Littérature de jeunesse en anglais : Vaclar Tille, Petit Tom/Voyage autour du monde

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Chapitre 3 : Voyage autour du monde
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La maison de Tom

Petit Tom avait ses journées bien remplies. Il se levait de bonne heure et, comme sa marraine déposait tous les soirs sur le sol de son château une assiette en terre cuite pleine d'eau fraîche, il sautait immédiatement dedans et nageait de tout son cœur. Après son bain, il allait prendre le petit déjeuner dans son jardin.

Sous l'arbre se trouvait sa réserve de provisions : une noisette, dont une des extrémités avait été coupée pour qu'il puisse la grignoter de temps en temps, et qui durait un mois ; une faine de hêtre ; des graines de tournesol ; un morceau de sucre ; et une superbe pomme à l'intérieur de laquelle il avait creusé un tunnel étroit pour qu'elle reste bien juteuse.

Après son petit déjeuner, il balayait soigneusement le tapis de sa pièce, nettoyait ses vêtements et ses chaussures, s'entraînait avec ses armes pour ne pas oublier l'art de se défendre qu'il avait appris pendant son enfance, puis il allait dans son jardin planter et désherber. Parfois il allait à la chasse aux vers qui creusaient d'énormes tranchées dans les plants de légumes. Quand sa marraine se levait, elle venait lui dire bonjour, regardait ce qu'il faisait, le complimentait et lui donnait des conseils. Quand elle constatait que l'arbre avait besoin d'être arrosé, elle disait à Tom d'enlever ses outils et arrosait l'arbre avec une fine pomme d'arrosage. Tom adorait courir sous cette pluie, tout heureux de voir qu'il arrivait à résister à une violente douche.

Petit Tom écrit un journal de bord.

Après le départ de sa marraine, il écrivait dans son journal la description de tout ce qu'il avait fait et toutes les choses dont il se souvenait de son ancien royaume, pour que rien ne tombe dans l'oubli. Pour cela, il possédait un beau parchemin bien lisse fabriqué en peaux tannées de punaises des bois blanches, des crayons pointus taillés dans des dards de moustiques et de la poudre récoltée sur les ailes de papillons pour le sablage. La seule chose qui lui manquait était de l'encre, mais il finit par trouver un moyen de s'en procurer. Sur l'arbre, il découvrit les mèches consumées des chandelles ; en mélangeant la cendre avec de l'eau, il réussit à fabriquer une encre excellente. Mais il se mit du noir partout et sa marraine fut affolée en le voyant transformé de la sorte en homme noir.

Il déjeunait seul à midi et attendait avec impatience le repas du soir et le moment de discuter avec sa marraine.

Et donc, les jours passaient dans la joie. Il continuait à arranger son château et son jardin, et le ménage l'occupait à temps plein. Il devenait plus viril et plus fort de jour en jour ; il pensait aussi de plus en plus à son passé, à sa naissance et à tout ce qu'il aurait accompli comme souverain de son royaume souterrain.

Un soir, alors qu'ils étaient assis ensemble et que Petit Tom parlait de tout ce qu'il aimerait faire dans le monde, sa marraine lui dit : « Mon cher petit Tom, avant de réaliser de grandes choses dans le monde, il est nécessaire d'apprendre à lire et à écrire comme les grands, pour que tu puisses savoir ce qu'ils font. »

Mais Tom lui répondit : «  Marraine, je sais très bien lire et écrire et d'ailleurs je vais vous montrer ce que j'ai écrit. » Et quand, à sa demande, elle le plaça sur le buffet, il se précipita dans son château et lui rapporta une brassée de parchemins. Mais, aux yeux de la vieille dame, ce n'était qu'un tas de petits pétales de cerisiers en fleurs.

Quand il eut lancé les parchemins sur sa poitrine, elle mit ses lunettes et prit une des minuscules feuilles entre ses mains mais elle ne put rien en tirer.

Tom lui proposa de lire quelques phrases et, relevant la feuille, il se mit à lire à voix haute avec du ton. Et malgré tout, sa marraine secoua la tête. « Tu lis très bien ce que tu as écrit » lui dit-elle, « mais il faut que tu apprennes l'alphabet des hommes pour réussir à lire nos livres et à étudier. »

Il apprend à lire les livres des humains.

Alors, elle lui apporta son livre et le posa sur la table puis elle essaya d'attraper Petit Tom pour l'installer dessus, mais impossible de le retrouver. Elle regarda tout autour et finit par l'apercevoir, désespérément agrippé à la nappe. Le courant d'air qu'elle avait provoqué en tournant les pages l'avait envoyé d'un coup jusqu'au bord de la table et il avait réussi à s'accrocher de justesse. Il l'appelait au secours et elle le sauva de cette dangereuse situation. Et donc, dès le début, cette mésaventure faillit empêcher son entrée dans la lecture. Mais dès qu'il fut remis de sa frayeur, il décida de commencer immédiatement cet apprentissage.

Il remonta rapidement le long de la bordure dorée du livre et regarda la grande surface blanche couverte de lignes noires tordues, partant dans toutes les directions. Il remonta immédiatement dans le coin en haut à gauche et avança avec précaution sur la première grande lettre. Il en fit le tour, s'arrêta et déclara que c'était un O majuscule. De la même manière il parcourut un N, un C et un E* ; et un peu plus loin, jusqu'à ce qu'il n'ait plus besoin de faire le tour des lettres : il se posait alors au milieu de chaque lettre, en faisait le tour du regard et retrouvait le nom de la lettre. L'un après l'autre, il réussit à épeler chaque mot de la première ligne et sa marraine fut sidérée de voir la rapidité de ses progrès.

Comment Petit Tom lisait avec ses pieds et comment il tournait les feuilles du livre.

Mais lorsqu'il arriva en bas de la page, il dut affronter une grande difficulté, car il lui fallut ramper par en dessous pendant que sa marraine tournait la page. Il eut alors une idée pour se débrouiller seul. Chaque fois qu'il atteignait un bas de page, il attrapait une de ses longues épées et, rampant jusqu'à l'endroit où la page se retournait, il jetait son épée entre les pages et soulevait la feuille assez haut pour qu'il puisse s'y faufiler. Alors il rampait des mains et des pieds jusqu'au milieu du livre et, de toutes ses forces, tournait la page.

En très peu de temps il apprit à lire, et si rapidement, qu'il pouvait courir le long des lignes si vite qu'il arrivait à parcourir entre cinq et six pages par jour. Ce qu'il préférait, c'était flâner dans les illustrations, admirer les petits chevaliers monter la garde depuis les créneaux du château fort, ou bien les belles dames filer ou tisser dans les pièces du château. C'était comme si cela représentait sa vie d'antan et lui rappelait son royaume perdu. Mais bien vite il reprenait le chemin de la lecture, en s'appliquant.

Il était particulièrement curieux de découvrir le savoir du monde des grands qu'il souhaitait également apprendre. Toutefois il lui semblait qu'il n'arriverait jamais à lire assez vite ; il demanda à sa marraine de lui parler de ses connaissances à elle. Mais elle comprit bien vite que, dans certains domaines comme les mathématiques et la physique, il était bien plus savant qu'elle ; alors que dans d'autres domaines, comme l'histoire et la géographie, il était complètement ignorant.

Petit Tom apprend la géographie et veut faire un voyage autour du monde.

Aussi lui enseigna-t-elle la formation de la Terre, du Soleil, de la Lune et des étoiles. Elle lui expliqua que le jour naissait quand le soleil se levait à l'est et qu'après son tour d'est en ouest, il se couchait et c'était la nuit. Elle lui dit que, dans le grand Nord, régnaient les neiges éternelles sur des plaines blanches tellement vastes qu'on n'en voyait pas le bout. Au contraire, au Sud, c'était des pays de grands déserts de sable, sans eau, peuplés de lions et de tigres rugissants et il faisait tellement chaud que les hommes prenaient la même couleur que le roi de la crèche. Les pays étaient séparés par des étendues d'eau salée, peuplées de monstres étranges et parcourues par de grands navires à voile.

Le souffle court, Petit Tom l'écoutait, impatient de comprendre comment les hommes avaient appris tout ça. Sa marraine lui expliqua qu'il y avait eu de célèbres navigateurs et explorateurs qui avaient parcouru le monde, affronté de nombreux périls et puis qu'ils étaient revenus pour décrire leurs aventures et découvertes.

Cette nuit-là, Petit Tom était tellement excité qu'il n'arrivait pas à s'endormir et finalement, quand le sommeil le gagna, il se vit marcher dans la neige, se lancer dans l’ascension de montagnes atteignant les nuages, traverser les forêts sauvages. Puis, il errait dans les déserts et nageait dans les mers au milieu de dangereux requins.

Le lendemain matin, il passa son temps à penser à toutes les merveilles du monde et ne trouva aucun plaisir dans son travail habituel. Il lui tardait de retrouver sa marraine et d'en apprendre plus sur le monde. Ce qu'elle fit. Il lui demanda alors où se trouvait le bout du monde. Elle lui expliqua que la terre était ronde et que, si on marchait sans s'arrêter, on se retrouvait à la fin à son point de départ.

Petit Tom était perplexe, incapable de comprendre que le monde était si grand et que la terre était ronde. Il ne comprenait pas non plus ce que voyager voulait dire. La seule chose qu'il avait retenue c'est que, si on marche dans une direction sans en changer, on se retrouve à son point de départ. Il était courageux et ne craignait aucun danger. Il voulait vraiment faire des expériences et réaliser de grandes actions, même s'il ne savait pas où il allait.

Aussi décida-t-il de devenir explorateur et de faire le tour du monde. Il prépara soigneusement son voyage. En secret, il remplit un baluchon avec des aliments riches qu'il transporta dans son dos et suspendit une bouteille d'eau à son cou. Aux pieds, il enfila de grosses chaussures en cuir de chenille, mit son épée à la ceinture et, dès que sa marraine eut quitté la maison, il se lança dans son tour du monde.

Il lui tardait de voir la surprise de sa marraine à son retour, quand il lui raconterait tout ce qui lui serait arrivé et comment il était devenu célèbre.

Il descendit de la boite qui retenait son château et traversa le buffet jusqu'au lit de sa marraine. Il décida que la fenêtre par laquelle entrait la lumière du soleil était à l'est et qu'il lui fallait donc partir vers le nord.

Quand sa marraine rentra le soir, quelle ne fut pas sa surprise de constater que Petit Tom n'était plus là. Elle appela, le chercha partout mais impossible de le retrouver. Elle eut peur qu'il ne soit tombé et n'ait péri dans sa chute. Elle balaya le sol attentivement mais en vain. Tristement, elle alla au foyer chercher du bois pour en remettre dans le feu, car le printemps était frais. Elle prit quelques bûches et trouva Tom endormi, avec son petit baluchon dans le dos. Il dormait si profondément qu'il ne bougea pas quand elle l'appela ; aussi l'attrapa-t-elle avec précaution et le posa-t-elle au pied de l'arbre sur son mouchoir. Elle avait peur que quelque chose ne lui soit arrivé et se releva à plusieurs reprises pendant la nuit pour le veiller mais il dormait tranquillement.

Ce qu'il écrivit dans son journal sur son voyage.

Quand il finit par se réveiller, il ne comprit pas tout de suite où il était. Puis il se souvint de son escapade et évita de dire à sa marraine où il était parti. Il lui demanda pardon et promit de ne plus jamais descendre du buffet. Elle n'insista pas et ne lui demanda pas d'autres explications mais se dit qu'il avait été poussé par la curiosité et avait fait le tour de la maison sans retrouver son chemin. Dès qu'elle repartit il se mit au travail et commença le compte-rendu de ses explorations. Voici ce qu'il écrivit :

Château de l’œuf de Pâques,
Le 114ème jour de ma vie.

Quand j'ai eu 112 jours, persuadé que c'est le devoir d'un homme d'accomplir de grandes actions, j'ai décidé de devenir explorateur et de faire le tour du monde – puisque Marraine m'a dit que la terre est ronde – pour voir par moi-même les merveilles qu'elle m'a décrites. J'ai fait mes préparatifs en secret et dès que Marraine est sortie, j'ai pris la route des collines de l'horizon nord, qui traversent la plaine où se trouve mon château.

J'imaginais que, de l'autre côté des collines du nord, se trouveraient les plaines enneigées dont elle m'avait parlé et, au-delà, si je continuais droit devant, je trouverais les chauds déserts du pays tropical et, encore au-delà, après avoir traversé les forêts, j'atteindrais le grand océan. J'avais prévu, si je trouvais à m'embarquer en mer, de traverser jusqu'à l'autre rive et, après avoir visité les pays d'au-delà des mers, je me retrouverais chez moi.

Marraine m'avait dit que le soleil passe de l'est à l'ouest le jour, puis passe de l'autre côté de la terre pour revenir à l'Est. Je pensais que si je voyageais rapidement, j'irais aussi vite que le soleil et décidai de voyager du nord au sud.

Les collines s'étendaient en travers de la plaine aux ondulations lisses. Au début, je n'ai pas réussi à trouver où commencer l’ascension, puis j'ai vu un précipice à pic au bout de la plaine et, juste avant, une petite fissure par laquelle je pouvais grimper jusqu'au sommet. J'ai réussi, au prix de grosses difficultés, à me frayer un chemin dans la fissure et à atteindre le sommet ce qui m'a permis de regarder de l'autre côté et, comme prévu, j'aperçus une grande plaine blanche s'étendant à l'infini.

Je descendis en faisant très attention, en rampant jusqu'à l'endroit où elle rejoint les collines et, en marchant dessus, je trouvai le sol élastique et fuyant, comme la neige décrite par Marraine. On peut vraiment marcher dessus et j'étais vraiment surpris de constater comme il est facile de surmonter de telles difficultés dans ces pays désolés, d'autant qu'il ne faisait pas froid.

Au bout d'un moment, j'arrivai à un endroit où la plaine blanche commence à s'incliner et forme, face à une autre colline qui se dessine au loin, un gouffre sombre et très profond. J'ai réussi à le traverser à toute vitesse et je rêvais du moment où je sortirais enfin de ce lieu inhospitalier quand, tout à coup, le sol s'est mis à glisser sous mes pieds. J'ai essayé en vain de me retenir à deux mains. Je suis tombé, tête la première, de plus en plus vite, contre le mur du précipice et je me suis évanoui.

Quand je me suis réveillé, je me suis rendu compte que je venais d'atteindre une seconde plaine ; mais au lieu de neige, celle-là était rugueuse et couverte de sable grossier. Mes bras et mes jambes me faisaient mal, suite à ma chute et je me suis arrêté pour me reposer et me rafraîchir : je pris un peu de nourriture dans ma besace et bus quelques gorgées d'eau puis je repris mon chemin.

À partir de ce moment-là, je me déplaçai avec beaucoup de précaution. Comme j'étais absolument persuadé que je me trouvais maintenant dans les dangereux déserts du Sahara peuplés de tigres et de lions, je pris soin de ne pas me faire surprendre par leurs bonds.

Mais, aucun signe de vie et, à perte de vue, le désert rocheux et sans fin ! J'espérais atteindre une oasis et un ruisseau d'eau fraîche mais, à mon grand désappointement, rien. Finalement j'aperçus une montagne s'élevant si haut dans le ciel que je ne pus distinguer son sommet. En approchant, je me rendis compte qu'il faisait de plus en plus chaud et j'en conclus que j'avais atteint les tropiques et que, derrière cette grand montagne, se trouvaient les forêts profondes et l'océan dont Marraine m'avait parlé.

Je me mis à grimper la pente raide de la montagne, la température s'élevait progressivement de plus en plus, si bien que mes mains se couvrirent presque entièrement d'ampoules. Il semblait que la chaleur provenait de la montagne elle-même et j'eus peur d'avoir atteint un volcan et de tomber dans le cratère. Je voulus faire marche arrière mais j'eus le vertige en regardant le gouffre depuis la corniche étroite où je me trouvais. Je me reposai un moment, bus une gorgée à ma bouteille et descendis en rampant.

Quand j'arrivai en bas, je décidai de faire le tour de la montagne à la recherche d'une vallée. J'aurais bien préféré revenir à la maison mais je ne savais pas comment remonter la pente raide de la plaine de neige dont j'étais tombé.

Je suivis le pied de la montagne jusqu'à ce que je trouve une profonde forêt qui, de dessous les falaises, s'étirait sur une grande distance. J'espérais que j'en atteindrais le côté opposé pour arriver à l'océan. Dans la forêt je ne trouvai que des troncs nus d'arbres tombés dans tous les sens les uns sur les autres ; nombre d'entre eux se trouvaient les racines en l'air. Peut-être qu'un tremblement de terre gigantesque avait détruit la forêt et que la chaleur dégagée par la montagne avait desséché tous les arbres.

Je me frayai un chemin dans l'enchevêtrement des branches, avec difficulté. Il faisait de plus en plus sombre et il y avait tellement de troncs empilés, les uns sur les autres, qu'il me semblait que je n'en verrais jamais le bout. J'avançai, encore et encore, dans l'espoir d'apercevoir un rayon de lumière quand, tout à coup, je me heurtai à un mur à pic et rocailleux qui ne ressemblait en rien à ceux dont Marraine m'avait parlé. Je le longeai vers la droite puis vers la gauche, en essayant de trouver une sortie mais ne trouvai pas le moindre petit trou. En plus, de chaque côté, se trouvait un autre mur comme le premier et je me trouvai donc prisonnier d'une cave immense qui avait peut-être été créée dans les temps anciens par un tremblement de terre, jusqu'à ce que, de nos jours, la forêt ne mène au cœur de la montagne.

La frayeur commença à m'envahir, je me sentais bien seul, perdu dans ce lieu abandonné et j’eus bien peur de ne plus jamais revoir le monde des hommes. Mais il n'était pas question d'abandonner sans faire un dernier effort, aussi je fis demi-tour et repartis pour la forêt par le chemin de l'aller, me frayant à grand peine un passage au milieu des troncs entremêlés. À plusieurs reprises je trébuchai et fis plusieurs chutes ; puis, finalement, la fatigue me submergea et je m'effondrai dans le bois, trop épuisé pour continuer à avancer. Avant de m'endormir, je dis intérieurement adieu à ma chère marraine, persuadé que je ne me réveillerais plus jamais.

Dans mes rêves, il me sembla que toute la forêt s'effondrait violemment, que mon corps étais soulevé et emporté très haut mais je fus incapable d'appeler au secours ou même d'ouvrir mes yeux. Quand je réussis enfin à me réveiller, je me retrouvai allongé sur un tapis au pied de mon château en plein jour. Impossible de savoir si j'avais entièrement rêvé mon voyage. Mais quand Marraine arriva, elle me demanda avec inquiétude où j'étais parti, et comment je m'étais retrouvé au milieu des bûches du foyer.

Je ne compris absolument pas ce qu'elle voulait dire mais, au moins, sa question me rassura, mon voyage n'était pas un rêve et j'avais échappé à un grand danger. Je ne voulus pas lui raconter mes aventures, surtout que j'étais vraiment désolé que mes courageux efforts n'aient servi à rien. Il me semblait que, pour le moment, le voyage autour du monde était trop difficile pour moi et que je devrais attendre d'être mieux préparé et de mieux connaître l'orientation et les dangers que je serais en mesure d'affronter.

Hier soir j'ai lu mon journal à Marraine pour qu'elle puisse me signaler les erreurs que j'avais faites et me dise comment mieux me préparer pour le prochain voyage. Pendant que je lisais, elle se mit à rire aux larmes. J'étais navré de voir qu'elle faisait aussi peu de cas de mes efforts et des dangers que j'avais affrontés et que tout cela lui semble ridicule. Elle essaya de me calmer en me disant que tout était de sa faute, qu'elle m'avait mal informé et que c'est elle qui avait fait des erreurs dans ses cours de géographie.

Elle me dit que le voyage que j’avais entrepris m'avait mené au-dessus de son lit de plumes puis sur le plancher jusqu'au foyer et dans la niche des fagots près du feu. Je n'avais pas la moindre idée qu'une maison d'hommes soit aussi grande ; j'imagine que la terre, quant à elle, doit être encore plus grande et qu'il va falloir que j'abandonne mon idée. Marraine me conseille aussi d'abandonner, jusqu'à ce que je sois plus expérimenté. Entre temps elle me racontera des histoires de grands héros, leurs aventures et les actions merveilleuses qu'ils ont accomplies.