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Introduction à la science des matériaux/Le cristal parfait

Leçons de niveau 14
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Nous étudions le modèle du cristal parfait, qui est un des modes d'organisation des atomes dans la matière solide. Nous en déduisons les propriétés que cette organisation confère à la matière.

Durée recommandée : 1 h.

Généralités

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La cristallographie est la science décrivant les cristaux. Elle est née de l’observation de la forme extérieure des cristaux.

Cliché de Laue : diffraction de rayons X sur un monocristal, mettant en évidence l'organisation de la matière

Elle s’est consolidée grâce à la radiocristallographie (diffraction de rayons X sur des cristaux), qui a permis l'étude de l’organisation interne des cristaux.

Déformation élastique : les atomes se resserrent ou s'écartent, mais gardent leur position dans le cristal
Déformation plastique : les atomes glissent les uns par rapport aux autres

L’organisation des atomes dans le cristal détermine :

  • la forme possible de ses faces (clivage) ;
  • les possibilités de déformation plastique (glissement des atomes entre eux) ;
  • l’anisotropie des propriétés : les cristaux n'ont pas les mêmes propriétés selon la direction que l’on considère (rigidité, propriétés optiques, …) ;
  • la possibilité « d’accueillir » des atomes étrangers (alliages, impuretés dans les « espaces vides »).

Le réseau cristallin

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Cristal monotatomique : empilement régulier à trois dimensions d'atomes

Un cristal parfait est un empilement infini et régulier d’atomes ou de molécules.

Cristal : un motif qui se répète aux nœuds d’un réseau

Un cristal peut se représenter comme un motif qui se répète aux nœuds d’un réseau.

Dans le cadre du présent cours, nous prendrons souvent comme exemple des cristaux dont le motif est formé d'un seul atome ; c’est en effet le cas de la plupart des métaux purs. Cependant, ce n’est pas le cas général.

Mailles élémentaires d'un réseau

Le réseau peut être décomposé en cellules ayant les mêmes symétries que le réseau complet : ce sont les mailles élémentaires.

Réseau : empilement de mailles élémentaires

Le réseau peut être vu comme des mailles élémentaires qui se juxtaposent.

On classe les mailles selon leurs symétries :

parallélépipèdes rectangles
parallélépipèdes droits
parallélépipèdes obliques

Par ailleurs, les réseaux peuvent être

  • simples : un nœud à chaque sommet ;
  • centrés : + un nœud au centre ;
  • à faces centrées : + un nœud au centre de chaque face ;

ce qui donne les 14 réseaux de Bravais.

Les 14 réseaux de Bravais
Système Simple Centré À 2 faces centrées À faces centrées
Cubique
Hexagonal
Tétragonal
Rhomboédrique
Orthorhombique
Monoclinique
Triclinique

Exemples :

  • Cubique centré (cc) : fer α (ferrite), tungstène, vanadium ;
  • Cubique à faces centrées (cfc) : cuivre, aluminium, fer γ (austénite), nickel, or, plomb… tous les métaux ductiles ;
  • Hexagonal : carbone graphite, titane.

Dans le cadre du présent cours, nous ne nous intéresserons qu'aux structures cubiques, qui sont les structures les plus courantes pour les métaux.

Ordre chimique

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Un motif peut être formé de plusieurs atomes différents. Dans ce cas, on a un ordre chimique dans le cristal (alternance régulières des différents types d'atome).

Structure CsCl/B2

Par exemple, la structure ci-contre, dite « CsCl » ou « B2 » (notation du journal Strukturbericht), ressemble à une structure cubique centrée. En fait, c’est une structure cubique simple. On a une alternance d'atomes ou d'ion selon la grande diagonale.

C'est le cas du chlorure de césium (CsCl)

les ions Cl- occupent les sommets des cubes et les ions Cs+ occupent les centres des cubes, ou vice versa,

et de quelques alliages dits « ordonnés », comme l'aluminiure de fer FeAl par exemple

les atomes Fe occupent les sommets des cubes et les atomes Al occupent les centres des cubes, ou vice versa.
Structure NaCl/B1

La structure ci-contre, dite « NaCl » ou « B1 » (notation du journal Strukturbericht), est une structure cubique à faces centrées (cfc) avec alternance chimique le long des arêtes du cube. C'est le cas du sel de table (chlorure de sodium NaCl), du chlorure de potassium (KCl) et de la galène (PbS).

Relations géométriques

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Réseau cubique centré

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Un réseau cubique centré a deux motifs par maille

Une maille élémentaire d'un réseau cubique centré (cc) contient deux motifs par maille, c'est-à-dire, dans le cas d'un cristal monoatomique, deux atomes par maille. En effet, les motifs situés aux sommets du cube sont partagés entre les huit mailles voisines ; on a donc :

  • 8 sommets avec chacun 1/8 motif, 8 × 1/8 = 1 motif ;
  • le motif central qui compte pleinement.
Relations géométriques pour un cristal monoatomique cubique centré

Considérons une arête du cube. Sa longueur est le paramètre de maille a. Deux atomes s'alignent sur cette arête, donc la distance entre les centre des atomes est a (problème des « piquets et des bouts de ficelle »).

Considérons la grande diagonale du cube. Cette diagonale a pour longueur . Trois atomes s'alignent sur cette diagonale, donc la distance entre les centres des atomes est . Donc les atomes sont au contact sur la grande diagonale et non sur les arêtes.

La longueur de la grande diagonale est donc égale à quatre fois le rayon atomique r :

.

La compacité c est le rapport entre l'espace occupé par les atomes, considérés comme des sphères, et le volume de la maille. On a deux atomes par maille soit

C'est-à-dire que les atomes occupent environ 68 % du volume du cristal et que l’on a 32 % de vide.

La masse volumique mesurée pour le fer α, ou ferrite, de structure cubique centrée, vaut

ρFe α = 7 874 kg/m3.

Par diffraction de rayons X, on détermine que le paramètre de maille vaut

a = 2,87 Å.

On en déduit la masse molaire atomique MFe ainsi que le rayon atomique rFe :

 ;
une maille a un volume
V = (2,87⋅10-10)3 = 2,36⋅10−29 m3,
et contient
n = 2/N = 3,32⋅10−24 mol de fer,
donc la masse d'une maille vaut
m = ρFe αV = 7 874 × 2,36⋅10-29 = 1,86⋅10−25 kg
et donc
soit 56 g/mol.

Un calcul littéral nous donne

.
Note
La valeur du rayon atomique retenue est légèrement différente : rFe = 126 pm.

Les relations géométriques dans la maille permettent donc de déterminer la compacité c et, à partir de valeurs mesurées expérimentalement (ρFe α, a), de déterminer le rayon atomique rFe et la masse molaire atomique MFe.

Réseau cubique à faces centrées

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Réseau cubique à faces centrées
Exercice
À partir de la description de la maille cubique à faces centrée ci-contre,
  • déterminer le nombre d'atomes par maille ;
  • calculer la relation entre le paramètre de maille a (longueur d'une arête du cube) et le rayon atomique rFe ;
  • calculer la compacité c.
Exercice
Le fer γ, également appelé austénite, a une structure cubique à faces centrées (cfc). À partir des données déterminées ci-dessus (rFe = 124 pm et MFe = 56 g/mol), déterminer le paramètre a de la maille et la masse volumique de l'austénite ρFe γ.

Le réseau cubique à faces centrées a une compacité plus grande que le réseau cubique centré, donc logiquement, l'austénite a une masse volumique plus importante que la ferrite. CLa plupart des aciers inoxydables sont austénitiques, ils ont donc une masse volumique plus importante que la plupart des autres aciers.

Sites interstitiels

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Sites interstitiels dans un réseau cubique centré
Sites interstitiels dans un réseau cubique à faces centrées

L'empilement des atomes laisse de l'espace vide. Cet espace peut être occupé par de petits atomes, des atomes de faible numéro atomique Z, typiquement C, H, N.

Les endroits du cristal où les l'espace vide est maximal sont appelés sites interstitiels. Pour les réseaux cubiques centrés et cubiques à faces centrées, on distingue deux types de sites interstitiels :

  • les sites octaédriques : c’est le vide entre six atomes formant un octaèdre, ce sont les sites les plus « spacieux » ;
  • les sites tétraédriques : c’est le vide entre quatre atomes formant un tétraèdre.
Sphère maximale dans un site octaédrique d'un réseau cubique centré

Dans un réseau cubique centré, le diamètre de la plus grande sphère inscrite dans un site octaédrique vaut a - 2r, donc le rayon RO de cette sphère vaut

.
Exercice
Calculer le rayon RO d'un site octaédrique d'un réseau cubique à faces centrées en fonction du rayon atomique r.

On voit donc que pour un même rayon atomique r, RO est 2,7 fois plus grand dans un réseau cubique à faces centrées que dans un réseau cubique centré. Dans le cas du fer (rFe = 1,26 Å) :

  • ferrite (fer α, cc) : RO = 0,19 Å ;
  • austénite (fer γ, cfc) : RO = 0,52 Å.

Cette notion de site interstitiel a une importance capitale en ce qui concerne les impuretés et les alliages, puisque de petits atomes peuvent se loger dans ces sites.

Déformation plastique et directions de glissement

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Jeu de cartes, analogie avec le glissement de plans atomiques.

La déformation plastique se fait par « glissement » de « plans atomiques ». On peut voir cela comme les cartes d'un jeu de cartes qui glissent les unes sur les autres.

Distance de glissement selon la direction

Un plan atomique est un ensemble des atomes situés sur un plan géométrique. Entre le début et la fin du glissement, la structure du cristal doit être la même ; seule la forme extérieure a changé. La distance de glissement minimale est donc la distance séparant deux atomes sur la rangée atomique le long de laquelle le plan glisse.

Le glissement va donc se faire essentiellement selon les directions les plus denses : la distance minimale étant plus courte, l'effort à fournir est moindre.

Nombre de directions de glissement facile

Sur la figure ci-contre, nous voyons que :

  • sur la structure du haut, il n'y a que deux orientations denses, de glissement facile ;
  • sur la structure du bas, il y en a trois.

La structure du bas se déforme donc plus facilement que celle du haut.

Ainsi, certains réseaux sont de fait plus ductiles que d'autres. Le réseau le plus ductile est le réseau cubique à faces centrées : c’est celui qui présente le plus de modes de glissement. Tous les métaux « mous » sont de structure cfc : or, argent;, plomb, cuivre, étain, aluminium, austénite, …

Outre la forme extérieure des gemmes comme nous l'avions déjà vu, l'organisation atomique des cristaux permet de comprendre la relation entre :

  • masse volumique et la masse molaire atomique ;
  • la dimension des atomes et la masse volumique ;
  • la dimension des atomes et l'espace disponible pour des impuretés et éléments d'alliage.