De la propriété au commandement/Apports de l'anthropologie à la pensée anarchiste

Leçons de niveau 16
Une page de Wikiversité, la communauté pédagogique libre.
Début de la boite de navigation du chapitre
Apports de l'anthropologie à la pensée anarchiste
Icône de la faculté
Chapitre no 8
Leçon : De la propriété au commandement
Chap. préc. :Les origines de l'État
Chap. suiv. :sommaire
fin de la boite de navigation du chapitre
En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « De la propriété au commandement : Apports de l'anthropologie à la pensée anarchiste
De la propriété au commandement/Apports de l'anthropologie à la pensée anarchiste
 », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.

En guise de clôture de cette leçon d'anthropologie, voici donc une dernière section consacrée à des anthropologues qui n'ont pas été cités précédemment alors qu'ils ont pris part à ce que l'anthropologie aura apporté à la pensée anarchiste.

En 1902 par exemple, l'anthropologue, géographe et anarchiste russe Pierre Kropotkine (1842-1921) publia un livre intitulé : L'Entraide, un facteur de l'évolution[1], dans lequel il contestait l'idée selon laquelle l'évolution du vivant reposait uniquement sur la compétition entre les individus, entre espèces et au sein des espèces. Ce qui reste encore de nos jours une croyance assez courante basée sur l'interprétation du principe de la sélection naturelle présenté par Charles Darwin dans son ouvrage intitulé L'origine des espèces.

Septante an plus tard, en 1972, l'anthropologue Marshall Sahlins publiait un ouvrage remarqué qui avait pour titre : Âge de pierre, âge d'abondance. Dans celui-ci, l'anthropologue américain remit en cause l'idée selon laquelle la vie de l'homme était faite de souffrances et de recherches incessantes de nourriture avant l'arrivée de la révolution néolithique. Or, ce que l'on découvre dans cet ouvrage, c'est que les humains qui vivaient avant la domestication du vivant et la sédentarisation qu'elle engendre, profitait d'une abondance et d'une quantité de temps libre supérieure à celle que dispose les travailleurs et travailleuses de nos jours.

Trois ans plus tard et dans une démarche quelque peu similaire, l'anthropologue français Pierre Clastres, spécialiste des peuples amérindiens, publiait : La Société contre l’État, sous-titré Recherches d'anthropologie politique, un livre qui argumenta cette fois en faveur d'une organisation anarchiste originelle des sociétés humaines au travers un « effort permanent pour empêcher les chefs d’être des chefs »[2].

Comme autre publication reprise dans le champ de l'anthropologie anarchiste, il y eut ensuite l'ouvrage de Charles Macdonald qui a pour le titre : L’Ordre contre l’harmonie : anthropologie de l’anarchisme, dans lequel l'anthropologue franco-américain fait référence à sa propre expérience au sein du peuple non hiérarchisé vivant sur l'ile de Palawan tout en faisant référence à de nombreux travaux d'historiens dans le but de documenter le bienfondé de l'anarchisme.

Parallèlement à ceci, Alain Testart bien qu'il ne soit pas tant reconnu comme auteurs repris dans le courant de l'anthropologie anarchiste, réussit à décrire brillamment la déconstruction d'une anarchie originel aux détours de nombreux ouvrages théorique sur l'évolution de l'espèce humaine.

Au-delà du discours politique simplificateur qui opposant la gauche à la droite, l'anarchie s'oppose au deux tendances illustrée par ce dessin. Celle d'un capitalisme tel que défendu par la droite et d'un étatisme défendu par la gauche.

Et enfin parmi les plus reconnus si pas le plus connu, il a l'anthropologue anarchiste David Graeber qui fut coauteur, avec l'archéologue David Wengrow, du livre The Dawn of Everything (Au commencement était... ⁣). Un travail remarquable suite auquel l'archéologue, en s'appuyant sur le travail de son collègue anthropologue récemment décédé, n'hésita pas à affirmer que « Les sociétés premières avaient une imagination politique beaucoup plus grande que la nôtre »[3].

Tous ces travaux anthropologiques auront donc permis de décrire les fondements de l'anarchisme en se basant sur de nombreuses réflexions argumentées portant sur l'origine et le manque de pertinence de nombreux principes et concepts auxquels s'opposent la pensée anarchiste. En retenant principalement l'émergence d'un pouvoir de commandement, rendu possible par la notion de propriété, de droit de propriété et d'appropriation, qui aura permis au travers l'évolution d'un asservissement entre être humains, de produire des organisations étatiques basées sur une monopolisation de la violence.

Au terme de ce discours, une expérience de pensée reste donc encore possible. Celle d'imaginer l'abolition de la propriété et du droit de propriété au bénéfice du droit d'usage, dans un monde où la tyrannie des propriétaires ferait place une solidarité entre utilisateurs, dans une société humaine où le partage remplacerait le commerce et l'argent qui le fait vivre, dans un monde où les êtres humains serait libre de leurs occupations, réalisée sur une base volontaire et bienveillante. N'est par là le rêve de tout anarchiste ?

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Pierre Kropotkine, « L’Entr’aide, un facteur de l’évolution », dans L'entr'aide, un facteur de l'évolution, Hachette, (ISBN 978-1-5301-3196-9, lire en ligne)
  2. Pierre Clastres, La Société contre l'Etat, Minuit, 2011-10-06 (ISBN 978-2-7073-2231-9) [lire en ligne] 
  3. « Les sociétés premières avaient une imagination politique beaucoup plus grande que la nôtre », sur Alternatives Economiques, (consulté le 29 septembre 2022)