'on soupçonne aussi que son financement pourrait provenir d'activités crapuleuses comme le trafic de drogue. Si pour un certain nombre de Libanais il représente un parti héroïque, seul rempart contre le danger israélien et islamiste, notamment dans ses combats de plus en plus fréquents avec des groupes salafistes[3],[4], les États-Unis et l'UE depuis leur implication dans la guerre civile syrienne considèrent le groupe comme terroriste, contrairement à l'ONU, qui peut même collaborer avec le groupe sur certaines questions sociales, notamment les réfugiés syriens[5]. Le groupe, très puissant militairement, échappe au contrôle du gouvernement libanais et représente un État dans l'État, oscillant entre affrontement[6] et collaboration[7]. Le matériel transitant vers la Syrie d'Assad[8] permet au Hezbollah d’être en possession de missiles antichars modernes, des batteries de roquettes courte portée Katyusha, des missiles balistiques qui peuvent toucher Israël et notamment Tel-Aviv ainsi que des drones d'espionnage iraniens dignes des armées les plus modernes[9].

Le groupe paramilitaire a participé à un certain nombre de prises d'otage dans les années 1980 et d'attentats contre les forces occidentales présentes au Liban et est soupçonné d'aider des milices djihadistes chiites en Afrique subsaharienne ainsi que de coopérer avec des groupes paramilitaires d'Amérique latine[10]. Son opposition contre les milices sunnites telles qu'Al-Qaïda est claire[11], et aussi affirmée que sa haine de l'impérialisme américain et israélien, le Hezbollah combat d'ailleurs les groupes djihadistes sunnites qui luttent en Syrie contre Bachar Al-Assad et les milices salafistes libanaises.

Le manifeste du Hezbollah déclare « notre lutte ne prendra fin que lorsque cette entité [Israël] sera détruite »[12]. Les forces du Hezbollah, composées de Sud-Libanais chiites ont en effet repoussé l'armée israélienne en 2006, avec des démonstrations de force impressionnantes comme la mise hors-combat d'un navire de guerre israélien par un missile moderne, diffusée en direct sur la chaîne du groupe, Al Manar.

...et un parti politique légal...

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Propagande commémorant les martyrs de 2006 : « Notre sang a gagné ».

Le Hezbollah est un parti politique chiite libanais avec à sa tête Hassan Nasrallah. Populaire auprès de la population, notamment les groupes chiites, les pro-iraniens et pro-syriens, il possède un certain nombre de députés, c’est le troisième groupe parlementaire libanais. Participant au gouvernement depuis 2005, il prône un gouvernement d'union nationale, entre chrétiens, sunnites et druzes et entretient par exemple une certaine amitié avec les groupes chrétiens en signant un accord d'entente mutuelle avec un grand parti chrétien libanais[13]. Leurs manifestations regroupent d'ailleurs des représentants de différents partis. Ses idées sont néanmoins très proches de celles véhiculée par la révolution iranienne.

Fort d'un certain prestige militaire, incarnant l'espoir d'une meilleure condition sociale pour les chiites ainsi que d'un rempart contre l'impérialisme israélo-américain et islamiste, beaucoup de libanais vouent une véritable culte de la personnalité au chef du parti et aux soldats tués au combat, véritables martyrs, par le biais d'affiches, de vidéos diffusés sur Al Manar et internet ainsi que de tableaux et de drapeaux affichés dans les banlieues chiites et autres fiefs du Hezbollah. Cette propagande intense qui envahit la rue et tous les médias, comme internet et la télévision est loin d’être la spécificité du Hezbollah et on peut généraliser cette pratique à tous les mouvements politiques au Moyen-Orient, en particuliers ceux armés comme l'OLP.

Le parti joue aussi un rôle social très important, notamment en finançant des écoles primaires ouvertes à tous suivant le programme français, dans un pays où l'éducation est onéreuse. L'envers de la médaille est le rôle proche de l'endoctrinement de la jeunesse joué par ces écoles, glorifiant le rôle du Hezbollah et la reconquête de Palestine, relayant la haine antisémite qui saisit le monde arabe depuis 1948.

...menés par un leader charismatique

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Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah.

Les représentations de cet homme habitent les fiefs du Hezbollah, ses discours sont relativement fréquents et diffusés sur la chaîne du groupe ainsi que sur des radios locales. Tout en vivant dans l'ombre, à l'abri des assassinats, Hassan Nasrallah est un personnage très présent au Liban, inspirant à certains l'admiration et à d'autres la menace de l'ingérence iranienne ou du relais d'un conflit israélo-arabe qui semble sans fin. Né au Liban, il a étudié la théologie dans des universités irakiennes et iraniennes. Porte-parole du parti, il assure se battre pour les intérêts du Liban et n'être qu'un simple allié de l'Iran. Relativement neutre à l'égard des Européens, il véhicule un antisémitisme négationniste, qualifiant le peuple juif de « cancer »[14].

Une étude de cas pour mieux comprendre les rapports de force en Orient

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Dans un premier temps nous proposons un tableau de synthèse permettant de comprendre pourquoi le Hezbollah est groupe populaire au Moyen-Orient et n’est pas unanimement reconnu comme terroriste. On confronte ici deux visions qu’il n’est pas si simple de départager et ce principe de pensée peut être appliqué à de nombreux cas semblables dans la région comme l'OLP ou les groupes révolutionnaires syriens, montrant que le rôle de ces différentes factions est extrêmement complexe et ne doit pas être ramené à une vision manichéenne « Occident vs anti-Occident ». L'objectif est de montrer que la question « est-ce du terrorisme ou de la résistance ? » doit se poser et présente un réel intérêt.

Vision favorable Vision défavorable
Assiste les minorités chiites à travers le monde arabe, souvent mises en marge ou opprimées Peut donner corps à une véritable vengeance des chiites contre les sunnites
Reprise de la Palestine volée, laissant des milliers de réfugiés dans la misère et menaçant de nombreuses populations arabes de colonisation Véhicule une haine stérile qui empêche toute solution diplomatique avec Israël
Incarne une union nationale dont a grand besoin un Liban divisé ainsi que le respect de la diversité religieuse dans un monde arabe s'islamisant Véritable état dans l'état, il dépossède le Liban d'une souveraineté dont il a grand besoin et incite à la haine antisémite
Défend le Liban contre les attaques israéliennes Participe à l'état de guerre permanente entre les deux pays
Représente un rempart contre l'islamisme Reste néanmoins le «Parti de Dieu», moins radical, mais possédant une vision guerrière de l'islam et étant l'émanation d'une dictature
Joue un rôle social important Certes, mais un rôle intéressé

Bien qu’ils proposent de nuancer la vision qu'on peut avoir des factions ou partis politiques du Moyen-Orient, les contributeurs de cet article tiennent à préciser que des motivations comme la guerre sainte, l'épuration ethnique et tout ce qui enfreint les principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme sont des arguments irrecevables et criminels.

Le Hezbollah, reflet d'une polarisation du Moyen-Orient

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  •      Majorité chiite
  •      Majorité sunnite
  •      Autre
  • Rayé : conflits entre musulmans sunnites et chiites
    Entouré en rouge : île de Bahreïn (chiite)

    Engagé au Liban et en Syrie, le Hezbollah est de plus en plus confronté a des extrémistes religieux sunnites tels qu'Al-Qaida. Il appartient à ce qu'on peut appeler le «bloc pro-iranien et chiite», rassemblant l'Iran et la Syrie de Bachar el-Assad, finançant le Hezbollah et d'autres milices chiites. Ce groupe s'oppose à celui formé par ce qu'on peut nommer «pétromonarchies sunnites anti-iraniennes», qui regroupe l'Arabie Saoudite et le Qatar, plus proches de l'Occident, de certains groupes rebelles syriens et de miliciens sunnites. Ces deux blocs se contestent le Liban et l'Irak, divisés sur le plan religieux comme sur le plan politique. Nous pouvons donc voir l'implication du Hezbollah dans le conflit syrien comme le reflet d'un monde arabe qui se polarise, entre Iran et pétromonarchies.

    La carte et le texte qui l'accompagnent sont une schématisation, il ne faut pas en tirer de généralités de type « les sunnites vouent tous une haine féroce des chiites », « les chiites sont tous pro-iranien ». Il faut prendre en compte la situation politique de chaque pays, sa culture et les relations diplomatiques complexes, parfois même ambigües qu’il entretient avec les autres.

    Notes et références

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