France de la IIème République/Aux origines de 1848
L'année 1848, charnière du XIXe siècle, est nourrie par plusieurs crises.
Une crise économique
[modifier | modifier le wikicode]Alors que la révolution industrielle arrive plus que jamais en Europe et aux États-Unis, la France reste un pays massivement rural (65% de ruraux) et agricole.
La conjoncture économique en France est mauvaise. La décennie 1840 n’est pas bonne. En 1846, le blé pourrit par l'alternance entre sècheresse et pluies abondantes. De ce fait, la soudure (période où les stocks sont épuisés et où les nouvelles récoltes n'ont pas encore été réalisées) entre les saisons 1846 et 1847 est longue et ardue. Le prix du pain augmente, des contestations naissent, vivement réprimées (déportations au bagne, parfois). La situation redevient en quelque sorte médiévale. Cette année 1846-1847 marque la dernière crise frumentaire. 1847 est une année plutôt bonne en termes de récoltes.
Mais la crise touche également le monde artisanal, dont l’industrie peine à croitre. La France traverse de plus une crise monétaire : les francs ne sont pas valables sur tout le territoire.
Une crise morale
[modifier | modifier le wikicode]La crise morale française sera mise en exergue par l'analyse d'Alexis de Tocqueville qui, de retour des États-Unis, est stupéfait. Il sent un « malaise français ».
De nombreux scandales politiques éclatent. Un ancien ministre, pair de France, est accusé d'avoir touché des pots-de-vin durant son mandat. Le duc de Chaseul Praslin tue sa femme pour une histoire d'adultère, mais n'est pas mis en prison. De cet évènement nait la critique d'une justice à deux vitesses. Parfois, la fiction dépassera la réalité (comme dans les romans de Balzac, par exemple).
C'est dans cette fin des années 1840 que sont publiées les premières histoires de la Révolution française, racontées sous l'égide de plusieurs écoles (réactionnaire, libérale puis plus tard marxiste). Quel que soit le diagnostic, le souvenir de la Révolution habite toujours les Français.
La crise politique
[modifier | modifier le wikicode]La crise politique nait du paradoxe entre la réélection des partisans de Guizot, président du Conseil des ministres, et les farouches mais vaines manifestations en faveur de l'abaissement du cens. Les tensions naissent.
Dès lors se lance la « campagne des Banquets ».
Le premier, sans but politique, est organisé le 9 juillet 1847 autour de Paris, dont l'entrée est payante. Entre 1000 et 1500 personnes s'y rendent. Quelques cris hasardeux sont lancés : « Vive le cens à 100 Francs ! », « Vive la République ! ». Les banquets se multiplient (une cinquantaine de banquets entre l'été 1847 et 1848).
Les banquets prennent une envergure politique. Le 7 novembre 1847, Ledru-Rollin y demande le suffrage universel. Le 19 décembre, à Châlons-sur-Saône, un député lance « République française ! ».
Un banquet est prévu par le modéré Odilon Barrot le 22 février 1848, vers les Champs Élysées. Cette organisation est vue par Guizot comme une provocation : il interdit ce banquet.
Il sera néanmoins organisé, annoncé par des affiches dans Paris. Le 22 février 1848 devient rapidement une journée révolutionnaire.