Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/-effe ou -èfe ou -effesse ou -eftaine, -ef, -ève

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Dans le corpus considéré, ne s’applique qu’au radical chef-. Celui-ci provient de l’ancien français, qui le rend par chiés et chief respectivement au cas sujet et au cas régime, tous deux dérivant du latin caput : tête[1]. Ce dernier est donné comme dérivation de l’indo-européen commun *káput : tête, pot, qui serait entre autres aussi à l’origine de Haupt en allemand, et head en anglais, tous deux ayant le sens de tête[2].

L’alternance isonèphe en -ève peut s’appuyer sur l’étymologie de chève, qui correspond à plusieurs formes du verbe chever, qui pour sa part vient de l’ancien français chever : finir, achever, lui même issu du latin *capare : mettre un terme, ce dernier étant évidemment lui aussi dérivé du latin caput. La terminaison -ève se retrouve dans les termes épicènes élève et Suève.

Pour les alternances ostentatoires, la permutation vers -v- en place de -f- entraînerait un conflit avec les alternances spontanées pour chauve. De plus, la volonté d’éviter les connotations péjoratives fortuites nécessite d’éviter tant chiẽf, trop proche des termes vulgaires que constituent chier et ses dérivés, que chìf, homophone de chiffe qui désigne une nullitude, peu employé en lexie autonome mais fort courante dans le terme chiffe molle. D’où une alternance du ch- initiale vers un graphème codant la consonne occlusive vélaire sourde /k/, renvoyant à l’étymologie latine caput. Si des termes comme chi et chiton suffiraient à argumenter l’emploi d’un chi- inchangé graphiquement pour codert le son /ki/, une telle proposition demeurait trop peu convoyeuse de l’association grapho-phonique visée. C’est pourquoi c’est plutôt khi- qui est ici retenu, reprenant le graphème déjà existant par exemples dans khi, khinganite ou khinkal.

Il faut noter que du fait de son origine métaphorique, le terme chef dans un groupe nominal de genre équivoque peut désigner des personnes quel que soit leur sexe. Cela à l’instar du mot tête, qui désigne statistiquement plus un individu mâle dans l’expression la tête de ce réseau mafieux, et statistiquement plus un individu femelle dans la tête de la promotion universitaire[3][4]. Tout un ensemble de synonymes signifiant partie la plus prévalante d’un organigramme social arborescent servent d’ailleurs de base à des métonymies analogiques : cerveau, cervelle, couronne, matière grise, pointe, sommet, visage. Ceci étant, contrairement à ces derniers, en perspective synchronique les locutaires semblent souvent ignorer ou ne pas tenir compte de cette origine métaphorique, au point de favoriser l’émergence d’usages lui appliquant une alternance morphologique — voilà bien un comportement de tête de mule que chacun jugera à l’aune de ses propres lumes.

Tableau synoptique des alternances respectives de chauve, cheffe et chiffe
chauve chiẽve chìlve chāve chǫïve chûve
cheffe

chèfe

cheferesse

chefferesse

cheffesse

cheftaine

chef chève

cheft

cheffurge

cheftaire

chẽif chaìf chāf chǫf chûf
chiffe chiẽtte chìtte chiãçe chiǫtte chiûrre

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. « chef », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
  2. « caput », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
  3. Clément, « Femme mafieuse : portrait de 6 femmes dangereuses ! », sur Mafieux, (consulté le 14 mars 2023)
  4. « Pourquoi les filles ont de meilleures notes à l’école ? », sur Magicmaman.com (consulté le 14 mars 2023)