Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : le réalisme et le naturalisme/Maupassant, Pierre et Jean, Chap. I

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Maupassant, Pierre et Jean, Chap. I
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Chapitre no 3
Leçon : Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : le réalisme et le naturalisme
Chap. préc. :Maupassant, Aux champs
Chap. suiv. :Maupassant, Pierre et Jean, Chap. II
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« — Zut ! s’écria tout à coup le père Roland qui depuis un quart d’heure demeurait immobile, les yeux fixés sur l’eau, et soulevant par moments, d’un mouvement très léger, sa ligne descendue au fond de la mer.

Mme Roland, assoupie à l’arrière du bateau, à côté de Mme Rosémilly invitée à cette partie de pêche, se réveilla, et tournant la tête vers son mari :

— Eh bien !… eh bien !… Gérôme !

Le bonhomme furieux répondit :

— Ça ne mord plus du tout. Depuis midi je n’ai rien pris. On ne devrait jamais pêcher qu’entre hommes ; les femmes vous font embarquer toujours trop tard.

Ses deux fils, Pierre et Jean, qui tenaient, l’un à bâbord, l’autre à tribord, chacun une ligne enroulée à l’index, se mirent à rire en même temps et Jean répondit :

— Tu n’es pas galant pour notre invitée, papa.

M. Roland fut confus et s’excusa :

— Je vous demande pardon, madame Rosémilly, je suis comme ça. J’invite des dames parce que j’aime me trouver avec elles, et puis, dès que je sens de l’eau sous moi, je ne pense plus qu’au poisson.

Mme Roland s’était tout à fait réveillée et regardait d’un air attendri le large horizon de falaises et de mer. Elle murmura :

— Vous avez cependant fait une belle pêche.

Mais son mari remuait la tête pour dire non, tout en jetant un coup d’œil bienveillant sur le panier où le poisson capturé par les trois hommes palpitait vaguement encore, avec un bruit doux d’écailles gluantes et de nageoires soulevées, d’efforts impuissants et mous, et de bâillements dans l’air mortel.

Le père Roland saisit la manne entre ses genoux, la pencha, fit couler jusqu’au bord le flot d’argent des bêtes pour voir celles du fond, et leur palpitation d’agonie s’accentua, et l’odeur forte de leur corps, une saine puanteur de marée, monta du ventre plein de la corbeille.

Le vieux pêcheur la huma vivement, comme on sent des roses, et déclara :

— Cristi ! ils sont frais, ceux-là !

Puis il continua :

— Combien en as-tu pris, toi, docteur ?

Son fils aîné, Pierre, un homme de trente ans à favoris noirs coupés comme ceux des magistrats, moustaches et menton rasés, répondit :

— Oh ! pas grand’chose, trois ou quatre.

Le père se tourna vers le cadet :

— Et toi, Jean ?

Jean, un grand garçon blond, très barbu, beaucoup plus jeune que son frère, sourit et murmura :

— À peu près comme Pierre, quatre ou cinq.

Ils faisaient, chaque fois, le même mensonge qui ravissait le père Roland.

Il avait enroulé son fil au tolet d’un aviron, et croisant ses bras il annonça :

— Je n’essayerai plus jamais de pêcher l’après-midi. Une fois dix heures passées, c’est fini. Il ne mord plus, le gredin, il fait la sieste au soleil.

Le bonhomme regardait la mer autour de lui avec un air satisfait de propriétaire. »
Maupassant, Pierre et Jean (1887), Chapitre I

Préparation[modifier | modifier le wikicode]

Nous allons examiner d’un peu plus près la manière dont les répliques sont introduites en examinant les verbes de parole. Que remarque-t-on ?

Les verbes de parole sont placés avant les répliques (propos prononcés), sauf le premier. Ceci indique une manque de variété. Plusieurs verbes indiquent l’intonation, manière de la parole, le volume, indiquent les phrases affirmatives (déclaratives) et cachent les phrases interrogatives et exclamatives.

Dans l’environnement des verbes de parole, quel type d’indication avez-vous souvent ? À quoi cela vous fait-il penser qu’on trouve également au théâtre ?

Les verbes de parole sont rarement seuls, ils accompagnent avec une indication scénique et une descriptive. L'enrichissement de parole indique une didascalie (position, gestes, mouvement, mimies)

Quelles sont toutes les remarques d’écriture que vous pouvez faire sur ces répliques et qui contribuent à retenir l’attention du lecteur, à donner de la vivacité au texte ?

  1. répliques courtes (1 mot, 2 phrases)
  2. dialogue rapide
  3. phrases simples déclaratives
  4. aux lignes 8–9, phrases juxtaposées, manque car/parce que, rend la phrase plus complexe mais cache deux phrases simples
  5. phrases non verbales
  6. réalisme avec du langage familier avec le discours direct
  7. interjection
  8. juron

A quel mouvement littéraire cette manière de parler nous rattache-t-elle ?

Cette manière de parler est typique d’un roman réaliste. L’auteur cherche de comprendre la société de son temps en inscrivant le roman en leur langage (la manière dont ils parlent). Ses descriptions réalistes indiquent le milieu social et le caractère des personnages.

L’interjection « zut » peut être considéré comme une provocation pour commencer l’histoire in medias res, donnant l’histoire son aspect réaliste.

Document de travail[modifier | modifier le wikicode]

Suivant la méthode donnée en cours, nous avons tout d’abord étudié les références du document donné :

  • l’extrait a été par Maupassant :
  1. auteur réaliste et naturaliste
  2. auteur normand, passionné de mer et de bateaux, ayant aussi beaucoup vécu à Paris
  3. auteur qui a beaucoup écrit sur les petits bourgeois
  • le titre associé par la conjonction de coordination « et » deux prénoms masculins très courants au XIXe siècle : l’ordre est peut-être significant : l’aîné/le cadet ; le plus important, le moins important ; le plus riche/le moins riche… Le lien qui unit ces deux personnages éponymes est peut-être familial, amical/hostile…
  • l’extrait est un incipit, le tout début du roman ; c’est un moment où le lecteur se pose des questions sur les personnages, le cadre spatio-temporel, les éléments de l’intrigue, les choix narratifs dans le récit qu’il entame. Le narrateur fournit toujours, à sa manière propre, ce genre de renseignement.

Les personnages (qui)[modifier | modifier le wikicode]

Des bourgeois font une promenade en mer.

Le père Roland[modifier | modifier le wikicode]

Les passages

  • « Jérôme » et
  • « le vieux pêcheur »

sont des expressions péjoratives.

Le personnage est passionné par la pêche ; il est vulgaire, grossier, impoli, colérique, passionné (perceptible dans ses propos, sa manière d’être).

Madame Roland, épouse du père Roland[modifier | modifier le wikicode]

Elle ne partage pas la passion de son mari pour la pêche mais prend du plaisir à cette promenade en mer ; elle est émue par le paysage ; c’est une sentimentale – caractère stéréotypé de la femme du XIXe siècle.

Elle est choquée par les propos de son mari : polie, bien éduquée, très discrète, parle peu.

Elle réconforte, console son mari quand il exprime sa déception ou sa colère devant sa maigre pêche : bonne épouse ?

Pierre[modifier | modifier le wikicode]

  • « l’aîné »
  • « trente ans »
  • « cheveux noirs »
  • moustache
  • menton rasé
  • air sévère d’un juge (comparaison)

Jean[modifier | modifier le wikicode]

  • « beaucoup plus jeune »
  • grand
  • blond
  • barbu
  • souriant
  • enfants adultes
  • important écart d’âge entre les deux frères
  • opposition flagrante des physiques et, sans doute, des caractères (sévère, austère, souriant, joyeux)
  • fraternité, complicité : même mensonge au père depuis longtemps pour ne pas le vexer
  • rivalité possible : des deux côtés du bateau, très différents voire opposés physiquement et moralement, pas le même nombre de poissons pêchés dans le mensonge.

Madame Rosémilly[modifier | modifier le wikicode]

  • femme mariée
  • invitée
  • seule : veuve ?
  • divorcée (divorce rétabli en 1884 mais rare)
  • très discrète, silencieuse pendant tout l’extrait

L'époque (quand)[modifier | modifier le wikicode]

  • absence de date précise pour l’année, le mois, le jour
  • mais après-midi, belle journée (saison ?)
  • éléments indirects pour situer la scène :
    • les jurons Cristi (sacristi, comme sapristi déformation pour éviter le blasphème), fréquent au XIXe siècle) Zut (1813)
    • les modes : moustache, barbe, favoris (touffes de poils qu’aucun homme laisse pousser sur la joue, de chaque côté du visage, Révolution française, Ier Empire jusqu’à la fin du XIXe siècle

Le lieu (où)[modifier | modifier le wikicode]

  • France : les noms et les prénoms
  • Près de la mer + « pêche » + « marée » + « falaise » : Normandie (Maupassant)

L’intrigue et les thèmes abordés (quoi)[modifier | modifier le wikicode]

Peu d’éléments clair, hypothèses pour les thèmes possibles :

  • rivalités des frères
  • histoires sentimentale autour de Mme Rosémilly
  • conflits familiaux (père/mère, frères…)

Choix narratifs : narrateur, point de vue, récit/description/dialogue…[modifier | modifier le wikicode]

  • récit à la 3ème personne, au passé simple et l’imparfait : récit traditionnel avec un narrateur extérieur au récit
  • Réalisme : description d’un lieu, milieu (bourgeois), de personnages
  • incipit directement dans l’action, in medias res, comme si on assistait à la scène
  • discours direct important : ouverture vivante + manière de parler des personnages (le père, notamment)
  • narrateur omniscient → passé des personnages, jugement sur eux… Mais discret, retenant l’information → pas d’accès aux pensées, sentiments, sensations des personnages
  • conséquences → du flou, de l’approximation → suscite la curiosité du lecteur

Problématiques envisagées[modifier | modifier le wikicode]

  • En quoi cet incipit est-il réaliste ?
    • réducteur et faible intérêt pour l’extrait
  • Quelle est l’originalité de cet incipit ?
    • vague mais acceptable si la réponse, elle, est précise avec un plan précis
  • En quoi cet incipit réussit à informer le lecteur tout en restant dynamique, vivant ?

Il faut maintenant un plan

  • avec deux ou trois parties qui répondent à cette problématique
  • deux ou trois sous-parties par partie qui développent cette dernière
  • des citations bien choisies, pertinentes pour appuyer chaque sous-partie

L’étape suivante consistera à rédiger

  • l’introduction (accroche – problématique – annonce du plan) : un paragraphe
  • la conclusion (mot conclusif – rappel de la problématique – récapitulation du développement : un paragraphe

La rédaction finale tiendra compte de la mise en page prévu pour un commentaire (alinéa, saut de ligne).

Introduction simple et universelle[modifier | modifier le wikicode]

Nous allons commenter l’incipit du roman Pierre et Jean écrit par Maupassant en 1887. Sur cet extrait, nous nous poserons la question suivante : comment Maupassant réussit à proposer un incipit à la fois dynamique et vivant tout en fournissant au lecteur un minimum d’information pour satisfaire et éveiller en même temps sa curiosité ? Nous allons dans un premier temps en quoi cet incipit est efficace. Nous montrerons ensuite que ce début du roman réunit déjà suffisamment d’informations.

Introduction plus subtile et intelligente[modifier | modifier le wikicode]

Maupassant est un romancier et nouvelliste du XIXe siècle qui fait partie des mouvements réaliste et naturaliste. Il a écrit Pierre et Jean en 1887 et nous allons commenter l’incipit de cette œuvre. Un début obéit toujours à deux contraintes : d’une part il doit informer le lecteur sur le cadre spatio-temporel, les personnages, l’intrigue… D’autre part, cette œuvre doit capter l’attention du lecteur et lui donner envie de lire la suite. C’est pourquoi nous nous poserons la question suivante : comment Maupassant réussit à proposer un incipit à la fois dynamique et vivant tout en fournissant au lecteur un minimum d’information pour satisfaire et éveiller en même temps sa curiosité ? Nous allons dans un premier temps en quoi cet incipit est efficace. Nous montrerons ensuite que ce début du roman réunit déjà suffisamment d’informations.

Commentaire[modifier | modifier le wikicode]

Un début vivant – qui capte l’attention du lecteur[modifier | modifier le wikicode]

Une plongée directe dans l’action[modifier | modifier le wikicode]

  • Début « in medias res » : formule latine qui signifie au « milieu des choses » et qu’on utilise lorsque le lecteur est plongé directement dans l’histoire, sans que le narrateur ait pris le temps de situer l’histoire dans l’espace et le temps ni de présenter les personnages.
  • Premier mot du roman : « Zut ». C’est un mot grossier et crée choc sur le lecteur avec aucun contexte.

L’importance accordée aux dialogues[modifier | modifier le wikicode]

  • Début qui n’est pas simplement narratif ou descriptif comme c’est souvent le cas, mais qui accorde une certaine place au discours direct, ce qui donne vie à la scène dès le départ, d’autant que le premier mot du roman est une réplique.
  • Caractéristiques de ces répliques qui contribuent à la vivacité du texte : cf. analyse des répliques
  • Sujet de conversation : petite dispute autour de la pêche et de l’énervement du père Roland de n’avoir pas assez péché de poissons, père monomaniaque de pêche, bougon, râleur, qui en oublie d’être galant et se fait gentiment rabrouer par les seins, on lui ment pour satisfaire sa vanité
  • Un sujet léger, plaisant traité sur ton badin : début en forme de petite comédie, de vaudeville (comédie légère)

La légèreté des descriptions[modifier | modifier le wikicode]

  • Des descriptions par petites touches, et non en bloc, qui se répartissent sur l’ensemble de l’extrait.
  • Absence d’exhaustivité : chaque description demande à être complétée par la suite
    • paysage à peine esquissé
    • portrait des personnages encore très sommaire et qui donnera ensuite lieu à de plus amples développements (juste après notre extrait)
  • Les descriptions interviennent soit juste avant soit après les répliques, (cf fiche sur le dialogue) ce qui donne plus de naturel : les personnages prennent vie avant que leurs contours ne soient fixés par quelques traits caractéristiques. Une manière d’entrer dans le sujet et de mettre en scène les personnages susceptibles de capter rapidement l’intérêt du lecteur.

Bilan[modifier | modifier le wikicode]

Toutefois le narrateur a fourni suffisamment d’information sur le cadre et le personnage, relation, choix narratifs.

Une ouverture qui fournit des informations aux lecteurs sans le satisfaire et donc suscite sa curiosité[modifier | modifier le wikicode]

La scène a lieu sur la mer, lors d’une partie de pêche en établissant des mots des champs lexicaux de la mer et de la pêche. Les personnages sont à bord d’une petite embarcation.

L’histoire n’est pas située dans un lieu précis : pas de nom de région ou de ville pour le moment, mais on peut se douter que c’est un lieu en bord de mer. Maupassant étant d’origine normande et représentant souvent cette région dans son œuvre (ex : Une vie, son premier roman), on peut penser qu’on est dans cette région. Maupassant privilégie ici la création d’une ambition plutôt que la présentation d’un lieu précis.

Le récit prend d’emblée d’une dimension réaliste par le fait qu’on est dans une scène banale, une scène de la vie quotidienne (scène de pêche), dans un décor on ne peut plus simple, par l’utilisation d’un vocabulaire technique (ex : bâbord, tribord, avion, tolet) et par la présence de détails banals/prosaïques (ex : écailles gluantes, puanteur du poisson).

Le lieu peut aussi avoir une dimension métaphorique et symbolique l’importance accordée à la mer dès le début peut être le signe que les rapports à la « mère » seront importants dans le roman ; le lieu a pour particularité d’être à la fois ouvert et fermé (ouverture de la mer, clôture de la barque qui regroupe tous les personnages en un espace limité, restreint) et représente symboliquement plusieurs thèmes du roman (le rêve d'évasion, la fuite, le départ / la cellule familiale étouffante ; alternance régulière dans le roman entre l’intérieur et l’extérieur).

On peut penser que la mer jouera un rôle important dans le roman.

Un moment plus qu’une époque[modifier | modifier le wikicode]

  • Pas d’indication explicite sur la date. Pendant la référence aux « favoris » de Pierre et les jurons du père nous situent plutôt dans la société du XIXe siècle On peut penser que l’histoire est contemporaine de l’époque de Maupassant.
  • Pas d’indication explicite de la saison, mais on peut penser que c’est plutôt le printemps ou l’été, car il fait soleil et les femmes ont accompagné les hommes à cette partie de pêche, faisant même la sieste dans le bateau, il faut donc que la saison soit agréable.
  • Moment de la journée plus précis : après le déjeuner du midi, l’après-midi au moment de la sieste (Mme Roland assoupie à l’arrière du bateau).
  • Déroulement de la scène en temps réel, de manière linéaire, chronologique : effet de scène, comme au théâtre.

Le roman commence par ce qu’on appelle en peinture une « scène de genre » : c’est-a-dire une scène de la vie quotidienne, avec des personnages pris sur le vif. Le cadre spatio-temporel choisi pour ce début de roman est le signe que ce ne sera pas la « grande Histoire » mais la « petite Histoire », celle d’une famille, de sa vie quotidienne, qui fera le centre d’intérêt de ce roman.

Des personnages et leurs relations juste esquissés qui n’autorisent que des hypothèses sur l’intrigue[modifier | modifier le wikicode]

M. Roland[modifier | modifier le wikicode]

Les désignations sont nombreuses, c’est le premier personnage principal évoqué, ce qui semble lui accorder le statut de personnages principaux, mais ce statut est en contradiction avec le titre du roman qui fait référence aux deux fils. En tout cas, dans cette scène, il apparait comme le centre d’intérêt, ce qui peut s’expliquer par le fait que c’est lui le passionné de pêche.

Les désignations sont variées et certaines sont péjoratives : le mot « père » employé devant le nom propre a un sens péjoratif, il désigne un vieil homme de condition moyenne ou modeste ; le mot « bonhomme » utilisé deux fois.

Paroles du personnage[modifier | modifier le wikicode]
  • Il est plutôt grossier : il utilise un vocabulaire peu raffiné avec des jurons (ex : zut, cristi)
  • Il apparait comme un enthousiaste de pêche, il oublie toute forme de courtoisie quand il est question de poisson. Il est maladroit, goujat, puisqu’il se plaint d’avoir raté sa pêche à cause des femmes.
  • Il n’inspire ni respecte avec la sympathie.

Les deux femmes : Madame Roland et Madame Rosémilly[modifier | modifier le wikicode]

Elles sont juste évoqués, elles n’ont qu’un rôle secondaire dans cet univers masculin.

Madame Roland[modifier | modifier le wikicode]

Elle doit à l’écart du groupe, elle se réveille lentement, ne prononce que deux courtes répliques, regarde ailleurs ; « d’un air attendri le large horizon de falaises et de mer ».

  • Elle apparait comme une bourgeoise ordinaire, qui vit dans la langueur, se définit par rapport à son mari.
  • Elle est sentimentale : le fait qu’elle soit la seule à regarder hors du bateau symbolise peut-être son attrait pour d’autres horizons, sa nostalgie d’autre chose, son rêve d’un ailleurs…
  • Elle est discrète : elle murmure, ne s’impose pas, s’efface

On a l’impression d’un couple mal assorti, à moins qu’ils ne soient complémentaires l’un de l’autre ?

Madame Rosémilly[modifier | modifier le wikicode]

Elle est là en tant qu’invité, elle est très discrète : elle n’intervient jamais. Monsieur Roland l’insulte presque en l’accusant d’être gênante ou inutile. Jean la défend, comme un chevalier blanc. C’est un élément « rapporté » : le seul personnage qui ne fasse pas partie de la famille : elle introduit donc un déséquilibre.

Pierre et Jean[modifier | modifier le wikicode]

Présenté par rapport à leur père, de manière équitable (selon « ses deux fils »), ils rient en même temps, ils mentent tous les deux à leur père pour lui faire plaisir, ce qui suggère une certaine complicité entre eux.

Toutefois, les différences voire les oppositions entre eux sont nombreuses :

  • Dans l’espace : un de chaque côté, ce qui suggère une opposition, voire une rivalité
  • Dans l’âge : Jean beaucoup plus jeune que son frère
  • Dans l’aspect physique : Pierre est brun et a des favoris, Jean est blond et barbu
  • Dans l’aspect morale : Pierre a l’air plus sérieux, plus grave (comparé à un magistrat, appelé docteur), plus mûr, Jean plus ouvert, plus souriant, plus affable.

Hypothèses sur l’intrigue du roman :

  • Le contraste entre le père et la mère peut inviter à imaginer un conflit entre les parents
  • Une opposition entre les deux frères se profile. La place dans la barque symbolise cette dualité
  • On peut imaginer que Mme Rosémilly sera l’objet d’une rivalité entre les deux frères : en effet, on a un couple de parents, deux fils et une seule femme et Jean intervient déjà en faveur de cette femme. Ce sera peut-être une histoire de jalousie autour d’une femme.

Bilan[modifier | modifier le wikicode]

Un incipit qui répond aux attentes du lecteur :

  • il multiplie les procédés pour rendre ce début vivant : il privilégie la création d’une ambiance en recourant à une scène de genre, il multiplie les dialogues, introduit des éléments comiques. On est un peu comme au théâtre…
  • il nous présente les cinq personnages principaux et parmi eux les personnages éponymes du roman : Pierre et Jean
  • il ne lance pas encore l’intrigue mais sème déjà des indices pour l’annoncer, ce qui crée un effet d’attente