Parasites dans l'écosystème/Intervention des parasites dans la dynamique des populations hôtes et ingénierie écosystématique

Leçons de niveau 17
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Intervention des parasites dans la dynamique des populations hôtes et ingénierie écosystématique
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Chapitre no 4
Leçon : Parasites dans l'écosystème
Chap. préc. :Effet des parasites sur la structure des communautés
Chap. suiv. :Objectifs et efficacité des zones protégées
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Intervention des parasites dans la dynamique des populations hôtes[modifier | modifier le wikicode]

Hudson et al. (1998) ont établi que le traitement par des antihelmintiques (l’élimination de parasites) de lagopèdes (Lagopus scoticus) modifiait les cycles de la population. Il en tirent la conclusion que les parasites sont « à la fois nécessaires et suffisants pour causer les cycles au sein de cette population ». Cependant, Lambin et al. (1999) font justement remarquer que la situation — et les résultats expérimentaux — sont loin d’être aussi évidents qu’il y paraît, et rejoignent un constat déjà émis par Moss et al. (1996) : l’importance des parasites dans le contrôle du cycle des populations hôtes est peut-être surévalué. Les critiques émises par Lambin et al. portent notamment sur le protocole expérimental utilisé par Hudson et al. — leur mesure de la taille de la population est inférée à partir du nombre de lagopèdes abattus, et non par comptage. La lecture de la revue est intéressante, dans la mesure où elle nous montre que le protocole prend une place extrêmement importante, surtout sur des études qui s’étendent en durée (parfois sur plusieurs années). Il est souvent difficile de quantifier la part de variation a attribuer au parasitisme, et celle qui survient de manière naturelle. L’information a retirer de cette discussion sur les travaux de Hudson et al. — et que Lambin et al. indiquent comme une conclusion à leur réponse — est que les parasites jouent un rôle dans la dynamique de la population hôte, mais qu’il faut être prudent dans la quantification de ce rôle. Les parasites peuvent influer à un certain niveau, sans toutefois être, comme l’écrivaient Hudson et al., « nécessaires et suffisants » à la modification des cycles.

Ingénierie écosystématique[modifier | modifier le wikicode]

Figure 4a. : H réalise une fonction dans l’écosystème (symbolisée par la flèche).
Figure 4b. : P modifie le phénotype de H, sans altérer sa fonction en tant qu’ecosystem engineer.
Figure 4c. : H réalise une fonction dans l’écosystème (symbolisée par la flèche).
Figure 4d. : P modifie le phénotype de H d’une manière qui altère sa fonction, et modifie sa participation à l’ingénierie écosystématique.
Figure 4e. : H n’a pas de fonction dans l’ingénierie écosystématique.
Figure 4f. : P modifie le phénotype de H et lui fait acquérir une fonction.

Ingénierie écosystématique, bien qu’étant une traduction discutable, est le terme qui me semble convenir pour décrire le rôle des parasites agissant comme des « ecosystem engineers », c’est-à-dire des espèces qui, directement ou non, modulent la disponibilité des ressources pour les autres espèces, en provoquant des changement physiques dans les matériaux biotiques ou abiotiques (Jones et al. 1994, Jones et al. 1997). Le rôle des parasites dans l’ingénierie écosystématique a été discuté par Thomas et al. (1999), dans un forum de la revue Oikos. De telles espèces ont une importance considérable sur les processus écosystématiques, en maintenant, créant, ou modifiant des niches écologiques par exemple, comme souligné par Jones et al. (1994). Il est important de comprendre leur apport, et surtout comment des parasites peuvent participer à ce type de modifications de l’écosystème. Comme nous l’avons précisé en introduction, les parasites contribuent très faiblement à la biomasse. Leur rôle dans l’ingénierie écosystématique passe par des modifications phénotypiques, ou d’importance fonctionnelle, de leurs hôtes. Chez les espèces freeliving, la participation à l’ingénierie écosystématique se fait par le biais de traits phénotypiques ou morphologiques, que les parasites sont susceptibles d’altérer (comme nous l’avons vu dans les figures 2c et 2d, 3a et 3b). Thomas et al. proposent trois méthodes pour que le parasite puisse influer sur le rôle de son hôte dans l’ingénierie écosystématique : la non-interférence, l’altération directe, et l’émergence d’une fonction, représentées figure 4. La non-interférence, qui est sans doute fréquente, est le cas dans lequel un parasite modifie (ou induit) un phénotype chez son hôte, sans toutefois que ce phénotype soit relié aux fonctions de son hôtes dans l’ingénierie écosystématique. Ce sera, par exemple, le cas d’un parasite modifiant la taille d’un hôte, quand sa couleur est importante pour remplir sa fonction. L’altération directe est le cas le plus « évident », celui ou un parasite va intervenir directement sur le phénotype de son hôte lié à l’accomplissement de sa fonction. Le parasite est alors susceptible d’altérer profondément (modification, suppression) cette fonction. Le dernier cas est celui de l’émergence d’une fonction médiée par le parasite. Dans cette situation, le parasite se trouve en mesure d’induire chez son hôte un phénotype de nature à intervenir dans l’ingénierie écosystématique. L’hôte subit un « gain de fonction » lié à la présence du parasite. Il ne faut pas négliger un aspect des parasites en tant qu’ecosystem engineers par eux-même : celui qui a été présenté figures 3a et 3b. En modifiant leur micro-environnement au sein de l’hôte, c’est-à-dire leur habitat, les parasites altèrent l’écosystèmehôte. Les manipulations du système immunitaire par les parasites, notamment, sont considérées comme des actions d’ingénierie écosystématique.