Vocabulaire philosophique/L

Liberté

(nom féminin)

Liberté, un mot à multiples sens et qui a « fait tous les métiers » (Valery) ! Sur le plan philosophique pur, il existe deux orientations principales concernant la liberté : celle qui envisage la liberté comme une faculté liée à l’intelligence et à la raison (le Stoïcisme par exemple) et celle qui la considère comme un pouvoir perpétuel de dire « oui » ou « non » (Sartre, par exemple).

Définitions générales

Étymologie : lat. libertas, liberté, indépendance, libre pouvoir, de liber, libre, de condition libre (et non point esclave).

1. Sens premier : état de la personne qui n’est pas en état d’esclavage, de servitude, etc. Cette personne ne subit pas la contrainte d’un autre.

2. Métaphysique, philosophie : a) état de l’individu dont les déterminations sont rationnelles et chez qui l’emportent raison et moralité (Stoïcisme, etc.). b) connaissance des lois de la nature ; nécessité comprise (par exemple Engels). c) pouvoir spirituel de dire « oui » ou « non », se découvrant dans l’angoisse : conscience et liberté sont une seule et même chose (Sartre).

3. Morale : obéissance de la volonté à une loi morale qu’elle se prescrit elle-même ; liberté = autonomie (Kant).

4. Politique : a) état d’un groupe humain se gouvernant en toute souveraineté (liberté politique). b) pouvoir d’agir sous la protection des lois, droit de faire ce que les lois permettent (liberté civile).

Quelques définitions particulières de philosophes

ÉPICTÈTE « Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos œuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres. Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave. » (Manuel, in Les Stoïciens, p. 111, La Pléiade, Gallimard.)

SPINOZA « Les hommes se trompent en ce qu’ils ne se croient libres ; et cette opinion consiste en cela seul qu’ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes par où ils sont déterminés ; ce qui constitue donc leur idée de la liberté, c’est qu’ils ne connaissent aucune cause de leurs actions. » (Éthique, 2e partie, Proposition 35, in Œuvres de Spinoza, t. 3, p. 109, Garnier Flammarion.)

MONTESQIEU « Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir.»