Méthodes d'éducation physique en Europe aux XIX° et XX° siècles/La méthode naturelle autrichienne

Leçons de niveau 14
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La méthode naturelle autrichienne
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Chapitre no 7
Leçon : Méthodes d'éducation physique en Europe aux XIX° et XX° siècles
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Chap. suiv. :Les méthodes sportives
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Redéfinir le mouvement naturel[modifier | modifier le wikicode]

Dès 1918 Karl Gaulhofer (1885-1941) initie une réflexion méthodologique poursuivie et complétée par Margarete Streicher qui lui succède à la tête de l'Institut de Vienne en 1931. Les auteurs s'y démarquent du turnen allemand revanchard au profit d'une méthode naturelle qui se développe jusqu'à l'annexion au III° Reich en 1938 Ce courant disparaît alors au bénéfice de la doctrine du Reich pour réapparaître en 1945 et influencer le turnen d'après-guerre.

Cette réflexion retrouve la pensée de Gutsmuths à travers la biologie moderne. Elle renoue aussi avec l’humanisme, et prélude ainsi aux conceptions propres à la seconde partie du XX° : omme chez Gutsmuths, le geste est le prétexte au rétablissement de l’unicité entre le corps et l’esprit. Les fondements théoriques situent l'éducation physique dans l'éducation générale où elle remplit une fonction spécifique : l'éveil de la conscience hygiénique qui permet à chacun de gérer son capital biologique pendant toute son existence. A cette fin il convient de développer d'abord la vigueur par des exercices de pleine nature en évitant, comme chez Georges Hébert, le travail mécanique. Les auteurs insistent particulièrement sur la participation intellectuelle des exécutants qui doivent avoir une conscience claire de la finalité du travail, des buts et des moyens utilisés. Les Autrichiens sont ainsi parmi les premiers à ne plus entraîner les êtres humains comme on entraînait les chevaux.

Le mouvement naturel autrichien[modifier | modifier le wikicode]

Le mouvement naturel répond à un besoin et il ne faut pas le décomposer en parties arbitraires. Il répond aux critères suivants :

  • il prend source dans une impulsion nette et a toujours un but bien défini,
  • son allure générale et chacune de ses phases s'accordent à la structure (anatomie) et au fonctionnement (physiologie) du corps humain,
  • effort, vitesse et durée sont en rapports avec son but. Il est adapté à ce but et n'entraîne pas de dépenses disproportionnées avec l'objectif (loi d'économie).

Les exercices sont classés en quatre familles :

  • les exercices correctifs, de type suédois, liés aux carences individuelles. Leur utilisation cesse dès que l'état normal est récupéré,
  • les exercices naturels eux-mêmes : marche, course...
  • les exercices de performance permettant à l'homme de se dépasser : athlétisme, natation, combat, randonnée...
  • les exercices d'émerveillement reposant sur le plaisir du mouvement : acrobatie, agrès, jonglage, danse...

Jusqu'en 1938 le plan de la leçon se présente ainsi:

  • mise en train,
  • exercices du tronc (Hébert accorde également un soin particulier à la solidité des lombes et des attaches),
  • exercices d'équilibre,
  • exercices de force et d'adresse : porter, lutter, lancer (on semble considérer que la force conditionne l'adresse),
  • exercices de saut,
  • retour au calme.

Après 1945[modifier | modifier le wikicode]

Les rénovateurs, Burger et Hans Groll, insistent plus sur la signification des exercices que sur leur contenu technique : la gymnastique sportive entre parmi les activités de dépassement alors que les sports de balle, pris comme lieu d'échange et communication, deviennent activités d'émerveillement. Les familles d'exercices attachées à des effets spécifiques de Basedow, Gutsmuths ou Hébert disparaissent. Tout exercice peut procéder du domaine de la performance ou de la recréation selon la façon dont il est présenté ou reçu. Le plan de la leçon devient :

  • mise en train,
  • exercices de maintien et mobilisation,
  • exercices de performance athlétique ou gymnique,
  • exercices de recréation : danses rythmiques ou folkloriques, grands jeux,
  • retour au calme.

La méthode autrichienne se rapproche de celle de Georges Hébert. C'est une méthode hygiéniste, biologique, située parmi les finalités éducatives générales qui prône la globalité du geste et son adaptation au but à atteindre. Elle lui ressemble enfin par la classification des exercices et les premiers plans de leçon. Elle s'en écarte nettement au niveau de l'application à partir du moment où les exercices perdent leur valeur spécifique au profit de leur signification pour l'exécutant : le mouvement naturel autrichien est plus une façon de travailler prenant en compte les fonctions de dépassement et de divertissement de la nature humaine qu'un geste précis. Si Hébert utilise la motricité des naturels (i.e. les primitifs) pour régénérer ses contemporains, les Autrichiens cherchent la motricité la plus naturelle (i.e. significative et utile) pour l'homme d'aujourd'hui. La méthode naturelle autrichienne fournit une bonne illustration du turnen d’après guerre qui, après de regrettables errements, renoue ainsi avec ses origines humanistes. Elle préfigure aussi les méthodes modernes d'E.P., dont la psychocinétique de Jean Le Boulch.