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Enfance, un concept au carrefour des sciences/l'enfance et les théories de la communication

Leçons de niveau 15
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l'enfance et les théories de la communication
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Chapitre no 4
Leçon : Enfance, un concept au carrefour des sciences
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Enfance, un concept au carrefour des sciences/l'enfance et les théories de la communication
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Devant l'insuccès des traitements psychiatriques et des psychothérapies des patients schizophrènes, des psychiatres et des psychologues américains ont, dès les années 1940, expérimenté d'autres méthodes thérapeutiques reposant sur une nouvelle théorisation de cette maladie mentale. Ces psychologues avaient déjà constaté que la communication était brouillée, non seulement entre les patients schizophrènes (la schizophrénie est une maladie mentale très grave de l'adulte, consistant en une dissociation de la personnalité) et leurs thérapeutes, mais également à l'intérieur de leurs familles d'origine.

Les psychologues postulaient qu'en changeant de point de vue, c'est-à-dire en étudiant non seulement le patient schizophrène, mais tout son système familial, en changeant de cadre, on arriverait à des résultats autrement plus intéressants.

Le psychiatre américain Haley a écrit en 1978 (traduit par nous) comment la lecture d’un même phénomène peut varier en élargissant le cadre d'étude:

« 1. Individuel: un garçon de dix ans ne veut pas sortir de la maison parce qu’il a peur des chiens. D'un point de vue individuel, il a une phobie des chiens.

2. Dyade: si l’on constate que la mère du garçon est constamment avec lui à cause de ce problème et qu'elle ne s'intéresse dans la vie qu'au garçon et à ses phobies, on peut dire que l'unité du problème est la dyade mère enfant. La phobie des chiens permet de maintenir une relation sur-investie entre la mère et l'enfant.

3. Triade: si l’on observe le comportement entre la mère, le père et l'enfant on constate que la mère et le père s'évitent l'un l'autre, sauf en ce qui concerne le problème du fils. Quand la mère et le père sont dans une situation trop conflictuelle, ils se réconcilient en se consolant l'un l'autre en évoquant le problème du fils. D'un point de vue triadique, le garçon aide à maintenir le couple par son problème. »

Cette longue citation permet d'entrevoir comment on passe d’un problème individuel à un problème de communication intrafamiliale. Certains théoriciens américains sont allés plus loin en recourant aux modèles de la cybernétique (science qui étudie les mécanismes de contrôle et de communication dans les machines; le domaine de la cyLemétique s'est étendu aux êtres vivants à la suite des travaux de ces théoriciens qui travaillent sur la schizophrénie).

Le modèle le plus connu qu’ils empruntèrent à la cyLemétique fut celui de la «boîte noire». En cyLemétique une boîte noire est un phénomène (par exemple un mécanisme de régulation) dont on ne sait rien a priori. Mais l’on étudie ce que l’on appelle l'input en cyLemétique, c'est-à-dire les informations arrivant à la boîte noire; puis l’on étudie l'output, c'est-à-dire les informations émises par la boîte noire, et l’on établit une comparaison entre input et output. Une fois cette différence constatée, on sait en quoi la boîte noire a modifié le flux de l'information. En partant de là le cyLeméticien peut faire des hypothèses sur le fonctionnement de la boîte noire. Voyons cela rapidement avec trois petits schémas:

  1. Input -------- Boîte noire -------- Output
  2. Input-------- Boîte noire -------- Output → Comparaison
  3. Input -------- Boîte noire -------- Output → Hypothèses →Comparaison

Ce modèle a l'avantage de permettre au chercheur d'observer le plus objectivement possible la modification de l'input en output sans être influencé par des présupposés théoriques sur le fonctionnement de la boîte noire.

Ayant appliqué le modèle au patient schizophrène, les chercheurs ont étudié les informations qu’il recevait habituellement dans son milieu, c'est-à-dire sa famille d'origine, et les comportements et affirmations « fous » qu’il émettait. Ces études ont montré que le patient schizophrène est soumis dès son jeune âge à une communication dite paradoxale, c'est-à-dire à une affirmation simultanée de deux énoncés logiquement incompatibles.