« Approfondissement sur les suites numériques/Relations de comparaison » : différence entre les versions

Une page de Wikiversité, la communauté pédagogique libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Pommoni (discussion | contributions)
→‎Suites négligeables : Ajout des démonstrations (calque de la partie sur la domination).
m meftypo + synthèse des exemples de référence pour o
Ligne 16 : Ligne 16 :


== Suites dominées ==
== Suites dominées ==
Une suite sera dite dominée par une autre si son comportement en l'infini est "encadré" par la suite dominante, et cela permet d'obtenir des informations sur la suite dominée. On traduit cette idée dans la définition suivante :
Une suite sera dite dominée par une autre si son comportement en l'infini est « encadré » par la suite dominante, et cela permet d'obtenir des informations sur la suite dominée. On traduit cette idée dans la définition suivante :
{{Définition
{{Définition
|contenu =
|contenu =
Soient <math>(u_n)</math> et <math>(v_n)</math> deux suites. On dit que <math>(u_n)</math> est dominée par <math>(v_n)</math>, ce que l'on note <math>u_n=\underset{n\to \infty}{O}(v_n)</math>, ou plus simplement <math>u_n=O(v_n)</math>, lorsqu'il existe une suite <math>(w_n)</math> bornée telle que <math>u_n=v_nw_n</math> à partir d'un certain rang.
Soient <math>(u_n)</math> et <math>(v_n)</math> deux suites. On dit que <math>(u_n)</math> est dominée par <math>(v_n)</math>, ce que l'on note <math>u_n\,\underset{n\to\infty}=\,O(v_n)</math>, ou plus simplement <math>u_n=O(v_n)</math>, lorsqu'il existe une suite <math>(w_n)</math> bornée telle que <math>u_n=v_nw_n</math> à partir d'un certain rang.
}}
}}
;Remarque :
;Remarque :
# La notation utilisée ici est celle de Landau. Il existe une autre notation, la notation de Hardy, moins courante, où l'on note <math>u_n\preceq v_n</math> pour signifier que <math>(u_n)</math> est dominée par <math>(v_n)</math>.
# La notation utilisée ici est celle de Landau. Il existe une autre notation, la notation de Hardy, moins courante, où l'on note <math>u_n\preccurlyeq v_n</math> pour signifier que <math>(u_n)</math> est dominée par <math>(v_n)</math>.
# On remarque que deux suites différentes <math>(u_n)</math> et <math>(v_n)</math> peuvent être dominées par la même suite <math>(w_n)</math>. Dans ce cas l'emploi du signe égalité dans la notation de Landau peut prêter à confusion car on écrit : <math>u_n=O(w_n)</math> et <math>v_n=O(w_n)</math> avec malgré tout <math>(u_n)\neq(v_n)</math>. Pour éviter cette confusion, on pourrait écrire <math>u_n\in O(w_n)</math> où <math>O(w_n)</math> désigne l'ensemble des suites dominées par <math>(w_n)</math>, mais nous nous conformerons à la pratique courante de la notation.
# On remarque que deux suites différentes <math>(u_n)</math> et <math>(v_n)</math> peuvent être dominées par la même suite <math>(w_n)</math>. Dans ce cas l'emploi du signe égalité dans la notation de Landau peut prêter à confusion car on écrit : <math>u_n=O(w_n)</math> et <math>v_n=O(w_n)</math> avec malgré tout <math>(u_n)\neq(v_n)</math>. Pour éviter cette confusion, on pourrait écrire <math>u_n\in O(w_n)</math> où <math>O(w_n)</math> désigne l'ensemble des suites dominées par <math>(w_n)</math>, mais nous nous conformerons à la pratique courante de la notation.


Ligne 42 : Ligne 42 :
|contenu=
|contenu=
Démontrons le premier point, les autres se démontrant de façon similaire.
Démontrons le premier point, les autres se démontrant de façon similaire.
:Soient <math> (u_n),(v_n),(w_n)</math> trois suites. Si <math>u_n=O(v_n)</math> alors <math>\exists N_0\in \N</math> et un suite <math>(\alpha_n)</math> bornée tels que <math>\forall n>N_0,\ u_n=\alpha_n v_n</math>. De même, <math>\exists N_1\in \N</math> et un suite <math>(\beta_n)</math> bornée tels que <math>\forall n>N_1,\ u_n=\beta_n v_n</math>.
:Soient <math> (u_n),(v_n),(w_n)</math> trois suites. Si <math>u_n=O(v_n)</math> alors <math>\exists N_0\in \N</math> et une suite <math>(\alpha_n)</math> bornée tels que <math>\forall n>N_0,\ u_n=\alpha_n v_n</math>. De même, <math>\exists N_1\in \N</math> et un suite <math>(\beta_n)</math> bornée tels que <math>\forall n>N_1,\ u_n=\beta_n v_n</math>.
:Alors <math>\forall n>\max(N_0,N_1),\ u_n=\alpha_n \beta_n v_n</math>, et la suite <math>(\alpha_n \beta_n)</math> est bornée.
:Alors <math>\forall n>\max(N_0,N_1),\ u_n=\alpha_n \beta_n v_n</math>, et la suite <math>(\alpha_n \beta_n)</math> est bornée.
:Ce qui montre que <math>u_n=O(v_n)</math>.
:Ce qui montre que <math>u_n=O(v_n)</math>.
Ligne 62 : Ligne 62 :
}}
}}
== Suites négligeables ==
== Suites négligeables ==
Voyons maintenant la notion de suite négligeable devant une autre. Concrètement, ce phénomène se produit lorsqu'une suite est "beaucoup plus petite" qu'une autre quand <math>n</math> devient très grand.
Voyons maintenant la notion de suite négligeable devant une autre. Concrètement, ce phénomène se produit lorsqu'une suite est « beaucoup plus petite » ou « beaucoup moins grande » qu'une autre quand <math>n</math> devient très grand.
{{Définition
{{Définition
|contenu=
|contenu=
Soient <math>(u_n)</math> et <math>(v_n)</math> deux suites. On dit que <math>(u_n)</math> est négligeable devant <math>(v_n)</math>, ou que <math>(v_n)</math> est prépondérante devant <math>(u_n)</math>, ce que l'on note <math>u_n=\underset{n\to \infty}{o}(v_n)</math>, ou plus simplement <math>u_n=o(v_n)</math>, lorsqu'il existe une suite <math>(w_n)</math> telle que <math>w_n \to 0</math> et que <math>u_n=v_nw_n</math> à partir d'un certain rang.
Soient <math>(u_n)</math> et <math>(v_n)</math> deux suites. On dit que <math>(u_n)</math> est négligeable devant <math>(v_n)</math>, ou que <math>(v_n)</math> est prépondérante devant <math>(u_n)</math>, ce que l'on note <math>u_n\,\underset{n\to\infty}=\,o(v_n)</math>, ou plus simplement <math>u_n=o(v_n)</math>, lorsqu'il existe une suite <math>(w_n)</math> telle que <math>w_n \to 0</math> et que <math>u_n=v_nw_n</math> à partir d'un certain rang.
}}
}}
La même remarque que pour la domination s'applique concernant la notation <math>u_n=o(v_n)</math>. Et on conserve une caractérisation plus simple à l'aide d'un quotient comme nous l'indique la proposition suivante :
La même remarque que pour la domination s'applique concernant la notation <math>u_n=o(v_n)</math>. Et l'on conserve une caractérisation plus simple à l'aide d'un quotient comme nous l'indique la proposition suivante :
{{Proposition
{{Proposition
| contenu =
| contenu =
Ligne 89 : Ligne 89 :
:Ce qui montre que <math>u_n=o(v_n)</math>.
:Ce qui montre que <math>u_n=o(v_n)</math>.
}}
}}
Les applications de cette notion se manifestent également dans le comportement "à l'infini" des suites, ce qui est, rappelons-le, l'objectif des notions développées dans cette leçon.
Les applications de cette notion se manifestent également dans le comportement « à l'infini » des suites, ce qui est, rappelons-le, l'objectif des notions développées dans cette leçon.
{{Proposition
{{Proposition
|titre =Proposition : Comportement en l'infini
|titre =Proposition : Comportement en l'infini
Ligne 105 : Ligne 105 :
}}
}}
{{Exemple
{{Exemple
|titre = Exemples de références
|titre = Exemples de référence
|contenu =
|contenu =
On a les résultats suivants, obtenus en formant le quotient des deux suites et en montrant qu'il tend vers <math>0</math> :
On a les résultats suivants, obtenus en formant le quotient des deux suites et en montrant qu'il tend vers <math>0</math> :
Ligne 111 : Ligne 111 :
#<math>\forall \alpha \in \R,\ a>1,\ n^\alpha=o(a^n)</math>.
#<math>\forall \alpha \in \R,\ a>1,\ n^\alpha=o(a^n)</math>.
#<math>\forall a\in \R,\ a^n=o(n!)</math>.
#<math>\forall a\in \R,\ a^n=o(n!)</math>.
#<math>\forall \alpha>0,\ \beta>0,\ \ln(n)^\beta=o(n^\alpha)</math>.
#<math>\forall \alpha>0,\ \ln n=o(n^\alpha)</math>.
#<math>n!=o(n^n)</math>
#<math>n!=o(n^n)</math>
}}
}}

Avec la notation de Hardy <math>u_n\prec v_n</math> pour <math>u_n=o(v_n)</math>, on peut mémoriser l'essentiel de ces résultats sous la forme :
:<math>\forall \alpha>0\quad\forall a>1</math> :
<div style="text-align: center;"><math>\ln n\prec n^\alpha\prec a^n\prec n!\prec n^n</math>.
</div>

== Suites équivalentes ==
== Suites équivalentes ==
=== Premiers pas ===
=== Premiers pas ===
Ligne 120 : Ligne 126 :
{{Définition
{{Définition
|contenu =
|contenu =
On dit que deux suites <math>(u_n)</math> et <math>(v_n)</math> sont équivalentes, ce que l'on note <math>u_n\underset{n\to\infty}\sim v_n</math>, ou plus simplement <math>u_n\sim v_n</math>, lorsqu'il existe une suite <math>(w_n)</math> qui converge vers <math>1</math> et telle que <math>u_n=v_nw_n</math> à partir d'un certain rang.
On dit que deux suites <math>(u_n)</math> et <math>(v_n)</math> sont équivalentes, ce que l'on note <math>u_n\,\underset{n\to\infty}\sim\,v_n</math>, ou plus simplement <math>u_n\sim v_n</math>, lorsqu'il existe une suite <math>(w_n)</math> qui converge vers <math>1</math> et telle que <math>u_n=v_nw_n</math> à partir d'un certain rang.
}}
}}


Ligne 174 : Ligne 180 :
| contenu =
| contenu =
Soient <math>(u_n),(v_n),(u'_n),(v'_n),(w_n)</math> des suites numériques, et <math>\lambda,\alpha\in \R</math>.
Soient <math>(u_n),(v_n),(u'_n),(v'_n),(w_n)</math> des suites numériques, et <math>\lambda,\alpha\in \R</math>.
*Si <math>u_n\sim v_n</math> et <math>u'_n\sim v'_n</math> alors <math>u_nu'_n\sim v_nv'n</math>.
*Si <math>u_n\sim v_n</math> et <math>u'_n\sim v'_n</math> alors <math>u_nu'_n\sim v_nv'_n</math>.
*:En particulier, si <math>u_n\sim v_n</math> alors <math>\lambda u_n\sim\lambda v_n</math> et <math>u_nw_n\sim v_nw_n</math>.
*:En particulier, si <math>u_n\sim v_n</math> alors <math>\lambda u_n\sim\lambda v_n</math> et <math>u_nw_n\sim v_nw_n</math>.
*Si <math>u_n\sim v_n</math> et <math>v_n\ne0</math> pour <math>n</math> assez grand, alors <math>\frac1{u_n}\sim\frac1{v_n}</math>.
*Si <math>u_n\sim v_n</math> et <math>v_n\ne0</math> pour <math>n</math> assez grand, alors <math>\frac1{u_n}\sim\frac1{v_n}</math>.
Ligne 239 : Ligne 245 :
{{Exemple
{{Exemple
|contenu=
|contenu=
Déterminons la limite de la suite définie pour tout <math>n\in \N</math> par <math>u_n=(1+\frac{1}{n})^n</math>.
Soit <math>x\in\R</math>. Déterminons la limite de la suite définie pour tout <math>n\in \N</math> par <math>u_n=\left(1+\frac xn\right)^n</math>.


On a : <math>\ln((1+\frac{1}{n})^n)=n\ln(1+\frac{1}{n})\sim n\frac{1}{n}=1</math>. Et donc : <math>\ln((1+\frac{1}{n})^n) \to 1</math>.
On a : <math>\ln\left(\left(1+\frac xn\right)^n\right)=n\ln\left(1+\frac xn\right)\sim n\frac xn=x</math>. Et donc : <math>\ln\left(\left(1+\frac xn\right)^n\right)\to x</math>.


Finalement, par continuité de l'exponentielle, on obtient : <math>u_n\to e</math>.
Finalement, par continuité de l'exponentielle, on obtient : <math>u_n\to\mathrm e^x</math>.
}}
}}



== Théorème de comparaison avec une suite géométrique ==
== Théorème de comparaison avec une suite géométrique ==

Version du 27 décembre 2018 à 09:23

Début de la boite de navigation du chapitre
Relations de comparaison
Icône de la faculté
Chapitre no 4
Leçon : Approfondissement sur les suites numériques
Chap. préc. :Suites extraites
Chap. suiv. :Suites adjacentes
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Approfondissement sur les suites numériques : Relations de comparaison
Approfondissement sur les suites numériques/Relations de comparaison
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.

Dans cette leçon, on va aborder les relations de comparaison entre les suites, et l'objectif est d'étudier le comportement des suites en l'infini. Une première information sur ce comportement est donnée par la limite de la suite, mais cela ne suffit pas pour décrire son comportement en l'infini.

Par exemple, les deux suites définies par et divergent toutes les deux vers mais ne divergent pas à la même vitesse, car l'exponentielle croît beaucoup plus vite, comme en témoigne la limite . L'objectif des notions présentées ici va justement être de formaliser ces différences, et elles trouveront des applications dans le calcul de limite, et dans le cours sur les séries elles permettront d'étudier la convergence des séries.

Les notions abordées dans cette leçon pour les suites (équivalence, domination et négligeabilité) sont un cas particulier des mêmes notions pour les fonctions.

Suites dominées

Une suite sera dite dominée par une autre si son comportement en l'infini est « encadré » par la suite dominante, et cela permet d'obtenir des informations sur la suite dominée. On traduit cette idée dans la définition suivante :

Remarque
  1. La notation utilisée ici est celle de Landau. Il existe une autre notation, la notation de Hardy, moins courante, où l'on note pour signifier que est dominée par .
  2. On remarque que deux suites différentes et peuvent être dominées par la même suite . Dans ce cas l'emploi du signe égalité dans la notation de Landau peut prêter à confusion car on écrit : et avec malgré tout . Pour éviter cette confusion, on pourrait écrire désigne l'ensemble des suites dominées par , mais nous nous conformerons à la pratique courante de la notation.

A ce stade, il faut savoir comment se comporte la relation de comparaison vis-à-vis des opérations usuelles, et ici (contrairement à l'équivalence) tout se passe bien comme nous l'assure le résultat suivant :

Voyons quelques applications de la domination :

Suites négligeables

Voyons maintenant la notion de suite négligeable devant une autre. Concrètement, ce phénomène se produit lorsqu'une suite est « beaucoup plus petite » ou « beaucoup moins grande » qu'une autre quand devient très grand.

La même remarque que pour la domination s'applique concernant la notation . Et l'on conserve une caractérisation plus simple à l'aide d'un quotient comme nous l'indique la proposition suivante :

De même que pour la domination, la notion de prépondérance se comporte bien vis-à-vis des opérations algébriques sur les suites.

Les applications de cette notion se manifestent également dans le comportement « à l'infini » des suites, ce qui est, rappelons-le, l'objectif des notions développées dans cette leçon.

Début de l'exemple
Fin de l'exemple


Avec la notation de Hardy pour , on peut mémoriser l'essentiel de ces résultats sous la forme :

 :
.

Suites équivalentes

Premiers pas

Intuitivement, deux suites vont être équivalentes si elles sont « à peu près égales quand devient très grand », et ainsi elles auront le même « comportement » en l'infini. C'est ce que traduit la définition suivante :


Remarques
  • Pour des suites équivalentes, la notation est non ambiguë (de même que la notation pour la limite d'une suite), contrairement à la notation pour des fonctions.
  • D'après la définition, les seules suites équivalentes à la suite nulle sont les suites nulles à partir d'un certain rang. De plus, nous avons la caractérisation suivante, très utile pour déterminer des équivalents (attention, on a souvent tendance à penser que ceci constitue la définition des suites équivalentes).
Remarque
On en déduit que si et si est non nulle à partir d'un certain rang alors, pour assez grand, est non nul et du même signe que .

Regardons maintenant quelques exemples de suites équivalentes qui s'obtiennent directement en montrant que .

Début de l'exemple
Fin de l'exemple


Montrons maintenant que le vocabulaire retenu ici est cohérent.

Opérations sur les suites équivalentes

L'objectif est ici de voir les propriétés qui vont nous servir pour le calcul des équivalents. En premier lieu, voici les opérations qu'il est possible de réaliser sur les suites équivalentes, ce qui permettra de simplifier le calcul effectif d'équivalent :


Début de l'exemple
Fin de l'exemple
Remarques
De manière générale, il est « interdit » de réaliser des sommes d'équivalents ou de composer une relation d'équivalence par une fonction. De manière formelle, si et , on peut avoir , et pour une fonction , .
Par exemple, on a et mais .
Et pour la composition, un contre-exemple est donné, pour , par et mais .


Voyons maintenant des équivalents qui serviront de référence. Tous se déduisent d'équivalents usuels en 0 de fonctions, en les composant à droite par la suite.


Début de l'exemple
Fin de l'exemple


Applications

Ici, nous allons voir quelques applications du calcul d'équivalent. Ces applications vont reposer majoritairement sur les propriétés suivantes :

Utilisons maintenant la notion d'équivalence pour le calcul de limite de suite :

Début de l'exemple
Fin de l'exemple


Théorème de comparaison avec une suite géométrique

Début d’un théorème
Fin du théorème