Recherche:Imagine un monde/Projet

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Présentation du doctorant[modifier | modifier le wikicode]

Formations universitaires antécédentes[modifier | modifier le wikicode]

Expériences professionnelles et bénévoles antécédente en lien avec la thèse[modifier | modifier le wikicode]

Travaux de recherche antécédents en lien avec la thèse[modifier | modifier le wikicode]

Ce projet de recherche se place dans le prolongement d'un ensemble de travaux universitaires et d'une accumulation d'expériences portant sur les changements de société observés au sein de l'espace numérique ou en lien avec celui-ci avec, depuis 2011 une attention particulière portée sur le mouvement Wikimédia.

En matière d'édition, cet acquis se traduit par :

Enjeux[modifier | modifier le wikicode]

Comme l'illustre bien le magazine Glo.be de septembre 2016, publié sous le titre « une révolution numérique pour le Sud »[1], ce que certains appellent déjà la « troisième révolution industrielle »[2] est porteuse d’espoir. En effet, au fil de sa lecture, nous découvrons tout un ensemble de témoignages réjouissants :

  • des systèmes de paiement par GSM en Somalie ;
  • de la fibre optique au Rwanda ;
  • des réseaux intelligents propres à l'internet des objets en Éthiopie ;
  • des applications contre l'impunité et des écoles se voient connectées directement au gouvernement en RDC ;
  • l'enregistrement des naissances par SMS au Bénin ;
  • des femmes issues des milieux défavorisés expertes en programmation au Pérou ;
  • des applications évaluatives dans des hôpitaux du Kirghizistan ;
  • des tablettes sont fabriquées par et pour les haïtiens au bénéfice de leurs écoles ;
  • une lutte contre les crises alimentaires et les épidémies avec l'aide d'opérateurs de téléphonie mobile ;
  • un soutien aux personnes réfugiées par contact téléphonique dans différentes parties du monde.

Tous ces projets illustrent concrètement certains bienfaits apparents de l'aire numérique dans les pays du Sud. Globalement, il mettent en évidence une interpellante et hyper rapide pénétration de la téléphonie mobile dans les pays du sud alors que d'autres technologies ou dispositifs de changement (microfinance, dispositifs anti-malaria, etc.) portés par des gouvernements ou des acteurs internationaux de développement garde un développement mitigé. Comme le souligne aussi le magazine Glo.be, la révolution numérique a un revers à sa médaille. Sur ce revers apparaîtra la décharge d'Agbogbloshie au Ghana et aux 50 000 personnes qui en (sur)vivent, les mines d'extraction des métaux précieux à l'industrie électronique contrôlées par des groupes armés, l'ombre du Big Data et ses dérives possibles en matière de marketing, les problèmes du respect de la vie privée et de l’anonymat dans des endroits du monde politiquement instables et propices à l'apparition de nouveaux génocides, et enfin la persistante question de la « liberté logicielle »[3] et des problèmes éthiques que soulève l'utilisation de « logiciels privateurs » pointés par Richard Stalleman[4]. Autre observation symbolique pour conclure ce paragraphe, le journal Glo.be dont nous venons de parcourir les titres arrête son édition papier. Il ne sera dorénavant accessible qu'en format numérique, enfin... pour ceux qui auront la chance d'avoir accès au matériel informatique nécessaire pour le lire ou l'imprimer.

Voici donc pour dresser le tableau.

Mais au bout du compte on est en droit de se poser la question de savoir qui dans tout ceci se soucie de l'avis des peuples du Sud ? Qui peut nous dire ce que ces gens pensent de la révolution numérique ? Comment ils la vivent au quotidien ? Quelles sont leurs peurs, leurs attentes, leurs appréhensions, leurs espoirs, leurs représentations du changement ? Comment toute cette nouveauté s’intègre-t-elle dans des identités culturelles et les structures familiales déjà grandement fragilisées par la mondialisation ?

Toutes ces questions et bien d'autres encore trouveront difficilement réponses chez les entrepreneurs du développement. Pour y répondre, il faut prendre la peine de partager la vie quotidienne de ces populations, de les écouter, les regarder, les observer, partager leurs besoins, leurs occupations, pour finalement se frayer un accès à leurs représentations du monde et de la révolution numérique en question. Tout ceci représente un travail pour lequel l'anthropologue semble parfaitement outillé grâce aux acquis engrangés par la discipline en matière d'expertise méthodologique et théorique.

Objectif du projet dans ses aspects méthodologiques et théoriques[modifier | modifier le wikicode]

Ce projet de thèse de doctorat tente de relever deux défis : d'une part, de combler un déficit scientifique en matière de publications anthropologiques sur un sujet encore peu abordé, d'autre part, de proposer et de tester, de nouvelles méthodes, de nouveaux outils, voire de nouvelles théories, dans le respect d'une tradition épistémologique propre au concept d'anthropologie prospective héritée de w:Mike Singleton[5].

Aspects méthodologiques[modifier | modifier le wikicode]

D'un point de vue méthodologique, ce travail de recherche s'effectuera de façon transparente, dialogique et en temps réel. La récolte d'informations, son traitement et la publication des travaux de recherche sera faite en ligne et au fil de l'eau sur la plateforme Wikiversité. De la sorte, toute personne intéressée par le sujet de cette recherche et disposant d'une connexion Internet pourra à tout moment et gratuitement consulter l'avancement des travaux. De plus, afin de garantir l'aspect dialogique de cette recherche, une invitation sera faite aux lecteurs et plus particulièrement aux membres des communautés concernées par la recherche de réagir au contenu via des pages de discussion annexées aux pages de recherches.

Au cours de la première phase d'exploration socio anthropologique, un état de l'art au sujet du thème de la recherche sera publié ainsi qu'une recherche sur les outils numériques de communication et de récolte de données les plus adaptés au projet. Durant cette phase, les visites de terrain seront de courte durée (deux à trois semaines). Cependant celles-ci permettront d'entamer un premier travail de terrain qui pourra se poursuivre via différents canaux de communication par Internet dans le but de garder contact avec les personnes rencontrées et poursuivre leur observation on line. Cette période d'environ un an sera l'occasion de tirer parti de l'enseignement offert par Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt dans leur ouvrage intitulé Manuel de recherche en sciences sociales[6]. Comme question de départ intrinsèque à cette méthode, nous choisirons : « Comment les peuples du Sud vivent-ils les changements imputés par la révolution numérique ? ». En complément à cette méthode de travail, nous retiendrons aussi les enseignements fournis par J. -C. Kaufman dans son ouvrage L'entretien compréhensif[7] en adaptant ses recommandations à la communication en ligne[8]. Cette première phase exploratoire sera aussi l'occasion de se positionner sur la question de plurivocité liée à tout travail de recherche établi dans un contexte globalisé[9] . Enfin, et ceci pour anticiper sur la composante subjective du travail de l'anthropologue, une prise de position sera faite parmi les quatre points cardinaux de l'éthique sociale tels qu'ils ont été proposés dans l'ouvrage de Christian Arnsperger et Philippe Van Parijs[10].

La deuxième phase du projet visera la mise en œuvre de travaux ethnographiques à proprement parler. Durant cette période qui couvrira plusieurs années, l'accent sera mis sur la méthode d'observation participante (hors ligne et en ligne) et la réalisation d'entretiens compréhensifs (hors ligne et en ligne). Durant cette deuxième étape, le souci de récolte et d'analyse de données quantitatives s'estompera pour faire place à « La rigueur du qualitatif » telle qu'elle nous a été enseignée par de Sardant dans son ouvrage du même nom[11]. En outre, pour amplifier la collecte d'informations, nous ferons aussi appel aux nombreux dispositifs d'analyse offerts pas l'anthropologie visuelle.

Aspects théoriques[modifier | modifier le wikicode]

D'un point de vue théorique, ce travail de recherche s'inscrit pleinement dans le prolongement d'une anthropologie des mondes contemporains comme elle fut décrite par Marc Augé[12]. Son développement empruntera des concepts anthropologiques comme « contre-don » hérité de Mauss[13], la notion d'« Idéel » introduite par Godelier[14], ou encore la perspective d'une « modernité insécurisée » décrite par Pierre-Joseph Laurent[15]. Les recherches sur « la servitude volontaire » vue par Alain Testar[16] pourront aussi nourrir notre réflexion. Nous n'hésiterons pas non plus à emprunter des théories issues d'autres disciplines. La sociologie par exemple pourra nous aider à mieux comprendre « les logiques de l'exclusion » grâce aux travaux d'Elias et Scotson[17]. La philosophie nous aidera à aiguiser notre regard critique grâce à des concepts clefs tel que le « panoptisme » de Michel Foucault[18] ou le « monopole radical » de Ivan Illich[19]. Enfin, l'observation de la révolution numérique ne pourra se faire sans faire appel aux connaissances théoriques liées aux nouvelles technologies de la communication. Pour ce faire, les sciences de l'informatique et de la communication devront elles aussi être mobilisées en fonction des circonstances. En résumé donc, ce projet de thèse adoptera une approche pluridisciplinaire tout en veillant à ne pas s’écarter de la discipline anthropologique pour laquelle il fera à terme, l'objet d'une évaluation en vue de l'obtention du titre de docteur.

Plan de travail[modifier | modifier le wikicode]

Phase exploratoire
  • Édition en ligne d'une synthèse de l'état de l'art couvrant le sujet de la thèse (sources secondaires).
  • Recherche de données statistiques, d'outils de récoltes de données (sources primaires).
  • Recherche d'outils de communication et de réseaux sociaux les plus adaptés au projet.
  • Première visite exploratoire de terrain au Ghana (septembre 2017).
  • Début de la formation doctorale, contact et observation en ligne des personnes rencontrées sur le terrain en plus de la poursuite des activités antérieures.
  • Deuxième, visite exploratoire en Tunisie (mars 2017).
  • Poursuite des tâches antérieures.
  • Troisième visite exploratoire en Amérique latine (septembre 2018).
  • Poursuite des tâches antérieures.
  • Évaluation et orientation du projet par le comité d'accompagnement suite à la première phase exploratoire.
Phase ethnographique
  • Séjours de terrain prolongés entrecoupés de périodes à domicile pour l'analyse des données, et la poursuite des observations en ligne.
  • Rapport écrit et présentation orale d'un premier état d'avancement en vue de l'épreuve de confirmation (mai 2019).
  • Poursuite du travail ethnographique et des analyses de terrain jusqu'à l’approbation du comité de thèse sur l'aboutissement des travaux.
  • Période d’ascèse pour la rédaction de la thèse jusqu'à l'approbation du comité doctoral sur sa remise en vue de la défense privée et publique.

Notes et références bibliographiques du projet de thèse par ordre d'apparition dans le texte[modifier | modifier le wikicode]

  1. « Révolution numérique pour le Sud », Glo.be (Périodique trimestriel de la coopération belge au développement), T.Hiergens, septembre 2016 [texte intégral]
  2. Philippe Escande et Sandrine Cassini, Voyage au cœur de la troisième révolution industrielle, Paris, Albin Michel, 2015 
  3. Christophe Lazaro, La liberté logicielle : Une ethnographie des pratiques d'échange et de coopération au sein de la communauté Debian, Bruylant-Academia, 2008 (ISBN 2872098615) 
  4. Angela Watercutter, « Why Free Software Is More Important Now Than Ever Before », WIRED [texte intégral (page consultée le 2017-05-14)]
  5. Mike Singleton, « De l'épaississement empirique à l'interpellation interprétative en passant par l'ampliation analogique : une méthode pour l'Anthropologie Prospective : Anthropologie prospective », Recherches sociologiques, Université catholique de Louvain, vol. 32, no  1, 2001, p. 15-40 (ISSN 0771-677X)
  6. Raymond Quivy et Luc Van Campendhoudt, , Dunod, 1995-05-15 (ISBN 2-10-002656-9)
  7. Jean-Claude Kaufmann, L'entretien comprehensif coll.128 n 137, Nathan, 1999-06-10 (ISBN 2-09-190469-4) 
  8. Madeleine Pastinelli, « Pour en finir avec l'ethnographie du virtuel ! Des enjeux méthodologiques de l'enquête de terrain en ligne », Anthropologie et Sociétés, vol. 35, no  1-2, 2011-01-01 (ISSN 0702-8997 et ISSN 1703-7921) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2017-05-15)]
  9. Nous faisons ici référence aux propos de Pierre-Joseph Laurent publiés dans : Olivier Servais et Jacinthe Mazzocchetti, Humanités réticulaires. Nouvelles technologies, altérités et pratiques ethnographiques en contextes globalisés, Louvain-la-Neuve, Acadelua-L'Harmattan s.a., 2015 (ISBN 978-2-8061-0249-2) [lire en ligne] 
  10. Christian Arnsperger et Philippe Van Parijs, Éthique économique et sociale, La Découverte, 2003 (ISBN 978-2-7071-3944-3) 
  11. Jean-Pierre Olivier de Sardan, La rigueur du qualitatif : Les contraintes empiriques de l'interprétation socio-anthropologique, Editions Academia, 2008-11-28 (ISBN 9782872098972) 
  12. Marc Augé, Pour une anthropologie des mondes contemporains, Flammarion, 2010-10-06 (ISBN 978-2-08-124486-3) 
  13. Marcel Mauss, Essai sur le don : Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques, Presses Universitaires de France - PUF, 2007-10-05 (ISBN 2-13-055499-7) 
  14. Maurice Godelier, L'idéel et le matériel : Pensée, économies, sociétés, Flammarion, 2010-10-06 (ISBN 2-08-123840-3) 
  15. Pierre-Joseph Laurent, Les pentecôtistes du Burkina Faso: mariage, pouvoir et guérison, KARTHALA Editions, 2009 [lire en ligne] 
  16. Alain Testart, La servitude volontaire, t. I et II, Paris, Errance, 2004 (ISBN 9782877722742) 
  17. Norbert Elias et John L Scotson, Logiques de l'exclusion. Enquête sociologique au coeur des problèmes d'une communauté, Fayard, 1997-09-17 (ISBN 2-213-59955-6) 
  18. Michel Foucault, Surveiller et punir. naissance de la prison., Gallimard, 1977-01-01 
  19. Ivan Illich, Energie et équité, Seuil, 1975-10-01 (ISBN 9782020042512) [lire en ligne]