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Sociologie des migrations et des relations interculturelles/Pourquoi les migrants quittent-ils leur pays ?

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Pourquoi les migrants quittent-ils leur pays ?
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Chapitre no 1
Leçon : Sociologie des migrations et des relations interculturelles
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Chap. suiv. :Pour quelles raisons se sentent-ils et sont perçus comme des étrangers ?
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Théories explicatives des migrations :

Comment peut-on définir un migrant ? Quelqu'un qui quitte la région où il habite et traverse une frontière pour s'installer dans une autre région pendant une durée supérieure à une année.

L'émigrant est quelqu’un qui quitte son lieu de vie habituel. L'immigrant est quelqu’un qui arrive à un nouvel endroit.

Ce cours portera sur les différences que l’on peut faire entre un étranger et un immigrant :

D'un point de vue juridique, on peut être étranger sans être immigrant. En effet, dans certains pays comme la Suisse, on peut être né en Suisse de parents étrangers, et donc ne pas avoir la nationalité suisse. Mais on n’est pas immigrant étant donné que l’on n'a pas quitté son lieu de vie habituel pour un autre.

De la même façon, on peut aussi immigrer sans être étranger, à l'intérieur des frontières de son pays. En effet, étranger est une notion juridique, cependant, dans les statistiques, on confond souvent cette notion juridique avec la notion sociologique du migrant.

Qu'est ce qu'un migrant international ? C'est quelqu’un qui traverse une frontière étatique pour s'installer dans un autre pays. Il y a donc un changement d'État. Tandis que pour un migrant interne, c’est un déplacement qui se limite à l'intérieur d'un État, traversant dans ce cas là une frontière administrative (différente région, commune, etc.). Bien évidemment, dans ce cas la frontière est moins épaisse que la frontière internationale.

La question se pose de savoir si nous vivons dans un monde sédentaire ou mobile ? Dans le deuxième cas, il serait intéressant de pouvoir quantifier cette mobilité, c'est-à-dire de savoir par exemple quel est le volume quantitatif des migrations ? On peut estimer sans trop d'erreur qu'environ 3 % de la population mondiale est mobile, ce qui représente environ 200 millions de personnes qui peuvent être cataloguées comme des migrants internationaux. Cependant, on reste dans le registre du conditionnel, car cela reste très difficile de calculer exactement le nombre de personnes qui se déplacent dans le monde. Mais cela nous donne une idée du phénomène. La grande majorité des migrants restent cependant des migrants internes, qui sont évalués entre 800 millions et 1 milliard d'individus, qui on à un moment ou un autre changés de région dans leur vie. Cette mobilité à l'intérieur des frontières vient principalement de l'exode rural, et du fait que moins de barrières politiques sont à traverser dans le cas d'un changement de région (dans les fait, quasiment aucune), facilitant ainsi la mobilité. Le déplacement se fait généralement vers des régions proches, et pour des raisons diverses mais principalement économiques (les paysans vont en ville pour trouver du travail).

Traitons maintenant du cas des réfugiés. Sur les 192 millions de personnes qui on été identifiées par l'OIM en 2005, comme étant des migrants, à peine 14 millions sont des réfugiés. Et leur déplacement se fait principalement dans des pays voisins (Soudanais du Darfour réfugiés au Tchad par exemple).

La question sera aussi de déterminer d'où viennent, et où vont les migrants internationaux ? Il y a bien sur des pôles d'attractions, comme l'Europe, l'Amérique du Nord, mais aussi certains pays du Moyen-Orient et d'Asie (les pays pétroliers et les pays d'industrialisation rapide). Contrairement aux idées reçues, les migrants ne sont pas particulièrement les plus pauvres, en effet, la pauvreté est en général un obstacle à la migration. Pour prendre l'exemple du Mexique, la majorité des Mexicains qui émigrent font partie en réalité de la classe moyenne. Ils ont en effet suffisamment d’argent et de qualifications pour pouvoir émigrer et trouver un travail à l'étranger.

Il existe des différences en termes de proportions d'immigrés. En termes absolus, les pays avec le plus d'immigrants sont les États-Unis, le Canada, l'Allemagne et la France, tandis qu'en terme proportionnel, la part des immigrés dans les populations des pays pétroliers du Golfe atteint les 70 %.

Cependant, il faut relativiser ces chiffres, car une partie des migrants n’est pas comptabilisée, ce sont les immigrés clandestins, qui représentent selon une estimation environ un quart des migrants internationaux. C'est finalement peu contrairement aux idées reçues qui veulent que la majorité de l'immigration se fasse illégalement.

La question sera également de tenter de savoir pourquoi un individu va quitter son pays ? Selon A. Sayyad : la migration est non seulement un itinéraire géographique, mais aussi une épistémologie c'est-à-dire qu'elle recouvre de multiples facettes (démographie, changement institutionnel dans l'État, la population, l'économie, etc.). C'est donc un phénomène social total, qui recouvre toutes les facettes de l'existence, et qui implique des bouleversements non seulement pour ceux qui partent, mais aussi pour ceux qui restent.

Tentons maintenant d'expliquer pourquoi les individus quittent leur pays :

La transition démographique

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La variable démographique est utilisée par beaucoup d'organismes internationaux. Il y a transition démographique quand il y a à la fois :

  • diminution de la mortalité
  • pas de diminution de la natalité
  • Cela mène à une situation où la population est très jeune et où l'économie ne fournit pas assez de travail. Les jeunes vont chercher du travail mais malheureusement, il y a dans la plupart des cas un décalage entre la croissance de la population et la croissance économique. C'est pour chercher un travail qui explique pourquoi on quitte son pays.

Les théories néoclassiques

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Cette théorie comporte des éléments économiques : il n'y a pas assez de postes de travail dans le pays de départ. Cette théorie a une dimension macrosociale, ou structurelle, et une dimension microsociale, ou de décision individuelle.

D'un point de vue macrosocial, les migrations sont dues à une inégalité dans la distribution du travail et du capital au niveau international ou entre les régions dans un pays. Les migrations seraient l’expression de cette inégalité et servent à équilibrer la balance. Dans les régions d'émigrations, on a beaucoup de travailleurs et peu d’emplois, tandis que les régions d'immigrations sont caractérisées par beaucoup de capital (donc emplois) et peu de travailleurs. Au niveau interne, cela explique l'exode rural, où les habitants des zones rurales vont alimenter en main-d'œuvre les villes. Ces théories néoclassiques insistent beaucoup sur le déséquilibre du revenu moyen par habitant. Le résultat final de cette situation, c’est à terme un meilleur équilibre à l'intérieur d'un pays, et entre les différentes régions du monde.

D'un point de vue microsocial, les acteurs décident librement et rationnellement d'émigrer ; ils pèsent les couts, les risques et les bénéfices. Ils partent pour améliorer leur revenu. Ils calculent leurs chances de trouver un emploi... En sociologie, les travaux qui s'en rapprochent le plus sont ceux de Raymond Boudon et l'individualisme méthodologique. Ceci dit, Boudon souligne qu'une décision qui peut paraitre rationnelle au niveau microsocial peut avoir des effets pervers au niveau macro-social. Par exemple, dans les migrations de la campagne vers les villes, si chaque campagnard décide de partir, il se retrouve en concurrence accrue avec les autres immigrants, et cela par exemple crée des bidonvilles.

Validité interne, et validité externe de cette théorie

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Elle a une bonne validité interne, mais colle-t-elle à la réalité externe, empirique ?

Prenons l'exemple du phénomène de la délocalisation : le capital change d'endroit, alors que le travail reste sur place. Les individus sont-ils suffisamment bien informés afin qu’ils puissent prendre une décision réellement rationnelle ? Selon Todaro, les individus ne font pas un calcul précis, mais un calcul de probabilité, qui sert à motiver leurs actions, quel que soit la validité de ce calcul. Ce serait donc en termes d'opportunité d’emploi et non de revenu qu’il faut réfléchir.

En outre, si ces théories sont justes alors pourquoi il n'y a pas plus d'émigration des pays du Sud vers ceux du Nord ? Pourquoi certain pays dit du Sud, qui connaissent un niveau de vie semblable, n'ont pas les mêmes taux d'émigration ? (Alors que le Sénégal et le Soudan ont un revenu moyen par habitant proche, le premier connaît un taux d'émigration beaucoup plus élevé que le second). Et de l'autre coté, pourquoi des pays aussi développés que d'autres reçoivent moins de migrants ? (La Finlande reçoit bien moins de migrants que la Suisse par exemple). Si la théorie était vraie, à terme, les déséquilibres entre le Sud et le Nord devraient disparaitre, mais dans la réalité empirique, on assiste plutôt au phénomène contraire. En effet, l'écart entre les pays développés et le reste du monde s'accroit. Enfin, si la question de l'inégalité est au cœur de la décision des émigrants, ce seraient les plus pauvres qui devraient partir, or, comme on le voit dans plusieurs pays, ce sont ceux qui sont peut-être dans une précarité mais dispose de suffisamment de moyens pour voyager. Ce qui n’est pas à la portée des couches les plus pauvres des pays du Sud. Les émigrants sont finalement ceux qui perçoivent une inégalité, mais qui on les moyens de la résorber en partie, par exemple en émigrant. Contrairement à l’idée que l’on peut se faire à travers les médias, l'Afrique est le continent qui a le plus faible taux d'émigration, et ce sont plus des migrations politiques qu'économiques.

Ces faits empiriques remettent en cause la validité externe de cette théorie. Cela dit, beaucoup d'États utilisent cette théorie dans leurs politiques d'immigration, au moins de façon implicite. Cela se fait par exemple en rendant le pays moins attractifs pour les émigrants, via des politiques plus restrictives.

Théorie de la nouvelle économie

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Certains théoriciens on décidés d'élargir et de complexifier la vision que l’on a de la migration, via la théorie de la nouvelle économie. Est-ce que les migrants décident de façon individuelle ? La réponse est non, en effet, les individus font partie d'une famille, d'un groupe social. La décision est donc collective : c’est la famille qui décide, car elle serait bien plus rationnelle qu'un individu. On introduit également la notion de privation relative, et de groupes de référence : La famille va se comparer à des groupes de références qui sont importants pour elle (voisins, autres membres de la famille, etc.). S'il y a des inégalités très importantes entre sa situation et celles des groupes de références, cela donne un sentiment de privation relative, et à une frustration. Pour compenser ce sentiment, la famille décide d'envoyer quelqu’un à l'étranger par exemple, pour recevoir un revenu plus important. Le but n'est donc finalement pas de réduire les inégalités par rapport aux pays riches, mais par rapport au groupe de référence qui se trouve dans l'environnement immédiat de la famille. Plus les inégalités internes au pays de départ sont importantes, plus le sentiment de privation relative sera important, et ainsi, on sera plus motivé à envoyer quelqu’un à l'étranger pour diminuer ce sentiment et les inégalités internes.

Théorie de l'investissement familial

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La migration est une stratégie rationnelle, moins destinée à maximiser le revenu qu’à minimiser les risques. La migration est une forme d'assurance sociale en somme, dans les pays où justement la protection sociale est peu développée. En outre, l’augmentation du revenu se fait par comparaison à un groupe de référence. Plus les inégalités dans ce groupe sont fortes, plus la famille aura un sentiment de privation relative et plus l'incitation à l'émigration sera forte. C'est donc une solution au manque de revenu par rapport au groupe de référence : l'émigration d'au moins un membre de la famille sert à réduire l'écart.

Apports de cette théorie par rapport à la théorie néoclassique

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Le fait que la décision soit collective. Il peut y avoir des pressions indirectes de certains membres de la famille cela dit. La décision du groupe est rationnelle dans le sens où le groupe cherche à améliorer sa condition socioéconomique. Mais cette amélioration se fait par comparaison avec des voisins. L'importance de l'interdépendance entre ceux qui restent et ceux qui partent est donc soulevée. En effet, ceux qui partent ont l'obligation d'aider ceux qui restent. Cette théorie explique surtous les migrations temporaires, de personnes seules. Cette théorie a été surtout construite sur la base de travaux empiriques sur l'émigration mexicaine vers les États-Unis. En Afrique, ce sont les Soninké qui partaient à l'étranger pour vendre leur récolte. Durant la colonisation, ils furent embauchés comme marin en direction de la France. Ils gagnèrent de l’argent qu’ils investirent dans leur région d'origine. Outre la richesse, ils gagnèrent en prestige. En effet, un fait important à noter est que l'envoi d’argent est autant une assurance sociale qu'un élément de prestige. Une grande partie de l’argent envoyé par exemple par les Soninké restés en France est dépensé pour des cadeaux, qui permettent d'obtenir un rang élevé au sein du clan ou du village. Il y a ici une logique du statut social plus que du statut économique.

Les mêmes que pour la théorie néoclassique, cette théorie n'explique pas le choix quant au lieu de destination. Pourquoi certains lieux sont choisis et pas d'autres ? En outre, c’est une théorie de petite portée qui ne s'applique qu’à un nombre limité de situations. Elle n'explique pas la migration de toute une famille par exemple.

Une approche par la demande : les théories du marché du travail segmenté

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Cette théorie tente de s'intéresser à ce qui ce passe dans les pays d'accueil. La migration serait surtout liée à un facteur d'appel : la demande de main-d'œuvre des sociétés industrielles liée à la structure même de leur marché du travail. Ces sociétés ont besoin des travailleurs pour occuper les emplois que les nationaux ne veulent pas occuper (parce que ces derniers seraient beaucoup trop qualifiés par exemple). Ils ne veulent pas de certains emplois parce que le marché du travail est segmenté, on trouve un secteur à forte intensité de capital avec des salaires élevés, et un secteur à forte demande de main-d'œuvre, à faible productivité et avec de bas salaires. Les travailleurs nationaux évitent d'occuper des emplois mal rémunérés, dangereux pour la santé, peu prestigieux, offrant peu de possibilités de promotion, et impliquant des tâches souvent peu motivantes. On aurait alors pu augmenter les salaires de ces emplois afin de les rendre plus attractifs, mais il faudrait donc augmenter les salaires de l'autre secteur afin de maintenir son attractivité. Cela créerait surement une inflation chronique.

L'avantage donc pour les travailleurs étrangers temporaires est qu’ils sont prêts à accepter ces emplois, car même si les salaires sont bas, ils restent plus élevés que dans leur pays d'origine. Ils peuvent donc exercer ces emplois quelques temps afin d'économiser et ensuite rentrer. Ils ne se comparent pas forcément aux travailleurs locaux mais plutôt à ceux qui sont restés au pays d'origine. Du point de vue des travailleurs locaux, ni les jeunes ni les femmes, qui ont perdu leur statut de travail d'appoint, ne veulent de ces emplois qui n'offrent pas de véritable carrière. Concernant les jeunes, la diminution du taux de fécondité et l'allongement de la durée de formation font qu’il y a moins de jeunes disponibles pour ce type d’emplois. Le modèle du jeune ouvrier qui quitte l'école obligatoire et rentre à l'usine n'est plus valable aujourd'hui.

Quant à la question du prestige, même si les travailleurs sont en bas de l'échelle sociale du pays où ils travaillent, ce problème ne les inquiète pas car leur groupe de référence se trouve dans leur pays d'origine. C'est de ce point de vue que leurs salaires sont intéressants.

Cette théorie a pour but d'expliquer pourquoi il y a des emplois précaires et faiblement productifs dans une économie postindustrielle, et pourquoi les travailleurs autochtones ne veulent pas de ces emplois. Et aussi pourquoi les mécanismes habituels ne suffisent pas à rendre ces emplois attractifs pour les travailleurs nationaux. De même, elle explique pourquoi les travailleurs étrangers de pays à faible revenu sont prêts à les accepter, pourquoi les femmes et les jeunes ne répondent pas à la demande structurelle de travail dans ce domaine. Mais également pourquoi il y a une demande de travailleurs étrangers couplés à un chômage structurel des travailleurs locaux. Dans ce cas, il n'y a pas de concurrence entre les travailleurs locaux et étrangers, car les secteurs qui les emploient ne sont pas en concurrence.

Cette théorie fonctionne bien en Suisse au sortir de la Seconde Guerre mondiale. La Suisse avait alors son appareil de production intact. Elle pouvait faire redémarrer rapidement son appareil économique, mais il n'y avait pas assez de travail pour ce faire : elle fit alors appel aux travailleurs des pays voisins, principalement des Italiens, des Français et des Allemands, puis plus tard de pays plus éloignés, principalement l'Espagne, la Turquie, la Yougoslavie et le Portugal. On a pu observer en Suisse une relation claire entre variation du P.I.B. et migration. Il y avait un lien fort entre les deux. Dans les temps de bonne conjoncture, il y avait une forte immigration, tandis qu'en cas de récession, il y a une forte émigration. (Dans les faits, les permis de travail délivrés aux étrangers n'étaient pas renouvelés, ou mis à terme.) Pour l’ensemble de l'Europe, Bohning (1970) a montré qu'entre 1957 et 1968, la demande du marché du travail du pays d'accueil a constitué le principal facteur déterminant de la migration, pour autant qu'un taux de chômage élevé ait existé dans le pays d'origine des migrants. La migration est donc clairement définie comme une migration de main-d'œuvre et non pas de peuplement.

La théorie est trop axée sur la demande des pays industrialisés. On peut dire que la majorité des migrants arrivent à trouver un emploi, mais de là à affirmer que leur émigration a été déclenchée par la demande du pays receveur, c’est autre chose. Peut-être que cela valait encore dans les années d’après guerre, or la France par exemple a littéralement importé des Algériens pour reconstruire le pays. De nos jours les migrants arrivent de leur propre initiative et pas nécessairement pour occuper des emplois existant, parfois, ils créent leur propre emploi (restauration notamment). La théorie est en effet trop axée sur des explications économiques, même si bien sur il y a une dimension économique dans la décision des migrants. Cependant, elle n'explique pas le taux différentiel d'immigration entre pays développés. Pourquoi y a-t-il plus de migrants en Suède qu'en Finlande ? De même, l’idée que les migrants ne concurrence pas les travailleurs nationaux ne s'appliquent que dans les secteurs nécessitant une main-d'œuvre peu qualifiée, et n'explique donc pas le phénomène de fuite des cerveaux des pays en développement vers les pays développés. Cette théorie explique donc bien la situation dans les pays industrialisés mais jusque dans les années 1980... Mais il faut bien être conscient qu'aucune théorie n'arriverait à expliquer l’ensemble des phénomènes migratoires.

Théorie du bouleversement des sociétés traditionnelles : travaux d'Abdelmalek Sayad

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Sayad est un sociologue algérien. Il a travaillé avec Pierre Bourdieu. Il s'est intéressé à la migration algérienne vers la France. Ses travaux ont aussi une portée limitée, mais offrent un éclairage intéressant et complémentaire aux autres théories. Sayad tente d'expliquer la migration algérienne vers la France, et pour lui elle ne peut exister tant qu’il n'y a pas l'irruption du fait extérieur dans la société algérienne qui va la bouleverser : la colonisation. Jusque-là, la société algérienne était surtout rurale. La notion de travail n'avait pas la même signification que pour les colons. Pour les paysans algériens, travailler c’est bien représenter l'honneur de sa famille en toute circonstance. La notion de travail des colons était uniquement économique, avec la notion de rémunération qui y est associée. Cette idée de rémunération est étrangère aux paysans algériens. La colonisation change tout ça donc : elle prend les meilleures terres des paysans, et des familles entières se retrouvent avec moins de terres, et les moins bonnes. De là vient l’idée d'envoyer un des membres de la famille en métropole pour qu’il puisse envoyer un revenu d'appoint pour pouvoir conserver les terres.

École de Chicago

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Théorie des réseaux (Massey, Alarcon, Durand et al.)

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Hily, M. A. et al. (2004). « La notion des »réseaux sociaux« en migration », Hommes et migrations, 1952.

La théorie des réseaux migratoires s'intéresse aux relations interpersonnelles liant les émigrés, les migrants de retour, et leur parent, leurs amis ou leurs compatriotes restés au pays. La principale fonction du réseau est de faciliter la migration, en réduisant les couts et les incertitudes liées à celle-ci et à l'hostilité des États récepteurs. En effet, le réseau fournit des informations, procure une aide financière, aide à trouver un travail et un logement, socialise les nouveaux venus aux exigences du nouveau contexte.

De nombreux migrants partent en effet parce qu’ils savent qu’ils trouveront des connaissances qui vont les soutenir et les guider à leur arrivée dans le nouveau contexte. Sans l'appui de ces personnes auxquelles ils sont liés, ils ne se risqueraient peut-être pas à partir vers une autre société. Le réseau est le moyen de réduire un tant soit peu les risques liées aux incertitudes de l'avenir. Les réseaux constituent une forme de capital social. Un capital qui permet aux migrants une mobilité importante dans l'espace.

Granoveter (nord-américain) et Bott (anthropologue), distinguent entre deux types de liens qui existent dans les réseaux :

  • les « strong ties », des liens de parenté très étroits qui impliquent davantage des devoirs de réciprocité et plus de pression normative ;
  • les « weak ties », des simples connaissances par rapport auxquelles les liens de solidarité sont moins forts.

Les migrants qui on seulement des weak ties prennent plus de risques que ceux disposant de strong ties. Les premiers seraient plus entreprenants et novateurs que les seconds.

On peut également distinguer entre « réseaux informels » et « réseaux formels » :

  • les réseaux informels, peu structurés, unissent souvent des connaissances, liées par des relations variées, ils ne sont pas volontaires, ils sont quasi synonymes de communauté naturelle. Du fait que l’on vient du même pays, on estime que l’on doit s'entre-aider ;
  • les réseaux formels sont plus impersonnels, ont une base plus organisée. Ici, des facteurs économiques peuvent l'emporter sur des facteurs sociaux et culturels, afin de faire fonctionner le réseau. Ils peuvent aboutir à la constitution d'une véritable industrie de la migration : recruteurs, juristes, passeurs, intermédiaires etc.

On utilise surtout, notamment les médias, le terme réseau dans le cadre informel.

Les réseaux sont à la fois une ressource et une contrainte. C'est une ressource car on peut s'appuyer sur des connaissances pour trouver un bon logement dans une ville où l'immobilier est hors de prix par exemple. Mais c’est également une contrainte dans le sens où elle implique des obligations morales mais aussi économiques comme un remboursement de dette. Ce contrôle social limite la marge de manœuvre des individus et peut empêcher par exemple, des contacts avec des individus extérieurs au réseau.

Les réseaux représentent tout de même une base pour constituer des chaines migratoires où circulent de l'information, des appuis financiers, et des migrants. Il s'agit d'un effet multiplicateur important. Ils constituent un facteur explicatif méso-social, qui tient compte du contexte micro et macro social. Les relations sociales nouées entre individus sont vues comme le produit d'interactions entre eux, qui s'articulent selon les contextes, économiques, politique et sociaux, plus larges. On peut demander à un migrant de ne pas migrer du fait par exemple d'une crise économique. Cela permet une certaine forme de régulation des flux migratoires.

Dans ce contexte justement de restriction des migrations par les États, le rôle des réseaux en matière de circulation des personnes se trouve amplifié. Ils peuvent faire venir des gens malgré les interdictions. Avec par exemple le regroupement familial. D'ailleurs, même la migration « officielle » se fait via un réseau, car cela facilite dans tous les cas le voyage et l'installation du migrant.

Les réseaux sont le principal moyen de reproduction et d'amplification de la migration, car ils tendent à s'élargir et se densifier : chaque nouveau départ est une nouvelle ressource pour ceux qui veulent partir plus tard.

Les réseaux se mettent en place sous l'influence de facteurs structurels. Par exemple, demande d’emplois, ou alors demande d'asile. L'existence des réseaux peut alors expliquer les taux différentiels de migrations entre pays, ce que les théories économiques n'arrivent pas à faire. Cependant, on constate qu'au bout d'un moment, la migration stagne, diminue, voire disparait, au lieu de devenir exponentielle comme le suggère la théorie, et ce phénomène reste peu expliqué.

Exemple de la migration chinoise vers la France :

L'hypothèse de recherche de Pina-Guerassimoff (2003), est que la présence d'un membre de la famille dans un État donné constitue l'un des principaux critères du choix de la destination (strong ties). Une enquête a été faite sur 987 migrants chinois arrivés en France entre 1999-2000, d'origine sociale assez variées et principalement de la province de Zhejang, la région autour de Shangaï. Il est apparu que la migration tend à se féminiser, 62 % des migrants disent avoir un contact en France, conjoint ou autre membre de la famille. Cependant, les migrants, 90 % d'entre eux, conservent en Chine des relations très significatives, en l’occurrence un enfant. Cela génère une information pour l'émigration dans les zones d'origines. Les contacts se font par téléphone ou par lettre. Aujourd’hui internet prend une place de plus en plus importante du fait de son cout plus faible. Le migrant continue donc de participer via les moyens de communications à la vie quotidienne de son espace de départ, et fournit une information immédiate et actualisée concernant la migration. Cependant, les informations données par les migrants restent partielles, et bien évidemment partiale. Les migrants parlent rarement de leurs difficultés. « Pour ne pas inquiété la famille » ou encore « ne pas perdre la face ». Ils envoient des photos des lieux touristiques et agréables, ainsi que des moments de réussite (mariage, achat d'une belle voiture, habits de marques, etc.). Ce sont ces documents qui fournissent la preuve de la réussite du migrant et surtout de son projet de migration. En outre, elles nourrissent l'imaginaire des populations dans les régions d'origines. De plus, des migrants qui sont récemment arrivés en France, ne sont peut-être pas toujours très bien informés sur le pays. Leur information est limitée à leur propre existence. Même si les migrants racontent leurs difficultés, les proches restés au pays n'y croient pas totalement. Car finalement, si tellement de personnes partent, la réalité ne peut pas être aussi mauvaise.

Dans le cas chinois en particulier, il y a aussi l'aspect presque institutionnel : les autorités centrales et locales chinoises valorisent en effet l'émigration, qui une source de devises et d'investissements. Elles mettent en avant l'image du Chinois émigré outre mer, devenu un entrepreneur riche et prospère, qu’elles respectent et honorent, participant ainsi à la constitution d'une image mythique de la migration. Cette image est d'autant plus validée par de nombreuses preuves de réussites matérielles dans les zones d'origines, des familles des émigrés. Certains émigrés qui reviennent en visite n'hésitent pas à afficher les preuves matérielles de leur réussite, en amenant des cadeaux, invitant tout le monde au restaurant. Leur niveau de vie et celui des familles restées au pays s'améliorent considérablement. Personne ne croit aux problèmes rencontrés par les migrants à l'étranger. Des entreprises légales et illégales profitent de cet engouement pour faire de la migration un nouveau marché économique. Certains par exemple exporte littéralement des travailleurs avec le soutien des gouvernements, tandis que d'autres deviennent des passeurs faisaient payer très cher leurs services. Malheureusement, une partie de ceux à qui on avait fait miroite de grandes possibilités économiques se retrouvent abandonnées en Europe.

Cependant, en synthèse, la dispersion spatiale est transformée en ressource pour les nouveaux migrants chinois. Pina et Guerassimoff parlent de création d'un système migratoire Chine-France, France-Europe. En particulier, les flux migrants de Zhejang se sont institutionnalisés. Ils obéissent à un ensemble des règles socioéconomiques et culturelles qui visent à définir les décisions migratoires individuelles ou collectives. De même que le choix d'allocation des ressources tirées de la migration. Cet ensemble de règles forme l'institution migratoire, le réseau migratoire devient le support privilégié de la migration. Le réseau étant composé de la famille élargie, des voisins, co-villageois, amis et ainsi de suite, jusqu'à même des entreprises voire les autorités officielles.

Théorie des Communautés transnationales de Portes

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La migration serait une parade à la mondialisation par le haut. Ce ne sont plus les institutions ou les grandes entreprises les acteurs mais des individus, des gens d’en bas. Les communautés transnationales sont des communautés qui traversent les frontières nationales et qui dans un sens très concret, ne se situent ni ici, ni là-bas, mais dans plusieurs espaces institutionnels en même temps. Cet espace n'étant pas formalisé par des institutions politiques ou économiques, on parle de mondialisation par le bas. Les activités économiques qui sous-tendent à ces communautés reposent sur les différences de profits créées par l’existence des frontières. Ces communautés ne fonctionnent pas autrement que les multinationales finalement, mais à ceci près qu’elles émergent par le bas, et que leurs activités sont le plus souvent informelles selon Portes (1999). Ces réseaux qui traversent les frontières géographiques, culturelles et politiques peuvent catalyser différentes activités économiques : création de marchés de travail à longue distance qui permettent de repérer des offres d’emplois à des endroits, très éloignées. La mise en commun des moyens financiers et logistiques, les différentes assurances mutuelles ou encore le microcrédit... On trouve même des forme de rotation du marché de l'emploi, avec des femmes de l'Europe de l'Est qui viennent en Italie pour travailler pour 8 mois, retournent chez elles, et sont remplacées alors par une personne de leur entourage. Les entrepreneurs de ces communautés transnationales font régulièrement le voyage de leur pays d'origine vers différents point du réseau. Ils amènent la production artisanale du village pour la vendre dans les commerces éthiques ou les marchés des différentes villes du Nord par exemple. Une fois que les migrants ayant réussis rentrent au pays pour y construire une maison ou investir dans une affaire, ils n'ont pas réellement quittés l'autre pays, avec lequel ils continuent à entretenir des relations commerciales et sociales régulières dans un mouvement d'aller-retour. On parle dans ce cas plutôt de circulation migratoire. Les communautés n'enrichissent pas uniquement les entrepreneurs commerciaux, mais toute la communauté profite à des degrés divers des retombées économiques. Les régions des pays en développement qui entretiennent des relations transnationales avec leurs membres répartis dans le monde connaissent une croissance économique rapide.

Exemple : Le village équatorien d'Otavalo est traditionnellement spécialisé dans la production et le commerce de vêtements et d'instruments traditionnels. Depuis la fin des années 1970, les Otavalos ont pris l'habitude de voyager et d'aller directement vendre dans les pays développés leurs marchandises, afin de récupérer un maximum de marges sans payer des intermédiaires. Ils réinvestissent leurs gains dans la communauté. Ils amènent des us et coutumes occidentales qui modifient profondément leurs villages par rapports a leurs voisins des Anfes. Les Otavalos deviennent la haute société de part le force économique. Renversant entre autres au passage la traditionnelle domination des élites blanches et métisses sur les populations indiennes indigènes.

Selon Portes, les communautés transnationales vont freiner l'accroissement des inégalités de richesse, et de pouvoir, tant sur le plan international que national, qui sont produit par la globalisation. Cependant, il ne mette pas en danger le processus dominant qui prévoit une abondance de travailleurs disponibles et bon marché pour les multinationales délocalisées. Elles constituent cependant de nouvelles formes d'organisation à ces formes dominantes et peuvent, à terme, remettre en question le statu quo au niveau mondial.

Théorie de la globalisation

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La globalisation ou mondialisation peut être définie comme l'élargissement, l'approfondissement et l'accélération de l'interdépendance mondiale dans tous les domaines de la vie sociale. Le principal indicateur de la mondialisation est l’augmentation rapide des flux transnationaux dans les domaines les plus divers, comme la finance, le commerce, et même dans les idées et l'information. Cependant, les flux peuvent également concerner des contaminations mondiales, ou encore le réchauffement climatique, les maladies pandémiques. Et finalement également des individus. La logique de la globalisation incorpore à la logique de l'économie de marché de nouvelles régions du monde qui auparavant n'y participaient pas. C'est aussi la globalisation des entreprises transnationales qui deviennent des acteurs stratégiques du nouvel ordre mondial. Ces entreprises organisent au niveau planétaire leurs activités de recherche, d'approvisionnement, de production et de commercialisation. Mais la globalisation est surtout l’augmentation des échanges et des mouvements des capitaux grâce à la libéralisation des échanges en général (Ghose 2003). Cependant, certains y voient une accentuation de la concurrence et des inégalités au sein du système. C'est la globalisation dite néolibérale, qui correspond à une série de projets d'accumulation de capital basés sur la rentabilité à court terme qui définissent les relations sociales de production, en incluant l'organisation du travail, de l'espace, des institutions étatiques, du pouvoir militaire, de la gouvernance mondiale, et de l'appartenance à une nation.

Changement méthodologique

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La théorie de la globalisation est un changement dans la méthodologie dans le sens ou elle perçoit les différents marchés du travail dans le monde comme un seul marché du travail mondial. Elle déplace l'unité d'analyse des sociétés nationales vers un marché mondialisé. Ainsi, les migrations ne sont plus conceptualisées comme le résultat de décisions indépendantes prises d'un point d'origine X pour aller à un point d'arrivé Y. Ce sont en réalité des mouvements provoqués par la logique même d'un système unique. Il faut selon cette théorie sortir du nationalisme méthodologique.

Acteurs influant les flux migratoires

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Selon la vision que l’on a de la réalité sociale, ce sont soit les acteurs dominants, comme les entreprises multinationales, les États, les grands pôles urbains, qui répartissent les ressources y compris humaines, au niveau international. Soit alors d'autres acteurs qui essaient d’utiliser leur marge de manœuvre pour tirer parti du système et se positionner aux meilleures opportunités. En effet, l'émergence des communautés transnationales, qui tout comme les multinationales, arrivent à organiser au niveau mondial la circulation des marchandises et des Hommes.

Globalisation par le Haut

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D'autres auteurs comme Terray estiment que la globalisation accentue la dualisation internationale du marché de l'emploi dans la recherche de rentabilité. Ou trouve donc un secteur principal à forte valeur ajoutée contre un secteur secondaire, à faible valeur ajoutée. Une partie des entreprises du secteur secondaire sont délocalisées, sans les employés bien sur. Sinon, on peut également délocaliser sur place, en faisant venir des immigrés des pays en développement pour combler le manque de mains-d'œuvre dans un secteur ou pour disposer de travailleurs moins chers.

Ceci à bien évidemment des implications sur les nouveaux profils des migrants. En effet, on se trouve dans une situation de concurrence généralisée aussi bien pour les salariés hautement qualifiés (il faut attirer les cerveaux), mais également pour des travailleurs pour le secteur secondaire.

Rôle des politiques d'immigration étatiques

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Dans le cas du premier marché, il faut faire en sorte que si on accepte des travailleurs hautement qualifiés, il faut qu’ils montrent tout de même des gages de volonté d'intégration. C'est ce que l’on appelle la fonctionnalité à long terme. On tente de les garder et on ne prend que ceux qui vont rester. Tandis que pour le second marché, moins les gens ont de droits, et plus leur régulation est facile. On veut donc bien accepter des gens sans papiers que l’on peut expulser facilement. Les sans papiers sont fonctionnels au système et à l'économie, car il offre de la flexibilité au marché du travail.

Fonctionnalité des sans papiers

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Les sans papiers jouent un rôle central pour maintenir bas les couts salariaux dans des secteurs comme par exemple les services à la personne, ou encore la restauration, l'agriculture ou le bâtiment. L'absence de papier est une manière de les maintenir dans les secteurs les plus précaires de l'économie. Même s'ils disposent d'une qualification, ils doivent se contenter de ce qu’ils peuvent trouver. Les politiques d'immigration expliquent ainsi non pas les raisons des migrations, mais quels sont les formes que celles-ci prennent. C'est-à-dire légale ou illégale, et qualifiée ou non-qualifiée.

Migration et Santé

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Un autre exemple est celui de la santé : les États sont en concurrence pour offrir à la fois des services de qualité et en même temps le faire au moindre cout. Souvent, il y a un décalage entre ce que chaque État peut offrir dans les services hospitaliers et aux professionnels de la santé qu’il peut former. Cela dépend en effet de facteurs comme les salaires, les conditions de travail, la reconnaissance et les aspirations des professionnels. Un doctorant supporterait mal de devoir travailler dans la restauration. Afin de pallier les déséquilibres qui peuvent exister dans le marché du travail, les États ont eus recours à des professionnels formés ailleurs, une solution plus facile et rapide que de tenter d'améliorer les conditions du système. Il y a une véritable circulation mondiale des professionnels de la santé, surtout des anciennes colonies vers les anciennes puissances coloniales. Bien sûr, ce sont les pays les plus faibles qui en pâtissent, ils dépensent pour former leurs populations, sans disposer d'un bon retour sur investissement pour le pays.

Apports de la théorie de la globalisation

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Cette théorie permet de visualiser la migration comme une composante structurelle d'un seul système. En effet, on voit la migration comme un tout et non pas comme le simple résultat de décisions indépendantes. Elle permet de comprendre à la fois les migrations des personnes hautement qualifiées ainsi que celle des sans papier, de même que l'émergence des flux transnationaux informels. Cette théorie introduit les politiques d'immigration comme une composante de l'analyse, ce qui explique la forme que prennent les flux migratoires.

Limites de la théorie

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À elle seule, cette théorie n'explique que les conditions nécessaires à l’existence des flux migratoires (entreprises qui cherchent des travailleurs...). De ce fait, elle nécessite l'apport d'autres théories, comme celle des réseaux par exemple, pour comprendre de façon plus concrète comment les flux migratoires se mettent en place. La théorie insiste sur les facteurs structurels et moins sur les facteurs méso et micro. Dans la pratique, elle se combine avec les théories des réseaux afin de combler ses lacunes.

Violence politique et migrations : l'exil, Bolzman

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La question qui se pose ici, est de savoir quelles conflits et formes de violence amènent à des situations ou l'exil devient nécessaire, voire inévitable. Et aussi, qui sont les exilés ? Quelle influence ont les politiques d’asile sur les migrations d'exilés ?

La violence en générale, est une atteinte directe ou indirecte à l'intégrité corporelle ou psychique d'une personne, à ses possessions ou à ses valeurs et croyances profondes, et qui laisse des traces durables sur la personne touchée par cette atteinte.

La violence politique

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Selon Max Weber, l'État est l'institution qui détient le monopole de la violence physique légitime. Cela signifie qu'en temps normal, les conflits, inhérents à toute société, sont réglés de manière pacifique. Cependant, il y a des situations où ceux-ci sont gérés en ayant recours à la violence non légitime. Hors dans un état de droit, des personnes affectées par ce qu’elles estiment être de la violence non légitime ont des droits de recours. Donc, la violence politique non légitime peut mener à l'exil.

Selon Bolzman, l'exil est une situation ou un individu est dans l'obligation de quitter son État suite à une situation de violence politique et de chercher refuge dans un autre État, et cela pendant une période dont on ne peut prévoir la durée. Il définit la violence politique comme une situation où l'État utilise la contrainte et la force de manière non légitime (l'arbitraire prédomine). Ou encore une situation où l'État perd le monopole de la contrainte physique légitime, comme une guerre civile par exemple. La situation d'insécurité générale nait du fait que personne n'a le monopole de la violence.

Actuellement, le nombre de réfugiés est relativement faible, entre 13 et 14 millions de personne, sur les 200 millions de migrants internationaux. Il s'agit d'une proportion restreinte des migrants internationaux. En revanche, le nombre de déplacés internes est en augmentation.

Types de violence politique et populations cibles

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Violence sociopolitique

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Les opposants idéologiques sont les principales cibles de violences sociopolitiques. Le pouvoir en place peut les voir comme étant dangereux du fait de leur vision divergente de la société. L'exil est donc l'une des solutions envisageables pour préserver leur intégrité.

Gestion éthnocratique

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Ici, c’est une minorité intermédiaire qui est prise pour cible, ceux qui sont alors qualifiés d'étrangers. Ce peut être un groupe ethnique, religieux, linguistique qui contrôle l'État qui affirme que ne pas se soumettre à l'homogénéité imposée est interdit sous peine de violence. On trouve cela dans les processus de création d'État-nation ou on souhaite uniformiser les caractéristiques des habitants du pays. Si les minorités ne veulent pas s'assimiler, ou quand bien même elles s’assimileraient, elles sont toujours considérées comme spéciales...

Redéfinition géopolitique

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Suite à la modification des frontières d'un État-nation, des violences liées à cette modification peuvent avoir lieu entre un groupe ethnique dominant et des minorités qui revendiquent l'autonomie ou l'indépendance.

Interétatique

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Lors d'un conflit entre deux États, l'occupation d'un par un autre peut arriver. Dès lors, un des État perd le monopole de la violence légitime, et crée un vide qui favorisera par exemple la violence à l'échelle du pays.

Les périodes et les formes de violence prédominantes

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Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la question des réfugiés s'inscrit dans un contexte de guerre froide entre les deux blocs. Ce sont surtout des opposants idéologiques à des dictatures de droite et de gauche, qui fuient la répression. La Convention de Genève sur les Réfugiés de 1951 fut signée dans ce contexte. Depuis la chute du Mur de Berlin, les conflits liés à la redéfinition géopolitique des États se multiplient. En Europe de l'Est, s'est produit un éclatement des États plurinationaux (Yougoslavie et URSS), et par la même une augmentation des persécutions des minorités territoriales et intermédiaires. Les Roms en sont le parfait exemple. Depuis le 11 septembre, on assiste à une accentuation des conflits du fait d'une dimension interreligieuse.

Processus menant au départ

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L'exil intérieur. Les populations ou les individus font face à un sentiment de perte de pouvoir, et d'insécurité croissant (menaces, violences, mais aussi emprisonnement officiel, tortures, attentats, etc.). Ce climat est ressentit comme plus ou moins ciblé à l'égard d'un certain groupe ou population. Des solutions alors non envisageables pour les individus en temps normal, émergent. L'émigration commence à devenir une possibilité pour les individus de fuir la répression. Les réseaux jouent alors un rôle important, du fait de l'influence mutuelle qu'on les individus entre eux. Ceux qui sont déjà partis vont inciter ceux qui sont encore au pays de les rejoindre. En outre, le fait de connaitre quelqu’un sur place rend le voyage plus facile ainsi que l'installation dans le pays d'accueil.

On peut distinguer alors deux types de départs.

Les départs anticipés ou précipités

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Le départ anticipé concerne les individus qui on un accès privilégié à l'information, qui sentent que les choses changent, que le climat sécuritaire devient moins sûr. En outre, ils ont les ressources et le temps nécessaire pour préparer leur départ dans des situations acceptables. Ils partent au début pour un temps restreint, en attendant de voir si les choses se calment. Cette catégorie de personne, se sont souvent des individus de l'élite sociale, économique et intellectuelle. Ou alors des individus appartenant à un groupe s'étant déjà fait persécuté par le passé. Une fois arrivé dans un nouveau pays, ils ont souvent de la peine à se faire reconnaitre comme des réfugiés, car beaucoup ne voient pas encore les signes de ladite persécution qui est fuite par ces individus.

Dans le cas du départ précipité, ce sont les évènements qui vont précipiter le départ. Comme par exemple un coup d'État ou l'éclatement d'une guerre civile. La violence devenue omniprésente, les gens pour se sauver, partent tout simplement, là où ils peuvent, et avec les moyens disponibles immédiatement. Ici, on peut voir une corrélation entre le nombre de départs et le niveau de généralisation de la violence.

Différences entre exil et autres formes d'émigration

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  • Les conditions et la rapidité du départ : la plupart des exilés partent dans une situation de précipitation, de fuite face au danger. Contrairement aux autres formes de migration qui se prépare un minimum.
  • Le choix de la destination : les migrants normaux ont une zone de destination préférée, ils vont vers quelque part. Tandis que les exilés vont là où ils peuvent, ils partent de quelque part.
  • Légitimité du séjour dans le pays de destination : les exilés doivent montrer une légitimité politique afin d’être accepter, ils doivent prouver qu’ils ont ou sont sous la menace de persécutions. Tandis que les autres migrants ont d'autres voies de légitimation, comme les études, le travail, le regroupement familial...
  • La maitrise de la décision du retour : dans une situation d'exil, on ne sait jamais quand la situation de violence que l’on a fui va prendre fin. Dans les autres cas, on décide plus ou moins de notre retour.

Destinations privilégiées par les exilés

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En général, dans le cas des départ anticipés, la majorité des réfugiés se déplacent vers des États voisins, ou au sein de leur propre État, dans une région plus développée ou plus sure selon les cas. Il y a aussi un facteur de proximité du fait de la plus grande facilité d'accès. De fait, la majorité des mouvements se font en Afrique et en Asie. Les États voisins peuvent difficilement s'opposer à ces mouvements de populations persécutées, au risque de se faire réprimander au niveau international. En outre, le contrôle des frontières est très difficile face à un grand nombre de réfugiés. En outre, a l'inverse de l'Occident où le processus est individuel, on reconnait de façon collective les personnes qui se déplacent en masse comme étant des réfugiés. En général, ces personnes vivent dans des camps près de la frontière de leur État, dans une situation très précaire. Leurs sources de revenus sont limitées. Ces populations n'ont souvent pas accès aux travaux bien rémunérés afin de ne pas crée de conflits avec les populations locales. De ce fait, l'aide humanitaire leur est extrêmement vitale.

Situation en Suisse et en Europe

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Nous avons tout de suite une situation plus sélective. La personne qui se déplace vers des États plus lointains et notamment vers ceux du Nord, doit déposer une demande d’asile individuelle et prouver qu'elle est bel et bien en danger. Qu'elle craigne, « avec raison d’être persécutée dans le pays dont elle a la nationalité, du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social, ou de ses opinions politiques » (Convention de Genève). Le Droit d’asile n'étant pas un droit individuel mais un droit des États, ce sont eux qui appliquent cette définition sur la base de critères qui leurs sont propres.

Critères qui influencent la décision des États

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Ce sont les États qui décident selon leurs propres critères, qui a le droit à leur protection. Les décisions sont prises sur des bases économiques, mais aussi sur la base de critères de politique intérieure, mais aussi de politique extérieure. En effet, il faut prendre en compte par exemple si le fait d'accepter un opposant politique ne va pas crée l'ire de l'État dont il a la nationalité. Le droit ne servant ici que d'instrument de légitimation de cette sélection.

  • Les critères de politique intérieure :

Cela peut être par exemple l'affinité idéologique entre les idées ayant couté l'exil aux demandeurs d'asile, et les opinions politiques prédominantes dans l'État récepteur. Mais cela concerne également l'évaluation par les autorités de l'État d'arrivé, de la proximité ou de la distance culturelle mais aussi religieux ou ethnique, entre les exilés et les nationaux. Leur degré de menace pour la sécurité intérieure. Le niveau de mobilisation des acteurs collectifs internes comme les partis, les Églises, les groupes de pressions, influencent bien évidemment les critères intérieurs. Enfin, cela dépend aussi du type d'information relayée par les médias sur les causes de l'exil, ce qui peut par exemple émouvoir l'opinion publique et donc influencer les décisions politiques.

  • Critères de politique extérieure :

Il faut prendre en compte le degré de perturbation des relations diplomatiques avec les États desquels sont issus les demandeurs d'asile. Par exemple, accepter des requérants d’asile tibétains ou ouïgours risque fort de provoquer l'ire de la Chine. Mais cela peut être du au fait que l'État souhaite se donner une bonne image au niveau international. À ce titre, le Canada, de part sa politique d'ouverture aux requérants d'asile, peut être qualifié de champion de la défense des droits de l'Homme et des principes humanitaires. Les critères extérieurs peuvent aussi être le niveau de mobilisation des acteurs institutionnels internationaux, comme l'ONU ou le CICR, ou le HCR, qui font des campagnes pour que des pays accueillent des réfugiés, mettant des pays dans une situation où il serait très mal vu de refuser.

  • Critères économiques :

Cela dépend de la conjoncture économique et du marché du travail bien sûr. Mais le profil socioéconomique des exilés et de leur adaptabilité aux exigences du marché du travail interne jouent également un rôle dans leur acceptation.

Les États construisent socialement les personnes qui sollicitent leur protection, sur la base de catégorisations qui leurs sont propres, et qui ne correspondent pas nécessairement aux expériences de violence vécues par les demandeurs d’asile et les réfugiés. Ils créent à l'avance les conditions d'acceptabilités ou de refus de ces personnes, en les présentant alors soit comme des persécutés, soit comme des usurpateurs.