Fonctions mentales/Monothéisme

Leçons de niveau 18
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Monothéisme
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Chapitre no 14
Leçon : Fonctions mentales
Chap. préc. :Religion
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Monothéisme[modifier | modifier le wikicode]

    Avec l'écriture, l'argent, le développement du commerce, les déplacements des populations, la complexité croissante des rapports entre les personnes, des besoins sociaux apparaissent. Les rois qui tentent de les régler par leurs lois font figure de despotes. La bande des dieux paillards et immoraux des panthéons n'est pas appropriée pour répondre à ces besoins. Le prince a besoin de sacraliser son modèle de pouvoir, son alliance avec les prêtres, leur assurer des revenus, de rassembler un peuple disparate, le contrôler, lui donner une identité sur laquelle il puisse compter. Le peuple a besoin d'une morale, d'un code civil, d'une justice, qui soient acceptés par tous et que personne ne puisse contester. Avec son livre sacré Josias résout d'un coup tous ces problèmes. Son monothéisme n'est pas seulement une religion, ni seulement un projet politique, c'est un vaste ensemble, une réforme globale de la société portée par un transcendant. Josias échoue, il perd la vie quelques années plus tard au cours de combats et son fils revient au paganisme, mais son projet est si séduisant, si moderne pour l'époque, que je judaïsme renaît presque de lui-même alors que ce peuple est en captivité, et qu'il engendrera tous les autres grands monothéismes. Ensuite ces monothéismes ont souffert parce que dès leurs origines, ils sont totalitaires, ils veulent éradiquer les paganismes et les réfractaires,  ils prétendent s'imposer à tous, jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne, dans tous les domaines de la pensée et surtout par leur difficulté et presque leur incapacité à se transformer du fait de la sacralité de leurs textes. En fait il n'est pas interdit à un monothéisme de porter une évolution scientifique, sociale et politique (on a pu le voir parfois), s'il sait s'adapter rapidement à l'évolution des besoins d'une population et corriger peu à peu ses premières erreurs.
    En Asie de l'Est nous pouvons voir d'autres types de transcendants collectifs. Si pour devenir populaires, le bouddhisme et le taoïsme ont intégré les pratiques paganistes auxquelles aspiraient les populations et ressemblent aux autres religions, dans leur version radicale ce sont des écoles de dépassement de soi disposant de leurs propres techniques mentales. Bouddha voulait s'affranchir et enseigner aux autres comment s'affranchir de toute souffrance. Lao-Tseu aspirait à « aller sous le ciel », une harmonie spontanée dans la fluidité d'une vie physique et mentale. De tous les philosophes chinois, c'est le plus individualiste, il ne s'intéresse  ni au social, ni au politique, il fait peu de cas de la compassion, et selon la légende il s'enfuit dans la solitude. Les transcendants de ces écoles ne sont pas des transcendants de survie, mais de dépassement de soi. Ils s'adressent surtout à des personnes déjà libérées de toute contingence matérielle.
    La grande peste a fissuré le monolithisme du monothéisme chrétien en Europe et ses abus répétés ont fait le reste, la renaissance a pu émerger puis la science et la progression des techniques ont transformé  les besoins des populations, les églises ont dû renoncer à leurs ambitions et libérer leurs carcans après des siècles de conflits sanglants. La majorité de la population n'est cependant pas devenue athée, car l'athéisme suppose une réflexion approfondie, elle est devenue areligieuse et elle a adopté d'une façon pas toujours très consciente le mythe du progrès, un transcendant porté par la philosophie, la politique, les sciences, la médecine, l'économie, et la conviction que quoi qu'il fasse, quels que soient ses errements et ses erreurs, l'homme arrivera toujours à s'en sortir. En quelque sorte il s'est rapproché de la fonction essentielle de la foi. Ce mythe pourrait souffrir, si l'humanité rencontrait à l'avenir de fortes épreuves, mais un autre mythe plus ancien, la cyclicité, chère à Confucius, pourrait le concurrencer dans la recherche d'une harmonie sociale et politique hors du progrès.