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FRA3826/EDN6001-ProjetEditionNumerique-Dans les mains d'Emily

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Dans les mains d'Emily

Camille Germain
18 décembre 2023
Université de Montréal
français
Outil : Text-to-Speech d'ElevenLabs et Voyant Tools
Corpus : Les poèmes libres de droit écrits par Emily Dickinson
Résumé : Ce projet propose l'éditorialisation des manuscrits d'Emily Dickinson. Il a pour objectif d'universaliser l'accès aux poèmes et manuscrits d'Emily Dickinson dans un modèle d'édition numérique, de rendre les annotations manuscrites visibles, d'en améliorer la lisibilité, tout en les rendant interactifs.
Mots-clefs : poésie, interactivité, annotations, édition numérique, manuscrits, lisibilité, accessibilité, éditorialisation
A chilly peace infests the grass


Introduction

Emily Dickinson est née en 1830 dans la ville d'Amherst, Massachussetts et y a passé toute sa vie. Elle fut issue d'une famille aisée et fit ses études à l'académie d'Amherst et au séminaire pour jeunes filles du mont Holyoke. On raconte qu'elle passa les dernières années de sa vie enfermée dans sa chambre de la maison familiale, et ce, de son propre gré. Elle entretenait toutes ses amitiés par correspondance, que sa soeur brûla à sa demande lors de son décès. Ce n'est qu'à sa mort, que sa soeur Lavinia Dickinson, découvrit l'énorme quantité de poèmes qu'Emily cachait dans sa chambre. À l'époque, ceux-ci étaient regroupés en petits livrets cousus à la main, qui ont été défaits et mélangés après sa mort, pour pouvoir être édités. Ces poèmes sont passés par plusieurs mains, celles d'amis et de membres de la famille, ont été édités et réédités, ainsi certaines particularités de ses poèmes sont tombées dans l'oubli.

Publication

Seulement une douzaine de ses poèmes ont été publiés de son vivant. Ils sont tous publiés anonymement dans des journaux locaux. De plus, Emily Dickinson ne suivait pas les règles et la mode de l'écriture des poèmes de l'époque, son style était unique, pas de rimes, aucune ponctuation et la présence de tirets. Ses poèmes ont donc tous subis de lourdes modification pour qu'ils correspondent aux usages de l'époque. Lorsque Lavinia trouva tous les bouts de papier dans la chambre d'Emily, son oeuvre augmenta à près de 1800 poèmes. Cependant, l'oeuvre entière ne fut pas publiée avant plusieurs dizaines d'années, puisque ceux qui étaient en leur possession ne pouvaient s'entendre sur la manière de les rendre public. Puisque la publication des poèmes a été autant retardée, la majorité de son oeuvre demeure sous la protection du droit d'auteur.

L'oeuvre d'Emily et la problématique du droit d'auteur

Emily aimait écrire ses poèmes sur des bouts de papier, d’enveloppe ou des morceaux d’emballage[1]. Certains de ses poèmes étaient annotés avec des commentaires et des variations de mots, par exemple, un mot noté d’un plus (+) ou d’un (<), pouvait avoir en marge, un ou des mots de remplacement considérés par l’autrice. Ces annotations ne sont pas visibles dans les versions éditées de ses poèmes, cependant, les manuscrits originaux ont été publiés en libre accès, mais restent plus difficilement lisibles. Ils sont écrits au plomb, dans une écriture penchée et divisés en collections, qui sont détenues par des organisations différentes. Nous retrouvons par exemple la Collection de manuscrits libres de droit de l'Amherst College. On retrouve une grande quantité de ses poèmes en libre accès sur le site des Archives d'Emily Dickinson . Dans un monde idéal où tous ses poèmes seraient libres de droit, le corpus à travailler serait plus fourni et malgré qu’une bonne partie de ses manuscrits soit en libre accès, la licence[2] n’autorise pas à modifier les documents. Le corpus de poèmes utilisables se limite donc à ceux publiés avant 1924 : « Les premières éditions de l’œuvre de Dickinson sont désormais dans le domaine public. Ces éditions comprennent celles éditées par Mabel Loomis Todd et Thomas Wentworth Higginson dans les années 1890, ainsi que certaines des éditions de Martha Dickinson Bianchi.[3] », ce qui est restreint.

Problématique

Pour une poésie interactive

Le projet souhaite tout d'abord répondre à la problématique de la lisibilité des manuscrits d'Emily Dickinson. Ceux-ci sont disponibles en libre accès, comme mentionné, mais la transcription n'accompagne pas les poèmes. La majorité sont écrits au plomb, dans une écriture ardue à lire. De plus, pour plusieurs poèmes des annotations sont inscrites dans les marges ou courent autour du poème, ce qui complique encore plus la lecture. La seconde problématique vient du fait que les manuscrits ont été numérisés, ils sont donc fixes. Il serait beaucoup plus intéressant pour le lecteur d'avoir accès à une poésie interactive avec les annotations insérées dans le texte et d'une autre couleur. Elles seraient dans un menu déroulant, donc le lecteur pourrait choisir l'annotation qu'il préfère pour sa lecture. Et le manuscrit serait affiché à côté du poème interactif, ce qui donne accès à plusieurs options de lecture. Notre dernière problématique se retrouve dans l'accessibilité. Pour les usagers qui ont des troubles visuels, offrir une lecture de chaque poème grâce à un outil numérique Text-to-Speech serait fort pertinent. Cela permet aussi aux autres usagers de consommer les poèmes comme ils le souhaitent. L'objectif serait d'éditorialiser les manuscrits d'Emily Dickinson, en les rendant lisibles, interactifs et accessibles à un plus large public.

Méthodes

Il existe beaucoup d'éditions fixes des poèmes d'Emily, plusieurs poèmes sont disponibles en ligne, comme ceux sur la page du Projet Gutenberg, mais à ma connaissance, aucun projet d'édition interactif n'a été réalisé avec les poèmes. Le choix de rendre les poèmes interactifs permet de rendre accessibles les annotations manuscrites d'Emily et de rendre visibles toutes les versions possibles des poèmes. Il faudrait tout d'abord faire l'éditorialisation de ses poèmes, « l'éditorialisation est une réadaptation à l’environnement numérique de contenus préexistants.[4] ». Il faudrait donc, construire une page web, en langage HTML, CSS et Javascript[5], retranscrire les poèmes libres de droit et leur construire pour chaque, une page personnalisée. Comme mentionné, l'image de la page manuscrite correspondante serait affichée sur la même page. Il ne faudrait pas oublier de rendre un visuel attrayant de la page, pour attirer et intéresser les lecteurs, une belle interface est nécessaire. Ensuite, l'idée d'utiliser un l'outil Text-to-Speech[6] et de rendre une traduction française disponible participe à donner accès au contenu à plus d'usagers. Finalement l'outil Voyant[7] offre une vision rapide de l'oeuvre entière, qui compte une grande quantité de poèmes.

Choix des outils

Voyant

Cet outil aide et facilite la lecture et l'analyse de textes numériques. En entrant un texte ou l'URL d'une page web, l'outil génère un rendu visuel des mots utilisés. L'outil Voyant a été choisi, car il est libre d'accès et est très complet. Il n'offre pas seulement un outil de type wordcloud, mais aussi un résumé, une recherche de mot dans le texte, les tendances et plus encore. C'est un outil versatile, qui offre plusieurs manière de visualiser l'information. Il est aussi interactif, simple d'utilisation et attrayant, grâce aux couleurs. De plus, il donne l'option de choisir le nombre de mots à visualiser dans le wordcloud. L'outil est aussi disponible en plusieurs langues.

Pour la réalisation de ce projet, il faudra alors entrer tous les poèmes libres de droit dans l'outil, afin d'en voir l'analyse complète.

Utilisation de l'outil Voyant pour lire l'oeuvre d'Emily.

Elevenlab

Utilisation de l'outil Text-to-Speech pour écouter un poème.

Cet outil génère des discours réalistes, à partir de textes choisis, dans une variété de langues et de voix. L'outil d'Elevenlab a été choisi, car il est aussi en libre accès et gratuit d'utilisation, malgré qu'il commence à se commercialiser. L'outil de base reste gratuit avec moins de fonctionnalités, mais suffisamment pour être sélectionné. Nous avons testé plusieurs autres outils Text-to-Speech, tels MaryTTS, eSpeak et Mimic. Ces outils, bien qu'ils soient en libre accès, donnaient toujours un rendu robotique. Le rendu auditif n'était pas aussi bon que celui de l'outil d'Elevenlab.

Afin de rendre tous les poèmes audibles, il faudra les entrer un à la fois dans le logiciel et rendre le fichier audio disponible.

Résultats

L'utilisation des outils cités précédemment participera à l'atteinte des objectifs visés.

Les objectifs de ce projet sont les suivants :

  1. Universaliser l'accès aux poèmes d'Emily et les éditorialiser;
  2. Rendre les annotations manuscrites d'Emily lisibles et interactives;
  3. Versatiliser le moyen de consommer les poèmes;
  4. Rendre l'oeuvre plus accessible.

Le produit final sera un site internet attrayant et beau. Dans lequel les utilisateurs pourront naviguer à travers l'oeuvre d'Emily Dickinson, rendue interactive, complète, lisible et accessible. Pour passer d'un poème à un autre, l'utilisateur pour cliquer sur un bouton, qui l'amènera vers un autre poème au hasard, rendant chaque lecture de l'oeuvre unique. Tout en permettant au lecteur d'écouter la poésie, grâce à l'outil d'Elevenlab, sans nécessairement la lire.

Difficultés envisagées

Bien que ce projet soit original, il reste ambitieux et présente plusieurs défis à relever. Tout d'abord, la question du temps. Retranscrire tous les poèmes, construire le site et organiser toutes les pages s'avère long et fastidieux. Il faudra pour ça envisager d'avoir une petite équipe qui travaillera sur le projet, donc avoir des bénévoles ou des revenus. Notre autre difficulté se rapporte à la pérennité de ce projet. Il faudra avoir des fonds pour garder le site actif, en plus de la main d'oeuvre et de la charge de travail qui grandira, lorsque certains poèmes s'ajouteront lors de leur tombée dans le domaine public. Nous pourrions penser à l'organisation de recueil de dons ou encore faire des demandes de financement ou de subvention.

Ouverture

La visé du projet est de démontrer qu'une oeuvre poétique peut prendre plusieurs formes et formats, en dépassant la fixité du modèle papier ou manuscrit. Cela permet d'envisager une nouvelle manière créer de la poésie, dans un environnement numérique et libre d'accès, qui pourra continuer de se construire au fur et à mesure que les poèmes tomberont dans le domaine public.

Bibliographie

  • Chartron, Ghislaine. « L’éditorialisation : de quoi parle-t-on ? » I2D - Information, données & documents, vol. 2, nᵒ 2, 2020, p. 63‑65. Cairn.info, https://doi.org/10.3917/i2d.202.0063.
  • Boulétreau, Viviane, et Benoît Habert. Les formats. Les Ateliers de [sens public], 2014. viahtml.hypothes.is, https://viahtml.hypothes.is/proxy/https://www.parcoursnumeriques-pum.ca/1-pratiques/​https://www.parcoursnumeriques-pum.ca/1-pratiques/chapitre9.html.
  • Dickinson, Emily. Poésies complètes : édition bilingue. Édité et traduit par Françoise Delphy, Flammarion, 2020.


Notes et références

  1. (en) « The Poet at Work – Emily Dickinson Museum » (consulté le 17 décembre 2023)
  2. La licence est la suivante : CC BY-NC-ND
  3. Version traduite de la citation trouvée sur le site du musée d’Emily Dickinson : « Early editions of Dickinson’s work are now in the public domain. These editions include those edited by Mabel Loomis Todd and Thomas Wentworth Higginson in the 1890s, as well as some of Martha Dickinson Bianchi’s editions.»
  4. Ghislaine Chartron, « L’éditorialisation : de quoi parle-t-on ?: », I2D - Information, données & documents, vol. n° 2, no  2, 2020-11-17, p. 63–65 (ISSN 2428-2111) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2023-12-17)]
  5. Viviane Boulétreau et Benoît Habert, « Les formats », dans Pratiques de l’édition numérique, Les Ateliers de [sens public], (ISBN 978-2-7606-3202-8, lire en ligne)
  6. « Text to Speech & AI Voice Generator - ElevenLabs », sur elevenlabs.io (consulté le 17 décembre 2023)
  7. « Voyant Tools », sur voyant-tools.org (consulté le 17 décembre 2023)