Psychologie des violences conjugales/Introduction
Définition
[modifier | modifier le wikicode]La violence conjugale est la violence exercée par un conjoint ou un partenaire intime, actuel ou ancien, sur son ou sa partenaire ou conjoint•e. Elle se caractérise par un rapport de domination, d’emprise, notamment dans le contexte du contrôle coercitif, qui désigne « une conduite calculée et malveillante déployée presque exclusivement par les hommes pour dominer une femme, en entremêlant des violences physiques répétées avec [des] tactiques de contrôle tout aussi importantes » [1]. La violence conjugale peut se manifester par des agressions verbales, psychologiques, physiques, sexuelles, économiques ainsi que par des menaces, pressions, privations ou contraintes, entraînant des dommages psychologiques, physiques, un isolement social et parfois la mort [2].
Cette violence systémique et évolutive se distingue de la « violence situationnelle », qui est ponctuelle et ne comporte pas de domination hiérarchique entre les partenaires. La violence conjugale est une forme de violence domestique, affectant aussi les autres membres du foyer et notamment les enfants. Elle est souvent dissimulée dans l'espace privé [3].
Le contexte de pandémie de Covid-19 a considérablement majoré la problématique des violences conjugales, et augmenté de manière significative le nombre de plaintes. En effet, d’après le journal “Le Monde”, lors du confinement, il a été recensé une augmentation de plus de 30% des signalements de violence conjugale. Par ailleurs, au cours de l’année 2021, on dénombre 112 féminicides en France, ce qui en fait un problème majeur de santé publique.
Violences conjugales et violences faites aux femmes
[modifier | modifier le wikicode]Les données sur la violence conjugale montrent que les femmes en sont les principales victimes. L’Organisation des Nations Unies (ONU) (2012), souligne que la violence conjugale est la forme de violence faite aux femmes la plus fréquente, et qu’elle touche toutes les classes sociales. Environ 38 % des femmes tuées dans le monde le sont par un partenaire intime, un chiffre six fois supérieur à celui des hommes [4].
Les violences subies par les femmes sont plus fréquentes et considérées comme plus graves que celles subies par les hommes, ayant des conséquences physiques et émotionnelles majeures [5]. Ces conséquences incluent la détresse psychologique, la dépression, l’anxiété, les idées suicidaires, et le stress post-traumatique, entre autres [6].
Les enfants et adolescents, souvent victimes indirectes, subissent également des conséquences négatives sur leur santé physique et mentale, ainsi que sur leur fonctionnement social et scolaire [7].
La diversité des violences, mais aussi parfois, la contradiction des données retrouvées dans les études, soulignent le défi de mesurer objectivement la violence conjugale. Les définitions actuelles, souvent centrées sur les notions de pouvoir et de contrôle, ne capturent pas toujours l'ensemble du phénomène, notamment la victimisation des hommes [8].
Au vu de la problématique sociétale, mais aussi, du manque de données dans la littérature, nous proposons sur cette page d’apporter des éléments théoriques afin de définir la psychologie des violences conjugales. Il nous est d’ores et déjà possible, de présenter cette notion comme une discipline centrée sur l’étude des processus dynamiques, des déterminants et des conséquences liés aux comportements violents dans les relations intimes.
Cette notion sera abordée à travers les différentes formes de violences entre partenaires et/ou anciens partenaires, leurs impacts sur leur santé physique et mentale, mais aussi l'estime de soi.
Ainsi, la psychologie des violences conjugales vise à identifier, comprendre et expliquer les facteurs individuels, psychologiques, relationnels, sociaux, et culturels qui contribuent à ce phénomène.
Cette page vise à explorer les notions complexes qui composent la psychologie des violences conjugales, sous l'angle des différentes missions du psychologue, à savoir : comprendre, prévenir et prendre en charge.
Notes et Références
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ Marine Lavédrine et Andreea Gruev-Vintila, « Redefining domestic violence in France as a violation of human rights: coercive control », Journal of Gender-Based Violence, vol. 7, no 3, 2023-10, p. 435–449 (ISSN 2398-6808 et ISSN 2398-6816) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2024-06-27)]
- ↑ Organisme mondiale de la Santé (2012). Comprendre et lutter contre la violence à l'égard des femmes : la violence exercée par un partenaire intime (No. WHO/RHR/12.36). https://iris.who.int/bitstream/handle/10665/86232/WHO_RHR_12.36_fre.pdf
- ↑ Marion Tillous, « Introduction: », dans Espace, genre et violences conjugales, Presses universitaires de Vincennes, (ISBN 978-2-37924-258-8, DOI 10.3917/puv.tillo.2022.01.0007, lire en ligne), p. 7–21
- ↑ Organisme mondiale de la Santé (2012). Comprendre et lutter contre la violence à l'égard des femmes : la violence exercée par un partenaire intime (No. WHO/RHR/12.36). https://iris.who.int/bitstream/handle/10665/86232/WHO_RHR_12.36_fre.pdf
- ↑ Donna L. Ansara et Michelle J. Hindin, « Psychosocial Consequences of Intimate Partner Violence for Women and Men in Canada », Journal of Interpersonal Violence, vol. 26, no 8, 2010-05-25, p. 1628–1645 (ISSN 0886-2605 et ISSN 1552-6518) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2024-06-27)]
- ↑ Jacquelyn C Campbell, « Health consequences of intimate partner violence », The Lancet, vol. 359, no 9314, 2002-04, p. 1331–1336 (ISSN 0140-6736) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2024-06-27)]
- ↑ Roland Coutanceau et Muriel Salmona, « Violences conjugales et famille », {{{périodique}}}, 2021-03-03 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2024-06-27)]
- ↑ Simon Lapierre, Chantal Lavergne, Marjolaine Lord et Isabelle Côté, « La violence conjugale et la protection de la jeunesse: », dans Le meilleur intérêt de l'enfant victime de violence conjugale, Presses de l'Université du Québec, (ISBN 978-2-7605-5702-4, lire en ligne), p. 243–260