Le Dernier Jour d'un condamné/Chapitre I, commentaire no 1

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Introduction[modifier | modifier le wikicode]

Victor Hugo est un poète, dramaturge et prosateur romantique français du XIXe siècle. Il se manifeste comme un des chefs de file du mouvement romantique français avec Notre-Dame de Paris en 1831, et plus encore avec Les Misérables en 1862. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française. En 1829, il a publié Le Dernier Jour d’un condamné, un plaidoyer romancier pour l’abolition de la peine de mort pendant la Restauration sous Charles X. Le récit est raconté par un narrateur interne, qui est condamné à mort pour une raison pas présente dans le roman. Dans l'extrait, le personnage principal récit son introspection.

Questions possibles[modifier | modifier le wikicode]

  • Qu'est-ce qui fait l'efficacité de cet incipit ?
  • Comment Hugo dénonce-t-il la peine de mort à travers cet incipit ?

Une entrée en matière brutale qui bouscule le lecteur[modifier | modifier le wikicode]

Un sujet horrifiant abordé frontalement[modifier | modifier le wikicode]

Tout d'abord, l'histoire commence in medias res avec le narrateur déjà condamné à mort, évoquant un sujet horrifiant abordé frontalement. Ceci est caractérisé par le titre choisi par Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné, pour mettre en valeur la certitude du sort du narrateur et la futilité de tout espoir. Même le début de l'incipit commence par « Condamné à mort ! » pour focaliser ce thème.

L'enfermement du texte par la phrase exclamative « Condamné à mort ! » crée un phénomène d'insistance en répétant l'expression plusieurs fois dans l'extrait. On relève le même effet évoqué par la gradation à partir de « cette pensée ». Le comportement interne du narrateur est défini par sa peur de son sort inévitable. Le quatrième paragraphe est en effet une description d'un rêve de cette peur matérialisée et personnifiée par les verbes d'action comme « elle se glisse » et « épie ». Lorsqu'il s'est révéillé de ce rêve par l'expression « ce n'est qu'un rêve ! », il est confronté par le fait qu'il a créé lui-même son propre cauchemar de manière subconsciente.

Le narrateur se compare aussi à son ancienne identité et compare ce dernier avec le terme « un autre homme » pour créer une dimension généralisante, impliqué par l'usage du déterminant indéfini, du nom commun et l'absence de caractérisation et de circonstance.

Des émotions exacerbées[modifier | modifier le wikicode]

Deuxièmement, les émotions exacerbées par le narrateur sont indiquées par le registre pathétique employé par le texte. En effet, l'usage des sujets et des déterminants possessifs à la première personne crée un effet personnel de la situation avec une focalisation interne. Par exemple, « j'habite », « j'étais », « je suis » ainsi que « mon esprit » et « mon corps ». La structure du texte est de forme d'un journal grâce à l'indication du lieu précis dans laquelle l'éntrée est écrite à la première ligne du texte « Bicêtre », ce qui ajoute sur l'aspect personnel du texte. De plus, l'usage du vocabulaire péjoratif focalise la misère du narrateur, provoquant la pitié chez le lecteur, comme « horrible », « sanglante » et « implacable ».

Par ailleurs, l’indignation du système penal tenue par le narrateur est exprimée par les marques d'expressivité présentes dans le texte comme « Condamné à mort ! », « Ah ! » et « Hé bien ! ». Cette dénonciation se manifeste dans l'antithèse entre les termes « rêve » et « réalité » qui sert déconcerter la différence entre ce qu'est réel et ce qu'est illusoire ou irréel quand il s'agit de punition, impliquant que la notion de la peine de mort est injustitiable dans la réalité si son effet moral et psychologique est indistinguable.

Un décompte macabre[modifier | modifier le wikicode]

Finalement, l’atmosphère générale de l’extrait peut être intreprété comme un décompte macabre. En effet, il y a la présence de nombreux marqueurs temporels comme « éveiller », « sommeil » et « rêve » qui mettent en valeur l'inévitabilité du sort du narrateur.

Cette futilité produit une dimension tragique qui entoure le narrateur. Les valeurs du conditionnel sont fréquemment présentes dans le texte qui démontrent qu'il y a des décisions que le narrateur aurait fait, impliquant la notion du regret. Par exemple, « mon esprit voudrait » et « Quoi que je fasse ».

Cette idée est très rémarquée dans le fait que le narrateur tente à dérire son passé heureux.

Transition[modifier | modifier le wikicode]

La tragédie de cette interspection nous mène au portrait pathétique d'un homme désesperé.

Le portrait pathétique d'un homme désesperé[modifier | modifier le wikicode]

Les regrets d'un passé heureux[modifier | modifier le wikicode]

En premier temps, le portrait pathétique d'un homme désesperé se manifeste dans les regrets du passé du narrateur. Sa description d'une vie passée variée et riche est promue par l'usage d'une accumulation et des noms communs au pluriel pour caractériser la plénitude de son ancien monde, comme « des batailles gagnées, des théâtres, des jeunes filles ». Aussi, les outils de la totalité renforcent cette idée de plénitude d'une époque lointaine passée de sa vie. Par exemple, « plein », « sans fin », « inépuisables » et « toujours ». En outre, la métaphore filée sur la couture provoque implique la richesse culturelle de cette vie, dans « brodant d'inépuisables arabesques cette rude et mince étoffe de la vie ».

Cependant, ces regrets se fusionnent par la conscience d'un bonheur définitivement perdue, produite par la temporalité du passé et du verbe modal « pouvoir », dans « je pouvais ». Cette divergence entre ce bonheur et l'enfer du présent existe aussi grâce au champ lexical du divertissement dans le texte, générant une antithèse de la captivité. Par exemple, « théâtre », « fête », « s'amuser » et « fantaisies ».

Un emprisonnement éprouvant[modifier | modifier le wikicode]

En deuxième temps, ce portrait pathétique est remporté par les horreurs de la réalité, décrits par un vocbulaire sur le corps malmené du narrateur, comme « courbé », « aux fers », « me secouant », « convulsif » et « sursaut ».

La maltraitance ne se limitent pas au corps, mais aussi à son environnement. En effet, il y a des caractérisations péjoratives qui dépeintent un milieu dangereux et hostile comme par exemple « horrible réalité », « rayons pâles » et « sombre figure ». Aussi, l'omniprésence de la pensée provoque un effet de matérialisation et voire d'étouffement grâce à la forte présence des compléments circonstanciels du lieu comme « sur » et « dans ».

La torture psychologique[modifier | modifier le wikicode]

Finalement, cette idée d'une pensée peut être considérée comme obsédante, produisant une torture psychologique pour le narrateur. Les négations exceptives supposent une fixation intrinsèque chez le narrateur, comme par exemple « Je n'ai plus qu'une pensée, qu'une conviction, qu'un certitude ».

Cette vision fantastique est décrite par l'usage des verbes pronominaux comme « se glisse », « se mêle » et « se colle » en combinant l'imagination du narrateur avec la réalité. Ceci est aussi remarquée par sa personnification, comme par exemple « mains », « voix », « jalousie », « épie » et « infernale », où ce dernier implique une origine d'un monde immatériel.

En outre, l'antithèse « spectre de plomb » propose la notion d'un objet abstait que se matérialise, provoquant un effet fantastique au niveau de torture.

Conclusion[modifier | modifier le wikicode]

L'efficacité de cet incipit réside dans l'entrée en matière brutale qui bouscule le lecteur et qui sert à décrire l'environnement hostile et macabre qui entoure le narrateur. Conjointément au portrait pathétique d'un homme désesperé, il explore son esprit brisé et comment il perçoit le monde différemment, fixant l'introduction pour le reste de l'intrigue.