Mondialisation : processus, acteurs et territoires/Territoires

Leçons de niveau 13
Une page de Wikiversité, la communauté pédagogique libre.
Début de la boite de navigation du chapitre
Territoires
Icône de la faculté
Chapitre no 4
Leçon : Mondialisation : processus, acteurs et territoires
Chap. préc. :Acteurs
Chap. suiv. :Sommaire
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Mondialisation : processus, acteurs et territoires : Territoires
Mondialisation : processus, acteurs et territoires/Territoires
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.

La mondialisation est un phénomène géographique, touchant et modifiant les territoires.
Comment s'organisent les territoires dans la mondialisation ?

Centres et périphéries[modifier | modifier le wikicode]

La Terre vue de nuit (montage photographique) : les territoires riches et intégrés à la mondialisation sont lumineux, les territoires en marge sont relégués dans l'ombre.

Tous les territoires ne participent pas au même niveau à la mondialisation. Le résultat actuel est un système polycentrique (plusieurs pôles) avec tout un dégradé de périphéries plus ou moins intégrées. Pour classer les territoires, on peut prendre en compte divers indicateurs, tel que le nombre d'internautes[1] ou le nombre d'inscrits sur Facebook[2].

États moteurs[modifier | modifier le wikicode]

À chaque étape de la mondialisation, certains territoires ont un rôle moteur dans le phénomène, l'organisant et en profitant prioritairement.

Membres de la triade[modifier | modifier le wikicode]

L'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie d'Extrême-Orient sont actuellement les trois principaux centres d'impulsion de la mondialisation, d'où la notion de « triade » pour désigner cet ensemble.

Leur influence dans l'économie mondiale se mesure au fait qu’ils assurent l'essentiel des échanges mondiaux, effectués principalement entre eux, qu’ils concentrent les principales places boursières et qu’ils hébergent les sièges sociaux des principales firmes transnationales. La triade, qui correspond à seulement 20 % de la population mondiale, réalise 75 % des échanges commerciaux, 90 % des opérations financières, 80 % des IDE et représente 80 % du PIB mondial. elle totalise également 80 % des nouvelles connaissances scientifiques et 90 % de la recherche (refnec). Ces États forment un oligopole mondial puisqu’un petit nombre d'États (États-Unis, Canada, Union européenne et Japon, réunis au sein du G8) exerce le pouvoir.

Ces centres s'imposent à des périphéries qui sont des espaces dominés et sous influence des pays de la triade. Cette opposition continue dans une certaine mesure à se renforcer, d'où la notion de triadisation. Un exemple flagrant est le choix de localisation des sièges des différentes agences de l’Organisation des Nations unies, essentiellement en Amérique du Nord et en Europe :

  • New York pour l’UNICEF (enfance), le PNUD (développement) et l’UNU (université) ;
  • Genève pour le CCI (commerce), la CNUCED (développement), le HCDH (droits de l'homme), le HCR (réfugiés), l’OIT (travail), l’OMM (météo), l’OMPI (propriété intellectuelle) et l’OMS (santé) ;
  • Vienne pour l’AIEA (nucléaire), l’ONUDI (développement industriel) et le UNODC (drogues) ;
  • Rome pour le FIDA (développement agricole), la FAO (agriculture) et le PAM (alimentaire) ;
  • Montréal pour l’OACI (aviation civile) ;
  • Londres pour l’OMI (maritime) ;
  • Paris pour l’UNESCO (éducation et culture) ;
  • Madrid pour l’OMT (tourisme) ;
  • Nairobi pour le PNUE (environnement).

États-continents[modifier | modifier le wikicode]

Les États-continents sont des pays qui combinent à la fois une vaste superficie territoriale et la puissance issue d'une population nombreuse. Ces deux variables lui confèrent un rôle géopolitique fondamental dans l'équilibre des forces sur la planète. Ces pays sont, par ordre d'importance démographique, la Chine, l'Inde, la Russie, les États-Unis et le Brésil. Leur vaste superficie leur permet de figurer toujours dans les dix premiers rangs mondiaux pour les productions minérales présentes sur leur territoire (charbon, pétrole, fer, etc.) ou agricoles (céréales, soja, élevage, etc.). L'importance de leur population leur procure un vaste marché intérieur pour absorber leurs productions industrielles. Mis à part le Brésil et les États-Unis, leur unité territoriale est fragile.

Puissances émergentes[modifier | modifier le wikicode]

Planisphère montrant les BRICS en rouge (ce sont des États-continents) et les Next Eleven en bleu.

Les pays émergents sont des puissances économiques dont le PIB par habitant est encore inférieur à celui des pays développés, mais qui connaissent une croissance économique rapide et dont le niveau de vie converge avec celui des pays développés. Ils se caractérisent par leur intégration rapide à l'économie mondiale d'un point de vue commercial (développement de leurs exportations) et financier (leur ouverture aux capitaux extérieurs). Ainsi, ces pays investissent de plus en plus à l'étranger : 117 milliards de dollars en 2005, soit 17 % du total mondial contre 10 % en 1982[3].

Entre dans cette catégorie d’abord le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Inde, la Chine, auquel se rajoutent le Mexique, l'Indonésie, la Russie et la Turquie. La présence d'autres pays ou non est sujet de débats. Des acronymes sont parfois utilisés pour les désigner, tels que les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), ou BRICS (avec l'Afrique du Sud), BRICM (avec le Mexique), BRICI (avec l'Indonésie) ou les BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine). D'autres appellations plus rares existent, tels que :

  • les CIVETS (Colombie, Indonésie, Viêt Nam, Égypte, Turquie et Afrique du Sud) ;
  • les E7 (Chine, Inde, Brésil, Mexique, Russie, Indonésie et Turquie) ;
  • les MIKT (Mexique, Indonésie, Corée du Sud et Turquie) ;
  • les EAGLE's (Brésil, Chine, Égypte, Inde, Indonésie, Corée du Sud, Mexique, Russie, Taïwan et Turquie) ;
  • les N-11 ou Next Eleven (Bangladesh, Égypte, Indonésie, Iran, Mexique, Nigeria, Pakistan, Philippines, Turquie, Corée du Sud et Viêt Nam).

Territoires à la marge[modifier | modifier le wikicode]

Citation de Jimmy Carter
(en) Globalization, as defined by rich people like us, is a very nice thing... you are talking about the Internet, you are talking about cell phones, you are talking about computers. This doesn't affect two-thirds of the people of the world.
(fr) La mondialisation, telle que définie par les gens riches comme nous, est une très bonne chose... vous parlez d'internet, vous parlez de téléphones portables, vous parlez d'ordinateurs. Cela n'affecte pas les deux tiers de la population du monde.

Le principal continent en marge de la mondialisation serait le continent africain, étant donné que sa part dans le commerce mondial est de 1,2 % tandis qu'elle y était de 9 % dans les années 1960-1970. Ce net recul oblige à affirmer que l’Afrique reste encore peu mondialisée ; l’investissement direct étranger en Afrique équivaut à 3,42 % (moins de la moitié de l’IDE d'un pays comme la France). L'Afrique n'attire donc pas les investisseurs étrangers qui préfèrent prendre la destination de l'Asie et des pays d'Amérique latine.

On peut donc affirmer que l'Afrique n'a absolument pas pu tirer profit de la mondialisation à l'exception de quelques pays en l’occurrence l’Afrique du Sud, l’Île Maurice, les pays du Maghreb, le Botswana (le seul pays au monde ayant affiche un taux de croissance de 9 % sur 30 années consécutives) et dans une certaine mesure le Malawi (théorie des avantages comparatifs). La situation socio-économique des pays africains francophones est encore moins reluisante que celle des autres pays. Ces premiers, ne possédant ni infrastructure industrielle ni industrie agro-alimentaire, sont encore rivés au seul rôle de consommateurs[4].

Territoires en réseaux[modifier | modifier le wikicode]

Les territoires en réseaux sont les territoires les mieux intégrés dans la mondialisation, ceux qui bénéficient le plus du phénomène, grâce à leurs infrastructures de transport (aéroports, ports maritimes, ports fluviaux, LGV et autoroutes) et de communication (notamment les câbles sous-marins en fibre optique[5]). Ce sont les métropoles, certains espaces frontaliers et les façades maritimes.

Les métropoles mondiales[modifier | modifier le wikicode]

Par leurs relations, les métropoles mondiales constituent un réseau, l'« archipel mégalopolitain mondial ».

Définitions[modifier | modifier le wikicode]

Une métropole (du grec mêtêr, mère, et polis, ville) est la ville principale d'une région géographique ou d'un pays, qui, à la tête d'une aire urbaine importante, par sa grande population et par ses activités économiques et culturelles, permet d'exercer des fonctions organisationnelles sur l’ensemble de la région qu'elle domine. Par exemple, Montréal est la métropole québécoise.

Une mégapole (du grec megas, « grand » et polis, « ville ») est une très grande agglomération qui se caractérise généralement par la présence en son sein de fonctions politiques et économiques majeures. L'ONU a fixé le seuil d'une mégapole à dix millions d'habitants (anciennement huit). Par exemple, Paris est la seule mégapole de France.

Une mégalopole (du grec megalos, « très grand » et polis, « ville »), elle, est un espace urbanisé formé de plusieurs agglomérations dont les banlieues et couronnes périurbaines s'étendent tellement qu’elles finissent par se rejoindre, et cela sur de longues distances. Par exemple, la conurbation BosWash (Boston, New York, Baltimore, Philadelphie et Washington) forme une mégalopole le long de la côte nord-est des États-Unis.

Une ville-monde désigne une ville qui exerce des fonctions stratégiques à l'échelle mondiale, un centre qui organise des flux et s'inscrit dans des réseaux, un pôle de commandement dans la mondialisation. Exemples : Londres, Tokyo, New York et Paris.

Hub aéroportuaires[modifier | modifier le wikicode]

Les lignes aériennes en juin 2009 : la concentration des lignes aux États-Unis, en Europe et en Asie orientale sont mis en évidence.

Les principaux aéroports mondiaux, toujours localisées à proximité des métropoles mondiales, sont les points les plus ouverts sur le reste du monde. Le plus souvent à la tête d'une hiérarchie d'aéroports plus petits selon la logique hub and spoke (« moyeu et rayon »), ces grands aéroports servent de plate-formes de correspondance vers le reste du monde.

Les vingt premiers aéroports internationaux en 2010 sont ceux d'Atlanta, de Beijing, de Chicago, de Londres, de Tokyo, de Los Angeles, de Paris, de Dallas, de Francfort, de Denver, de Hong Kong, de Madrid, de Dubaï, de New York, d'Amsterdam, de Jakarta, de Bangkok, de Singapour, de Guangzhou et de Shanghai[6], chacun servant de hub à une grande entreprise de transport aérien.

Places boursières[modifier | modifier le wikicode]

Les principales bourses d'échange sont localisés dans les métropoles les plus influentes de la planète :

Espaces frontaliers[modifier | modifier le wikicode]

Localisation du LHC, l’accélérateur de particules du CERN, sous la frontière franco-suisse près de Genève.

Les frontières entre États peuvent être soit étanches (frontières fermées) soit poreuses (ouvertes). Par exemple la frontière entre les deux États coréens est le modèle d'une frontière presque totalement hermétique, devenue le plus grand champs de mines de la planète. Les frontières nord-est de la France ont elles-aussi été longtemps répulsives pour la construction mécanique et notamment aéronautique, l'État encourageant l'implantation des usines le plus loin possible d'une invasion venant d'Allemagne, d'où le choix de Toulouse pour le montage des Airbus.

Avec la construction européenne et le développement des partenariats internationaux, notamment après l'entrée en application de l’accord de Schengen et le développement de la coopération transfrontalière (par exemple les eurorégions qui sont des accords de voisinage), les frontières entre pays membres deviennent très attractives, avec des agglomérations qui chevauchent la ligne (Strasbourg - Kehl ou bien San Diego - Tijuana), voir même des usines (celle de Novartis à moitié sur Bâle et l'autre sur Saint-Louis) ou des centres de recherche (cas des accélérateurs de particules du CERN sous plusieurs communes françaises et suisses au nord de Meyrin et de Ferney-Voltaire).

Façades maritimes[modifier | modifier le wikicode]

Une façade maritime est une interface de grande dimension permettant les échanges d'imports-exports par voie marine entre un arrière-pays (Hinterland) et le reste du monde (Foreland). Il s'agit d'un regroupement statistique de ports de commerce bordant le même littoral.

Principales façades[modifier | modifier le wikicode]

Le Burchardkai, un des terminaux conteneurs du port de Hambourg.

Les façades maritimes sont nombreuses sur Terre ; on peut les classer en additionnant le trafic des différents ports les composant[7] : la délimitation des façades détermine donc le classement. La division ou non de la côte pacifique de la Chine fait l’objet de quelques débats, mais on peut la subdiviser en trois façades, celles de la mer Jaune, de la mer de Chine orientale et de la mer de Chine méridionale. En Amérique du Nord on a aussi trois façades, la côte est sur l'Atlantique, le littoral du golfe du Mexique et la côte ouest. Quant aux ports européens on peut les répartir en six façades : nord-européenne, ouest-Méditerranée, îles britanniques, est-Méditerranée, Baltique et Atlantique[8].

La première façade mondiale serait celle des ports chinois de la mer Jaune : Tianjin, Qinhuangdao, Yingkou, Dalian, Qingdao et Lianyungang, servant d'interface commerciale pour toute la Mandchourie, Beijing et le Shandong.

La deuxième façade mondiale serait celle des ports européens de la mer du Nord (façade surnommée la Northern Range) : Rotterdam, Anvers, Hambourg, Amsterdam, Le Havre, Bremerhaven, Zeebruges et Dunkerque, servant d'interface maritime au Benelux, à l'Allemagne, à la moitié nord de la France, à la Suisse et à l'Autriche.

Le port de Singapour, le deuxième port mondial en termes de tonnage.

Zones industrialo-portuaires[modifier | modifier le wikicode]

Les grands ports se développent sous la forme de zones industrialo-portuaires[9] (ZIP), qui associent :

  • des infrastructures appelées « terminaux » pour l'accueil de navires (bassins, quais, grues, portiques…) spécialisés (terminaux pétroliers, gaziers, minéraliers, conteneurs, rouliers, etc.) ;
  • des aires de stockage (tas de matières premières, réservoirs d’hydrocarbures, entrepôts de produits manufacturés, parkings pour les véhicules, aires pour les conteneurs, etc.) ;
  • des activités industrielles (raffineries de pétrole, trains de liquéfaction du gaz, usines chimiques, usines d'automobiles, usines sidérurgiques, etc.), des chantiers de construction ou de réparation navales et des services (essentiellement logistiques).

Les ZIP se développent car dans les quarante dernières années le volume du fret maritime a triplé. Aujourd’hui 90 % du fret intercontinental est assuré par bateau (avec un total de plus de 8 milliards de tonnes). La conteneurisation des marchandises facilite encore les échanges en diminuant le coût du transport (moins de 1 % de la valeur du produit).

Pour gagner en compétitivité, les principales ZIP s’étendent en gagnant des terrains sur la mer (polders et terre-pleins en eaux profondes comme à Yangshan pour le port de Shanghai ou à Maasvlakte pour le port de Rotterdam) et se modernisent en automatisant la manutention des conteneurs.


Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. (en) « Internet World Stats, Usage and Population Statistics », sur http://www.internetworldstats.com/.
  2. (en) Paul Butler, « Visualizing Friendships », sur http://www.facebook.com/.
  3. D'après le rapport annuel sur l'investissement de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement, chiffres cités par l’article « Le groupe indien Tata Steel prêt à racheter le sidérurgiste Corus », dans le Le Monde, 17 octobre 2006.
  4. « L'Afrique reste en marge de la mondialisation », sur http://guineeactu.info/.
  5. (en) « Submarine Cable Map », sur http://www.submarinecablemap.com/.
  6. (en) « Passager Traffic 2010 Final », sur http://www.aci.aero/ (Airports Council International).
  7. « les ports mondiaux (terminaux minéraliers, conteneurs, pétroliers, méthaniers et rouliers, + ports de guerre) », sur http://falba.fr/ (fichier kmz lisible avec Google Earth).
  8. Alain Frémont, « L'Europe, puissance maritime », dans Clarisse Didelon, Claude Grasland et Yann Richard (sous la dir.), Atlas de l'Europe dans le monde, Paris, La documentation française, 2008, 260 p. (ISBN 978-2-11-007524-6), p. 133-144.
  9. « Les façades maritimes », sur http://pierre-mera.ac-versailles.fr/.