Aller au contenu

Musique médiévale/La réforme carolingienne du plain-chant liturgique et les répertoires locaux du IX au XIIe siècle

Leçons de niveau intermédiaire
Une page de Wikiversité, la communauté pédagogique libre.
Début de la boite de navigation du chapitre
La réforme carolingienne du plain-chant liturgique et les répertoires locaux du IX au XIIe siècle
Icône de la faculté
Chapitre no 4
Leçon : Musique médiévale
Chap. préc. :La musique médiévale de 1150 à 1300
Chap. suiv. :Organisation des différentes formes musicales au travers de l'année
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Musique médiévale : La réforme carolingienne du plain-chant liturgique et les répertoires locaux du IX au XIIe siècle
Musique médiévale/La réforme carolingienne du plain-chant liturgique et les répertoires locaux du IX au XIIe siècle
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.

On associe généralement le Moyen Âge avec le début des invasions barbares, cependant, cela n’est pas aussi simple, et il en va de même avec la musique.

Contexte Géo-Politique

[modifier | modifier le wikicode]

La notation musicale n'apparait à proprement parler qu'au IXe siècle, et il y a donc avant une grande période du Moyen Âge sans textes musicaux, ni inscription permettant de connaitre les tempéraments, les méthodes, les instruments et les rites utilisés à cette époque. Ainsi, si l’on souhaite étudier la musique médiévale, il est nécessaire de partir de la réforme carolingienne et des empereurs liés, débutant par le règne de Charlemagne. Le territoire de Charlemagne, à sa mort, recouvre l'Allemagne, les premiers pays de l'est, le nord de l'Italie et une petite partie de l'Espagne ; sans compter les pays tributaires. L'ensemble de son influence recouvre une grande partie de l'Europe.

Lorsque Charlemagne décida d’unifier l'administration, l'éducation dans l’ensemble du territoire, en imposant la langue latine et en unifiant également les offices religieux, il s'aperçut que la difficulté était grande. Car si l’on considère qu’il n'y a pas de transcriptions écrites, comment peut on donc vérifier que l’on chante bien de la même manière entre la Saxe et Rome ?

Une mise en place difficile

[modifier | modifier le wikicode]

C'est à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, ville siège de la cour impériale, qu'un système de notation manuscrite fut alors inventé , afin de permettre l'apprentissage de la musique aux quatre coins de l'empire. On créa un système, d'inspiration grecque, qui ne peut servir que d'aide mémoire aux chanteurs. La musique fut inspirée de celle pratiquée à Rome. Puis, Charlemagne dépêcha un grand nombre de chanteurs dans les différentes provinces de l'empire pour aller enseigner la musique officielle.

Mais il se rendit également compte d'une difficulté supplémentaire: celle de devoir écraser les répertoires déjà existant pour les remplacer par le répertoire romain.

On trouve parmi les répertoires déjà présents:

  • Le répertoire Ambrosien : celui de Milan. Grâce à l'autorité de l'évêque Ambroise, qui a composé ce répertoire, il fut difficile pour les Milanais de l'abandonner. Elle consiste aujourd’hui en la forme de musique européenne la plus ancienne encore conservée.
  • Le répertoire Vieux Romain : ce répertoire est aujourd’hui mort.
  • Le répertoire Bénéventain : en Italie, lié à la ville de Benevent. Répertoire entièrement éradiqué jusqu'au XIIe siècle.
  • Le répertoire Hispanique : de même, mais lié à l'Espagne et au Portugal. Il s'agit plutôt d'un groupe de répertoires. Certains livres ont été notés dès le XIe siécle mais nous n'arrivons plus à les lire avec certitude.
  • Et le répertoire Gallican : répertoire difficile à cerner, chanté sur le territoire médiéval de la France, et Charlemagne, dans l’idée d'imposer un répertoire, a utilisé les chantres français qui ne pouvaient pas oublier totalement leur registre. La tradition gallicane s'est fondue au final un peu partout en Europe avec la venue des chanteurs français.

De plus, une tradition de transmission orale est bien plus difficile à remplacer que celle à transmission écrite : un peuple capable de se souvenir et de transmettre une chanson de mémoire a plus de chance de voir cette chanson perdurer qu'un peuple ayant recours à un outil susceptible d’être détruit ou perdu pour transmettre un répertoire trop large pour être retenu.

Le Chant Grégorien

[modifier | modifier le wikicode]

Le nom "Grégorien" est erroné. On a attribué ce répertoire au pape Grégoire le Grand (590-604) à tort, et cela est resté dans la culture populaire. En réalité, il fut nécessaire pour les carolingiens de dire que cette musique a été composée par Grégoire sous la dictée de l'Esprit Saint, qui avait pris la forme d'une colombe.

Cela permit à l’Église d’unifier son pouvoir, tout en laissant Charlemagne unifier son royaume.

Dans le cadre des offices à l'église, on utilise les psaumes (la psalmodie). Inclus dans l'Ancien Testament, 150 psaumes, qui sont des textes chrétiens, poétiques, sont utilisés dans l'empire carolingien dans leur traduction latine.

Il y a 3 manières de psalmodier :

  • La psalmodie directe : la psalmodie dure du début jusqu'à la fin par un chanteur ou un groupe de chanteurs sans aucun dialogue, ni coupure, entre les chanteurs.
  • La psalmodie antiphonale (avec un antienne) : l'antienne est une petite section, utilisée en refrain, chantée au tout début et à la fin, et est intercalée entre chaque verset. Le refrain est chanté par tout le chœur. Les versets eux sont chantés par le groupe désigné (en général la moitié).

Ce qui nous donne la forme suivante : [A (antienne) V¹(verset) A V² A V³... A]

  • Psalmodie responsoriale (avec des versets et des répons) : on choisit un morceau du texte considéré en tant que refrain, appelé répons. On le chante au début dans son intégralité (A+B), puis entre chaque verset (C), on chante la seconde partie du refrain (B).

Ce qui donne AB C¹ B C² B...

Ici les versets sont chantés par un soliste, les refrains sont repris le chœur.

Aujourd'hui, le répertoire du plain-chant est consigné dans deux ouvrages édités par l'abbaye de Solesmes, appelé Graduel. Il est consigné en neumes (écriture d'origine, portée) et en notation diastématique, plus récente.