Mémoires, lecture historique/Seconde Guerre mondiale

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Seconde Guerre mondiale
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Chapitre no 2
Leçon : Mémoires, lecture historique
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L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France

Exceptionnellement, ce chapitre induit comme prérequis de maîtriser deux chapitres du programme de la classe de première :

Problématique[modifier | modifier le wikicode]

Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale sont ici étudiées uniquement du point de vue français. Des études historiques et des polémiques mémorielles semblables existent ailleurs, que ce soit sur le rôle des États dans le conflit (concernant l'Allemagne, les États-Unis, le Japon, l'Union soviétique, etc.) ou sur les divisions internes dues à l'occupation (en Chine, en Italie, en Pologne, en Ukraine, etc.).

Les limites chronologiques de l'étude couvrent non seulement l'après-guerre jusqu'à nos jours, mais aussi la courte période allant de la libération de la métropole jusqu'à la fin de la guerre (capitulations allemande puis japonaise).

Problématique générale du thème : comment les mémoires des deux conflits deviennent-elles pour les historiens des objets d'histoire[1] ?

Réflexions sur le plan[modifier | modifier le wikicode]

Plusieurs plans sont envisageables. Une structure thématique est envisageable, étant donné qu’il y a plusieurs mémoires, avec des sous-parties chronologiques :

  1. la mémoire de la Résistance ;
  2. la mémoire du génocide juif ;
  3. la mémoire de la collaboration.

Le plus couramment utilisé est chronologique, s'inspirant du découpage proposé par l'historien Henry Rousso[2] :

  1. le deuil inachevé, 1944-1954 ;
  2. les refoulements, 1954-1971 ;
  3. le miroir brisé, 1971-198x.

Qu'on peut actualiser ainsi[3] :

  1. le mythe résistancialiste et ses évolutions (1945-1971) ;
  2. le retour des souvenirs refoulés (1971-1990) ;
  3. vers un apaisement mémoriel depuis les années 1990.

Qu'on peut simplifier (le plan en deux parties n'est plus passible de la peine capitale) :

  1. le mythe résistancialiste comme consensus (génération des témoins) ;
  2. le réveil des mémoires concurrentes (deuxième génération).

Ou qu'on peut reformuler[4] :

  1. le temps du résistancialisme ;
  2. le temps des archives ;
  3. le temps du devoir de mémoire.

Une mémoire patriotique[modifier | modifier le wikicode]

Une France d'après-guerre divisée[modifier | modifier le wikicode]

La population française a vécu la Seconde Guerre mondiale de multiples façons, ce qui donne des mémoires multiples et parfois adverses.

Typologie des mémoires[modifier | modifier le wikicode]

Un exemple de la multiplicité des mémoires : les plaques commémoratives de la gare de l'Est à Paris, en hommage aux cheminots, déportés politiques, prisonniers de guerre, déportés du STO et déportés juifs.

Côté vainqueurs, il y a les résistants communistes (le PCF se surnomme alors le « parti des 75 000 fusillés »)[5], les résistants socialistes, les résistants catholiques, les résistants gaullistes, les résistants nationalistes, etc. (il y eut des luttes intestines au sein de la Résistance) ainsi que les militaires de l’armée de la Libération, divisés entre les gaullistes des FFL, les giraudistes de l’Armée d'Afrique et les combattants indigènes.

Parmi les victimes, il y a les populations déplacées (exode de 1940 et expulsions allemandes), les déportés résistants et politiques[6], les déportés juifs[7], les déportés du travail (requis du STO)[8], ceux qui ont subi les bombardements anglo-saxons, les tziganes, les homosexuels, les enfants d'Allemands[9], les « malgré-nous » d'Alsace-Moselle[10] et les femmes tondues lors de la Libération (les « collaboratrices à l'horizontale »). S'y rajoute la masse de ceux qui ont subi les privations (de nourriture, de chauffage, de médicaments, etc.), au bénéfice des profiteurs du marché noir.

Tonte d'une Française le 29 août 1944 près de Montélimar. De semblables scènes se sont déroulées dans de nombreuses autres villes, « par exemple à Chatou le même jour ».

Côté vaincus, il y a les républicains espagnols réfugiés, les militaires de la « débâcle » de 1940, notamment ceux qui ont été prisonniers en Allemagne[11], les pétainistes qui ont soutenu l’État français[12], les combattants collabo (membres de la Milice, de la LVF[13] ou de la division Charlemagne[14]), ainsi que les prisonniers de guerre allemands en France[15].


Très nombreux sont ceux qui ont changé de camps pendant le conflit, par conviction, par peur ou par intérêt. Les principaux corps de métiers (policiers, cheminots[16], enseignants[17], administration publique, etc.) veulent à partir de la Libération cacher leur participation à la collaboration et insistent sur leurs actes de résistance.

Répression des vaincus[modifier | modifier le wikicode]

Les partisans de l’État français de Vichy furent réprimés à partir de la Libération, lors de l'« épuration », car considérés comme collaborateurs et donc « traîtres à la Nation » :

  • environ 9 000 personnes furent exécutées sommairement ;
  • la Haute Cour de justice eut à juger 108 dignitaires vichystes, ce qui donna 3 acquittements, 42 non-lieux, 15 dégradations nationales, 22 emprisonnements et 18 condamnations à mort (celle de Philippe Pétain fut commuée, mais trois furent exécutées : Pierre Laval, Joseph Darnand et Fernand de Brinon)[18] ;
  • les cours de justice eurent à traiter 310 000 dossiers et condamnèrent 44 000 personnes à des peines d'emprisonnement et 6 960 à mort (767 furent exécutées) ;
  • 28 000 fonctionnaires furent sanctionnés (servir l'État français étant un délit)[19].

Cette épuration se termine par une série de lois d'amnistie, en 1946[20], 1947[21], 1951[22] et 1953[23],[24]. Le mot d'ordre est désormais de reconstruire le pays et de maintenir la paix civile.

Estimations chiffrées[modifier | modifier le wikicode]

Bataille de France : 5 000 000 mobilisés, dont 58 829 tués[25] et 1 929 000 prisonniers (14 376 morts en captivité[26] et 5 000 restés en Allemagne ou en Pologne).
Occupation : 148 000 déportés résistants ou politiques (41 % en sont morts), 75 721 déportés juifs[27] (97 % en sont morts), 57 000 morts à cause des bombardements, 40 000 requis du STO morts, 130 000 « malgré-nous » (31 000 tués, dont 12 000 dans les camps soviétiques)[28], 6 617 morts du CEF en Italie, 3 239 FFL tués au combat[29], 2 653 morts de l’armée vichyste, 5 000 tués par les Japonais en Indochine, 14 000 tziganes et 3 000 juifs morts dans les camps d'internement français.
Libération : 20 000 FFI morts au combat ou fusillés, 13 874 militaires de l’Armée de la Libération tués (août 1944 à mai 1945)[30], 6 000 civils tués par les Allemands (lors des répressions de 1944), les victimes collatérales lors des combats et 9 000 exécutés lors de l’épuration.
Indirects : 1 000 000 morts de famine en 1945 au Tonkin, surmortalité et déficit des naissances (en 1940-1941).

La population française métropolitaine (sans prendre en compte les colonies) passe de 41,5 millions d'habitants en 1939 à 39,6 en 1945[31].

La Résistance comme mémoire officielle[modifier | modifier le wikicode]

Pendant une génération, les mémoires honteuses, ainsi que celles peu nombreuses ou peu organisées, ne s'expriment presque pas. La mémoire de la Résistance, qu’elle soit extérieure ou intérieure, est favorisée : les historiens ultérieurs parlent de son « héroïsation », ainsi que de la création d'un « mythe résistancialiste »[32] selon lequel la majorité de la population française avait soutenu la Résistance.

L'union de l'après-guerre[modifier | modifier le wikicode]

Après les « années noires »[33], est constitué le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) représentant l'union issue de la Résistance.

Composition du GPRF
(gouvernement de Gaulle 2, du 21 novembre 1945 au 20 janvier 1946)
Président : Charles de Gaulle
Ministres communistes Ministres de gauche Ministres de centre-droit
Maurice Thorez (PCF)
Ambroise Croizat (PCF)
Charles Tillon (PCF)
Marcel Paul (PCF)
François Billoux (PCF)
Vincent Auriol (SFIO)
Adrien Tixier (SFIO)
Tanguy-Prigent (SFIO)
Jules Moch (SFIO)
Eugène Thomas (SFIO)
Jacques Soustelle (UDSR)
René Pleven (UDSR)
Paul Giacobbi (PRS)
Francisque Gay (MRP)
Louis Jacquinot (PRL)
Edmond Michelet (MRP)
Pierre-Henri Teitgen (MRP)
Georges Bidault (MRP)
Robert Prigent (MRP)
André Malraux
Raoul Dautry


Dès août 1944, le GPRF déclare par ordonnance le régime de Vichy illégal (ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental).

Vichy, une parenthèse close[34]
Article 1. La forme du Gouvernement de la France est et demeure la République. En droit celle-ci n'a pas cessé d'exister.

Article 2. Sont, en conséquence, nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels législatifs ou réglementaires, ainsi que les arrêtés pris pour leur exécution, sous quelque dénomination que ce soit, promulgués sur le territoire continental postérieurement au 16 juin 1940 et jusqu'au rétablissement du Gouvernement provisoire de la république française. Cette nullité doit être expressément constatée.

Article 3. Est expressément constatée la nullité des actes suivants : l'acte dit loi constitutionnelle du 10 juillet 1940, tous les actes dits : « actes constitutionnel », tous les actes qui ont institué des juridictions d'exception, tous les actes qui ont imposé le travail forcé pour le compte de l'ennemi, tous les actes relatifs aux associations dites secrètes, tous ceux qui établissent ou appliquent une discrimination quelconque fondée sur la qualité de juif.

Article 7. Les actes de l'autorité de fait, se disant « gouvernement de l'État français » dont la nullité n’est pas expressément constatée dans la présente ordonnance ou dans les tableaux annexés, continueront à recevoir provisoirement application.

Article 11. La présente ordonnance sera publiée au Journal officiel de la République française et exécutée comme loi. Elle sera appliquée au territoire continental au fur et à mesure de sa libération. Une ordonnance spéciale interviendra pour les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.

Par le Gouvernement provisoire de la République française : C. DE GAULLE.

Le commissaire à la justice, FRANCOIS DE MENTHON


Les discours officiels insistent sur le rôle de la France dans la libération de son territoire.

« Vidéo du discours de l'hôtel-de-ville », sur http://www.ina.fr/.


La mémoire de la Résistance domine aussi toutes les commémorations portant sur la Seconde Guerre mondiale, notamment dès 1945 avec le 11 novembre (cérémonie au mont Valérien), puis en 1946 les 8 mai (une loi institue la « célébration de la victoire remportée par la France et ses alliées »)[36] et 18 juin (de nouveau au mont Valérien).
« Actualités du 6 juin 1946 », sur http://www.ina.fr/ (pas de commémo' du débarquement).

Les premiers films portant sur la période montrent des personnages qui sauvent l'honneur, une « armée des ombres » soutenue par la population qui lutte contre les occupants et les traîtres : La Libération de Paris en 1944 (documentaire de 35 min), La Bataille du rail de René Clément en 1946 (→ « bande-annonce », sur http://www.ina.fr/) et Le Silence de la mer de Jean-Pierre Melville en 1947.

Premiers travaux d'historiens[modifier | modifier le wikicode]

Pour écrire l'histoire officielle, le GPRF décide le 20 octobre 1944 de créer la Commission d'histoire de l'Occupation et de la Libération de la France (CHOLF), constituée le 22 novembre par arrêté du ministre de l'Éducation nationale (elle dépend donc du gouvernement). En juin 1945, est créé le Comité d'histoire de la guerre (CHG). La commission et le comité fusionne en décembre 1951 pour devenir le Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale (CH2GM). Ce comité est dissous en 1980, remplacé par l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP), dépendant du CNRS.

La production des historiens du CHOLF et du CH2GM est basée sur les documents et témoignages qu’ils ont collectés, car la majorité des archives ne sont pas encore accessibles (délais de communicabilité de 25 à 100 ans)[37]. Il s'agit d'histoire immédiate, vue par d'autres historiens comme de l'histoire événementielle, au mieux de la science politique, au pire du journalisme. Plusieurs historiens ont vécu la période qu’ils étudient, comme Henri Michel, le président de la CHOLF puis membre de la CH2GM, qui est un ancien résistant SFIO, co-réalisateur avec Alain Resnais du film Nuit et brouillard.

  • Odette Merlat-Guitard, « Esquisse d'une histoire de la Résistance française », Notes documentaires et études, n° 225, ministère de l'Information, 31 janvier 1946, p. 2-4.
  • Henri Michel, Histoire de la Résistance, 1940-1944, collection « Que sais-je ? », n° 429, PUF, 1950.
  • Olga Wormser-Migot et Henri Michel, Tragédie de la déportation : 1940-1945, témoignages de survivants des camps de concentration allemands, Hachette, 1954.
  • Henri Michel, Les historiens en face de la 2e guerre mondiale, CH2GM, 1956, 8 p.
  • Chronologie de la Résistance française, 1940-1945, CH2GM, 1959.
  • Henri Michel, Les courants de pensée de la Résistance, collection « Esprit de la Résistance », PUF, 1962.
  • Henri Michel, Vichy, année 1940, Robert Laffon, 1966.
  • CH2GM, Cartes départementales de la Résistance et de la Souffrance[38], années 1960-1970.


Ce travail officiel est complété par ceux défendant un parti, eux-mêmes ou un groupe, parfois à la limite de l'hagiographie :

  • Robert Verdier (résistant SFIO), La vie clandestine du Parti socialiste : 1940-1944, collection « Documents socialistes », n° 3, Éditions de la Liberté, 1944.
  • Jean Dautry et Louis Pastor (proches du PCF), Histoire de la Résistance, Édition de l'Union française universitaire, 1950.
  • Robert Aron et Georgette Elgey, Histoire de Vichy : 1940-1944, collection « Les Grandes études contemporaines », Fayard, 1954. Cet ouvrage réhabilite Vichy en la présentant menant un double jeu, Pétain étant « le bouclier » et de Gaulle « l'épée ».
  • Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 1, L'Appel 1940-1942, tome 2, L'Unité 1942-1944, tome 3, Le Salut 1944-1946, Plon, 1954, 1956 et 1959.
  • Charles Tillon (résistant PCF), Les FTP, témoignage pour servir à l'histoire de la Résistance, René Julliard, 1962.
  • Institut Maurice Thorez, Le Parti communiste français dans la résistance, Éditions sociales, 1967.
  • Paul-Marius-François Durand, La SNCF pendant la guerre : sa résistance à l'occupant, collection « Esprit de la Résistance », PUF, 1968.

Divisions de la guerre froide[modifier | modifier le wikicode]

L'union autour du GPRF se défait rapidement, et le souvenir de la Résistance devient un enjeu politique en pleine guerre froide. De Gaulle démissionne le 20 janvier 1946, et fonde le Rassemblement du peuple français (RPF) le 14 avril 1947, puis les ministres PCF quittent le gouvernement le 5 mai 1947, d'où une polarisation de la mémoire autour de ces deux partis d'opposition (« duel-duo »[39] selon Pierre Nora).

Si les gaullistes insistent sur la participation militaire, l'extrême-gauche considèrent les FFL comme des émigrés issus de la bourgeoisie. Comme la droite reproche au PCF son attitude jusqu'à l'été 1941, celui-ci insiste sur l’appel de Charles Tillon le 17 juin 1940, affirme que Maurice Thorez était resté en France clandestinement et rappelle qu’il est le « parti des fusillés ».

Le retour de Charles de Gaulle au pouvoir à partir de 1958 est considéré comme l'apogée du « mythe résistantialiste », marqué par la création du Concours national de la résistance et de la déportation (en 1961)[40], par l'enseignement de la Seconde Guerre mondiale à l'école à partir de 1962 et par le discours d'André Malraux pour l'entrée de Jean Moulin au Panthéon (le 19 décembre 1964).
« Vidéo du discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon », sur http://www.ina.fr/ ;
« texte du discours », sur https://fr.wikisource.org/.

Les seize morts du Mémorial de la France combattante, inauguré le 18 juin 1960[41]
Diasso Kal Boutie Né au Burkina Faso, soldat au 16e régiment de tirailleurs sénégalais, tué dans la Somme en mai 1940.
Edmond Grethen (rajouté en 1952) Né à Thionville, inspecteur militaire en Indochine, fusillé par les Japonais en mars 1945.
Raymond Anne Né à Villers-Bocage, sergent FFI, tué dans le Vercors en juillet 1944.
Maboulkede Né au Tchad, soldat au 24e bataillon de marche de tirailleurs sénégalais, tué en Provence en août 1944.
Berty Albrecht Né à Marseille, résistante, morte en prison en se pendant en mai 1943.
Maurice Debout Né à Arras, prisonnier de guerre, fusillé pour refus d'obéissance en Bavière en mars 1944.
Pierre Ulmer Né à Châtellerault, soldat au 4e régiment de dragons portés, tué dans le Pas-de-Calais en mai 1940.
Georges Brière Né à Reims, matelot au 1er régiment de fusiliers marins, tué près de Belfort en novembre 1944.
Alfred Touny Né à Paris, résistant membre du CNR, fusillé à Arras en avril 1944.
Jean Charrier Né à Paris, soldat au 152e régiment d'infanterie, tué près de Belfort en décembre 1944.
Allal Ould M'Hamed ben Semers Né au Maroc, soldat au 1er régiment de tirailleurs marocains, tué à Briançon en octobre 1944.
Mohamed Amar Hedhili ben Salem ben Hadj Né en Tunisie, soldat au 4e régiment de tirailleurs tunisiens, tué dans la Beauce en juin 1940.
Arnaud Henri Né à Paris, commandant de la 4e escadre de chasse, tué près de Belfort en septembre 1944.
Marius Duport Né à Salon-de-Provence, sous-lieutenant au 22e bataillon nord-africain, tué en Italie en mai 1944.
Antonin Mourgues Né à Lorient, caporal-chef au bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique (FFL), tué en Égypte en novembre 1942.
Renée Lévy Né à Auxerre, résistante déportée, guillotinée à Cologne en août 1943.

Cette mise en avant de la France combattante se retrouve dans les films de l'époque : après le documentaire Nuit et brouillard d'Alain Resnais en 1956 (insistant sur les déportés résistants et gommant le gendarme gardant le camp de Pithiviers), sortent Normandie-Niémen (film franco-soviétique) en 1960, Paris brûle-t-il ? de René Clément et La Grande Vadrouille de Gérard Oury en 1966, puis L'Armée des ombres, de Jean-Pierre Melville avec Lino Ventura en 1969.

Le renouvellement depuis 1970[modifier | modifier le wikicode]

La tombe du PCF au Père-Lachaise.

Le début des années 1970 peut être considéré comme un tournant pour les mémoires de la Seconde Guerre mondiale (le « miroir brisé » selon Henry Rousso[42]) : les historiens ultérieurs y voient un processus de démythification, comme la fin d'une amnésie collective.

La période correspond à un renouvellement de génération : Georges Pompidou (qui n'a pas été résistant, restant un simple prof de lycée pendant l'occupation) devient président de la République alors que Charles de Gaulle meurt. Les baby boomers, dans le contexte de l'après-1968, remettent en cause la génération du gaullisme, tandis que le PCF décline électoralement. Cette évolution se retrouve dans la construction européenne : aux acteurs et témoins de la Seconde Guerre mondiale (Jean Monnet et la déclaration Robert Schuman le 9 mai 1950 ; traité de l'Élysée entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer le 22 janvier 1963) succèdent la génération suivante, qui souhaite refermer les blessures du passé (suppression du 8 mai comme jour férié en 1975)[43].

Ces remises en cause de la vision du passé entraînent débats et polémiques jusqu'à nos jours, tout particulièrement à propos du comportement de la majorité de la population lors des « années noires », du rôle de l'État français et de la place du génocide juif dans la mémoire de la guerre.

Éric Conan et Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, Gallimard, coll. « folio histoire », 1996, p. 318 .
Jean Desgranges, Les Crimes masqués du résistantialisme, l'Elan, 1948 .

La remise en cause du mythe résistancialiste[modifier | modifier le wikicode]

Le tournant des années 1970[modifier | modifier le wikicode]

La remise en cause du mythe résistancialiste est marqué par trois éléments : un documentaire, un scoop et un livre.

En septembre 1971, sort le film documentaire Le Chagrin et la Pitié, chronique d'une ville française sous l'occupation de Marcel Ophüls, montrant la vie quotidienne à Clermont-Ferrand pendant l'occupation, avec des témoignages de lâcheté et d'égoïsme. Le film ne fut pas accepté pour la télévision (refus de l’ORTF) et ne fut montré que dans deux salles (studio Saint-Séverin et Paramount-Élysées), avant de se retrouver dans les quelques salles d'art et d'essai en 1976, pour être diffusé finalement sur FR3 en 1981.

Le 5 juin 1972, le journaliste Jacques Derogy (ancien résistant) révèle dans L'Express[44] que Georges Pompidou a discrètement gracié Paul Touvier (l'ancien chef régional de la Milice à Lyon, condamné à mort par contumace après la libération) le 23 novembre 1971. La nouvelle fait scandale.

Georges Pompidou, conférence de presse du 23 septembre 1972.

Enfin, en 1973 est publiée la traduction en français de l'ouvrage La France de Vichy[45] de l'historien américain Robert Paxton[46] : en se basant notamment sur les archives allemandes disponibles aux États-Unis, il montre que l’État français n'était pas simplement collaborationniste, mais avait une idéologie propre (la « Révolution nationale », issue du conservatisme français d'avant-guerre) et cohérente, qu’il n'a pas mené de double-jeu et qu’il y avait autant de vichystes que de résistants.

Laurent Douzou, « L'historiographie de la France des années noires », Tal Bruttmann (dir.), Persécutions et spoliations des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, collection « Résistances », Presses universitaires de Grenoble, 2004.

Cette « révolution paxtonienne » provoque d'abondantes critiques, comme lors du débat de l'émission Les Dossiers de l'écran le 25 mai 1976, entre trois pétainistes, trois résistants et trois historiens (dont Paxton).

Plusieurs films diffusent cette remise en cause de la version résistancialiste, notamment Lacombe Lucien de Louis Malle en 1974 (banalisation du mal), Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré en 1983 (comédie sur la Résistance), Des terroristes à la retraite de Mosco Boucault en 1985 (documentaire sur les souvenirs de résistants), Uranus de Claude Berri en 1990 (avec Gérard Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret et Michel Blanc) et Un héros très discret de Jacques Audiard en 1996 (avec Mathieu Kassovitz).

Jean-Pierre Azéma et François Bédarida, « L'historisation de la Résistance »[47], Esprit, janvier 1994, p. 21-22.

Au même moment, des témoignages non-conformistes écornent la vision traditionnelle de la Résistance :

  • Henri Frenay, La nuit finira, collection « Vécu », Robert Laffont, 1973.
  • Claude Bourdet, L'Aventure incertaine : de la Résistance à la Restauration, collection « Les Grands sujets », Stock, 1975.
  • Charles Tillon (exclu du PCF en 1970), On chantait rouge, collection « Vécu », Robert Laffont, 1977.

De nouveaux sujets pour les historiens[modifier | modifier le wikicode]

Puis une nouvelle génération d'historiens plus critiques renouvelle la vision du passé, bénéficiant de l'ouverture d'une partie des archives en 1979[48], comparant ainsi les témoignages avec les sources écrites. De nouvelles problématiques sont développées, comme :

  • Pierre Laborie, Résistants, vichyssois et autres : l'évolution de l'opinion et des comportements dans le Lot de 1939 à 1944, Éditions du CNRS, 1980. L'auteur s'intéresse particulièrement aux « autres ».
  • Stéphane Courtois, Le PCF dans la guerre : de Gaulle, la Résistance, Staline, Ramsay, 1980.
  • Henry Rousso, Le syndrome de Vichy : 1944-198, collection « XXe siècle », Seuil, 1987. Il prend la mémoire de la guerre comme sujet d'étude, développant les notions de « mythe résistancialiste » et de « négationnisme »[49].
  • Adam Rayski, Stéphane Courtois et Denis Peschanski, Le Sang de l'étranger : les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1989.
  • Fabrice Virgili, La France virile : des femmes tondues à la Libération, Payot, 2000.
  • Charles Onana, 1940-1945, noirs, blancs, beurs : libérateurs de la France : les photos inédites de l'armée du général de Gaulle, collection « Mémoire & archives », Duboiris, 2006.
  • Simon Epstein, Un paradoxe français, Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Albin Michel, 2008.
  • Fabrice Virgili, Naître ennemi : les enfants de couples franco-allemands nés pendant la Seconde Guerre mondiale, Payot, 2009.
  • Pierre Laborie, Le chagrin et le venin : la France sous l'Occupation, mémoires et idées reçues, Bayard, 2011.
  • Raphaëlle Branche, Fabrice Virgili, Isabelle Delpla et alii, Viols en temps de guerre, Payot & Rivages, 2013[50].

Polémiques autour des mémoires[modifier | modifier le wikicode]

Tandis que les commémorations restent imprégnées d'une vision assez mythique, la mémoire de la Résistance et de l'État de Vichy reprend périodiquement une dimension politique. C'est le cas en 1994, avec les révélations sur le passé « vichysto-résistant »[51] de François Mitterrand[52], son amitié avec René Bousquet (un des chefs de la police de Vichy) après la guerre et le fleurissement de la tombe de Philippe Pétain sur l'île d'Yeu.

En 2007, Nicolas Sarkozy déclenche une polémique en ordonnant la lecture dans tous les lycées de la dernière lettre de Guy Môquet[53]. Plusieurs auteurs reprochent au nouveau président cette récupération politique, l'absence de regard critique sur le document[54] et la « caporalisation mémorielle »[55]. Le « Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire »[56] (fondé en 2005 lors du débat sur la colonisation) parle alors d'instrumentalisation de l'histoire.

La commémoration de la journée nationale du souvenir de la déportation, le 28 avril 2013 à Strasbourg, avec les autorités locales (préfet, sénateur, conseil régional, gouverneur militaire et municipalité) et les délégations des associations d'anciens combattants, devant le monuments aux morts.

Le choix des journées de commémoration obéit au contexte politique : en 2006, Jacques Chirac instaure[57] la « Journée nationale commémorative de l'appel du général de Gaulle » le 18 juin (l’UMP se réclamait de l'héritage gaulliste), tandis qu'en 2013 François Hollande fait de même[58] avec la « Journée du souvenir de la Résistance » le 27 mai (anniversaire de la fondation du CNR, où la gauche était fortement représentée).


Enfin, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale est aussi utilisée comme symbole de la réconciliation franco-allemande dans le cadre de la construction européenne :

L'affirmation de la mémoire du génocide[modifier | modifier le wikicode]

Après la fin de la guerre, la mémoire du génocide des juifs s'exprime peu ; cette mémoire s'affirme à partir des années 1970, jusqu'à devenir centrale[60].

Une mémoire occultée[modifier | modifier le wikicode]

La relative occultation du génocide juif se fait par son intégration au sein de la déportation des résistants et politiques, négligeant ainsi la spécificité du génocide. Par exemple dans le documentaire sur la déportation Nuit et brouillard d'Alain Resnais en 1956, Buchenwald est plus important que Birkenau. Un autre exemple est que l'« Amicale des déportés d'Auschwitz et des camps de Haute-Silésie » est dominée par les déportés politiques[61].

Interview d'Annette Wieviorka[62] par Agathe Logeart et Claude Weill, Le Nouvelle Observateur, n° 2097, « Auschwitz, l'histoire vraie du crime absolu », 13 janvier 2005.
Interview de Simone Veil par Agathe Logeart, Le Nouvel Observateur, n° 2097, « Auschwitz, l'histoire vraie du crime absolu », 13 janvier 2005.

La remise en cause de cette occultation commence avec le procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem en 1961, basé sur des témoignages, qui marque le début du réveil de la mémoire juive.

Lutter contre le négationnisme[modifier | modifier le wikicode]

Une autre raison est le militantisme contre le négationnisme, ce dernier étant la remise en cause de l’existence des crimes contre l'humanité, notamment celui du génocide visant les juifs, par différents milieux antisémites d'extrême-droite, ou parfois islamistes, voire d'extrême-gauche.

Paul Rassinier, Le Mensonge d'Ulysse, 1950.
Louis Darquier[63], « À Auschwitz on n'a gazé que les poux », L'Express, 28 octobre 1978.
Robert Faurisson (prof de littérature à Lyon 2), « Le "problème des chambres à gaz" ou la rumeur d'Auschwitz », Le Matin de Paris, 16 novembre 1978 ; Le Monde, 29 décembre 1978.


Serge Thion (chercheur au CNRS), Vérité historique ou vérité politique ? Le dossier de l'affaire Faurisson ; la question des chambres à gaz, La Vieille Taupe, 1980.

Le 15 juin 1985, Henri Roques (retraité ancien secrétaire de la Phalange française) soutient à l'université de Nantes une thèse à tendance négationniste remettant en cause les confessions de Kurt Gerstein (témoignage d'un SS sur le génocide). La thèse est annulée en juillet 1986 pour irrégularités.

  • Carlo Mattogno (trad. Jean Plantin), « Le mythe de l'extermination des Juifs », Annales d'Histoire révisionniste, n° 1, avril 1987.
Jean-Marie Le Pen, émission « Le Grand Jury RTL-Le Monde », dimanche 13 septembre 1987[64].

Ces déclarations et publications ont lieu alors que le Front national monte électoralement (Le Pen obtient 14,38 % des voix aux présidentielles de 1988, le FN 11,73 % aux européennes de 1989), ainsi que la profanation des tombes du cimetière juif de Carpentras le 10 mai 1990.

Bernard Notin (professeur de sciences économiques à Lyon III), « Le rôle des médiats dans la vassalisation nationale : omnipotence ou impuissance ? », Économie et sociétés, n° 8, Presses universitaires de Grenoble, 1989, p. 117-133. Article dénoncé par Le Monde le 28 janvier 1990.


Les scandales recherchés par les négationnistes ont pour conséquence des sanctions : Paul Rassinier, Robert Faurisson, Jean-Marie Le Pen et Jean Plantin[65] sont condamnés à des amendes ou de la prison ; Serge Thion est révoqué du CNRS en 2000 ; la « Commission sur le racisme et le négationnisme à l'université Jean-Moulin Lyon III » est formée en 2001, présidée par Henry Rousso, rendant son rapport en 2004[66] ; différents sites internet sont filtrés (tel celui de l'« Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'holocauste » : AAARGH).

Bruno Gollnisch (alors prof de japonais à Lyon III), conférence de presse du 11 octobre 2004 à Lyon[67].

Une deuxième conséquence est la réaction de certains historiens :

  • Pierre Vidal-Naquet, Les Assassins de la mémoire, Maspéro, 1981 (rééditions en 1987, 1995 et 2005).
  • Georges Wellers, Les Chambres à gaz ont existé : des documents, des témoignages, des chiffres, collection « Témoins », Gallimard, 1981.
  • Jean-Claude Pressac, Auschwitz: Technique and operation of the gas chambers, New York, The Beate Klarsfeld Foundation, 1989.
  • Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d'Auschwitz : la machinerie du meurtre de masse, Éditions du CNRS, 1993 (rééd. 2007).

Une troisième conséquence est le vote en 1990 de la loi Gayssot[68] qui réprime le négationnisme. Il s'agit de la première de ce qu'on a appelé un peu après les quatre « lois mémorielles » (sur le génocide juif en 1990, le génocide arménien en 2001[69], l’esclavagisme en 2001[70] et la colonisation en 2005[71]). Quelques historiens s'opposèrent à cette loi, d’autre la défendirent[72].

Article 24 bis de la loi sur la liberté de la presse[73], rajouté par la loi Gayssot.
Jean-Pierre Azéma, Élisabeth Badinter et alii, « Liberté pour l'histoire », Libération, 13 décembre 2005[74].


Cette lutte contre le négationniste et le réveil de la mémoire juive entraînent un effort de pédagogie : si la déportation est présente dans les manuels scolaires dès les années 1960[75], le génocide juif n'y figure dans sa singularité qu’à partir des années 1980 ; il est mentionné dans le programme d'histoire qu’à partir de 1988[76].

Les films participent à ce phénomène, avec notamment la série télé américaine Holocauste de Marvin Chomsky en 1979, Shoah de Claude Lanzmann en 1985 (un documentaire), La liste de Schindler de Steven Spielberg et L'Œil de Vichy de Claude Chabrol (basé sur les actualités) en 1993, Train de vie de Radu Mihaileanu en 1997 (une comédie), La vie est belle de Roberto Benigni en 1998 et La Rafle de Roselyne Bosch en 2010.

Cet effort pédagogique est renforcé par la comparution devant la justice de responsables de la déportation des juifs qui ont échappé à l'épuration. Ces quelques procès, très médiatisés, sont permis par le vote en 1964 d'une loi rendant les crimes contre l'humanité imprescriptibles[77]. Quelques historiens y participent, d'autres refusent : par exemple lors du procès de Maurice Papon, Paxton est cité comme expert, tandis que Rousso refuse.

Procès en France pour crimes contre l'humanité
Identités Fonctions pendant la guerre Fonctions après-guerre Procès
Jean Leguay (1909-1989) Délégué de la police nationale à Paris de 1942 à 1943. Révoqué en 1945, réintégré en 1957, travaille dans le privé jusqu'à sa retraite en 1974. Inculpé en 1979, mais meurt avant le procès. -
Klaus Barbie (1913-1991) Chef de la Gestapo à Lyon de 1943 à 1944. Recherché en 1945, travaille pour les Américains à partir de 1947 ; réfugié en Bolivie de 1951, expulsé en 1983. 1987
Paul Touvier (1915-1996) chef de la Milice à Lyon en 1944. Condamné à mort par contumace en 1946, arrêté, s'échappe. En cavale, il est gracié par Pompidou en 1971. De nouveau en cavale, il est arrêté en 1989. 1994
Maurice Papon (1910-2007) Secrétaire général de la préfecture de Gironde de 1942 à 1944. Devient chef de cabinet, puis préfet, maire, préfet de police, député et ministre. 1998
René Bousquet (1909-1993) Secrétaire général à la police de 1942 à 1943. Arrêté par les Allemands en 1944, rentré en France en 1945, incarcéré puis acquitté en 1948, travaille dans le privé. Inculpé en 1991, mais assassiné en 1993. -
Alois Brunner (1912- ?) Chef du camp de Drancy en 1943, organisateur des convois de 1943 à 1944. Caché en Allemagne, condamné à mort par contumace en 1954, mort probablement en 2010 en exil en Syrie. 2001

La responsabilité française[modifier | modifier le wikicode]

Enfin, se pose la question de la responsabilité de l’État français de Vichy dans le génocide. Dans les années 1970-1980, plusieurs travaux d'historiens portent sur cette question, qui ne débouchent que tardivement sur une reconnaissance officielle.

En 1992, François Mitterrand se fait huer à la commémoration du Vel' d'Hiv', aux cris de « Mitterrand à Vichy ! »[79], car il fait la distinction entre la République française et l’État français, refusant ainsi de reconnaître la responsabilité française. Après la création en 1993 de la « journée de commémoration des persécutions racistes et antisémites » (les 16 juillet, anniversaire de la rafle)[80], puis en 1994 d'un monument à la mémoire des victimes du Vel' d'Hiv', la reconnaissance de la complicité de l'État est le fait de Jacques Chirac en 1995.

Cet événement s'accompagne d'une série de remises en cause du rôle de l’Église, de la police ou de la SNCF[81], et de leurs déclarations de repentance. En 2005 est instaurée la « journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de la Shoah » (le 27 janvier, anniversaire de la libération d'Auschwitz) et est inauguré le mémorial de la Shoah à Paris.

Enfin, le 18 janvier 2007, une cérémonie d'hommage aux « Justes de France » (en référence aux « Justes parmi les nations » de l’institut Yad Vashem, qui comprend 3 843 Français[82]) a lieu au Panthéon, pour rappeler que si l'État français a été complice, des Français s'y sont opposés.

La reconnaissance de la participation française à la Shoah
Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se fait de son pays. Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l’on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l'horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. Celles et ceux qui sont marqués à jamais dans leur âme et dans leur chair par le souvenir de ces journées de larmes et de honte. Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français.

Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police. […]

La France, patrie des Lumières et des droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. […]

Je veux me souvenir que cet été 1942, qui révèle le vrai visage de la collaboration, dont le caractère raciste, après les lois anti-juives de 1940, ne fait plus de doute, sera, pour beaucoup de nos compatriotes, celui du sursaut, le point de départ d'un vaste mouvement de résistance. Je veux me souvenir de toutes les familles juives traquées, soustraites aux recherches impitoyables de l'occupant et de la milice, par l'action héroïque et fraternelle de nombreuses familles françaises. J’aime à penser qu'un mois plus tôt, à Bir Hakeim, les Français libres de Kœnig avaient héroïquement tenu, deux semaines durant, face aux divisions allemandes et italiennes.

Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a une faute collective. Mais il y a aussi la France, une certaine idée de la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Cette France n'a jamais été à Vichy. Elle n'est plus, et depuis longtemps, à Paris. Elle est dans les sables libyens et partout où se battent des Français libres. Elle est à Londres, incarnée par le Général de Gaulle. Elle est présente, une et indivisible, dans le cœur de ces Français, ces « Justes parmi les nations » qui, au plus noir de la tourmente, en sauvant au péril de leur vie, comme l'écrit Serge Klarsfeld, les trois quarts de la communauté juive résidant en France, ont donné vie à ce qu'elle a de meilleur. Les valeurs humanistes, les valeurs de liberté, de justice, de tolérance qui fondent l'identité française et nous obligent pour l'avenir.

Jacques Chirac, discours de commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv', 16 juillet 1995.
Masochisme ?
Je déteste cette mode de la repentance qui exprime la détestation de la France et de son histoire. Je déteste la repentance qui veut nous interdire d’être fiers de notre pays. Je déteste la repentance qui est la porte ouverte à la concurrence des mémoires. Je déteste la repentance qui dresse les Français les uns contre les autres en fonction de leurs origines. Je déteste la repentance qui est un obstacle à l’intégration parce que l’on a rarement envie de s’intégrer à ce que l’on a appris à détester, alors que l’on devrait le respecter et l’aimer. Voilà ma vérité.

Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Je voudrais rappeler à tous ses détracteurs que la France n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. La France a inventé les droits de l'homme et est le pays au monde qui s'est le plus battu pour la liberté du monde. Voilà ce qu'est l'histoire de la France ! […] Durant la guerre tous les Français n'ont pas été pétainistes, il y a eu les héros de la France libre et de la Résistance. Si certains Français ont dénoncé des juifs à la Gestapo, d'autres, plus nombreux, les ont aidés au péril de leur vie, des mères ont caché des enfants juifs parmi leurs propres enfants.

Nicolas Sarkozy, discours de Lyon (lors de la campagne présidentielle), 5 avril 2007.

Conclusion[modifier | modifier le wikicode]

La relation entre les historiens et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale a donc varié dans le temps, avec d’abord une participation des historiens-résistants au développement d'une mémoire plus ou moins officielle, puis la remise en cause du « résistancialisme » par une nouvelle génération d'historiens. Les mémoires, qui se diversifient, sont devenus des sujets d'étude à part entière.

Mais la relative proximité chronologique de ce conflit rend son étude toujours aussi sensible. Les contemporains, qu’ils soient témoins, acteurs ou victimes, sont encore nombreux, entretenant des mémoires actives et parfois conflictuelles entre elles, 70 ans après. Il est, encore actuellement, facile de s'empêtrer dans des polémiques, entretenues par les réguliers réemplois à des fins politiques (une forme d'« abus de mémoire » ?).

On peut faire des parallèles avec les autres conflits ayant déchirés la population française, dont les mémoires entretiennent des cicatrices mal refermées. La comparaison peut être faite avec les mémoires de la guerre d'Algérie, encore plus proche de nous, donc encore plus sensible : il s'agit d'un sujet qui fâche facilement. En tant qu'historien, il est sûrement plus aisé de travailler sur des sujets ayant dépassé le siècle, donc largement dépassionnés, tel que la Première Guerre mondiale : le temps a fait son œuvre.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Inspection générale de l'Éducation nationale, « Thème 1 introductif – Le rapport des sociétés à leur passé », Ressources pour la classe terminale de la série S (rentrée scolaire 2014-2015), mars 2014.
  2. Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy : 1944-198, Paris, Seuil, 1987, 378 p. (ISBN 2-02-009772-9) , repris dans Éric Conan et Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, Paris, Fayard, 1994, 327 p. (ISBN 2-213-59237-3), p. 22-35 .
  3. Anick Mellina (dir.), Clés pour l'enseignement de l'histoire et de la géographie en terminale  : aide à la mise en œuvre des programmes, Marly-le-Roi, SCÉRÉN-CNDP-CRDP de Versailles, 2012, 179 p. (ISBN 978-2-86637-557-7), p. 33 .
  4. Plan proposé dans la vidéo Les Bons Profs, « L'historien et les mémoires de la 2nde Guerre mondiale », sur https://www.youtube.com/.
  5. Regroupés au sein de l'« Association nationale des anciens combattants de la Résistance » : http://www.anacr.com/
  6. Regroupés au sein de la « Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes » : http://www.fndirp.asso.fr/
  7. Regroupés au sein de l'« Association des anciens déportés juifs de France ». L'« Amicale des déportés d'Auschwitz et des camps de Haute-Silésie » est dominée par les déportés résistants communistes.
  8. Regroupés au sein de l'« Association pour la mémoire de la déportation du travail forcé » : http://www.requis-deportes-sto.com/
  9. Cf. l'« Association franco-allemande des enfants de la Seconde Guerre mondiale » : http://www.coeurssansfrontieres.com/
  10. Regroupés au sein de l'« Association des déserteurs, évadés et incorporés de force » ainsi que l'« Amicale interdépartementale des anciens de Tambow et camps assimilés » : http://www.malgre-nous.eu/
  11. Représentés par l'« Union fédérale des associations françaises d'anciens combattants » et par la « Fédération nationale des anciens prisonniers de guerre ».
  12. Regroupés au sein de l'« Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain » : http://www.admp.org/
  13. La « Légion des volontaires français contre le bolchevisme » ; cf. le meeting au Vel' d'Hiv' le 21 avril 1944 : http://www.ina.fr/video/AFE86002656/reunion-de-la-lvf-au-vel-d-hiv-video.html
  14. Cf. le « Cercle des descendants et amis des vétérans français du front de l'Est (1941-1945) » : http://www.cdvfe-divisioncharlemagne.com/
  15. « Entre juin 1944 et décembre 1948, plus d'un million de soldats allemands ont vécu en France en tant que prisonniers de guerre, d’abord sous l'autorité américaine et britannique, ensuite sous contrôle de l'armée française ». Valentin Schneider, Un million de prisonniers allemands en France, Paris, Vendémiaire, 2011, 191 p. (ISBN 978-2-36358-000-9), p. 11 . 24 178 moururent et 30 000 restèrent en France.
  16. Tel que l'association « Rail et mémoire » : http://railetmemoire.blog4ever.com/
  17. « Association des anciens combattants de la résistance de l'Éducation nationale ».
  18. Pierre Laval a été le chef du gouvernement à Vichy, Joseph Darnand fut le fondateur et le chef de la Milice française, Fernand de Brinon l'ambassadeur de Vichy auprès des Allemands à Paris.
  19. Jean-Pierre Azéma (dir.), François Bédarida (dir.), Charles Robert Ageron, Christopher Andrew, Claire Andrieu et al., 1938-1948, les années de tourmente  : de Munich à Prague, dictionnaire critique, Paris, Flammarion, 1995, 1135 p. (ISBN 2-08-211552-6), p. 936 et 939 .
  20. « Loi n° 46-729 du 16 avril 1946 portant amnistie », sur http://www.legifrance.gouv.fr/.
  21. « Loi n° 47-1504 du 16 août 1947 portant amnistie », sur http://www.legifrance.gouv.fr/.
  22. « Loi n° 51-18 du 5 janvier 1951 portant amnistie, instituant un régime de libération anticipée, limitant les effets de la dégradation nationale et réprimant les activités antinationales », sur http://www.legifrance.gouv.fr/.
  23. « Loi n° 53-112 du 20 février 1953 portant amnistie en faveur des Français incorporés de force dans les formations militaires ennemies », sur http://www.legifrance.gouv.fr/.
  24. « Loi n° 53-681 du 6 août 1953 portant amnistie », sur http://www.legifrance.gouv.fr/.
  25. Service historique de la Défense, « Les pertes de la campagne de France, 10 mai - 22 juin 1940 », sur http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/.
  26. (de) Sven Schultz (dir.), Wehrmachtsauskunftsstelle für Kriegerverluste und Kriegsgefangene : 1939-1945, Coblence, Bundesarchiv, 2007  (RW 48).
  27. Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz : le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, vol. 2
    1943-1944, Paris, Fayard, 1985, 542 p. (ISBN 2-213-01297-0) .
  28. Nicolas Mengus, « L'incorporation de force en chiffres », sur http://www.malgre-nous.eu/
  29. Jean François Muracciole, Les Français libres : l'autre Résistance, Paris, Tallandier, 2009, 424 p. (ISBN 978-2-84734-596-4) .
  30. André Corvisier, Histoire militaire de la France, vol. 4
    de 1940 à nos jours, Paris, PUF, 1994, p. 251-252 .
  31. INSEE, « Données des recensements 1901 à 2005 », sur http://www.insee.fr/ (au format xls).
  32. Expression créée par Henri Rousso, Le syndrome de Vichy : 1944-198, Seuil, coll. « XXe siècle », 1987 .
  33. Expression créée par Jean Guéhenno, Journal des années noires, 1940-1944, Gallimard, 1947 .
  34. « Ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental », sur http://www.legifrance.gouv.fr/.
  35. Charles de Gaulle, « Discours de l'hôtel-de-ville de Paris, le 25 août 1944 », sur http://www.charles-de-gaulle.org/.
  36. Loi n° 46-934 du 7 mai 1946 portant commémoration de la victoire le 8 mai ou le dimanche suivant, publiée au JORF du 8 mai 1946 page 3886. La loi n° 53-225 du 20 mars 1953 fait du 8 mai un jour férié.
  37. « Article L213-2 du Code du patrimoine », sur http://www.legifrance.gouv.fr/.
  38. Les cartes de la Résistance et les cartes de la Souffrance sont disponibles en ligne sur le « site de la bibliothèque de l'IHTP ».
  39. Pierre Nora, « Gaullistes et communistes », Les lieux de mémoire, tome 3 Les France, Gallimard, 1992.
  40. Circulaire ministérielle n° 891 du 11 avril 1961, parue au BOÉN n° 16 du 26 avril 1961. La Confédération nationale des Combattants volontaires de la Résistance avait lancé dès 1955 un concours scolaire sous le nom de « prix de la Résistance », rejointe en 1958 par la Fédération nationale des déportés internés et résistants patriotes. Cf. « liste des thèmes depuis 1961  », sur http://www.fondationresistance.org/.
  41. « Liste des seize Morts pour la France du Mont-Valérien », sur http://www.ordredelaliberation.fr/.
  42. Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy, 1987 , repris dans Vichy, un passé qui ne passe pas, Fayard, 1994, p. 33 .
  43. Le 8 mai est célébré depuis la loi du 7 mai 1946 et devient jour férié par la loi du 20 mars 1953. Il est déplacé le dimanche par le décret du 11 avril 1959, redevient férié par le décret du 17 janvier 1968, puis est supprimé le 7 mai 1975 au nom de la réconciliation franco-allemande (proposition d’en faire une journée de l'Europe) et rétabli par la loi du 2 octobre 1981.
  44. Jacques Derogy, « L'Express retrouve Paul Touvier », sur http://www.lexpress.fr/, .
  45. Robert Paxton (préface de Stanley Hoffmann), La France de Vichy 1940-1944, collection « L'Univers historique » n° 7, Éditions du Seuil, 1973.
  46. Robert Owen Paxton, Vichy France: Old Guard and New Order, Alfred A. Knopf, 1972.
  47. http://www.historia.uff.br/nec/sites/default/files/Azema_Bedarida_0.pdf
  48. Auparavant le délai de communicabilité était de 50 ans (décret du 12 janvier 1898). Le décret n° 70-1066 du 19 novembre 1970 relatif à la communication au public des documents des Archives nationales et des archives départementales (publié au « JORF du 22 novembre 1970, p. 10723-10724 ») rend non communicables les archives de l'État postérieures au 10 juillet 1940, sauf dérogation. La loi n° 79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives en ouvre une partie, mais étend certains délais à 120 ans (publiée au « JORF du 5 janvier 1979, page 43 »). Enfin, la circulaire du 2 octobre 1997 relative à l'accès aux archives publiques de la période 1940-1945 (→ « Circulaire du 2 octobre 1997 relative à l’accès aux archives publiques de la période 1940-1945 », sur http://www.dgdr.cnrs.fr/) en débloque une autre partie. Des restrictions et interdits existent toujours pour les archives du ministère de l'Intérieur.
  49. Thèmes repris dans Éric Conan et Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, Gallimard, 1994.
  50. Thème développé précédemment dans Lilly J Robert, Taken by force: rape and American soldiers in the European theater of operations during World War II: England, France, Germany, 1942-1945, Palgrave Macmillan, 2007.
  51. La notion de « vichysto-résistant », développée par l'historien Jean-Pierre Azéma, désigne une personne qui a été vichyste (mais pas collaborateur) puis résistant.
  52. Pierre Péan, Une jeunesse française : François Mitterrand 1934-1947, 1994.
  53. « Note de service n° 2007-138 du 2 août 2007 » et « note de service n° 2009-125 du 16 septembre 2009 », sur http://www.education.gouv.fr/.
  54. Pierre Schill, « « Guy Môquet revu et corrigé » », Libération, 11 septembre 2007.
  55. Jean-Pierre Azéma, « Guy Môquet, Sarkozy et le roman national », L'Histoire, n° 323, septembre 2007, p. 6-11.
  56. http://cvuh.blogspot.fr/
  57. « Décret n° 2006-313 du 19 mars 2006 » instituant le 18 juin de chaque année une Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi, publié au JORF n° 67 du 19 mars 2006 page 4142.
  58. « Loi n° 2013-642 du 19 juillet 2013 » relative à l'instauration du 27 mai comme journée nationale de la Résistance, publiée au JORF n° 167 du 20 juillet 2013 page 12129.
  59. http://www.ina.fr/video/I09169817/valery-giscard-d-estaing-il-y-a-des-lieux-pour-la-reconciliation-il-y-a-des-moments-pour-le-souvenir-video.html
  60. Qualifié de « judéocentrisme » par Henry Rousso, Histoire et mémoire des années noires, mémoire pour l'habilitation à diriger des recherches, IEP Paris, 2000 [lire en ligne], p. 63 .
  61. Olivier Lalieu, « La perception de la Shoah par les associations de rescapés », Mots, vol. 56, n° 56, 1998, p. 113-120.
  62. Annette Wieviorka, Déportation et génocide : entre la mémoire et l'oubli, Plon, 1992 ; L'Ère du témoin, Plon, 1999.
  63. Dit « de Pellepoix », ancien commissaire général aux questions juives, alors en exil en Espagne.
  64. Cf. Henri Deleersnijder, L'affaire du « Point de détail »  : effet médiatique et enjeux de mémoire, Les Éditions de l'Université de Liège, 2001 [lire en ligne] .
  65. Auteur d'un mémoire de DEA à Lyon 2 en 1991 sur Les épidémies de typhus exanthématique dans les camps de concentration nazis (1933-1945).
  66. [pdf] Commission sur le racisme et le négationnisme à l'université Jean-Moulin Lyon III, « Rapport à Monsieur le Ministre de l'Éducation nationale ».
  67. Texte de la dépêche Reuters, citée dans Henry Rousso, « Les racines politiques et culturelles du négationnisme en France » [PDF], sur http://www.chgs.umn.edu/, p. 2.
  68. « Loi n° 90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe », sur http://www.legifrance.gouv.fr/, portant le nom de Jean-Claude Gayssot, député PCF de la circonscription de Bobigny-Drancy, qui en a fait la proposition.
  69. Loi n° 2001-70 du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915.
  70. Loi n° 2001-434 du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité.
  71. Loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés. Article 5 : « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer […] ».
  72. Appel « Ne mélangeons pas tout », dans le Nouvel Observateur du 20 décembre 2005 et tribune dans L'Humanité du 21 décembre 2005.
  73. « Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse », sur http://www.legifrance.gouv.fr/.
  74. Jean-Pierre Azéma, Elisabeth Badinter et alii, « Liberté pour l'histoire », sur http://www.liberation.fr/.
  75. Par exemple, en 1963 le manuel scolaire des éditions Fernand Braudel mentionne le génocide qu'au détour d'une phrase : « Le nombre de tués, militaires ou civils, est très élevé, surtout en Europe centrale et spécialement parmi les groupes ethniques pourchassés par les nazis : juifs, gitans... »
  76. Georges Bensoussan, « L'enseignement de la Shoah dans l'Éducation nationale française (1945-1990)  », Les Temps Modernes, no  547, février 1992 [texte intégral].
  77. « Loi n° 64-1326 du 26 décembre 1964 » tendant à constater l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité, publiée au JORF du 29 décembre 1964, page 11788.
  78. L'ouvrage donne la liste des 75 721 déportés juifs de France. Cf. http://tetrade.huma-num.fr/Tetrademap_Enfant_Paris/ et http://tetrade.huma-num.fr/Tetrademap_Enfant_France/ pour les enfants.
  79. D'où la colère de Robert Badinterhttp://www.youtube.com/watch?v=f1e70lZPgc4
  80. « Décret n° 93-150 du 3 février 1993 » instituant une journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l'autorité de fait dite « gouvernement de l'État français » (1940-1944), complétée par la « loi n° 2000-644 du 10 juillet 2000 » instaurant une journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux « Justes » de France.
  81. Christian Bachelier, La SNCF sous l'occupation allemande 1940-1944, Paris, IHTP-CNRS, 1996, rapport documentaire [lire en ligne] .
  82. « Les 3952 Justes parmi les Nations, de France », sur http://www.ajpn.org/.