Differenciation-Definitions troubles d apprentissage

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On regroupe sous le nom “troubles Dys” les troubles cognitifs spécifiques et les troubles des apprentissages qu’ils entraînent. Selon l'Inserm[1], 6 à 8 % des enfants en âge d'être scolarisés présenteraient un trouble de l'attention ou des troubles spécifiques des apprentissages. Ces chiffres varient beaucoup d'un pays à l'autre et selon les époques (variation de 1 à 10%). Ils dépendent de la nature et du degré des troubles pris en compte dans les études.

Définitions[modifier | modifier le wikicode]

Ils se manifestent par des difficultés au niveau de l’attention, de la mémoire, du raisonnement, de la coordination, de l’orientation, de l’organisation, de la compréhension... :

  • Trouble spécifique de la lecture et/ou de l’orthographe : dyslexie/dysorthographie. La dyslexie se manifeste par de mauvaises associations phonèmes / graphèmes et une grande difficulté à reconnaître globalement des mots. L’enfant déchiffre lentement et fait des erreurs. Ce trouble est très souvent associé à une grande difficulté à orthographier les mots (dysorthographie). La plupart du temps, il y a eu, en amont, un mauvais développement phonologique (faible conscience phonologique, mauvaise discrimination auditive), un mauvais traitement orthographique (confusion et inversion de lettres...).
  • Trouble du langage oral, de la compréhension et/ou de l’expression : dysphasie. Cette difficulté peut prendre plusieurs formes : paroles indistinctes, troubles de la syntaxe, paroles mal construites. Ce trouble semble prédictif de l’apparition d’une dyslexie ultérieure, il paraît important de le diagnostiquer assez tôt. D’après les estimations, environ 2 % des enfants présenteraient ce trouble.
  • Trouble des activités numériques : dyscalculie. Il s'agit d'une mauvaise perception des quantités numériques (sens du nombre). Les enfants dit "dyscalculiques" peuvent aussi rencontrer des difficultés de mémorisation et d’apprentissage des tables d’addition et de multiplication (on parle ici de difficultés massives et non passagères).
  • Trouble du développement moteur, de l'acquisition de l'écriture : dyspraxie/dysgraphie. Les enfants ont des difficultés à planifier et coordonner des gestes complexes. L'automatisation de certains gestes ne se fait pas, notamment pour l'écriture. Le contrôle du tracé de chaque lettre est compliqué et absorbe beaucoup de leur attention au détriment des autres aspects (orthographe, sens des mots...).
  • Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/TDAH) : Les enfants présentent des difficultés massives et permanentes à se concentrer et à soutenir leur attention. Ce trouble conduit à de nombreuses erreurs d’inattention, à un travail inabouti, au non respect des consignes et à une mauvaise organisation. Ces troubles seraient présents chez environ 3 à 5 % des enfants.

Origine et diagnostic[modifier | modifier le wikicode]

Ces troubles sont difficiles à distinguer du cheminement normal de l'apprentissage. En effet, le rythme des acquisitions varie énormément d'un enfant à l'autre, certains apprennent vite d'autres beaucoup plus lentement. Souvent, la période de dépistage est longue (plusieurs mois ou années). Une difficulté dans l'apprentissage de la lecture ne signifie pas qu'il y a dyslexie par exemple. Ce seront le nombres d'erreurs de lecture et surtout leur persistance dans le temps qui pourront amener le professionnel en contact avec l'enfant à se poser la question de l'éventualité d'un trouble.

On les définit et les diagnostique souvent par ce qu'ils ne sont pas. La phase de diagnostic consiste dans un premier temps à évacuer d'autres troubles ou difficultés. On parle de troubles d'apprentissage si il n'y a pas de troubles sensoriels (vue et ouïe), pas de déficience intellectuelle qui affecte l'ensemble des apprentissage, pas de problèmes psycho-pathologique, pas de facteurs socio-culturels pouvant expliquer les difficultés d'apprentissage rencontrées par l'enfant.

Si un parent, un médecin ou un enseignant observe des signes d'alerte, une phase de diagnostic sera lancée. Le dépistage consiste à faire passer des tests à l'enfant. Un bilan complet peut nécessiter l'intervention de différents spécialistes : orthophoniste, ergothérapeute, ophtalmologue, psychiatre, neuropsychologue, psychologue clinicien... Dans l'idéal, le bilan devra être prescrit par un médecin qui coordonnera la synthèse. Le bilan peut être réalisé / coordonné par les médecins de l’Éducation nationale, les médecins des services municipaux de santé scolaire, les médecins des services de protection maternelle et infantile (PMI), les pédiatres ou les médecins généralistes formés à l’utilisation d’outils adaptés. La démarche diagnostique s’appuie sur un bilan complet à la recherche de troubles « dys », mais aussi des troubles auditifs, visuels, etc. Le bilan sert à préciser la nature et l’intensité du ou des trouble (s). Il permettra de construire un projet d’accompagnement.

Les troubles d’apprentissage sont liés à un dysfonctionnement cognitif. Il semble, au vu des recherches actuelles, que ces troubles soient innés. Ils ne résultent pas d’un problème d’intelligence, mais plutôt d’un problème de traitement de l’information. Il semble que parfois, ils puissent faire suite à un traumatisme crânien ou aux suites d'une tumeur cérébrale (cas rares).

Conséquences et prises en charges[modifier | modifier le wikicode]

Conséquences sur la scolarité[modifier | modifier le wikicode]

Ils ont quasiment toujours des répercutions sur les apprentissages scolaires. La majorité des enfants diagnostiqués "dys" peuvent poursuivre une scolarité dans le système ordinaire. Ils auront besoin d'aménagements individualisés pour pouvoir poursuivre sereinement leurs apprentissages. Ils devront au cours de leur scolarité et ce, avec l'aide des adultes qui les entourent, trouver des stratégies pour" faire avec" leurs difficultés spécifiques. Ces élèves auront besoin d'être accompagnés, encouragés et valorisés. Leurs efforts d'adaptation sont souvent grands, des échecs répétés peuvent engendrer découragement, frustration, souffrance ou conflits avec les adultes.

Un trouble de l'apprentissage non diagnostiqué et / ou "mal" accompagné peut provoquer des troubles psychologiques (perte de l'estime de soi, dépression...), des troubles du comportement (agitation, non respect du cadre de l'école, violence...).

Ils affectent la vie de l’élève dans sa globalité à l’école, avec ses camarades mais également dans sa vie familiale, culturelle et sociale ; et plus tard dans sa vie d'adulte son insertion sociale et professionnelle.

Un projet d'accompagnement[modifier | modifier le wikicode]

Un environnement adapté peut améliorer et favoriser les apprentissages de ces élèves.

À partir du diagnostic, on peut définir un projet d’accompagnement adapté aux difficultés et aux besoins de l'enfant. Ce projet relève aussi bien du domaine pédagogique, et donc de l’équipe enseignante, que du domaine des soins impliquant différents professionnels (orthophoniste, psychomotricien, psychologue, etc.). Le projet nécessitera une bonne coordination entre les différents partenaires (famille, école, intervenants extérieurs). Des aménagements peuvent être mis en place dans le cadre d’un PAI (projet d'accueil individualisé) ou d’un PPS (projet personnalisé de scolarisation). Les aides peuvent être multiples et diverses. Elles sont définies par l'ensemble des partenaires et sont fonction de la nature et de l'intensité des troubles de l'enfant :

  • des aides dans la classe mises en place par l'enseignant de l'enfant : adaptation des consignes, documents de travail adapté, allégement de certaines tâches...
  • des aides matérielles : mise à disposition d'outils informatiques avec des logiciels d'aide à la lecture, l'écriture ou le dessin par exemple
  • la prise en charge de l'enfant par un spécialiste (orthophoniste, ergothérapeute, psychiatre, psychologue, psychomotricien...) en fonction de son trouble spécifique. Ces prises en charge pourront avoir lieu sur le temps scolaire ou en dehors.
  • l'attribution d'une AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire) qui pourra aider l'élève dans le quotidien de la classe
  • l'orientation vers une ULIS (unité locale d'intégration scolaire)
  • l'intervention d'un SESSAD (service éducatif spécialisé de soins à domicile)
  • l'orientation vers un établissement spécialisé
  • etc..
  1. Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale