Recherche:L’émergence des banques de données posomégaliques: enjeux, et prospections pour le mouvement de la culture libre/De la définition d’un fait et de ses enjeux socio-légaux

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Ce chapitre se propose d’explorer la problématique de définition d’un fait et les problématiques légales particulières du statut de données factuelles.

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Le mythe de la donnée brute[modifier | modifier le wikicode]

Exemple de typologie dative[modifier | modifier le wikicode]

Dans cette section est explicité une proposition de distinction entre différents types de données et agrégations de données. La fine compréhension de chaque type distingué n’est pas nécessaire aux explications ultérieures. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’adhérer à cette typologie en particulier, et celle-ci fait donc plus figure d’exemple adéquat que de thèse indispensable. Le point principal à retenir pour le présent projet de recherche est le rejet de l’amalgame entre tout type de données, et plus encore de ceux-ci avec des agrégats de données.

Donnée factuelle, ou autophyse
Une donnée factuelle, comme son nom l’indique, advient de fait, elle est la conséquence directe d’un événement sur un agent disposant d’un senseur, l’effet de l’événement sur le senseur générant la donnée. En cela elle peut également être qualifié d’autophyse, car il s’agit de la trace laissé par une manifestation spontanée. La plupart des données factuelles accessibles aux humains ne sont pas du domaine du langage humain.
Cependant, le cas du signe performatif peut faire figure d’exception. Par exemple « la présente assertion contient le mot mot ». Dans ce type de situation, c’est bien l’acte d’énonciation qui génère comme conséquence immédiate des données factuelles, qui plus est dans ce cas précis, en accord logique avec son propos. En effet, tout acte pouvant générer de multiple conséquences, il n’est pas étonnant que toute énonciation puisse générer de multiples données factuelles, dont les interprétations indépendantes peuvent d’ailleurs conclure à des représentations différentes. Ainsi en contre pied de l’exemple précédent, la lecture de l’assertion « la présente assertion ne contient pas le mot mot » génère la donnée factuelle que cette assertion fait partie des choses qui ont été lu par le lecteur, et fort probablement une seconde donnée factuelle sera inférée par le lecteur sur la contradiction sémantique entre ce que prétend l’assertion et l’un des faits inférable depuis la forme de l’assertion.
Pour un autre exemple moins autoréférentiel, l’institution garante du dépôt des marques pourra factuellement énoncer « Wikimedia est une marque de la Wikimedia Foundation ». À noter que la factualité n’implique pas l’exhaustivité de la description faite par l’énoncé, ainsi pour l’institution garante du dépôt des marques, il est sous-entendu que la marque est reconnue par l’institution dans toute sa portée juridictionnelle, mais pas au-delà, comme soumise à un monopole légal en faveur de la Wikimedia Foundation. En revanche, tout autre entité énonçant la même assertion n’en fera pas une donnée factuelle. Ainsi si le présent lecteur énonce Wikimedia est une marque de la Wikimedia Foundation, cela n’aboutit pas à l’actualisation de la proposition en un fait (sauf dans le cas improbable ou la parole du lecteur est elle-même force de loi dans un certain espace juridique).
Donnée renvoyant à une donnée factuelle, ou nématophyse
Par exemple, dans le point précédent est donné un exemple de fait. Dans cet exemple le risque de confusion entre fait et (donnée qui) renvoie à un fait est minime, parce que l’assertion indique explicitement que le fait auquel elle se rapporte lui est exogène. Mais ça n’est généralement pas le cas. Et là où la problématique se complexifie fortement, c’est que souvent la même proposition peut être utilisé pour énoncer un fait et un renvoie à un fait. Ainsi l’article Wikipédia sur Wikimedia stipule Wikimedia est une marque de la Wikimedia Foundation. Ici le renvoi n’est pas du tout explicite. Mais au sein de l’article, il ne s’agit pas d’un fait[1], mais bien d’un renvoie à une assertion qui est, elle, possiblement factuelle. En cela elle peut également être qualifié de nématophyse, car elle constitue un fil d’une trame référentielle.
Donnée qui renvoie à une donnée qui renvoie à une donnée (ou pas), ou bathyphyse
Un renvoie peut faire référence à un renvoie, et les renvoie peuvent ainsi se chaîner indéfiniment, le tout sans que la forme – ou au moins la sémantique – de l’assertion ne change. Si quelqu’un dit à un ami, après avoir lu l’article Wikipédia, que Wikimedia est une marque de la Wikimedia Foundation, il ne changera en rien la forme, ne stipulera pas nécessairement qu’il tient cette assertion de Wikipédia dont l’article lui-même n’indique pas nécessairement de renvoie. En cela elle peut également être qualifié de bathyphyse, car elle s’appuie sur un mécanisme de mise en profondeur.
Le renvoie à un renvoie reprenant, peu ou prou, la même forme que ce à quoi il renvoie constitue probablement le type d’assertion le plus utilisé.
Pour ne rien arranger, il est de toute évidence possible de créer des assertions qui ne renvoient à aucun fait, tout en gardant cette propriété de séquençabilité et donc une indiscernabilité formelle entre données factuelles, données renvoyant à des données factuelles, données renvoyant à une chaîne de renvoie dont le dernier élément peut éventuellement ne reposer sur aucun fait.
L’amalgame est d’autant plus trompeur qu’à cela se mêle la validité des assertions interprétées comme fait direct et fait de renvoie : de fait, l’assertion Wikimedia est une marque de la Wikimedia Foundation se trouve dans l’article Wikipédia sur Wikimédia, ce qui ne garanti aucunement de sa validité comme fait direct qui nécessiterait la référence vers une trace officielle de l’institution l’ayant institué en fait.
Donnée qui stipule une référence pour une autre donnée (qui renvoi éventuellement à une donnée factuelle), ou proxénophyse
Toutes ces distinctions appuient la nécessité de fournir des références dans les articles Wikipédia où la qualité des articles est dépendante de la factualité des données sur lesquelles ces articles s’appuient. Les références ne sont pas des données factuelles. Les références affirment qu’une ou plusieurs assertions dûment identifiés sont déductibles, ou tout au moins facilement inférables, depuis certaines données tierces, des indications permettant de retrouver ces données devant être également fournies. En cela elle peut également être qualifié de proxénophyse, car elle renvoie explicitement à une autre donnée dont elle se fait mandataire.
Document qui agrège de façon thématique des données
Par exemple un article Wikipédia.
Base données qui agrège des données de façon transversale
Par exemple une version linguistique de Wikipédia en tant qu’ensemble de tout ses articles, ou Wikidata.
Faits inférables directement depuis la forme d’une donnée
par exemple la longueur d’une chaîne de caractère
Faits extractibles de tout ou partie des métadonnées de la base de données
par exemple la longueur moyenne d’un texte sur Wikipédia
Faits inférables par l’analyse sémantiques d’une base de donnée
par exemple il est fort probable que Katherine Maher directrice générale de la Wikimedia Foundation, connaisse Jimmy Wales, alors que le prédicat « connaître » n’est nul par utilisé pour relier ces deux personnes dans leurs articles respectifs.
Données soumises à des restrictions particulière en fonction de leur thématique
C’est par exemple le cas de données soumises au secret défense ou relatives à une personne comme le w:droit à l’image et le w:droit à l’oubli.
Données issues d’un ensemble de bases de données et du croisement entre ces données
Par exemple, extraire des données relatives à un prédicat particulier depuis divers projets Wikimédia dans différentes versions linguistiques, et confronter les affirmations faites dans chaque cas.
Données d’un ensemble de documents thématiques qui est transversal aux publieurs
par exemple l’ensemble des données directement accessible sur le Web
Données inférables de l’analyse de documents disponibles publiquement
par exemple tout ce qui est automatiquement inférable en croisant les données disponibles sur internet.

Des monopoles applicables à des données factuelles[modifier | modifier le wikicode]

Influences acrogènes[modifier | modifier le wikicode]

Les sections précédentes se focalisent sur la notion de fait telle qu’elle entre en considération dans l’aspect législatif des droits contemporains en matière de monopole sur des données. Au-delà de ces considérations endogènes au respect de la loi, se pose le problème de l’influence d’enjeux sociologiques et géopolitiques plus larges sur la loi elle même.

La notion même de fait est mise à mal par les instances politiques régnantes dans les structures des états-nations. D’où la notion de problématique acrogène. La volonté d’activement entraver les travaux historiographiques par des narrations éhontément affabulatrices n’est pas nouvelle. Contrôler la vision que les personnes se font du monde est une stratégie évidente pour ceux qui souhaitent se voir régir ces personnes. Cependant la notion de faits alternatifs avancé par le gouvernement des États-Unis ou celle d’une révision de l’histoire de l’Inde visant à une conformité avec un agenda confessionnel pré-établi[2] émanent respectivement de la plus puissante et de la plus peuplé des démocraties que comptent le monde. Même en partant du postulat que le mensonge et la langue de bois relève de la banalité de la personnalité politique en démocratie, il n’empêche qu’un tel degré de dénégation publique dans ce type de régime politique constitue une certaine rupture avec les pratiques passés qui s’ingéniait encore a construire des narrations un tant soit peu crédibles et cohérentes en avançant leurs aspirations les plus controversés de façon plus opaque et confidentielle.

Méthodes de prospective[modifier | modifier le wikicode]

Cette recherche visant à établir des prospectives, il importe d’établir quels sont les méthodes qu’elle entend utiliser pour se faire. À l’heure où le mouvement Wikimédien est conduit dans les démarches ambiantes de prospective avec Wikimédia 2030, il peut être intéressant d’explorer d’autres moyens de projection, tel que le fait de pousser des phénomènes à leur limite[3].

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Tout au moins, cela ne correspond pas à la notion de fait telle que présentement décrite
  2. By rewriting history, Hindu nationalists lay claim to India
  3. Aujourd’hui on a, et j’ai participé à certaines d’entre elles, plein d’opérations de prospective urbaine, machin 2030, alors maintenant ça va être machin 2050, avec des démarches qui sont du type ultra bien pensante […] je crois que lorsqu’on essai de se projeter un peu différemment, il y a des techniques pour se projeter dans l’avenir et une de ces techniques, c’est de pousser des phénomènes à leur limite. Alain Bourdin : Une épistémologie de l'incertitude

Ressources relatives[modifier | modifier le wikicode]

  1. De l'épistémologie de la mesure à celle de la donnée, conférence de Bruno Bachimont
  2. Gloria Origgi - L'âge du soupçon (Les lois de l'attraction mentale) - Agoravox TV
  3. La réputation - Origgi Gloria - Hors collection - PUF
  4. Say goodbye to the information age: it's all about reputation now | Aeon Ideas
  5. Artificial data give the same results as real data — without compromising privacy | MIT News
  6. Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron. Vigilance épistémologique et pratique sociologique, voir également Séquence audiovisuelle : Jean-Claude Passeron : La sociologie est-elle une science comme les autres ? hébergé par Media-Sceren, catalogue des collections audiovisuelles du CNDP.
  7. Pour une épistémologie élégante et claire
  8. [What are the ten most cited sources on Wikipedia? Let’s ask the data. – Wikimedia Blog]