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FRA3826-Poster: Pistes de solution pour le journalisme en ligne

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Pistes de solution pour le journalisme en ligne

Caleb Roy
20/12/2019
Université de Montréal
fr
Outil : Stylo
Corpus : journalisme et médiation
Résumé : Ce projet d'édition numérique propose de remédier aux problématiques contemporaines concernant les pratiques éditoriales dans le monde du journalisme tout en incorporant les principes de production collaborative permis par le web.
Mots-clefs : journalisme, journalisme en ligne, médiation, stylo, sens public, numérique, journal, web, plateforme, collaborative, édition, réseaux sociaux


Présentation

La presse écrite vit une crise suite à l'avènement du numérique.

La révolution numérique impacte les salles de presse, c'est évident. Ces mutations ont des conséquences sur l’identité professionnelle du journaliste qui tentent notamment d’accommoder leurs pratiques à la dématérialisation de l’information et aux usages des réseaux sociaux. De ce modèle économique où l'attention est extrêmement payante, mais toujours plus dur à capter, une information de piètre qualité délivrée au plus grand nombre semble devenir la coutume ambiante. À ce titre, il devient évident qu'il nous faut repenser les médias d'aujourd'hui pour créer ceux de demain et ainsi, rémunérer le travail pointu des journalistes tout en intégrant la participation du public.

Dans le cadre du cours Théories de l'édition numérique, la réalisation d'un projet d'édition dans un contexte numérique portera sur la création du JournalWeb, un journal nouveau genre à mi-chemin entre média et plateforme collaborative qui offre à ses utilisateurs un espace d'échange pour téléverser du contenu multimédia et publier des articles. Les enjeux et problématiques liés à ce projet seront adéquatement commenter tout comme sa façon de s'inscrire dans le courant des humanités numériques.

JournalWeb

JournalWeb est un projet ayant comme prémisse une primauté de la qualité de l'information. JournalWeb se distingue des médias traditionnels ayant actuellement amorcé le virage numérique notamment par son modèle éditorial unique. L’expérience récente a prouvé que la discussion des journaux avec leurs lecteurs n’avait de sens qu’à condition d’y investir les moyens et les compétences suffisantes, dont celles des journalistes qui ont rédigé les articles. Quand l’espace de commentaires est un lieu d’expression laissé à lui-même et où la modération à des sociétés exerçant dans des pays à coûts salariaux plus faibles, cet espace peut devenir toxique, au point que certains journaux ont fermé le leur[1]. Or, plutôt que de conserver une chaîne de production d'information traditionnelle, donc de confier uniquement la production d'information à des employés, JournalWeb offre la possibilité aux usagers d'être partie prenante et d'assumer un rôle de journaliste participatif/citoyen dans ce nouveau paradigme où tout le monde peut trouver son compte. En effet, il est tout aussi possible pour un internaute de consulter JournalWeb que de participer à son développement. La différence avec une plateforme strictement collaborative est la présence de journalistes qui, de par leur formation et impératifs déontologiques, vont non seulement publier sur JournalWeb de la même façon qu'ils le feraient dans une entreprise de presse (aux côtés des internautes), mais assurer la qualité de l'information diffusée. Lors de la réception d'un article produit par un internaute, leur fonction sera de le corriger, le vérifier, le complémenter voire, le commenter.

La profession de journaliste est par conséquent revalorisée dans un contexte numérique 2.0 trop souvent dominé par l'opinion, les trolls et les commentaires haineux.

Corpus théorique

Le statut social du journaliste prend naissance à la fin du XIXe siècle:[2]

« Il s’agissait avant tout de définir un statut social et d’assurer des conditions économiques décentes. L’occasion était donnée aussi d’établir un cadre déontologique adéquat, en vue d’assurer la dignité du métier et de mettre autant que possible le journalisme à l’abri des foudres de la loi[3]. » (Cornu, 2013).

Or, ce cadre déontologique qui permettait au journalisme de se poser comme le 4e pouvoir (watchdog) devant les différents pouvoirs politiques (législatif, exécutif et judiciaire) est aujourd'hui contesté par le web qui multiplie les attaques contre lui. Par exemple, la figure du blogueur, exprime cette nouvelle liberté de partager idées, contenu et opinions sans forcément faire partie d'un ordre professionnel ou même d'exercer ce travail d'enquête qui caractérise le journalisme de qualité. On estime qu'en France, la profession perd près de 600 journalistes par année; le constat est encore plus lourd aux États-Unis où l'on compte de 2007 à 2015 plus de 20 000 journalistes de la presse quotidienne en moins[1]. Combiné à la multiplication des appareils-écrans avec des interfaces conçues pour capter l'attention plutôt qu'à susciter le débat et la réflexion, cette réalité nous invite à faire autrement, car outre les perturbations liées aux nouveaux modes d'accès à l'information, le journalisme n'est pas une fonction sociale appelée à disparaître[1].

Le JournalWeb proposé serait par conséquent une plateforme modérée et gérée par de véritables journalistes mais dont la plupart du contenu serait généré par les utilisateurs. Répartis selon des thèmes, les utilisateurs pourraient soumettre des articles alors que les journalistes travaillant sur le journal œuvrerait sans cesse à étoffer l'information fournie par les utilisateurs, la contredire avec des faits ou simplement la valider. Ce projet d'édition a pour but d'ouvrir le débat dans ses aspects les plus constructifs ce qui aurait pour but de contrecarrer la polarisation actuelle du monde vécue sur la plupart des réseaux sociaux.

Problématiques et enjeux qui touchent le journalisme en ligne

Médiation

La pratique de l'édition numérique sous entend forcément une médiation, un processus qui implique une interprétation de part et d'autre notamment pour l'ordinateur qui doit traiter du code et des données qui traduisent le langage numérique en quelque chose d'intelligible pour l'usager. Le JournalWeb intégrera nécessairement une logique de médiation d'abord parce qu'il est lui-même un média, mais également parce qu'il est un environnement numérique rédigé via le code.

Légitimation du contenu

Initiée par la désintermédiation, la crise de légitimité de contenu dans le numérique continue de faire son oeuvre un peu partout. Dans le milieu académique, l'importance de la légitimation de contenu est encore plus grande, car elle peut souvent dicter le futur d'une recherche. Or, le JournalWeb répond à cet enjeu grâce à la tâche éditoriale réalisée sur l'information produite par les usagers par les journalistes de formation.

Pérennité du document

La «pérennité du document» fait appel à la capacité d'un document à traverser le temps. Le format d'un document influence grandement sa durée de vie; il est pensable qu'un texte encodé dans un format propriétaire puisse d'ici quelques années être endommagé ou carrément perdu en raison de sa faible interopérabilité. En utilisant Stylo comme éditeur de texte pour tous les textes produits sur JournalWeb, le projet fait partie la solution (voir section « Outil numérique » plus bas).

Humanités numériques

« Les humanités numériques (traduction française de digital humanities, abrégées "DH", voire humanités digitales2) sont un domaine de recherche, d'enseignement et d’ingénierie au croisement de l'informatique et des arts, lettres, sciences humaines et sciences sociales »[4]. Les humanités numériques consistent à intégrer un humanisme dans la développement des outils numériques, en commençant par l'abandon de la dualité manichéenne de l'homme et de la machine. Au contraire, le numérique ne doit pas être perçu comme un objet, mais comme un sujet avec lequel l'humain numérique doit évoluer. La mission du JournalWeb témoigne de cette volonté, d'abord parce qu'il cherche à préserver l'héritage culturel et le statut du journaliste comme la tradition le veut, c'est-à-dire « toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources »[5], mais également à s'approprier les usages du web dans le but d'en faire profiter sa pratique.

Outil numérique

L'environnement de travail de Stylo intègre une chaîne éditoriale complète basée sur pandoc[6].

La mise en œuvre de ce projet doit se faire grâce à l'éditeur numérique Stylo qui, autant dans son architecture que dans sa mise en œuvre, rencontre la logique intrinsèque du journal en ligne défini plus tôt. La philosophie de l'éditeur de texte Stylo consiste à « remettre dans les mains des chercheurs et des éditeurs la gestion du balisage en s'appuyant sur leurs compétences sémantiques plutôt que graphiques »[6]. En vertu de cet apport sémantique, mais également en raison de son libre accès, Stylo sera l'éditeur de texte au cœur de notre projet d'édition numérique. Stylo nous permettra de repenser la chaîne éditoriale en incorporant dès la production du texte des balises qui pourront structurer le document sur potentiellement une infinité de formats différents, d'où l'enjeu d'interopérabilité énoncé ci-haut. En planchant déjà sur cette stratégie, la revue Sens public se présente déjà comme un exemple de médiation, le projet de journal en ligne proposé tentera de faire de même avec une vision plus grand public que savante.

L'environnement de travail de Stylo intègre une chaîne éditoriale complète basée sur pandoc et outillée des modules suivants[7] :

  • un éditeur de métadonnées
  • un gestionnaire de versions
  • un gestionnaire de la bibliographie
  • différents formats d'export : HTML5, ODT, DOCX, EPUB, XML (TEI, ÉruditArticle), PDF, ICML, ...
  • un outil d'annotation (hypothes.is)
  • le partage des documents pour une édition collaborative

Stylo est un projet réalisé en partenariat avec Érudit.

Références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Cardon, D. (2019). Les médias face à la révolution numérique. Dans : , D. Cardon, Culture numérique (pp. 247-260). Paris: Presses de Sciences Po.
  2. Amiel, P. (2017). ‪Le journalisme de solutions, symptôme des mutations de l’identité professionnelle des localiers‪. Questions de communication, 32(2), 307-324. https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2017-2-page-307.htm.
  3. Daniel Cornu, « Journalisme en ligne et éthique participative », Éthique publique. Revue internationale d’éthique sociétale et gouvernementale, vol. 15, no  vol. 15, n° 1, 2013-05-15 (ISSN 1488-0946) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2019-12-14)]
  4. « Humanités numériques », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  5. « Journaliste », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  6. 6,0 et 6,1 « Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques », sur ecrituresnumeriques.ca (consulté le 14 décembre 2019)
  7. « Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques », sur ecrituresnumeriques.ca (consulté le 14 décembre 2019)