Littérature de jeunesse en anglais : Vaclar Tille, Petit Tom/Le château enchanté

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Chapitre 4 : Le château enchanté
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Petit Tom dans le château enchanté

Sa marraine raconte des histoires à Petit Tom.

La marraine de Tom était vraiment navrée de lui avoir enseigné autant de choses qu'il n'avait pas comprises. Puisqu'il serait impossible de lui parler du monde tant qu'il ne l'aurait pas découvert par lui-même, elle le prit par la main, le conduisit du lit au foyer, du foyer au placard, puis jusqu'à la porte et à la fenêtre. Tout ce qu'elle lui montrait, elle le nommait par son nom en lui expliquant à quoi ça servait pour qu'il puisse mieux comprendre et, la fois suivante, ne pas se perdre en chemin.

Puis elle le déposa sur le plancher et Tom, en regardant autour de lui, mesura toutes les distances pour enregistrer combien il lui fallait faire de chemin d'un objet à l'autre. Il rampa dans tous les coins, examina les pieds des meubles et se souvint de tout ce qu'elle lui avait dit sur les objets qui se déplaçaient comme les chaises, le ? et le tabouret ; ainsi il ne risquerait pas de se tromper lors de ses déplacements s'il ne trouvait pas un de ces objets à sa place habituelle. Il connut très rapidement l'aménagement de la pièce aussi bien que celui de sa demeure, si bien que sa marraine, quand elle le quittait le matin, le déposait par terre sans crainte et le laissait courir à sa guise pour explorer le territoire. Mais elle n'osait pas l'amener dehors de peur qu'il ne se blesse ou ne se perde.

Petit Tom était enchanté car ses explorations l'occupaient à longueur de journée. Tous les soirs, il racontait à sa marraine tout ce qu'il avait trouvé sous le placard et le buffet, et autour du foyer, et elle était toute étonnée de voir sa maison depuis un autre point de vue, à partir du plancher.

Puis elle lui racontait de nouvelles histoires et elle se mit à s'intéresser aux contes de fées comme du temps de son enfance. Souvent, ils se tenaient ainsi compagnie, même tard dans la nuit. Petit Tom ne se fatiguait jamais d'entendre des histoires de princesses enlevées par un magicien et retenues prisonnières au fond des grottes ; de courageux héros luttant contre dragons et sorciers ; de châteaux en verre tournant en cauchemars ; du courageux petit tailleur combattant les géants ; du cordonnier ingénieux avec son sac magique ou du forgeron plus fort que le diable et que la mort.

Mais sa favorite, c'était l'histoire du château enchanté, suspendu dans l'espace loin de la terre. Ce château avait l'air d'être désert mais si un visiteur réussissait à y dormir trois nuits sans dire un mot et sans réagir aux tourments et aux tortures d'esprits malveillants, il réussirait à libérer une belle princesse ensorcelée. Et c'est ainsi qu'un jour, un jeune homme courageux s'était caché dans un seau qu'on descendait tous les matins et avait été remonté à l'intérieur du château : il y demeura trois nuits de suite. Toutes les nuits, il entendait des bruits terribles, des esprits venaient le battre, le pincer et le frapper. Mais il supporta courageusement toutes ces tortures, ne dit pas un mot, ne poussa pas un cri, pas un gémissement de douleur. La troisième nuit, un griffon énorme entra par la fenêtre, portant sur le dos la belle princesse qui venait d'être libérée. Le courageux jeune homme monta lui aussi sur son dos et le griffon les déposa à terre. Il épousa la princesse et ils vécurent ensemble heureux dans leur royaume.

Petit Tom aimait beaucoup le courage viril de ce héros qui lui semblait plus courageux que tous les autres chevaliers : il était capable de souffrir, d'endurer des tortures et de se sacrifier pour la pauvre princesse. Tom se disait qu'un tel sacrifice était bien plus magnifique que tous les hauts faits d'armes. Il aurait bien voulu vivre ce genre d'aventure et se faire torturer pour libérer une princesse.

Petit Tom se retrouve dans une horloge avec un coucou et pense se trouver dans un château enchanté.

Un matin, avant de partir dans les champs, la Marraine déposa Tom par terre comme d'habitude et sortit s'occuper de sa vache. Au cours de ses pérégrinations dans la pièce, Tom rencontra tout à coup un grand cylindre en cuivre.

Il ne l'avait jamais remarqué auparavant et se demanda ce que c'était. Il essaya de grimper mais il était si rond et si lisse qu'il ne put s'y agripper. Il se précipita jusqu'au foyer, attrapa une baguette bien solide, l'appuya contre le cylindre et se hissa au sommet. Mais à son arrivée en haut, la baguette glissa et retomba par terre.

Il remarqua alors qu'au sommet du cylindre se trouvait une petite dépression, et au milieu, un crochet retenant une grosse chaine remontant vers le haut. Il s'assit à côté du crochet, le souffle presque coupé par l'émotion en s'imaginant dans un seau prêt à remonter dans un château enchanté. Il resta assis en attendant que la chaine le remonte, tremblant de plaisir à l'idée qu'il allait pénétrer dans le château pour sauver la princesse ensorcelée.

Il ne ressentit aucune peur à l'idée des souffrances et des tortures qui l'attendaient, car il savait que, s'il se retenait de crier, le grand oiseau rapporterait sur son dos la princesse qu'il avait libérée.

Au même moment, sa marraine revint dans la maison prendre sa cape et, au moment de ressortir, se souvint qu'elle avait oublié de remonter la pendule. Elle attrapa le petit crochet et remonta le poids jusqu'en haut. Elle ne remarqua pas que petit Tom était assis sur le poids. Il entendit un bruit terrible et se sentit emporté dans les airs. Il ne dit pas un mot et se garda bien de crier car il savait que le moindre bruit réveillerait les mauvais esprits qui viendraient le mettre en pièces.

Les aventures de Tom dans la pendule

Sa marraine repartit travailler dans les champs et voici notre petit Tom assis sur le poids de l'horloge à une hauteur vertigineuse, juste sous le château enchanté. Le grincement de la chaine s'était arrêté mais, au-dessus de lui, venant de l'intérieur du château, Tom entendait une grosse voix répéter : « Tic, tac, tic, tac... »

Au début, Tom eut peur des déplacements du spectre puis il vit qu'il restait contre le mur et cela le tranquillisa. Il décida de pénétrer dans les pièces sombres du château malgré les odeurs nauséabondes qui en provenaient.

Il retourna à la chaine et grimpa tout le long, de plus en plus haut et finit par atteindre le gros cylindre autour duquel la chaine était enroulée. Il y avait de la poussière et de l'humidité un peu partout et une substance visqueuse et sombre qui salissait ses mains et ses vêtements. Il n'aurait jamais imaginé qu'il puisse exister un château aussi désolé et solitaire. Personne à l'intérieur.

Petit Tom s'assit sur le gros cylindre et attendit ce qui allait lui arriver, quelles tortures lui seraient imposées. Il se promit de ne pas crier, même si les spectres essayaient de le réduire en charpie.

Tout à coup, le cylindre se déplaça et le secoua si bien qu'il faillit tomber. Il s'accrocha à la chaine et s'étira sans bouger. Puis il vit quelque chose de brillant bouger juste au-dessus de sa tête et la dent gigantesque d'une roue énorme se pencha et l'attrapa par la veste. Tom était persuadé que les tortures allaient commencer mais il décida de ne pas se laisser faire. Il attrapa la dent, se souleva de toutes ses forces et réussit à s'asseoir à cheval sur la grande roue.

Là, il se sentit plus tranquille mais la roue se remit en mouvement et le transporta encore plus haut. En quelques secondes, il se retrouva bien au-dessus du grand cylindre et vit une seconde roue pourvue d'énormes dents qui se rapprochaient et s'encastraient dans les encoches de la roue sur laquelle il était assis et la faisaient tourner en force, vers le haut, encore et encore. Terrorisé à l'idée d'être coincé entre les deux roues, il grimpa au-dessus de sa roue et repartit vers le cylindre. Mais le cylindre aussi se déplaçait et il ne réussit pas à se maintenir debout. Comme il commençait à s'habituer à l'obscurité, il remarqua, tout autour de lui, des roues, des leviers, des dents et des cylindres. Chacun d'eux se déplaçait en tournant. Le pauvre petit Tom fut soudain happé par une grande griffe en métal qui faillit lui arracher l'épaule et il se sentit écrasé, pincé et pressé.

Serrant fort les dents pour ne pas pleurer, il sortit sa dague et coupa un morceau de sa veste déjà retenue entre deux cylindres et sauta les yeux fermés sur le côté sans savoir où il allait atterrir. Sa main toucha un poteau en fer qu'il attrapa fermement. Il grimpa tout du long jusqu'au moment où il atteignit un gros globe qui semblait immobile. Il se sentit en sécurité mais il savait bien que ses tortures n'étaient pas terminées.

À côté du globe se trouvait un grand vaisseau en métal ; il se hissa jusqu'à son sommet, à l'endroit où il était attaché et s'arrêta pour se reposer. Il espérait qu'il resterait immobile. Depuis son refuge, il regarda ce qui se passait en dessous : un enchevêtrement de roues, de dents et de leviers, qui grinçaient, grognaient et tournaient. Voilà ce à quoi il avait échappé. Il se demanda combien de temps il avait été torturé et quand cela se terminerait. Alors qu'il réfléchissait, tout à coup, le globe qu'il venait juste de quitter se souleva et quelque chose en dessous grinça et le globe vint heurter le vaisseau avec un cliquetis assourdissant. Le vaisseau trembla et résonna en faisant un bruit terrible et Tom faillit tomber de son siège. Il comprit immédiatement que c'était une nouvelle série de tortures, encore pires que les précédentes. Ses bras et ses jambes tremblaient au rythme des vibrations, sa colonne vertébrale se mit à le piquer et sa tête à tourner. Le globe vint heurter le vaisseau une seconde fois, puis une troisième. L'horloge sonnait trois quarts d'heure.

Après ça, le calme revint. Petit Tom poussa un soupir de soulagement. Il resta assis, plein de tristesse sur la grosse cloche. Il serait bien redescendu dans la machinerie car il pensait qu'une foule de sorcières et de mauvais esprits se déchainaient en dessous, prêts à le mettre en pièces au premier cri. Mais il ne voyait aucun moyen de s'échapper car tout autour de lui n'était que noirceur et tristesse.

Il espérait de toutes ses forces que la torture cesserait et que le griffon allait surgir pour l'emporter en sécurité jusqu'à terre. Il se demanda quelle sorte de princesse il aurait libérée et si elle était aussi belle que sa propre mère.

Un quart d'heure supplémentaire passa ainsi dans l'incertitude ; mais pour Tom, enfermé dans le noir, cela sembla une éternité. C'est alors que le mécanisme se remit en marche et que le château s'ébranla de nouveau. Le globe frappa la cloche frénétiquement. Petit Tom était paralysé de frayeur à chaque coup et se mit à trembler de peur.

Soudain les petites portes devant lui s'ouvrirent à toute volée et laissèrent entrer la lumière du jour à l'intérieur du château. Il vit un énorme coucou, qu'il prit immédiatement pour le griffon attendu. L'oiseau fit quelques pas sur le toit et se mit à appeler : « Coucou, coucou. »

Tom s'élança de la coche sur le dos du coucou en poussant des cris de victoire. Il pensait que les tortures étaient terminées et qu'il avait brisé le sortilège du château ensorcelé. Il lui tardait de retrouver la princesse qu'il avait libérée mais les portes se refermèrent brusquement avec un claquement, et coincèrent Tom si fort qu'il en perdit presque le souffle.

Il fut envahi d'une peur terrible, craignant d'avoir crié trop tôt victoire : avait-il perdu la bataille du sauvetage, allait-il être écrasé par les spectres ?

Il fit son possible pour se dégager des portes, sans succès, l'horloge grognait et gémissait et, tout en bas il ne voyait qu'un gouffre profond. C'en était fini de lui, il dit adieu au monde et se mit à hurler de toute la force de ses poumons.

C'est à cet instant précis que sa marraine rentra des champs. En entendant son horloge grincer, elle se demanda ce qui se passait et pourquoi elle faisait un bruit pareil. Elle jeta un coup d’œil aux petites portes du coucou et aperçut quelque chose coincé entre les portes. Elle monta sur une chaise et vit petit Tom se débattre et appeler au secours. Elle le relâcha immédiatement et le redescendit sur le sol en sécurité. Il lui raconta ce qui lui était arrivé quand il avait essayé de sauver la princesse du château ensorcelé mais qu'il avait tout gâché en criant trop tôt.

Sa marraine se garda bien de se moquer de lui. Elle avait peur qu'il ne soit blessé et regrettait que ses contes l'aient mis en danger à ce point-là.

Tom mit beaucoup de temps à accepter qu'il se soit trompé et qu'il n'y ait point de spectres dans l'horloge. Elle le souleva jusqu'au cadran des heures, lui montra le dessin des roses et des heures, lui expliqua à quoi tout cela servait, comment les petites mains des minutes et des heures se déplaçaient automatiquement de jour comme de nuit pour dire le temps qui passe. Ses explications l'encouragèrent et il se mit à chevaucher la grande aiguille comme si c'était un cheval. Mais sa marraine lui dit de faire attention à ne pas glisser et qu'il risquait de se tuer.