Institutions de l'Empire romain/Le culte impérial

Leçons de niveau 14
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Le culte impérial
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Chapitre no 3
Leçon : Institutions de l'Empire romain
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Introduction[modifier | modifier le wikicode]

Nous avons vu la place de l'empereur au sommet des institutions. Toutefois, se limiter à une compréhension moderne de l'Empire romain (c'est-à-dire ne voir l'empereur que comme une figure politique) serait perdre beaucoup du contenu de l'époque.

En effet, parmi tous les titres qu’il collectionne, figure celui de Pontifex Maximus (ou Grand Pontife) ce qui signifie que l'empereur dirige également la religion romaine, sans que l’on puisse parler de théocratie. Dans ce chapitre, nous n'allons pas aborder la religion dans son ensemble, mais bien l'un de ses aspects les plus particuliers, à savoir le culte de l'empereur divinisé. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une institution, comme on peut parler d'une magistrature. Pourtant, par sa diffusion et son importance, le culte impérial apparaît comme l'un des fondements de l'autorité impériale, par lequel le Prince se place au sommet de la société romaine.

Quelques précédents[modifier | modifier le wikicode]

En Orient[modifier | modifier le wikicode]

La tradition de considérer le souverain comme un dieu est une pratique que l’on retrouve couramment en Orient dès avant la période hellénistique.

  • En Égypte, le pharaon reçoit son pouvoir directement d'Horus. Il est d'ailleurs chargé de faire respecter l'équilibre du monde. Dans la mythologie égyptienne, Horus a reçu le royaume en battant son oncle Seth: il est donc lui-même le premier des pharaons. On n'a toutefois pas de trace d'un culte pharaonique.
  • Alexandre le Grand est également divinisé suivant les différentes traditions des pays qu’il conquiert: il est fils d'Horus en Égypte, bien sûr, mais reçoit également son pouvoir de Mardouk à Babylone.
  • Dans le monde hellénistique, enfin, à la suite d'Alexandre, le souverain est associé à la divinité. Il détient son pouvoir parce que les dieux eux-mêmes l'ont désigné. Pour finir, Octave devint empereur.


À Rome[modifier | modifier le wikicode]

Lorsqu'apparaissent les grands généraux romains, au Ier siècle avant J.-C., un mouvement graduel vers la divinisation se met en marche. Marius et Sylla, d’abord et surtout le second, puis Pompée et César. Ces quatre personnages ouvrent en réalité la voie au culte impérial tel que mis en place par Auguste.

  • Sylla: à la fin de sa vie, celui qui a restauré les valeurs traditionnelles et aristocratiques romaines, s'est attribué le surnom de Felix (choisi par Fortuna) et s'est dit protégé par la déesse Vénus. On lie généralement cette pratique à son séjour et ses victoires en Orient hellénistique.
  • Pompée: son nom complet, Cnaeus Pompeius Magnus, reprend le titre mythique d'Alexandre le Grand, Magnus.
  • César: il est celui qui ira le plus loin dans la divinisation. De son nom Caius Iulius, il fait remonter la famille Iulia à Iule, fils du Prince troyen Énée. Au-delà de celui-ci, c’est donc de Vénus qu’il provient lui aussi. À sa mort en 42, il reçoît l'apothéose sur décision du Sénat. Auguste, après lui, devient donc Divi filius.

Signe ou non d'une lente hellénisation de la culture romaine, on distingue donc une certaine tendance à associer le succès militaire à une bénédiction divine, puis à la divinité elle-même. Lorsqu'Auguste accède seul au pouvoir, il reçoît donc également cet héritage. Jusqu'alors pourtant, on ne pouvait pas réellement parler culte - il ne s'agissait que d'affirmer le caractère divin de leur personne, sans y associer un quelconque rituel.


Le culte impérial[modifier | modifier le wikicode]

Dès la fin de la bataille d'Actium, Octave a été confronté à l'attitude des populations grecques de la région qui voulaient lui vouer un culte. Comme nous l'avons vu, l'Orient traitait cette question d'une manière bien différente des Romains. Pour ne pas choquer la morale romaine, le prince n'a accepté que l'établissement d'un culte à la déesse Roma, auquel il était associé. En Italie et ailleurs, c’est à son genius que des cultes seront voués, sans que cela ne choque personne (il s'agit d'une pratique courante dans le monde romain, dans la mesure où toute chose et toute personne possède un genius).

Tibère, à son tour, créa un culte au numen d'Auguste. Il s'agit là d'une étape supplémentaire vers un vrai culte, dans la mesure où le numen établit un réel lien entre l'empereur et les dieux.

C'est surtout dans les provinces nouvellement conquises que le culte impérial s'est révélé un puissant outil d'intégration dans l'Empire. À Lyon, comme à Colchester en Angleterre, un autel associait donc Rome et Auguste dès les premiers temps de l'organisation de la province. Dans la mesure où toutes les différentes cités du territoire y participaient, le culte devenait l'un des ciments de la jeune autorité romaine.

Puisque le polythéisme antique empêchait d’établir un seul culte identique d'un bout à l'autre de l'Empire, c’est celui de l'empereur qui en prit le rôle, identique pour tous les membres de la société quelle que soit leur origine et l'endroit où ils se trouvent. C’est en ce sens que le culte impérial peut être considéré comme une institution, et en tout cas, comme l'un des piliers de la cohésion de l'Empire.

Organisation du culte[modifier | modifier le wikicode]

S'il devait unifier tout l'Empire romain, il fallait que le culte impérial soit présent à tous les niveaux de la vie publique. C'était le cas, puisqu’il était organisé autant à Rome, que dans les provinces et jusque dans les cités.

À Rome[modifier | modifier le wikicode]

Dès l'apothéose d'Auguste en 14 après J.-C., sous son successeur Tibère, un collège de prêtres fut constitué pour s'occuper de son culte ainsi que de celui des Iulii dans leur ensemble. Le collège s'appelait les Sodales Augustalis, ou Augustalis, et était composé de 21 membres. Chacun à leur tour, les empereurs successifs furent ajoutés au prérogatives du collège, en modifiant son nom.

Dans les provinces[modifier | modifier le wikicode]

Chaque province tenait un Concilium provinciae, où étaient envoyés des représentants de toutes les cités. Il se tenait dans la capitale provinciale: Lyon dans les Gaules, Colchester en Bretagne... Cette réunion avait donc pour but premier de vouer un culte à l'empereur à l'échelle provinciale. Naturellement, elle servait également aux élites à discuter des problèmes provinciaux et envoyer des requêtes à Rome.

Le culte impérial était célébré sur le forum de la capitale provinciale, dans une partie spécialement conçue à cet effet.

Dans les cités[modifier | modifier le wikicode]

À l'échelle de la cité, enfin, le culte impérial était également présent. Un Collège de Seviri Augustalis, composé par six affranchis (d'où le nom, sex viri), y était désigné par le Collège des Décurions et prenait le culte ainsi que ses frais à leur charge. Ce collège était en charge du culte de la déesse Roma et de l'empereur. À leur sortie de charge, les Seviri entraient dans l’ordre des Augustales, second en importance après celui des Décurions.

En guise de conclusion[modifier | modifier le wikicode]

Vous pouvez maintenant consulter l'annexe consacrée à Lucius et Caius César, qui détaille l'une des étapes intermédiaires dans l'établissement du culte impérial.