Villes à la fin du Moyen Âge/Sienne au XIIIème siècle
Sienne, une ville à la fin du Moyen Âge d'après les fresques de Lorenzetti
[modifier | modifier le wikicode]Les effets du bon et du mauvais gouvernement sont deux fresques murales d'Ambrogio Lorenzetti situées à la Sala Dei Nove à Sienne, ville créée à la fin du Ier siècle, devint un évêché au Ve siècle en Italie puis une commune en 1147. Elles ont été peintes entre février 1338 et mai 1339 et nous proposent deux visions différentes du même endroit et font également des allégories d'un bon et d'un mauvais gouvernement.
Effets du Bon Gouvernement dans la ville
[modifier | modifier le wikicode]- Au premier plan, nous pouvons voir, des individus, principalement des femmes faisant une ronde. Cela veut sans doute montrer que le bon gouvernement en ville permet la bonne entente et la joie qu'il y a entre les habitants.
- Au second plan, à droite, nous pouvons apercevoir toutes sortes de commerces (cordonniers, boutiques de vin et de charcuteries, tisserands). Une école est aussi visible, où des moines apprenaient aux enfants la lecture, le calcul, le latin, le chant et parfois l'écriture. Cela met donc en valeur le pouvoir religieux, très présent à cette époque.
- Plus à droite encore, nous pouvons distinguer des chevaux transportant de la marchandise, probablement venue de la campagne (vin, pain, olives, ...).
- Au premier plan à gauche nous pouvons remarquer la présence de chevaux décorés ainsi que leurs cavaliers. Sur le cheval blanc nous pouvons distinguer qu'il y a une personne vêtue d'une longue robe rouge et à la longue chevelure dorée, tressée, ornée d'une couronne à l'allure fière qui se dirige vers l’extérieur de la fresque (allégorie de la noblesse). Un peu plus à droite, deux chevaux sont eux-aussi décorés mais un peu moins que le cheval blanc ; l'un a la robe noire et l'autre a la robe baie. Sur le dos de ceux-ci se trouvent deux hommes vêtus de bottes, d'une cape et d'un casque ; on en conclut donc que ce sont des chevaliers (allégorie de la chevalerie).
- En haut du tableau, les bâtiments surplombent la ville. Certains sont en réparation ou en construction comme nous indique la présence d'individus qui semblent construire une habitation, au centre de la fresque avec la présence d'un échafaudage et de pierres semblables à des briques transportées par des ouvriers. Il y a beaucoup de tours, symbole de la richesse et donc de la puissance des riches marchands qui les ont fait construire, cela met en évidence les rivalités qu'ils pouvaient y avoir entre les différentes familles de marchands.
Effets du bon gouvernement à la campagne
[modifier | modifier le wikicode]- Au premier plan, nous pouvons voir, à gauche, des paysans travaillant la terre et sûrement des vignes.
- Au-dessus d'eux, se trouve un convoi de chevaux transportant sans doute des nobles ou encore des riches (marchands ou bourgeois). Nous pouvons aussi remarquer la muraille que ces derniers ont traversée séparant la ville de la campagne.
On peut constater que le peintre a représenté les quatre saisons de la culture du blé dans une scène au centre de sa fresque.
- Le printemps, en bas à gauche avec la semence (enfouissement des graines pour former la plante en question).
- L'été, en haut à gauche, qui est symbolisé par la moisson (récolte du blé ou des céréales à l'aide d'une faucille pendant le mois d'août).
- L'automne, en bas à droite, le battage (battre les épis de blé avec un fléau pour séparer les grains qui seront ensuite moulus et transformés en farine et de la paille qui nourrira les animaux l'hiver)
- L'hiver, est enfin en haut à droite, le labour (retournement de la terre produit par la force de plusieurs chevaux ou bœufs, afin d'enfouir ce qu'il y a à la surface, d'aérer la terre et ainsi commencer le prochain ensemencement).
Allégorie du bon gouvernement
[modifier | modifier le wikicode]On commencera par analyser la partie de gauche du tableau où se trouve la femme couronnée.
- En haut à gauche du tableau, on peut voir une femme imposante portant une soutane rouge et une couronne assise sur un trône : elle est l'allégorie de la justice.
- Autour d'elle, on distingue une balance de Thémis, représentant évidemment la justice. Sur chaque plateau de cette balance, on retrouve deux personnages ailés. À droite, la scène est éclairée : on voit deux habitants qui sont assez vêtus de vêtements recherchés et colorés et font donc partie du peuple gros, ils donnent de l'argent à l'ange : cela peut être interprété comme une représentation de la justice du commerce ou comme la représentation de bourgeois qui "achètent" la justice, autrement dit de la corruption. De l'autre côté, une figure rouge semble châtier quelqu'un de plus pauvre puisqu'il ou elle porte des haillons parce qu'il est violent (épée à terre) et il bénit l'autre personne car elle a bien travaillé : ils font tous les deux partie du peuple menu. Cet ange représente la justice de la punition et des récompenses. La vision de la justice est donc différente selon les classes sociales.
- Au dessus de la reine se tient un personnage avec un livre épais : on devine qu'il s'agit de la Bible, et que le personnage est le roi Salomon car il possède une couronne sur la tête, et que Salomon est connu comme le roi juge.
- En dessous de la figure féminine représentée au centre, il y a une grande femme avec un rabot dans les mains qui représente l'allégorie de l'égalité, de la concorde et de l'union.
- On peut remarquer, que la composition globale de cette partie est en forme de croix dont le centre est le grand personnage assis sur un trône. Cela indique un second sens à cette partie du tableau : le pouvoir au centre de la croix renvoie au gouvernement épiscopal (= de l'évêque) à Sienne.
On analyse ensuite le reste du tableau :
- On peut noter qu'il y a un vieillard avec la barbe blanche représentant le pouvoir, vêtu de bleu et vert et couronné. Il porte un bouclier et la main de justice : c'est le gouvernement de Sienne, celui-ci représente l’allégorie de la justice.
- La figure blanche allongée sur le coté, à l’extrême gauche, représente la paix car elle a une branche d'olivier dans la main et a une attitude très calme. c'est l'allégorie de la paix.
- À sa gauche, on observe une femme plus forte, qui semble prête à se battre puisqu'elle est armée, elle est vêtue d'une cote de maille de chevalier. Elle demeure paisible et représente donc la force, mais pas l'agressivité : elle défend le peuple. c'est donc l'allégorie de la paix.
- La figure à ses cotés porte un métier à tisser, ce qui représente la prudence.
- Dans la partie droite, se trouve une femme avec un panier dans les mains : allégorie du partage, de la magnanimité et celle tenant un sablier est l'allégorie de la patience, tempérance en latin. Quant à celle avec une tête coupée sur les genoux…[Quoi ?]
Sens polysémique
[modifier | modifier le wikicode]D'une part, elle comprend un message philosophique sur la nature du bon gouvernement : Lorenzetti nous montre et symbolise la justice par de nombreux rappels. Il nous fait part de l'égalité vis-à-vis de la justice, représente Salomon (roi-juge). Lorenzetti représente la justice du commerce et la soumission du peuple menu et de celle du peuple gros. Il représente aussi les différentes qualités que doit avoir le bon gouvernement. Le bon gouvernement est celui qui respecte les 9 vertus et qui est justice, et qui permet l'égalité de tous. D'autre part, elle a aussi un message historique puisque sont représentées les étapes de Sienne pour devenir un bon gouvernement. Le gouvernement épiscopal (évêques) du VIe siècle jusqu'en 1167 puis le gouvernement des 24 jusqu'en 1310 et enfin le bon gouvernement des 9 jusqu'en 1355.
Effets du Mauvais Gouvernement à la ville
[modifier | modifier le wikicode]Cette fresque symbolisant le mauvais gouvernement à Sienne est placée en opposition par rapport au bon gouvernement. L'œuvre compte une personne centrale et neuf personnages autour de lui d'où la référence aux Nove et chacune de ces figures renvoie aux vices du bon gouvernement.
- Au centre, un homme vêtu de rouge et noir avec des cornes, personnage qui incarne Belzébuth, créature démoniaque. Il est l'instigateur de ce groupe. Lorenzetti en fait la personnification du mauvais gouvernement.
- Aux pieds de Belzébuth, une forme avec des cornes également, des sabots et une barbiche qui représente un bouc. Celui-ci se réfère à Belzébuth, c'est un symbole de Belzébuth doublé car les deux personnages possèdent des cornes, et l'odeur du bouc est souvent associée à Belzébuth. Ce bouc regarde Belzébuth (son maître) avec admiration.
- En dessous du bouc, il y a un corps drapé de blanc, qui est en réalité un mort dans son linceul démontrant la justice qui dans cette fresque est vaincue. C'est l'allégorie de l'innocence dans un linceul.
Afin d'expliquer à quoi renvoient les personnages suivants, nous débuterons par le personnage tout à droite et nous finirons par la gauche :
- À droite, figure un personnage avec un bouclier qui part à l'assaut, un soldat qui se rapporte à l'allégorie de la guerre et de l'armée qui est très présente durant la rude période de lutte de factions qu'a vécu Sienne.
- À gauche du soldat, apparaît une personne tenant une scie entre ses mains incarnant donc la division, allégorie de la séparation du peuple et donc de la ville.
- Auprès du démon (à droite de Belzébuth), se trouve un minotaure (personnage ayant un corps mi-homme mi-taureau) exprimant la colère et l'allégorie de celle-ci ainsi que la violence, la puissance, la force et surtout l'agressivité. C'est l'allégorie de la folie car il tient un couteau dans ses mains.
- De l'autre côté de Belzébuth, un outil, un passe-partout détenu par un personnage : le crochet à serrure. Cet outil plutôt associé aux voleurs qui permet d'ouvrir les portes sans clés et sans laisser de trace symbolise la fraude.
- Du côté gauche de la fresque, demeure une personne portant un mouton, ce mouton évoque le sacrifice d'Abraham dans la Bible et qui, par conséquent, représente l'allégorie de la trahison.
- Tout à gauche, un piège à ours occupé les mains d'un homme, c'est l’illustration de la cruauté, de la lâcheté.
Précisions sur les trois petits personnages au-dessus de Belzébuth :
- À gauche, un démon qui tient une clé, la clé d'un trésor, d'un coffre, non ouvert, symbole de l'avarice.
- Au milieu, un démon, un superbe démon vêtu d'une couleur rouge représentant la fierté.
- À droite, un démon qui se contemple dans un miroir, incarnation du narcissisme.
Ces 3 démons représentent les vices du mauvais gouvernement.
Effets du Mauvais Gouvernement à la campagne
[modifier | modifier le wikicode]Cette fresque représente une terre de campagne bien plus sombre que celle du bon gouvernement dans ce milieu. En effet, les couleurs noires nous donnent un aspect apocalyptique avec des terres en friche. Si nous regardons bien, nous pouvons apercevoir les raisons de ce chaos : des silhouettes situées à droite du tableau s'avancent vers un village, elles portent un bouclier et une épée ce sont donc des guerriers, des assaillants, à la place d'agriculteurs. On peut apercevoir un village incendié, nous pouvons alors émettre l’hypothèse d'une razzia. Nous pouvons aussi distinguer un monastère en ruine. Le château quant à lui reste intact.
Pourquoi cette vision du mauvais gouvernement ?
[modifier | modifier le wikicode]Sienne est une ville qui a connu le pouvoir d'une seule personne, un gouvernement épiscopal où seul l'évêque gouvernait dans une dimension religieuse à partir du VIe siècle jusqu'en 1167. Il se déroule des révoltes urbaines en 1347, par exemple. Lors du gouvernement des Nobles, personnes fières et superficielles, un gouvernement avare et narcissique est subi par les siennois.
Sienne, une ville prospère
[modifier | modifier le wikicode]Activités économiques dynamiques
[modifier | modifier le wikicode]- Commerce
- Boucherie
- Épicerie
- Boutique de vin
- Boulangerie
- Les métiers artisanaux.
- Maçons
- Charpentiers
- Confection de drap
- Marchands
- Cordonniers
- Tisserands
- Campagnes et agriculture organisées
- Vignes sur les coteaux (au soleil)
- Oliviers sur les collines
- Céréales sur les plaines
Liens étroits avec les campagnes environnante
[modifier | modifier le wikicode]- Approvisionnement de la campagne à la ville en produits alimentaires, blé, huile d'olive, etc. et réciproquement, un approvisionnement de la ville à la campagne en instruments agricoles.
- Caractères de la Trilogie méditerranéenne présentes → oliviers, blé et vignes, qui montrent au passage les ressources de la ville à l'époque.
- Loisirs de bourgeois : Siennois allant à la chasse accompagnés de chiens, chevaux et armes.
Grande place commerciale
[modifier | modifier le wikicode]- Centre de routes maritimes (marchands italiens, Flandres, mer Baltique et de l'Afrique et l'Orient par le biais des ports italiens comme Gêne).
- Présence aux foires de Champagne pour des échanges européens, notamment avec la Flandres.
- Organisation des métiers comme les foulons.
Société urbaine
[modifier | modifier le wikicode]Société hiérarchisée
[modifier | modifier le wikicode]Sienne présente une société très hiérarchisée
Hiérarchie politique
[modifier | modifier le wikicode]- Les noves gouvernements et Défenseurs de la commune de Sienne 1310.
- Bourgeoisies : Marchand et Commerciaux qui travaillent dans la laine ou la banque (arts majeurs) et les autres métiers (art mineur) (=peuple gros) ↓
- Le Bas-Peuple : les ouvriers, les salariés... =(peuple menu) |
- Cette hiérarchie peut provoquer des Révoltes populaires
Hiérarchie professionnelle
[modifier | modifier le wikicode]- Jurés : punissent les foulons qui font mal leurs métiers
- Foulons : Le travail des foulons consistait aussi bien à apprêter la laine pour en faire un drap qu'à nettoyer les vêtements déjà portés.
- Maîtres : payent les foulons de la veille au dimanche
- Compagnons :
- Fils de compagnons
- Apprentis extérieurs
Agrandissement et transformation
[modifier | modifier le wikicode]La ville de Sienne est une ville qui s'agrandit et qui se transforme grâce à des constructions bâties continuellement comme la mairie, le Palazzio Publico. On voit aussi la construction en continu de la grande place de la ville La piazza del Campo, la grande frise montre que cette ville se transforme avec des arcs sur les maisons et la construction de tours.
La ville, siège du pouvoir politique et de ses tensions
[modifier | modifier le wikicode]Lieu de tensions sociales et politiques
[modifier | modifier le wikicode]Effets du mauvais gouvernement à la campagne :
- Friches à la place des champs cultivés
- Soldats au lieu d'agriculteurs
- Village incendiés alors peuple massacrés
Effets du mauvais gouvernement à la ville :
- Des morts nombreux
- Bâtiments délabrés
- Il ne reste que le forgeron qui procure des armes
Message politique moderne
[modifier | modifier le wikicode]Le gouvernement de Sienne est très moderne car au lieu d'élire un groupe de personnes qui représenteront le peuple pendant cinq ans, ils choisissent de tirer au sort tous les deux mois 9 personnes qui vont gouverner dans des conditions originales. Ce mode de gouvernement s'appelle le gouvernement des 9. Les personnes élues doivent rester pendant toute la durée de leur mandat dans le Palais pour ne pas être influencer par le reste de la population concernant la rédaction des droits. Cependant à la fin de leur mandat, ils ne pourrons être tiré de nouveau au sort avant deux ans.
Le gouvernement des 9 de Sienne est fortement inspiré de la manière de gouverner des Athéniens car comme eux, ils tirent au sort la personne qui représentera le gouvernement pour deux mois à Sienne. De plus les siennois se sont inspirés des Romains qui ont aussi un système oligarchique pour gouverner. On peut ainsi dire que les siennois n'ont rien inventés en matière de gouvernance.
Il ne faut pas oublier que seules les personnes faisant partie du peuple gros peuvent être élues pour faire parti des 9.
De plus, les citoyens ont peur du tyran appelé pour faire finir la guerre ou d'autres tensions (podestat). Ils en ont peur car celui-ci peut ensuite faire ce qu'il veut et décide seul ce qu'il souhaite mettre à exécution. Les siennois heureusement, l'ont compris, qu'il ne fallait se méfier d'une personne dangereuse. C'est un message qui transmet le fait qu'on a tort de se reposer sur quelqu'un, même aujourd'hui, de part le président de la République qui représente la France et sur lequel beaucoup de français se référent.